Aller dans son garage, sortir sa bicyclette et se lancer dans les rues alambiquées de Toulouse. Il y a quelques années, l’opération tenait presque du geste militant. Seuls les plus téméraires et surtout les plus habiles pouvaient se lancer dans la ruche à grande vitesse du centre-ville sans avoir la crainte de se faire piquer sérieusement par les voitures. Avec l’arrivée des Vélo Toulouse et les aménagements cyclables réalisés depuis une dizaine d’années, la cote du vélo est clairement à la hausse. Et la somme de 15 millions d’euros par an allouée au vélo dans le cadre du Plan de déplacements urbains (PDU) est un signal clair envoyé aux usagers de la « petite reine ». « C’est vrai que c’est ambitieux mais attendons de voir si les annonces vont suivre derrière », tempère Sébastien Bosvieux, le vice-président de l’Association Vélo (http://toulousevelo.free.fr).
Difficultés notoires en périphérie
Il faut dire que malgré ses
700 kilomètres d’aménagements,
le Grand Toulouse a du retard à
combler. L’effort est bien là mais
les difficultés n’ont pas disparu
pour autant, notamment en
banlieue. Yannick, qui habite à
l’Union, se rend au travail tous
les matins en vélo. Cinq kilomètres durant lesquels il vend chèrement sa peau. « Il n’y a aucun aménagement sur ce trajet qui
me fait emprunter la descente
vers Calicéo pour aller récupérer
la route de Lavaur. Tous les matins,
c’est bouché et je dois emprunter
les trottoirs. Puis, je dois faire très
attention car la route de Lavaur
est encadrée de barrières de sécurité. Il n’y a pas d’échappatoire si
une voiture me serre... ». Yannick
n’est pas le seul à pester contre
le manque d’aménagement en
périphérie. « Le problème numéro
un réside dans la signalisation,
souligne Hervé, qui roule à Vélo
depuis 24 ans. Je n’ai par exemple jamais réussi à prendre correctement la piste cyclable qui suit la
rocade Arc-en-Ciel ».
Un problème que l’on retrouve en
ville, où il faut chercher les panneaux tout en anticipant le comportement des voitures. Pas évident même pour le plus aguerri
des cyclistes...
Manque de continuité du réseau à Toulouse
L’autre grief réside dans le manque de continuité du réseau.
« Il n’y a qu’à regarder la ligne E du
tramway. Les aménagements ont
été réalisés sur 200 à 300 mètres
puis d’un coup, l’on se retrouve
sur un trottoir. Il arrive aussi que
l’on se retrouve nez à nez avec les
piquets placés sur la piste, sourit
Sébastien Bosvieux. De manière
générale, c’est un constat que l’on
fait sur tout le réseau avec des
grands axes qui ont été aménagés,
des petits bouts qui ont été réalisés dans les quartiers mais sans
réflexion générale sur la cohérence ». « C’est vrai que l’on voit
clairement les imperfections sur
la ligne du tram. Nous prévoyons
donc une véritable continuité des
aménagements cyclables sur la
ligne G en projet », répond Philippe Goirand, le conseiller municipal délégué aux pistes cyclables.
Dans la ville, les projets se réalisent progressivement. Les travaux ont débuté notamment
sur l’avenue de Rangueil et sur
les allées Charles-de-Fitte, l’une
des dernières portions vierges
d’aménagements sur la ceinture
des boulevards. Et en 2011, ce sont
quatre axes structurants qui vont
être traités de manière prioritaire :
l’axe Saint-Michel-Rangueil, la
route de Seysses (du rond-point
du 21 septembre jusqu’à Por-
tet), la route d’AIbi et la route de
Saint-Simon. S’ils compléteront le
réseau en étoile de la ville, ils ne
mettront pas fin aux difficultés
que les Toulousains rencontrent
sur quelques tronçons. « Moi cela
fait trois ans queje roule à vélo
pour me rendre au travail et je n’ai
pas vu beaucoup d’amélioration sur mon secteur. Les voitures se
garent toujours sur le trottoir en
descendant l’avenue Jean-Rieux,
l’absence d’aménagement sur les
allées Jules-Guesde est criant... »,
note Éric, 48 ans.
