Ils sont venus en permanence de mairie. Parler de leur projet associatif. Le faire connaître. Ils sont venus faire connaissance avec les élus de leur secteur. Les informer de leurs projets.
Alors avec mon collègue Régis Godec, adjoint du secteur Toulouse Ouest et Jean-Paul Makengo, adjoint à la diversité en charge des cultes, nous nous sommes rendus chez eux, partager la rupture du jeûne de la journée. Soirée du 27ème jour du Ramadan, dite soirée de La Destinée.
Et ce qu’on voit de l’intérieur n’est pas ce qu’on imagine de l’extérieur. Des hommes, des femmes, des enfants, à pied, viennent prier des quatre coins du quartier : de Reynerie, de Papus, de Lafourguette. Des gens qui parlent, qui se rencontrent, qui discutent et font entendre un bruit de fond de cordialité orale. Un musulman peut prier n’importe où, nous disent-ils. Pour le moment c’est ce qu’ils font. Enfin presque. Le château de Tabar est trop petit pour accueillir tous les fidèles à l’intérieur. Alors ils prient dehors sur le pré.
Ils ont dessiné un lieu de culte avec un architecte toulousain, et ont déposé un dossier à la mairie. Salle de prière et salles d’études. Salles destinées aux associations et aux familles. Salles pour le partage des repas. Salles pour vivre dignement sa religion.
Et puis cette mosquée c’est le château de Tabar, le patrimoine toulousain du quartier. Alors le transformer, l’agrandir, c’est penser l’intégration paysagère, et l’appropriation pour tous de ce futur patrimoine. L’appropriation par les usagers bien sûr, mais également par les voisins, de la fierté d’un beau bâtiment, où l’on pourrait boire un thé, comme je le fais parfois en allant à Paris, à la grande Mosquée.
La brique sera au rendez vous. Les minarets guère plus haut que les pigeonniers. Penser la mosquée comme la rencontre de la tradition et de la modernité : architecturale, environnementale. Penser à l’Alhambra, merveille du monde, issue des cultures partagées par les gens du livre : modernité de l’époque où l’eau arrive à l’intérieur du palais par gravitation naturelle des montagnes neigeuses. L’idée n’a jamais effleuré Louis XIV le bâtisseur. L’eau, source de vie, est par tradition une préoccupation musulmane. Alors une récupération des eaux de pluie sera faite par les toits.
Et puis penser les coûts énergétiques : des panneaux photovoltaïques seront posés sur les toits. Chaque époque réinvente sa modernité.
Il ne se disent pas écolos : ils pensent juste l’avenir et l’apprécient à l’aune de leur préoccupations.
Si je vous dis que nous avons passé une délicieuse soirée, et que la politique a repris ce soir là tout son sens ? Bien sûr, la mairie appréciera et donnera son avis sur ce projet dont les fonds sont entièrement privés. L’association musulmane de Toulouse viendra un de ces jours en faire une présentation par le biais des commissions de quartiers.
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