Bien que la crise économique ait tendance à occulter les questions écologiques, les enjeux climatiques et énergétiques restent d’une actualité... brûlante. Ainsi le dernier rapport du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) a rappelé que les émissions de gaz à effet de serre pourraient encore augmenter fortement d’ici 2030. Par ailleurs l’énergie est de plus en plus chère, avec des conséquences déjà très concrètes sur notre quotidien. Et la hausse des prix est estimée à 50% d’ici 2030.
Parce que les villes concentrent plus de 70% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), elles ont un rôle majeur à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique. Elles peuvent aussi aider nos concitoyens à faire face à la crise énergétique, qui menace avant tout les foyers les plus modestes.
Avec l’adoption de son Plan Climat Energie Territorial (PCET) le 29 mars, la Communauté urbaine du Grand Toulouse s’est dotée des outils pour agir.
Président de la Commission Environnement et Développement durable du Grand Toulouse, Antoine Maurice revient sur le Plan d’actions de ce PCET.
Que vous inspire l’adoption de ce Plan d’actions ?
Antoine Maurice - De la satisfaction, et un regret. Satisfaction parce que ce Plan marque l’aboutissement d’une concertation qui a associé plus de 500 acteurs du Grand Toulouse, (entreprises, élus, institutionnels, agents publics, associations, habitants, chercheurs...). Lorsque la présidence de la Commission Environnement et Développement durable m’a été confiée en 2011, j’ai également veillé à ce que les communes membres de la communauté urbaine soient plus étroitement associées à l’élaboration de ce PCET, car c’est une condition de sa réussite. Avec cette mobilisation des communes et de la société civile, nous avons aujourd’hui un cadre d’action qui ne se limite pas au patrimoine de la collectivité. Car si les institutions se doivent de montrer l’exemple, c’est bien l’ensemble des acteurs de notre territoire que nous voulons mobiliser avec ce Plan, qui n’est pas "Territorial" pour rien !
Mais j’ai aussi un regret, celui que ce PCET arrive tard au regard des enjeux et de l’urgence qu’il y a à agir...
Quels sont les principaux objectifs de ce Plan d’actions ?
Antoine Maurice - Les objectifs généraux sont les "3x20" du "Paquet énergie-climat" européen :
Moins 20% d’émissions de gaz à effet de serre ;
Plus 20% d’efficacité énergétique ;
Porter à 20% la part des énergies renouvelables dans notre consommation énergétique et doubler la production d’énergies renouvelables sur le territoire.
Pour atteindre ces objectifs, nous avons déterminé 7 cibles prioritaires (lire ci-contre). Parmi la multitude d’actions programmées, on peut citer le soutien financier pour lutter contre la précarité énergétique (qui touche déjà 13% des ménages de la région), l’intégration des exigences de performance énergétique dans les logements sociaux produits, le soutien à l’agriculture de proximité et aux circuits courts, ou bien encore l’éducation et la sensibilisation aux enjeux climatiques et énergétiques, pour responsabiliser tout-un-chacun.
Quelles seront les clés de la réussite du PCET ?
Antoine Maurice - Elles sont trop nombreuses pour être toutes évoquées ici ! Tout d’abord, nous savons qu’à elles seules les actions menées par le Grand Toulouse ne permettront pas d’atteindre cet objectif des 3x20. C’est pourquoi - et je n’insisterai jamais assez - le succès repose sur l’engagement de l’ensemble des composantes de notre territoire, collectivités locales ET citoyens, entreprises, associations... A nous d’animer ce PCET pour sensibiliser chacun(e) aux leviers d’action dont il-elle dispose, car les comportements individuels représentent 50% des émissions de GES. Et par souci de cohérence, notre administration doit aussi être exemplaire, en agissant sur son propre patrimoine et en responsabilisant ses propres agents.
Les déplacements constituent un autre élément majeur, puisqu’ils sont à l’origine de la moitié des émissions de GES de notre agglomération. Ce qui confirme que le développement des transports en commun et des modes de déplacements doux doit être la priorité de notre politique. Sur ce point l’évolution du Plan de Déplacements Urbains (PDU) en cours sera déterminante.
Je citerai également la sobriété énergétique, qui reposera notamment sur la création par le Grand Toulouse d’une Autorité organisatrice de l’énergie. Elle nous permettra de construire une véritable politique énergétique du territoire, pour peu qu’elle soit dotée de moyens humains et financiers suffisants.
Pour conclure, un PCET étant une approche transversale, je dirais que c’est tout le fonctionnement de notre collectivité qui doit évoluer, pour que les politiques menées le soient au prisme de ce Plan Climat Energie. Sa réussite reposera aussi sur une évaluation objective des actions menées, car il s’agit bien de concrétiser toutes ces intentions positives !
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