Contribution du groupe EELV Audomarois au plan énergétique de St Omer

Contribution du groupe Europe Écologie Les Verts Audomarois
au plan énergétique municipal de la ville de Saint-Omer
Dans un contexte de tension sur l’approvisionnement en énergie et de flambée des prix, la
commune de Saint-Omer a lancé par la voix de son maire François Decoster lors du conseil municipal
du 8 octobre, puis par voie de presse et sur Facebook une concertation , une recherche d’idées et de
propositions, sur l’instauration d’un plan énergétique municipal. Ce plan est pour le moment
circonscrit à la gestion des infrastructures de la ville. La stratégie annoncée se veut tripartite :
sobriété énergétique (moins consommer), performance énergétique (mieux consommer) et
production énergétique (énergie renouvelable). Les participants à cette concertation sont invités à
respecter ce cahier des charges.
Passer l’hiver, c’est bien. S’engager dans la résilience du territoire, c’est mieux.
EÉLV Audomarois salue cette initiative.
Toutefois, la communication autour de ce plan énergétique municipal semble exclusivement
focalisée sur la flambée des prix. Le coût financier est un enjeu majeur, nul ne le dément. Mais cette
question de maîtrise de l’énergie s’inscrit dans un cadre plus global, qui est celui de la transition
écologique et sociale. Les écologistes proposent avec constance cette stratégie vertueuse : ce qui est
bon pour l’environnement bénéficie à chacun ; la justice climatique et la justice sociale vont de pair.
Le contexte prouve, une fois de plus, que c’est bien l’absence d’écologie qui est punitive.
EÉLV Audomarois propose donc que ce plan énergétique municipal soit pensé et déployé avec une
autre ambition que la seule limitation de l’augmentation des coûts financiers. “Passer l’hiver au
chaud et sans se faire trop plumer” est un précepte de gestionnaire avisé mais un peu borné.
“Transformer la ville pour en faire un territoire résilient” est une motivation bien plus engageante et
responsable.
Ce préliminaire semblait nécessaire pour proposer un meilleur cadre à la prolongation dans la durée
de ce “plan”. Ou, pour mieux dire, la prolongation (éminemment souhaitable) de ce plan énergétique
municipal doit se faire dans le contexte plus global de planification de transition écologique du
territoire pour faire de l’Audomarois un territoire résilient.
Disposer des outils de mesure adaptés à l’ambition de sobriété énergétique
EÉLV Audomarois pointe un autre écueil méthodologique dans la communication autour de ce plan
énergétique.
La sobriété, c’est choisir de limiter sa consommation. Il s’agit donc d’une réduction volontaire.
Pour être certain que les actions mises en œuvre portent leur fruit, il convient bien sûr de mesurer
cette réduction (ou à défaut cette limitation de l’augmentation) sur au moins trois aspects :
puissance énergétique, pollution émise, prix.
L’euro ne peut être la seule unité de mesure.
Il faut également prendre en compte kilowattheure d’énergie primaire et équivalent carbone émis.
Sans quoi, il ne sera pas possible de mesurer l’efficacité de ce plan énergétique municipal. Il y a
d’ailleurs même (malheureusement) fort à parier qu’en dépit des efforts qui seront consentis pour
“passer l’hiver”, le prix continuera d’augmenter (la consommation énergétique devrait baisser mais
la facture continuera d’augmenter). Ne disposer que de l’information “coût financier” risquerait donc
d’être une source de démotivation et de démobilisation.
Pour le moment, la population ne dispose “que” du diagnostic financier, un peu comme s’il ne
s’agissait “que” de s’intéresser à la facture de gaz et d’électricité. Dont acte… La présente
contribution compose donc avec les outils à disposition, et insiste sur le fait que ces outils sont pour
le moment incomplets.
En première intention, EÉLV Audomarois suggère donc à la ville de Saint-Omer d’améliorer les outils
diagnostics en procédant à un audit.
Sobriété

  • Créer un poste de chargé des économies d’énergie à la ville, poste qui s’autofinance avec les
    économies réalisées. A minima, il convient d’avoir une personne référente dans chacun des
    bâtiments municipaux, en la formant à la gestion de l’énergie, avec des objectifs chiffrés.
  • Éclairage public : passer de la nuit éclairée à la nuit étoilée. Plus d’un quart des dépenses provient
    de l’éclairage public. La solution la plus logique est donc de commencer par éteindre les lumières.
    Au-delà des raisons financières, c’est du positif pour la biodiversité ou encore la lutte contre la
    pollution lumineuse. Selon un rapport de l’Agence de la transition écologique (Ademe) de 2021, 40 %
    des communes métropolitaines éteignent d’ores et déjà certains éclairages une partie de la nuit.
    (article Reporterre, rapport gratuit de l’Ademe sur la rénovation de l’éclairage extérieur). Une autre
    possibilité est de garder l’éclairage des routes et chemins fréquentées et d’éteindre les autres. La
    mise à niveau des armoires de commande des lampadaires permet cette opération et son coût est en
    moyenne compensé en un an par les économies d’électricité. Dernière possibilité, une modulation
    des horaires selon les jours (le vendredi et le samedi soir, les éteindre de 2h à 6h, car ce sont des
    soirées festives).
    Rappelons que l’éclairage public n’a aucune incidence sur la baisse de la criminalité et de la violence
    (cf. Association Française de l’énergie s’appuyant notamment sur les travaux de l’Observatoire
    National de la Délinquance et des Ripostes Pénales). En la matière, la prévention de la délinquance
    serait surtout de s’assurer que les publicités lumineuses (mais aussi les enseignes & pré-enseignes
    ainsi que l’intégralité des locaux professionnels) sont bien éteintes la nuit ainsi que le prévoit la
    réglementation (cf. rappel du Ministère de l’intérieur qui souligne la responsabilité du Maire sur ce
    sujet).
