Régis Godec, 38 ans, adjoint au maire de Toulouse, est en concurrence avec Elisabeth Belaubre et Colette Charbonné pour l’investiture sur la 4ème circonscription. Les instances nationales trancheront le 18 décembre.
Vous avez le désir de vous présenter
sur une circonscription
qui, lors des dernières cantonales,
a donné une moyenne
de 18 % de suffrages à des candidats
écologistes qui manquaient
un peu d’expérience
et de visibilité. Avec votre profil
de leader et en sachant que
la droite s’avance divisée sur ce
territoire*, visez-vous le second
tour ?
Absolument. Même si jamais
aucun candidat écologiste n’a
réussi à se qualifier pour un
second tour aux législatives en
Haute-Garonne, nous pensons y
parvenir en juin prochain.
D’aucuns considèrent que ces
législatives seront un troisième
tour de la présidentielle. Si l’on
suit cette logique, le début de
campagne un peu chaotique
d’Eva Joly ne freine-t-il pas vos
ardeurs ?
La présidentielle, décidément,
est une folie ! Une folie de la
personnalisation. Il n’y a pas
de vrai débat politique et on se
focalise sur la petite phrase de l’un, la réplique de l’autre.
Il en fut déjà ainsi lors de notre primaire
écologiste, puis de la primaire
citoyenne... En revanche je
crois que les législatives seront
le temps du débat, de la présentation
du projet politique. Je ne
crois donc pas à un troisième tour.
En tout cas, les écologistes parleront
de leurs idées, de la réflexion
autour d’une VIe République, de
l’Europe fédérale, des réformes
nécessaires avant d’évoquer les problématiques locales.
Parlons justement des problématiques
locales. La circonscription
que vous avez choisie
est sans doute la plus déséquilibrée
du département. De la
place Wilson à la place Abbal,
il y a un monde. Quel message
composerez-vous pour convaincre
aussi bien dans l’hyper-centre
qu’à la Reynerie ou à Saint
Cyprien ?
J’habite à Saint-Cyprien, mon
bureau est dans l’hyper-centre
et je suis responsable du secteur
6, c’est-à-dire l’intégralité du
canton Toulouse-12 qui englobe
Lardenne et la Reynerie, pour
la mairie de Toulouse. Je passe
donc mes journées et mes nuits
sur cette circonscription qui est
très intéressante parce que riche
par sa diversité. Sur ce territoire,
la parole de l’écologie politique
est audible et incarne une vraie
réponse à l’ensemble des problématiques.
Elle n’a pas vocation à
séduire un électorat de niche. Elle
parle à tout le monde. L’écologie
politique ne s’occupe pas que de questions environnementales.
Par la préoccupation environnementale,
nous agissons sur le
social, le logement, l’ensemble de
la politique de la ville. Pour nous,
la ville, la société sont un écosystème
où doivent être préservés
tous les acteurs.
Votre délégation municipale
vous concentre sur les éco-quartiers
et le Grand Projet de Ville
(CPV) en collaboration avec
Claude Touchefeu. Parlez-nous de l’esprit que vous insufflez à
ces projets structurants.
Les éco-quartiers ne sont pas une
fin en soi. Nous voulons une politique
durable et surtout globale
à l’échelle de la ville. Grâce aux
apprentissages que nous permet
par exemple aujourd’hui la réalisation
de l’éco-quartier de la Cartoucherie,
on essaie de déployer
de nouvelles idées et de retrouver
des thématiques communes
ailleurs.C’estcequisepasséà la
Reynerie avec le GPV. L’approche
urbaine sur ce quartier sera l’une
des meilleures réussites du mandat
de Pierre Cohen. Nous avons
corrigé la copie de l’ancienne
municipalité pour réaliser un
véritable projet piéton liant l’université
du Mirail et la Reynerie
afin de redonner véritablement
de la vie au quartier. Nous développons
par ailleurs du logement
solidaire et de qualité à destination
des étudiants. Notre effort
se porte également sur les équipements
publics. Un groupe scolaire
vient d’ouvrir, une médiathèque,
qui sera la plus grande
de la ville après Cabanis sera
inaugurée en février et en 2015,
la Maison de l’image ouvrira
place Abbal.
On n’a pourtant pas le sentiment
que la vie s’améliore
place Abbal...
Nous travaillons pour l’avenir. En
revanche, nous ne sommes pas
encore au niveau sur les problèmes
du quotidien. Il y a des éner
gies incroyables dont on doit se
saisir à la Reynerie. On doit améliorer
notre capacité de dialogue
avec les habitants et le nouveau
contrat urbain que Claude Touchefeu
prépare avec Pierre Cohen
pour 2013 portera ses fruits.
S’il est désigné le candidat Régis
Codec parlera-t-il de sécurité ?
Bien sûr. Il est important que les
écologistes discutent de cette
thématique. Notre projet de
société dépasse la petite touche
écolo que le PS veut ajouter à
son programme. Il est global. Sur
la sécurité nous avons à marteler
le constat d’échec de Sarkozy,
de contre-attaquer l’esbroufe
autour de la vidéo-surveillance
et à promouvoir une politique
de contrôle et de répression
mais aussi de prévention. Nous
pensons que l’insécurité grandissante.
est le fait d’une souffrance
sociale. Il faut remettre du projet
social pour permettre aux
acteurs d’être dans le devoir de
se respecter entre eux.
En votre qualité de président
des élus écologistes à la mairie
de Toulouse, vous marquez
souvent votre différence avec
les autres composantes de la
majorité. Où en sont vos relations
avec les socialistes ?
Nous avons une vision singulière
du projet politique sur l’espace
public, sur les orientations
à prendre et le niveau d’urgence
environnemental. Nous avons
aussi une autre pratique de la
politique, élojgnée de la logique
d’appareil, laquelle nous
invite à la franchise. Il arrive que
nous ne soyons pas d’accord. Et
nous le disons ! Nous nous sommes
démarqués dès lors que les
investissements ne nous ont pas
semblé prioritaires. Ce fut le cas
pour l’agrandissement du Stadium
et la création du Parc des
expos. Pour nous, il faut prioriser
les transports et sur ce sujet,
nous ne sommes pas d’accord
avec la faible ambition du Plan
de déplacements urbains de
Pierre Cohen.
L’annonce du prolongement
du métro à Labège est quand
même une bonne nouvelle...
C’est une bonne nouvelle mais
la solidarité territoriale n’est pas
de mise sur ce projet. Le mode
de financement demande à chaque
territoire de participer. Dans
ce cadre, le nord toulousain ne
pourra, par exemple, jamais
souscrire à pareil projet... Sur les
transports, les différentes collectivités
ne cessent de ne pas être
d’accord. Nous devons nous doter
d’un outil plus fédérateur. Cette
réflexion renvoie d’ailleurs sur
l’enjeu métropolitain.
Poursuivrez-vous l’union avec
la gauche pour les municipales
de 2014 ?
Aucune option n’est écartée.
Mais pour l’heure, nos accords
sont plus importants que nos
désaccords.
Pascal Pallas
* L’UMP présentera un candidat et Stéphane Diebold (divers droite) fera également acte de candidature.
L’écoquartier de la Cartoucherie n’aura-t-il d’écolo que le nom ?
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