Le préfet Dominique Bur a signé, le 27 janvier dernier, le plan de prévention des risques technologiques (PPRT) du dépôt Esso de Toulouse-Fondeyre. Ce document, rendu obligatoire par la loi Bachelot instituée suite à la catastrophe AZF pour prévenir les risques industriels, a fait l’objet d’une longue procédure de concertation.
La Ville de Toulouse et le Grand Toulouse, tentés par le déplacement du dépôt hors des zones urbaines, ont émis des avis défavorables (trop tardif pour le Grand Toulouse). Esso estime, lui, son dépôt suffisamment sûr pour ne pas nécessiter de PPRT. Le département a émis des réserves. La commission de quartier de Ginestous -Sesquières a voté contre. Le commissaire-enquêteur a donné un avis favorable assorti de recommandations.
On stocke ici dans huit bacs quelque 36 000 m3 de produits pétroliers raffinés (SP95, SP98, gazole, fioul domestique) acheminés de Fos-sur-Mer par rail, et servant à alimenter, par camions-citernes, des stations-service de Haute-Garonne et des départements limitrophes. Ce site créé en 1963 est le seul de ce type avec Total-Lespinasse pour toute la région toulousaine.
Classé « Seveso seuil haut », comme 23 sites en Midi-Pyrénées (dont Total-Lespinasse, Total Gaz-Fenouillet, Lindegaz-Portet, SME-Toulouse (ex-SNPE), Total et Gaches-Chimie Escalquens), le dépôt présente surtout un risque d’incendie voire d’explosion.
« La fuite d’hydrocarbure est limitée par l’existence de bassins de rétention », précise Fabien Masson, chef de la division Risques accidentels de la DREAL (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement).
Le plan prévoit plusieurs zones autour du dépôt, doté d’équipement de détection et de traitement incendie sophistiquées.
Suite à une enquête de vulnérabilité inédite, cinq entreprises riveraines (Lign’Expo, Exadis, CBL Fleurs, les fours de la STCM, un bâtiment de bureaux et la station de lavage 3A) devront être expropriées. Dans les zones plus éloignées, entre canal latéral et avenue des États-Unis, les bâtiments (bureaux) devront être renforcés (vitres et huisseries) afin de résister à une éventuelle explosion.
Philippe Emery
Grand Toulouse et Ville de Toulouse ont fait valoir le fait qu’ils devraient supporter, et donc leurs habitants aussi, une partie des frais induits par la mise en place du PPRT. Les collectivités locales devront mettre la main à la poche, avec Esso et l’État, pour les expropriations prévues, d’un coût estimé à 9,3 millions d’€. À comparer aux 25 millions d’€ qu’aurait coûté le déplacement du dépôt (selon une étude de France-Domaine). La Ville fait valoir que la présence du dépôt nuit au développement urbain et durable du secteur et que les emplois et recettes fiscales générées par les entreprises expropriées sont largement supérieurs à celui d’Esso. Les entreprises riveraines obligées de renforcer vitres, huisseries et parfois structures du bâti devront, elles, payer pour ses travaux, avec toutefois droit à crédit d’impôt.
« Le Plan de prévention des risques technologiques du dépôt
Esso de Fondeyre est le premier
des Plans qui doivent s’appliquer
aux sept sites classés à haut risque
de notre agglomération », rappelle Elisabeth Belaubre, adjointe
au maire (Verte) de Toulouse
chargée de l’Environnement,
dans une réaction, titrée : « L’État
fait des économies sur le dos de
la sécurité et des entreprises locales ».
« Compte tenu du retard pris par
les services de l’Etat dans leur
mise en oeuvre (ils devaient être
prescrits à la date butoir du
31 juillet 2008), nous devrions
nous féliciter de cette annonce »,
poursuit l’élue, « mais à l’arrivée,
que de retard pour un résultat si
faible ! Pas touche au dépôt pétrolier, ce sont les entreprises riveraines qui devront déménager !
Voilà une bien belle leçon de prévention des risques... Faire le
vide autour du danger est en effet une manière comme une au
tre de continuer la politique de
l’autruche [... ] Au final, le choix
de la préfecture n’a qu’un avantage : permettre à l’Etat de faire
des économies de bouts de chandelle. Car les mesures foncières
prévues dans le projet lui coûtent
moins cher que le départ d’Esso.
Le maintien d’un dépôt de 37 000 m3 de liquides inflammables, en plein périmètre urbain, n’est pas compatible avec l’objectif d’assurer la sécurité ».
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