    La Municipalité pourrait également être mieux-disante que ce qu’impose la loi en augmentant la
    période d’interdiction lumineuse (actuellement : de 1h à 6 h du matin). Enfin, il faut agir
    efficacement sur le RLP (règlement local de publicité). La ville de Saint-Omer faisant partie du parc
    naturel régional des caps et marais d’Opale, il serait d’ores et déjà possible d’interdire purement et
    simplement toutes publicités et pré-enseignes en renonçant à déroger au Code de l’Environnement.
    Quoi qu’il en soit, le Parc Naturel régional est l’interlocuteur privilégié pour déployer une trame
    noire (réseau caractérisé par une relative obscurité nocturne). Ville-cœur d’un pays d’art et
    d’histoire, située à quelques kilomètres de La Coupole, Saint-Omer ne gagnerait-elle pas en
    attractivité en étant labellisée “Territoire étoilé”?
  • Revoir la question de l’utilisation de la salle Vauban et des serres, surtout en hiver. 56 000€ de
    dépense pour ce seul lieu paraît aberrant. Ne faut-il pas fermer la salle Vauban de novembre à
    février et privilégier des lieux moins énergivores pour se rassembler ? Il en est de même pour les
    39 000€ des ateliers municipaux. Étudier la possibilité de transformer les serres en serre passive ou
    bioclimatique. Ce sont des bâtiments qui peuvent entrer dans un plan de reconfiguration en
    autonomie d’énergie, ils n’ont pas de caractère patrimonial.
  • De manière générale, il convient déjà de respecter les recommandations de base (19°C la journée,
    éteindre l’ensemble des lumières/équipements électroniques la nuit) en en facilitant la réalisation
    (un bouton ON/OFF pour l’ensemble du bâtiment par exemple).
  • Planter des arbres en ville, dans chaque rue : la présence d’arbres en ville permet de réduire
    jusqu’à 50% les dépenses de chauffage et jusqu’à 30% les besoins de climatisation. C’est un gain de
    2°C de température qui est relevé. (Source : https://www.nature.org/en-us/)
    Performance énergétique
  • La meilleure énergie étant celle qui n’est pas consommée, il convient de poursuivre de manière très
    active la rénovation thermique et énergétique de tous ces bâtiments. Il faut surtout privilégier les
    projets de rénovation visant la très haute performance énergétique et environnementale.
    Produire
  • Favoriser la présence des panneaux solaires sur les bâtiments communaux (notamment lorsque
    ceux-ci sont rénovés) et encourager les hangars commerciaux à en faire de même. Il en existent qui
    se fondent très bien dans le paysage ou qui se posent de façon intelligente, de sorte à ne pas être
    visibles dans les perspectives esthétiques.
  • Saint-Omer dispose de grandes ressources géothermiques. L’exemple du chauffage de la gare
    mérite d’être développé, en y association, cette fois, une pompe à chaleur électrique dont
    l’électricité serait fournie par un producteur d’énergie renouvelable.
  • La ville montrerait d’ailleurs l’exemple à ses concitoyens, à la région et à l’ensemble des communes
    françaises en rejoignant un fournisseur d’électricité d’origine renouvelable (exemple d’Enercoop).
    Bonus
    Entreprendre la labellisation de toutes les écoles de la ville en éco-école ou la labellisation
    ministérielle E3D (établissement en démarche globale de développement durable).
    D’une manière générale, il convient donc de s’inspirer des réalisations efficaces et de solliciter les
    organismes dédiés à ces questions (organismes dont une partie du financement est d’ailleurs assuré
    par la ville de Saint-Omer).
     L’agence d’urbanisme du Pays de Saint-Omer liste de nombreux exemples réussis (voir par
    exemple le cahier Rénovation énergétique du patrimoine public communal sur le pays de
    Saint-Omer dans lequel on découvre notamment que la rénovation BBC d’une école permet
    80% d’économie d’énergie ou que la rénovation de l’éclairage public garantit au moins 70%
    d’économie).
     Le Parc Naturel régional des caps et marais d’Opale, déjà mentionné) est un soutien de
    choix pour les collectivités.
     La FDE62, Fédération départementale de l’énergie (dont on rappellera que le Premier
    adjoint de la ville de Saint-Omer est membre) qui s’est donnée pour vocation la “réussite de
    la transition énergétique” en fournissant des conseils aux collectivités, en soutenant
    financièrement la réalisation de projets, et en agissant sur le mix énergétique.
     On citera également le GUIH, guichet unique d’information sur l’habitat, qui peut apporter
    une aide précieuse pour les logements collectifs que la ville de Saint-Omer finance
    directement (logements dits de fonction) ou indirectement (logements collectifs à caractère
    social).
     En dehors du territoire audomarois, mais ayant toute compétence pour agir en concertation
    avec la ville de Saint-Omer, on peut également nommer le Cerdd (centre de ressources au
    développement durable), la Mres (maison régionale de l’environnement et des solidarités),
    ou encore les associations Virage Energie et NegaWatt.
    Nous invitons aussi Saint-Omer à se lancer dans une grande opération de concertation et
    d’implication des habitants : qu’est-ce-que chacun est prêt à faire pour limiter les consommations,
    quels sont les seuils, où les habitants sont capables d’agir, quels curseurs bouger et quelles
    progressions possibles ? Quels défis les audomarois sont capables de relever ? Quels avantages
    veulent-ils et elles en tirer ? L’accompagnement est le meilleur moyen de parvenir à une réussite
    partagée.
    La démarche à laquelle nous répondons est un excellent début et nous y participons avec toute notre
    bonne volonté et notre sens de l’intérêt général porté aux populations et aux patrimoines.