Aucun des Toulousains qui se sont promenés au centre-ville de Toulouse vendredi ou plus encore samedi ne peuvent l’ignorer : la place du Capitole a été le théâtre d’une opération de communication de grande ampleur mise en oeuvre par une marque de parfums... Des milliers de coquelicots synthétiques ont été installés sur la place pendant deux jours. A la fin de l’opération, les fleurs parfumées ont été distribuées aux passants qui, du coup, ont relayé cette campagne à travers les rues de la ville. Un joli coup de pub pour ce parfum, avec une opération finalement à peu de frais, et des retombées médiatiques importantes. La place du Capitole a simplement été mise à disposition par la Mairie. Même les commerçants du marché bio ont dû déménager samedi matin pour ne pas gêner l’opération. Bref, pour la première fois à Toulouse on a accueilli un panneau publicitaire de 12 000 m2 sur la plus grande place de la Ville....
Visiblement, certains ont apprécié ce qu’ils ont vécu comme une simple animation, d’autres ont été profondément énervés de voir l’espace public le plus emblématique de la ville mis à disposition de cette opération. Je ne vous cacherai pas que je fais partie de la seconde catégorie. Peut-être suis-je trop allergique à la publicité je l’avoue... D’ailleurs, j’en profite pour dire qu’il y a une chose qui m’énerve encore plus dans le centre ville : c’est le bus rose du Casino qui brûle des litres de gazoil pour faire de la pub et occasionnellement transporter quelques clients.
Mais surtout, cet événement est révélateur de la préoccupante évolution des centres-ville des grandes agglomérations. Une évolution qui, malheureusement, n’épargne pas Toulouse. Peu à peu, les rez de chaussée des artères emblématiques sont rachetés par des enseignes de mode, des banques, des opérateurs de téléphonie, des enseignes de restauration rapide. Vous pouvez vous promener dans les rues des grandes villes françaises, vous trouverez les mêmes grandes enseignes, avec les mêmes produits. Leur qualité ne fait pas leur prix, leur marque suffit... Cette évolution uniformise les coeurs de ville. Peu à peu, la rue commence à être pensée du point de vue du commerçant : quand il faut y modifier quelque chose dans l’espace public son avis prime. Et si par malheur ces commerçants font encore partie de cette catégorie (de moins en moins fournie) qui pense que si les clients ne peuvent venir en voiture chez eux, leur chiffre d’affaire va baisser, alors la ville reste sacrifiée aux pots d’échappements.
Combien de coeurs de ville sont ainsi devenus des galeries marchandes à ciel ouvert ?
Le coeur historique de Toulouse a besoin d’un grand projet, c’est celui que nous lançons avec l’ensemble de l’équipe municipale pour refaire de manière qualitative l’avenue Alsace-Lorraine, et dessiner un schéma directeur pour le centre ancien. J’espère que nous saurons faire en sorte que ce projet permette de construire la ville future en se plaçant du point de vue du citoyen plutôt que du point de vue du consommateur... Pour que cette ville reste la capitale de la convivialité, de l’échange, de la culture. Je reste convaincu que la vraie richesse se trouve dans les relations humaines plutôt que dans les marchandises.
Utopique ? Pas si sûr... L’idôlatrie de notre époque à l’égard des biens de consommation est somme toute très récente à l’échelle de l’histoire, et il n’est pas certain qu’elle soit éternelle... Elle reste une religion non-civilisatrice...
Défendons la rue vivante plutôt que la rue vitrine, les fleurs sauvages plutôt que leur contrefaçon !
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