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  • 3 février 2011. Vélo
    Comment la Ville rose compte passer la vitesse supérieure
    La Voix du Midi, 3 février 2011.
    Un Plan de déplacements urbains vient d’allouer 15 millions d’euros par an au vélo. Sur le terrain, les cyclistes apprécieront...

    Aller dans son garage, sortir sa bicyclette et se lancer dans les rues alambiquées de Toulouse. Il y a quelques années, l’opération tenait presque du geste militant. Seuls les plus téméraires et surtout les plus habiles pouvaient se lancer dans la ruche à grande vitesse du centre-ville sans avoir la crainte de se faire piquer sérieusement par les voitures. Avec l’arrivée des Vélo Toulouse et les aménagements cyclables réalisés depuis une dizaine d’années, la cote du vélo est clairement à la hausse. Et la somme de 15 millions d’euros par an allouée au vélo dans le cadre du Plan de déplacements urbains (PDU) est un signal clair envoyé aux usagers de la « petite reine ». « C’est vrai que c’est ambitieux mais attendons de voir si les annonces vont suivre derrière », tempère Sébastien Bosvieux, le vice-président de l’Association Vélo (http://toulousevelo.free.fr).

    Difficultés notoires en périphérie

    Il faut dire que malgré ses 700 kilomètres d’aménagements, le Grand Toulouse a du retard à combler. L’effort est bien là mais les difficultés n’ont pas disparu pour autant, notamment en banlieue. Yannick, qui habite à l’Union, se rend au travail tous les matins en vélo. Cinq kilomètres durant lesquels il vend chèrement sa peau. « Il n’y a aucun aménagement sur ce trajet qui me fait emprunter la descente vers Calicéo pour aller récupérer la route de Lavaur. Tous les matins, c’est bouché et je dois emprunter les trottoirs. Puis, je dois faire très attention car la route de Lavaur est encadrée de barrières de sécurité. Il n’y a pas d’échappatoire si une voiture me serre... ». Yannick n’est pas le seul à pester contre le manque d’aménagement en périphérie. « Le problème numéro un réside dans la signalisation, souligne Hervé, qui roule à Vélo depuis 24 ans. Je n’ai par exemple jamais réussi à prendre correctement la piste cyclable qui suit la rocade Arc-en-Ciel ».
    Un problème que l’on retrouve en ville, où il faut chercher les panneaux tout en anticipant le comportement des voitures. Pas évident même pour le plus aguerri des cyclistes...

    Manque de continuité du réseau à Toulouse

    L’autre grief réside dans le manque de continuité du réseau. « Il n’y a qu’à regarder la ligne E du tramway. Les aménagements ont été réalisés sur 200 à 300 mètres puis d’un coup, l’on se retrouve sur un trottoir. Il arrive aussi que l’on se retrouve nez à nez avec les piquets placés sur la piste, sourit Sébastien Bosvieux. De manière générale, c’est un constat que l’on fait sur tout le réseau avec des grands axes qui ont été aménagés, des petits bouts qui ont été réalisés dans les quartiers mais sans réflexion générale sur la cohérence ». « C’est vrai que l’on voit clairement les imperfections sur la ligne du tram. Nous prévoyons donc une véritable continuité des aménagements cyclables sur la ligne G en projet », répond Philippe Goirand, le conseiller municipal délégué aux pistes cyclables.
    Dans la ville, les projets se réalisent progressivement. Les travaux ont débuté notamment sur l’avenue de Rangueil et sur les allées Charles-de-Fitte, l’une des dernières portions vierges d’aménagements sur la ceinture des boulevards. Et en 2011, ce sont quatre axes structurants qui vont être traités de manière prioritaire : l’axe Saint-Michel-Rangueil, la route de Seysses (du rond-point du 21 septembre jusqu’à Por- tet), la route d’AIbi et la route de Saint-Simon. S’ils compléteront le réseau en étoile de la ville, ils ne mettront pas fin aux difficultés que les Toulousains rencontrent sur quelques tronçons. « Moi cela fait trois ans queje roule à vélo pour me rendre au travail et je n’ai pas vu beaucoup d’amélioration sur mon secteur. Les voitures se garent toujours sur le trottoir en descendant l’avenue Jean-Rieux, l’absence d’aménagement sur les allées Jules-Guesde est criant... », note Éric, 48 ans.

