« Non, nous ne déclarons pas la guerre aux automobilistes ! », se défend déjà l’adjoint au maire en charge de la circulation en ville, Bernard Marquié. Le sourire aux lèvres, l’élu communiste dédramatise la stratégie que la municipalité met peu à peu en place pour le confort de la circulation et le partage de l’espace public en centre-ville. « Nous poursuivons l’objectif d’une ville aérée et accessible », résume Bernard Marquié qui a annoncé, cet été, son intention de généraliser le stationnement payant à toutes les rues et parkings compris entre le canal du Midi et la Garonne.
Garantir la rotation et l’accès des résidents
« Le but est d’offrir à ceux qui ont besoin de la voiture au centreville les moyens de l’utiliser normalement et efficacement et de lutter, en même temps, contre ces voitures qui s’installent en ville à 7 h 30 le matin pour ne repartir qu’à 19 heures. Étendre le stationnement payant permettra une rotation et l’accès des résidents. Ces derniers sont demandeurs. Les Assises de la mobilité organisée en début de mandat l’attestent ».
Par cette généralisation de l’horodateur, la mairie veut répondre à un problème physique. « Il y a 11 000 places disponibles entre le canal et le fleuve pour 9 000 commerces, 10 000 salariés et quelque 150 000 habitants... », continue Bernard Marquié. Concrètement, à partir de la rentrée, les horodateurs vont fleurir un peu partout et aucun secteur ne sera épargné.
Parallèlement, la démarche de pietonnisation du centre, testée avec succès rue du Taur depuis un an, fait son chemin dans les consciences municipales. Pierre Cohen attend que les urbanistes qu’il a invités à plancher sur la rénovation du centre rendent leurs rapports cet automne pour poursuivre le processus. Mais inéluctablement, la pietonnisation s’inscrit dans le cours de l’histoire urbaine. « Il y a vingt ans, on garait sa voiture place du Capitole. Est-ce que nous penserions seulement le faire aujourd’hui ? Dans 20 ans sans doute, un certain nombre d’artères seront totalement rendues aux piétons. Baladez-vous le samedi après-midi dans l’hypercentre. Les chalands dessinent déjà par leur fréquentation de telle ou telle rue, lesquelles de nos artères seront piétonisées", remarque un autre adjoint au maire de Toulouse, François Briançon.
Le partage du centre ville, son intermodalité, favorisé par une sortie progressive de la voiture est une notion que l’Automobile club du Midi, à la pointe sur la défense des usagers de la route, ne bat pas en brèche. Michel Ribert, président de l’association, remarque que « la surcharge de la ville est telle qu’il est difficile défaire autrement. Par contre, je crois qu’une vraie réflexion sur l’aménagement du territoire doit être menée. Toulouse centralise trop de monde. Ne peut-on pas promouvoir un meilleur équilibre du territoire en favorisant par exemple l’implantation d’entreprises en d’autres villes de Haute-Garonne... »
« La démarche ne doit pas être punitive »
Une réflexion de grande échelle qui, pour l’heure, cède la priorité aux cogitations sur le développement des transports alternatifs à la voiture. Au-delà du vélo qui prend de plus en plus d’importance (lire ci-dessous), la politique en matière de transports en commun « s’inscrit forcément dans notre démarche », assure Bernard Marquié qui attend avec impatience le dénouement de l’affaire du tramway Garonne que la justice tranchera début septembre. La municipalité et le Grand Toulouse travaillent surtout au développement du Bus à haut niveau de service (BHNS), dont ils défendent l’équivalence au tramway et un coût inférieur à ce dernier.
Une stratégie pas assez ambitieuse au goût de l’opposition. François Chollet, conseiller municipal UMP et président du groupe d’opposition Toulouse Métropole à la communauté urbaine déplore « un net recul en matière d’investissement sur les transports collectifs. Le nouveau plan de déplacement urbain (PDU) proposé par Pierre Cohen, nous permet de constater que nous passons d’une prévision de 2,9 milliards d’euros à 1,4 milliard d’euros. Sortir la voiture du centre ville nous paraît une très bonne chose. Or la démarche ne doit pas être punitive. Et pour l’heure, les usagers ne sont pas incités à laisser leurs voitures. Le Bus à haut niveau de service reste du bus et n’offre pas l’équivalent du métro ou du tramway au niveau du confort et de la qualité ». L’opposant se demande également comment les salariés, patients et visiteurs du Cancérôpole pourront se passer de la voiture lorsque la grande clinique en construction sur le site sera ouverte. Aujourd’hui une seule ligne de bus dessert la zone. II plaide encore pour le traitement rapide, en tramway, de l’axe Blagnac- Saint Orens.
Jean-Luc Moudenc, l’autre leader de l’opposition, est lui aussi d’accord pour réduire la place de la voiture en centreville. II y travaillait du reste, lorsqu’il était en responsabilité. Mais il dénonce lui aussi « une politique pas suffisamment ambitieuse pour inviter les usagers à basculer sur les transports en commun ». Autant de remarques qui alimenteront, le 28 septembre prochain, la table ronde que Pierre Cohen convoque afin d’établir, dans la concertation, une feuille de route plus ambitieuse pour le développement de l’offre en transport en commun à Toulouse... et la sortie de la voiture d’un centre ville toujours plus engorgé.
Sans doute avez-vous remarqué, au pied de votre immeuble, devant votre pavillon ou en plein centre, que les bandes cyclables fleurissaient un peu partout. C’est la conséquence d’une « politique vélo » revigorée par l’action des élus Europe-Écologie- Les Verts et en particulier du conseiller municipal et communautaire spécialement dédié à ce sujet : Philippe Goirand.
Profitant de quelques millions d’euros par an sur une période de 10 années en vertu du « plan vélo » lancé fin mai par la communauté urbaine du Grand Toulouse, « nous aménageons notamment 20 km de pistes cyclables par an en moyenne, détaille Philippe Goirand. Notre but est de véritablement passer à la vitesse supérieure en terme de moyens mais aussi de qualité de service ».
Ainsi, les élus dévoileront prochainement une charte technique des aménagements destinée à l’amélioration de la qualité des aménagements. Un document qui défend, par exemple le principe de la bordure zéro centimètres afin de limiter le gymkhana peu sécurisé des deux-roues en ville.
Pour l’avenir, Philippe Goirand voit encore-plus grand. « Mais tout dépendra d’un certain nombre de facteurs et en premier lieu de la prise en compte de l’ensemble des élus en charge du déplacement... », glisse le monsieur vélo de Toulouse.
Peut mieux faire ?
Critique vis-à-vis d’un Plan de déplacement urbain (PDU) qu’il juge, à l’instar de tous ses camarades écologistes, peu ambitieux, Philippe Goirand remarque aussi que « l’enveloppe de 11 millions par an débloqué par la communauté urbaine est une excellente nouvelle. Or nous ne pouvons que constater que peu de personnel est encore mobilisé sur un sujet qui nous paraît un important moyen de réduire l’emprise de la voiture en centre-ville. Nous voulons que le vélo devienne une vraie priorité à la mairie et à la communauté urbaine ».
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