J’ai été interviewé aujourd’hui par la Dépêche du Midi qui faisait un article sur la mise en place de citoyens volontaires (application d’une disposition de la loi LOPPSI). Dans un face à face, j’ai opposé la vision des écologistes à celle de la Préfecture... L’article de presse est repris ci-dessous :
Quatorze citoyens volontaires ont été officiellement intronisés, hier. Ils sont chargés des missions de prévention et de créer du lien. Pourtant, certains estiment qu’ils ne sont pas forcément à leur place.
Faut-il craindre les citoyens volontaires ou leur faire entièrement confiance ? Ils sont quatorze à œuvrer depuis plusieurs mois dans les quartiers de l’agglomération toulousaine. Ces citoyens volontaires ont participé, hier matin, en présence de nombreuses personnalités, à une cérémonie officialisant leur entrée en fonction. Pharmacien, psychologue et retraités, ils ont tous voulu se lancer aux côtés de la police nationale de manière totalement bénévole. Arborant fièrement leur petit écusson, siglé « Citoyen volontaire », ils ont tous signé emporté le document attestant de leur engagement. « Ils sont là pour compléter les forces de police. Elles sont accaparées par la délinquance, les enquêtes et les procédures… Il existe une place pour les activités intermédiaires. Ces citoyens volontaires ne sont pas là pour faire de la répression », explique le préfet de région, Dominique Bur.
Pourtant, ces membres du service volontaire citoyen (SCV) ne sont pas partout en odeur de sainteté. Chez les Verts, par exemple, on jette sur eux un regard plus que méfiant. Selon Antoine Maurice, président du groupe Europe écologie-les Verts à la communauté urbaine de Toulouse, l’arrivée des citoyens volontaires n’est pas de bon augure. Loin de là. D’emblée, il prévient : « Derrière ce rôle de médiateur, il y a autre chose : une volonté de dénonciation. » Antoine Maurice estime qu’il assiste à « la déshumanisation de la sécurité ». Il explique : « Visioconférences judiciaires, rôle des policiers dévoyés… Nous ne sommes pas contre la police, mais pour une police ayant des moyens de travailler »
Lucien Pourailly, directeur départemental de la sécurité publique de Haute-Garonne
"C’est faire œuvre de civisme"
Quel est le principe du citoyen volontaire ?
La police nationale est prise par une multitude d’activités. Il existe un espace que certains peuvent remplir afin de nous aider à renforcer notre lien avec la population. Ainsi, les citoyens volontaires sont là pour nous épauler dans nos missions de dialogue, de médiation avec le public. Ils peuvent recueillir les doléances des gens de leur quartier, participer à des réunions, être en contact avec les gardiens d’immeuble… Ils travaillent sur cinq axes : renforcement du lien entre la nation et la police, solidarité, médiation sociale, prévention, et information.
Quel sera leur rôle exact ?
À Toulouse, les gens du 3e âge vivent parfois seuls, reclus chez eux. Ils vont taper à leur porte. La piste Candie est le lieu de travail de policiers professionnels qui font de l’éducation routière. Les citoyens volontaires s’y greffent et participent à ce type d’action. Souvent, la police nationale est prise par une multiplicité de tâches qui compliquent leur intervention sur un problème de voisinage. Il n’est pas sot de les confier à ces gens. Le but est simple : faire à nouveau communiquer des individus qui ne s’adressaient plus la parole. Qui peut faire cela à part ces gens ?
Ne pensez-vous pas que ces citoyens risquent de passer pour des indics ou des délateurs ?
Ce principe existe aux Pays-Bas, en Irlande et en Grande-Bretagne. Là-bas, il ne fait pas débat. C’est très français d’estimer que travailler avec la police, c’est faire de la délation. Au contraire ! C’est faire œuvre de civisme… Et en plus bénévolement. On ne peut pas critiquer une institution qui a choisi de s’ouvrir et de se rapprocher de ceux qu’elle sert. Ce ne sont pas des policiers, ils ne sont pas là pour faire des interpellations. Ils sont là pour faire de la médiation, pour accompagner la police. « Ce ne sont pas des policiers, ils ne sont pas là pour arrêter, mais pour faire de la médiation. »
Antoine Maurice, président du groupe Europe écologie-les Verts à la communauté urbaine de Toulouse
"On remplace le service public par des milices"
Que pensez-vous de ces citoyens volontaires ?
Le gouvernement a décidé de lancer des procédures qui sont dangereuses. Nous avons dénoncé Hadopi puis Lopsi2... Ce sont des méthodes insidieuses et irresponsables.
À quel titre ?
Derrière ces citoyens volontaires, il y a un autre rôle que celui de médiateur. Il y a, je le crois, une volonté de dénonciation. On leur demande, par exemple, d’être à la sortie des lycées pour repérer les prétendus délinquants… C’est le début de la déshumanisation de la sécurité. Ce qu’ils veulent ce sont des caméras avec des gens derrière.
Pourtant, ces quatorze citoyens ne sont pas armés. Ils ne sont pas censés intervenir ou interpeller des individus.
C’est une étrange société qu’on est en train de nous préparer. On remplace les services publics et les fonctionnaires formés par des milices. Les forces de l’ordre ont besoin de moyens et de formation pour travailler. Au lieu de cela, on est en train de constituer des réserves de la police nationale. On nous prépare de nouveaux drames.
À qui confiriez-vous ce rôle de médiation et d’accompagnement du public ?
C’est clairement le rôle qu’avait donné la gauche à sa police de proximité. Même pour faire de la médiation ou de l’accompagnement, il faut de la formation. Beaucoup de formation. On ne peut pas demander à des gens, ayant une expérience propre mais différente de celle de la police, de porter cela. Ce travail est une mission essentielle. Nous ne sommes pas contre la police mais pour plus de moyens. Nous avons besoin d’une véritable police. Chez Europe écologie-les Verts, nous défendons une police d’agglomération.
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