Le plan climat du Grand Toulouse a été lancé aujourd’hui en présence d’un auditoire moyennement nombreux où les élus du Grand Toulouse étaient particulièrement peu présents... Pierre Radanne, expert reconnu des politiques énergétiques nécessaires à la lutte contre le changement climatique, a été appelé pour orchestrer la manoeuvre, ce qui est assurément un excellent choix. Sa première tâche sera probablement de mobiliser les énergies... humaines.
Invité à la tribune, j’ai pu y "dérouler" ma vision d’un plan vélo pour ce plan climat :
"Qu’attendre d’un plan climat ? Qu’il intègre entre autre un plan vélo... En matière d’état des lieux et d’objectifs, le travail a été en partie réalisé par nos prédécesseurs : les discontinuités cyclables majeures ont été identifiées, priorisées par un schéma directeur et une programmation pluri-annuelle. Mais la programmation s’enrichit continuellement au fil des nouveau besoins identifiés, en lien avec les habitants du Grand Toulouse (je pense en particulier aux retours issus des assises de la mobilité) et en lien aussi avec les associations. De plus, l’objectif d’avoir des voies cyclables continues me semble devoir être continuellement réaffirmé. Enfin, développer le vélo ne peut pas se résumer à plus de pistes ou bandes cyclables...
La qualité des aménagements est un facteur essentiel pour donner aux cyclistes la sécurité et le confort qu’ils méritent. Ils font l’effort de se déplacer sans polluer. Nous leur devons bien cela, même s’ils bénéficient déjà d’une meilleure santé et gagnent plus de temps dans leurs déplacements quotidiens. La charte technique des aménagements lancée cette année sera rapidement, j’espère, l’outil qui nous manque actuellement.
La généralisation des zones à vitesse modérée (zone 30, zone de rencontre), ainsi que la mise au norme des zones 30 existantes afin de généraliser les double-sens cyclables dans les rues en sens unique, voilà des aménagements qui contribueront aussi à développer largement le vélo en ville.
J’insiste au-près des sceptiques sur le fait que les contre-sens cyclables en zone 30 sont générateur de sécurité pour les cyclistes, parce qu’ils sont plus visibles et raccourcissent leurs trajets. Pour peu, évidemment, que les aménagements des zones 30 soient qualitatifs.
Mais de tels aménagements restent peu chers et peuvent être déployés rapidement.
Plus généralement, l’accompagnement de la pratique cycliste doit se traduire par un plan d’action comportant de multiples volets : intermodalité avec les TC, stationnement sécurisé en toutes circonstances, location de courte ou longue durée, aide à l’acquisition de vélos pliants ou électriques, information, formation... Nous devons toucher un maximum de gens par des actions variées. Le cycliste n’est pas seulement ce militant fagoté dans son gilet jaune fluo qui énerve l’automobiliste bloqué dans les bouchons, ou alimente la polémique à l’envie des médias locaux... Le cycliste est divers et a des attentes diverses en matière d’aménagements et de services. Pour tout vous dire, ce n’est pas le militant cycliste qui m’intéresse le plus. C’est le futur cycliste qui m’intéresse. Celui (ou celle) qui n’a pas encore imaginé qu’il pourrait être cycliste. Je suis sûr que certaines ou certains parmi vous ne s’imaginent pas cyclistes urbains...
Ce futur cycliste, il faut le réveiller. Ca passe bien sûr par la communication. Plus précisément par une stratégie de communication, qui peut être tour à tour ciblée ou massive, mais doit être régulière et créative.
Pourquoi les pays du Nord communiquent-ils autant pour développer le vélo, alors qu’ils ont déjà beaucoup plus de cyclistes urbains que nous ? Parce qu’ils savent que si c’est fait correctement, c’est peut-être le meilleur investissement à faire pour changer les habitudes.
C’est donc un plan d’action global pour le vélo qui faut, comme pour d’autre domaines impactant directement nos émissions en GES.
C’est au vu des moyens affectés que notre plan climat sera apprécié. En matière de vélo, les investissements nécessaires sont globalement évalués. La programmation des aménagements cyclables de la CUGT, c’est 45 M €, hors grands projets qui impactent aussi le vélo, ou encore les zones 30. Le dernier projet de PDU approuvé par la CUGT nous situe dans les mêmes ordres de grandeur en chiffrant l’ensemble des investissements cyclables à 150 M € pour le périmètre Tisséo d’ici 2020, ce qui représente environ 100 M € pour la CUGT ou encore 10 M € par an. Reste à évaluer les actions complémentaires. Le groupe de travail Vélo qui se tiendra tout à l’heure nous permettra d’en savoir plus.
Nous sommes donc à peu près à un niveau d’investissement comparable au tram Garonne. Ayons bien en tête qu’il s’agit d’un plan d’urgence pour nous mettre au niveau de nombreuses villes européennes, avec en ligne de mire un impact fort sur l’ensemble du Grand Toulouse et la réalisation de l’objectif que nous nous sommes fixés en signant la charte de Bruxelles : 15 % de déplacements cyclistes en 2020 contre environ 4 % actuellement.
Je crois sincèrement que l’investissement dans le vélo est de très loin le plus rentable pour réduire l’utilisation de la voiture en ville, sans parler de toutes les économies générées en matière de santé, ou encore de préservation de la voirie. Mais il faut quand même “quelques” moyens.
Pour faire de la bonne musique, il faut de bons musiciens, et éventuellement un chef d’orchestre. Plusieurs chefs d’orchestre, c’est plus compliqué...
La concentration des actions pour le vélo au niveau d’une seule institution qu’est la CUGT est donc une bonne chose.
Gageons que le lancement de ce plan climat communautaire soit un signe fort en matière de bonne gouvernance et de partage efficace des responsabilités."
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