Nicolas Sarkozy est un acrobate de la politique. Il impressionne par son habileté à recycler des ingrédients idéologiques disparates. Les postures se sont succédées à une vitesse étourdissante depuis qu’il a enfilé le costume du candidat à l’élection présidentielle en 2007… qu’il n’a plus quitté depuis, en candidat permanent à sa propre succession.
Ainsi, on l’a connu ultralibéral, avec le bouclier fiscal. Puis adepte déclaré de la régulation du capitalisme avec la crise des subprimes. Il s’est montré aux côtés des plus fragiles pour les bercer de promesses, à l’image des salariés d’Arcelor-Mittal. Tout en affichant sa connivence avec les puissances de l’argent, du Fouquet’s à Bolloré, de Dassault à Bouygues. C’est un caméléon, qui multiplie les annonces fracassantes et mise sur l’amnésie de l’opinion pour faire oublier qu’elles sont souvent sans lendemains.
Mais aujourd’hui la machine tourne à vide, tant est flagrant le gouffre entre les déclarations tonitruantes et la réalité des mesures mises en œuvre par le gouvernement. Les politiques de diminution des recettes fiscales n’ont pas eu les effets escomptés sur la relance économique et n’ont profité qu’aux plus riches, tandis qu’elles asséchaient les finances de l’Etat. La situation de l’emploi ne cesse de se détériorer et le projet de réforme des retraites menace d’accentuer encore les difficultés de travailleurs toujours plus précaires.
L’écologie a été proclamée priorité du gouvernement. Mais les mesures issues du Grenelle ont déçu tous les participants. Dernier abandon en date, celui des niches fiscales écologiques. Même la lutte contre le réchauffement climatique semble tombée aux oubliettes.
Thème de prédilection du Président ex ministre de l’intérieur, la sécurité s’est dégradée sur tout le territoire ces dernières années. D’un côté, les petites phrases distillées à foison pour donner l’illusion du volontarisme, et dans le même temps, des effectifs policiers et des moyens en baisse. Et surtout, des outils de prévention de la délinquance laissés en jachère.
Dans ce contexte, le Président et ses conseillers ont profité de la conjonction de plusieurs faits divers pour entonner le vieux refrain sécuritaire. Les incidents survenus dans le quartier de la Villeneuve, à Grenoble, et ceux de Saint-Aignan, serviront de prétexte pour lancer Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux dans une campagne pour les présidentielles de 2012 qui pourrait être la plus sale de toute la Vème République. Car l’instrumentalisation de l’actualité est devenue pour ces communicants à court terme l’outil privilégié le la conquête du pouvoir. Le gouvernement fait le choix d’exhumer les préjugés latents de la société française à l’égard des communautés les plus fragiles. Roms, gens du voyage ou immigrés de première génération se retrouvent stigmatisés et considérés comme des délinquants potentiels pour lesquels il faudrait des lois d’exception. L’individualisation des peines est bafouée, et la présomption d’innocence renversée en présomption de culpabilité. Après eux, à qui parmi les plus faibles viendra le tour d’être livré à la vindicte ?
Pour Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux ou Claude Guéant, la fin justifie les moyens. Et qu’importe si les valeurs républicaines sont bafouées, qu’importe l’indignation de ceux qu’ils qualifient avec mépris de « droits-de-l’hommistes professionnels", pourvu qu’ils parviennent in fine à reconquérir une partie de l’opinion.
Comment pouvons-nous réagir face à cette dérive qui ne fait que crédibiliser le discours de l’extrême-droite, et qui fait honte à la patrie des droits de l’homme, que l’opinion internationale ne reconnait plus ? Il nous faut répliquer, non seulement en rappelant notre opposition à la politique de ce gouvernement, mais en portant par nos paroles et par nos actes le respect des valeurs républicaines et le souci de la qualité du débat civique. C’est bien le projet d’Europe Ecologie-Les Verts. Celui d’une politique élaborée pour le long-terme. Et surtout d’une éthique retrouvée, condition pour retisser la confiance et refonder le contrat social.
Ce projet, nous en avons débattu à Nantes, lors de nos Journées d’été. Nous proposons aujourd’hui un contrat de gouvernement à tous les partenaires qui souhaitent mettre un terme au règne de l’hyper-président. Son premier pilier serait la fondation d’une VIème République à même de redonner de la vigueur aux institutions républicaines et de restaurer la place des assemblées parlementaires.
La sortie de route de Nicolas Sarkozy nous oblige à prendre de la hauteur pour, au-delà de sa personne, transformer la pratique politique qu’il incarne. Plus grand sera le nombre de citoyens engagés dans ce projet, plus forte et plus solide sera la refondation de notre République.
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