A l’œuvre depuis 18 mois dans les espaces verts toulousains, l’écogestion ne laisse pas indifférent. Cette nouvelle gestion a soulevé de nombreuses questions, et a même essuyé quelques critiques : certaines sont légitimes et bien compréhensibles puisque l’écogestion représente une véritable innovation ; d’autres, par contre, relèvent plutôt de la mauvaise foi politique (voir ce billet de Jean-Luc Moudenc) et ne font que propager diverses contrevérités opportunistes. Je tiens ici à apporter quelques réponses et éléments d’information, qui permettront, je l’espère, à chacun de pouvoir s’approprier, sans préjugé, ces nouveaux espaces verts.
Gérer durablement, c’est prendre en compte l’amélioration du cadre de vie aussi bien que les impacts environnementaux comme la réduction des pollutions ou la maîtrise de l’usage de l’eau. Le calendrier et la nature des interventions s’en trouvent transformés et les habitants voient germer des Espaces Verts plus respectueux des rythmes naturels. La gestion différenciée permet d’offrir aux toulousains des espaces diversifiés. Elle favorise la biodiversité en même temps que de nouveaux usages.
Petit tour d’horizon en questions - réponses pour en savoir plus…
A quoi sert une politique de gestion durable des espaces verts ?
La gestion durable est un tout, qui se décline en plusieurs objectifs :
la réduction des pollutions liées aux pesticides et aux engrais,
le déploiement de la protection biologique intégrée avec toute une palette de modes de régulation naturels, - entre autres, l’utilisation de pièges à base de phéromones, et le développement des prédateurs naturels des parasites (les coccinelles, par exemple),
l’amélioration du paysage et de la biodiversité avec le renforcement des différents étages de végétation (prairies, arbustes, et arbres, qui constituent des abris et des réserves de nourriture pour la faune),
la forte augmentation des fleurissements alternatifs avec la plantation de bulbes qui refleurissent dès la sortie de l’hiver, et de prairies fleuries printanières ou estivales,
la plantation d’arbres fruitiers et de potagers pour des usages sociaux diversifiés.
La gestion durable des espaces verts est-elle une singularité toulousaine ?
Si elle est mise en oeuvre à Toulouse depuis 18 mois, cette politique est déjà très largement déployée dans de nombreuses autres villes françaises, grandes ou petites.
Pourquoi la ville ne fait-elle pas tondre toutes les herbes hautes ?
Les opérations de tonte, de coupe, et de fauchage se poursuivent… mais différemment ! Il ne s’agit plus de traiter tous les espaces de manière homogène et standardisée, mais d’adapter l’entretien à la diversité des usages et de créer une mosaïque d’espaces de natures variées :
des prairies urbaines créant un environnement champêtre, qui nécessitent une à deux tontes par an. Elles représentent 15 à 20 % des surfaces globales des jardins et espaces verts,
des surfaces enherbées et tondues très régulièrement sur toutes les zones de jeux et d’activités sportives, de repos et de détente.
des espaces enherbés non accessibles aux piétons, et qui ne demandent qu’un ou deux fauchages par an (talus, bords de voirie,…),
et des zones devant être dégagées dès que la sécurité l’exige et pour améliorer la visibilité.
Quel est l’intérêt de conserver des surfaces en prairies urbaines, c’est-à-dire en herbes hautes, de renforcer les plantations d’arbustes et les plantations d’arbres ?
Il y a là un double intérêt. D’une part, il s’agit de proposer l’accès à des paysages champêtres, aussi bien sur le plan visuel que pour le contact direct. Et c’est le moyen, d’autre part, de favoriser la diversité végétale et animale en ville.
La présence de tiques ou d’aoutas est-elle favorisée par cette végétation non fauchée ?
Non ! Les tiques sont transportées par les animaux et la hauteur de l’herbe n’a pas d’incidence directe sur leur présence. Quant aux aoutas, ils surgissent aux périodes de sécheresse… et quelle que soit la hauteur de l’herbe. Bien sûr, je ne peux pas nier que les herbes hautes favorisent la présence d’insectes. Ce qui est, en soi, une bonne chose car l’immense majorité de ceux-ci ne pose aucun problème… Vivre dans un monde aseptisé n’a rien de plus enviable !
Et les incendies ?
La prévention des incendies appelle des tontes ou des fauchages plus réguliers à proximité des habitations ou des parkings, mais les actes de malveillance ne peuvent à eux seuls guider notre gestion. D’autre part, je dois rappeler que, pour un certain nombre, les incendies de cet été ne se sont pas déclarés sur des parcelles gérées par le service des Espaces Verts. C’est d’ailleurs le cas des incendies qui ont été médiatisés, qui concernaient pour l’essentiel des parcelles privées !
Voilà résumées les grandes lignes d’une politique complexe, et qui s’inscrit dans le temps. Après ces 18 premiers mois de mise en place, l’écogestion a fait face à de petits déboires, et a donné lieu aux premières embellies floristiques. Je le constate volontiers : la gestion durable motive un changement d’approche, et bien souvent de regard. Chacun, personnel municipal comme habitants, est invité à s’approprier cette nouvelle physionomie de nos espaces verts.
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