Pour changer les choses, la mairie est en train de travailler sur la mise en place du double sens cyclable dans les zones 30 km/h comme le prévoit un décret datant du 30 juillet 2008. « Nous sommes un peu en retard sur le sujet comme beaucoup de villes françaises. C’est pour cette raison que le maire a pris un arrêté temporaire qui interdit le double sens cyclable par défaut dans les zones 30 en sens unique. Cet arrêté, valable jusqu’à l’été 2011, doit nous permettre défaire un travail qualitatif, comme nous l’avons fait sur la zone test des Chalets, avec des ralentisseurs et une signalisation complète », assure Philippe Goirand.
L’engouement est là...
Malgré de gros manques, le peloton de cyclistes qui arpente Toulouse reconnaît une amélioration
sensible de la situation. Anabelle,
qui se rend à l’université de l’Arsenal depuis dix ans, a vu son point
noir, le Pont Saint-Pierre, sérieusement aménagé. « Avant, il fallait vraiment serrer les
fesses. Entre
la pente, le vent et les voitures qui
roulaient assez vite, je me suis fait
parfois quelques frayeurs ». Pour
Hervé, il y a un vrai engouement,
« même si les conditions sont améliorables. Plus ça va, plus les automobilistes font attention. Il est
certain que leur regard a changé
depuis quelque temps. Et de toute
manière, plus il y aura de Toulousains à vélo et plus il y aura de
sécurité ».
Sylvain Boux, le directeur de
La Maison du Vélo (www.mai-
sonduvelotoulouse.com), se
démène pour porter cet élan.
« Les gens considèrent encore trop
souvent que le vélo est un moyen
de locomotion pour la campagne.
C’est pour cela que nous avons
mis en place une école d’apprentissage de la conduite en ville aussi
bien destinée aux enfants qu’aux
adultes ».
1000 enfants devraient passer
par cette formation en 2011. De
futurs cyclistes en herbe.
LOCATION : QUELLE OFFRE ?
Depuis novembre 2007, la pratique du vélo à Toulouse est
étroitement liée à la présence des Vélo Toulouse dans la ville.
De quelque 135 stations à cette époque, le parc est aujourd’hui
passé à 253 stations, pour 2377 vélos en service. Ce qui a
représenté 2,5 millions de locations par an pour 9619 abonnés
au 30 janvier 2011. Un vrai succès qui pourrait entraîner
l’allongement de la durée de location, pour le moment
circonscrite entre 5h 30 du matin et 2h du matin (ouvert 24h/24
pour le retour des engins). « Nous sommes en discussion avec
JC-Decaux pour faire passer le service à 24h/24. Mais il faudrait
que cela ne coûte pas plus cher à la mairie, soit 4,7 millions
d’euros par an actuellement, souligne Philippe Goirand. Mais on
ne peut pas tout attendre de Vélo Toulouse, qui est un système
intéressant mais qui a aussi des défauts car bien souvent les
stations sont saturées à proximité des grands équipements ».
Et pas seulement... « Je me suis désabonné de Vélo Toulouse
car la station où je venais chercher un vélo, vers la Côte Pavée,
était souvent vide. Les gens descendent en vélo mais préfèrent
remonter en bus... », avoue Fabrice, qui a décidé de rouler de ses
propres pneus. « Nous devons aller au-delà de Vélo Toulouse et
en ce sens, la Maison du Vélo offre quelque chose d’intéressant.
Elle permet notamment, avec ses vélos pliables, de pouvoir
associer le vélo aux transports en commun », explique Philippe
Goirand. Avec 280 vélos en location, la Maison du Vélo, située à
proximité de la gare, est en pleine phase de démarrage.
« Selon les besoins, on pourra monter à 500 vélos sur le site et on
réfléchit à l’idée de proposer des vélos aux supporters du TEC et
du Stade toulousain », annonce Sylvain Boux, son président.
David Saint-Sernin
L’écoquartier de la Cartoucherie n’aura-t-il d’écolo que le nom ?
Antoine Maurice écrit à Jean-Luc Moudenc
"Coup de chaud sur le ticket"
Destination Métropole : "Le vélo, un bon plan"
Conseil municipal
Unité nationale ? Pour faire quoi ? Pour aller où ?8 janvier 2015, par Régis Godec
D’abord vient la stupeur, le choc de voir cette nouvelle incroyable sur les fils d’infos, 12 morts à la rédaction de (...) Lire la suite
Une transition énergétique territoriale frileuse…24 juin 2014, par Antoine Maurice
Des objectifs ambitieux, quelques mesures structurantes, mais beaucoup d’interrogations sur le rôle des collectivités (...) Lire la suite