    Pour changer les choses, la mairie est en train de travailler sur la mise en place du double sens cyclable dans les zones 30 km/h comme le prévoit un décret datant du 30 juillet 2008. « Nous sommes un peu en retard sur le sujet comme beaucoup de villes françaises. C’est pour cette raison que le maire a pris un arrêté temporaire qui interdit le double sens cyclable par défaut dans les zones 30 en sens unique. Cet arrêté, valable jusqu’à l’été 2011, doit nous permettre défaire un travail qualitatif, comme nous l’avons fait sur la zone test des Chalets, avec des ralentisseurs et une signalisation complète », assure Philippe Goirand.

    L’engouement est là...

    Malgré de gros manques, le peloton de cyclistes qui arpente Toulouse reconnaît une amélioration sensible de la situation. Anabelle, qui se rend à l’université de l’Arsenal depuis dix ans, a vu son point noir, le Pont Saint-Pierre, sérieusement aménagé. « Avant, il fallait vraiment serrer les fesses. Entre la pente, le vent et les voitures qui roulaient assez vite, je me suis fait parfois quelques frayeurs ». Pour Hervé, il y a un vrai engouement, « même si les conditions sont améliorables. Plus ça va, plus les automobilistes font attention. Il est certain que leur regard a changé depuis quelque temps. Et de toute manière, plus il y aura de Toulousains à vélo et plus il y aura de sécurité ».
    Sylvain Boux, le directeur de La Maison du Vélo (www.mai- sonduvelotoulouse.com), se démène pour porter cet élan. « Les gens considèrent encore trop souvent que le vélo est un moyen de locomotion pour la campagne. C’est pour cela que nous avons mis en place une école d’apprentissage de la conduite en ville aussi bien destinée aux enfants qu’aux adultes ».
    1000 enfants devraient passer par cette formation en 2011. De futurs cyclistes en herbe.


    LOCATION : QUELLE OFFRE ?

    « Nous devons aller au-delà de Vélo Toulouse »

    Depuis novembre 2007, la pratique du vélo à Toulouse est étroitement liée à la présence des Vélo Toulouse dans la ville. De quelque 135 stations à cette époque, le parc est aujourd’hui passé à 253 stations, pour 2377 vélos en service. Ce qui a représenté 2,5 millions de locations par an pour 9619 abonnés au 30 janvier 2011. Un vrai succès qui pourrait entraîner l’allongement de la durée de location, pour le moment circonscrite entre 5h 30 du matin et 2h du matin (ouvert 24h/24 pour le retour des engins). « Nous sommes en discussion avec JC-Decaux pour faire passer le service à 24h/24. Mais il faudrait que cela ne coûte pas plus cher à la mairie, soit 4,7 millions d’euros par an actuellement, souligne Philippe Goirand. Mais on ne peut pas tout attendre de Vélo Toulouse, qui est un système intéressant mais qui a aussi des défauts car bien souvent les stations sont saturées à proximité des grands équipements ». Et pas seulement... « Je me suis désabonné de Vélo Toulouse car la station où je venais chercher un vélo, vers la Côte Pavée, était souvent vide. Les gens descendent en vélo mais préfèrent remonter en bus... », avoue Fabrice, qui a décidé de rouler de ses propres pneus. « Nous devons aller au-delà de Vélo Toulouse et en ce sens, la Maison du Vélo offre quelque chose d’intéressant. Elle permet notamment, avec ses vélos pliables, de pouvoir associer le vélo aux transports en commun », explique Philippe Goirand. Avec 280 vélos en location, la Maison du Vélo, située à proximité de la gare, est en pleine phase de démarrage.
    « Selon les besoins, on pourra monter à 500 vélos sur le site et on réfléchit à l’idée de proposer des vélos aux supporters du TEC et du Stade toulousain », annonce Sylvain Boux, son président.

    David Saint-Sernin

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