Contribution des élu·es écologistes des Hauts-de-France et d’Europe Ecologie Les Verts Nord-Pas-de-Calais déposée sur le site de la concertation le 30 juin 2022
Les élu·es écologistes des Hauts-de-France et Europe Ecologie Les Verts Nord-Pas-Calais souhaitent faire entendre leur voix concernant le projet de modernisation de la cimenterie EQIOM de Lumbres, connu sous le nom de programme K6, dans le cadre de la concertation préalable.
Ce programme qui permettrait à l’entreprise de moderniser ses pratiques en se passant des énergies fossiles et en construisant un four capable de séquestrer le CO2 émis par sa cheminée et de l’enfouir en profondeur en mer du Nord peut sembler répondre aux enjeux de la transition écologique en proposant un béton bas carbone, à moins que cette innovation ne serve à cacher les réelles intentions.
En effet, l’entreprise prévoit à la suite de ces travaux, une augmentation de la production de clinker (matériau essentiel à la fabrication du béton) de plus de 60% passant de 650 000 tonnes par an aujourd’hui à 1,1 million[s] de tonnes après travaux. Le bilan resterait donc négatif en termes d’émissions nettes.
A l’heure où nous devons atteindre le « zéro artificialisation nette », nous nous interrogeons sur l’intérêt de porter un projet comme celui-ci. Chacun en conviendra : on ne peut guère vouloir atteindre l’objectif de “zéro artificialisation nette” des sols en 2050 et, en même temps, vouloir produire plus de clinker. Cette question du calendrier est essentielle à prendre en compte car un premier objectif intermédiaire de réduction a été fixé : il s’agit de réduire de moitié le rythme de la consommation d’espaces dans les 10 prochaines années. Il ne semble pas pertinent de produire plus de ciment alors que l’on s’est engagés à en utiliser moins.
Certes, la densification des zones déjà artificialisées peut induire l’utilisation de ciment, mais d’autres matériaux biosourcés doivent pallier le “tout-béton”. Ainsi le bois (issu de forêts locales gérées durablement), le béton de lin, de chanvre ou de colza, le textile recyclé, des filières porteuses déjà soutenues par la Région et l’État doivent être massivement déployés dans tous les projets régionaux partie prenante de l’aménagement de demain. Les écologistes proposent un déploiement d’alternatives au « tout-béton » par un plan de développement des matériaux biosourcés et la création d’un fonds régional de soutien aux mutations et à l’innovation industrielle.
Nous relevons également le manque d’ambition de l’entreprise en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. L’objectif d’EQIOM n’est en effet que de 20% de réduction de GES par rapport à aujourd’hui. La majeure partie des émissions perdurera donc. L’industrie cimentière est responsable à elle seule de plus de 2% des émissions de gaz à effet de serre en France. (Source: https://www.conseil-national-industrie.gouv.fr/decarbonation_ciment.pdf)
De plus, l’augmentation significative de la production entraînera un ballet routier deux fois plus important et donc une augmentation significative de la production de GES et des particules fines aux abords de l’entreprise.
Ainsi, toutes ces informations doivent nous obliger à une vigilance accrue de la qualité de l’air.. Nous avertissons sur la nécessité de mettre en place des analyses précises de la qualité de l’air avant, pendant et après les travaux de modernisation.
Pour conclure sur la qualité de l’air, la mise en place de ce type de système de captage-séquestration du CO2 n’est pas encore assurée à ce jour. Un tel retard dans le process industriel n’est pas de nature à apporter la confiance sur l’évolution de ce projet. D’autant que la fiabilité technique et la rentabilité économique de ces procédés expérimentaux de grande ampleur n’a pas encore fait ces preuves.
Marine Tondelier, Katy Vuylsteker et Alexandre Cousin, Conseiller.es régionaux.ales EELV des Hauts-de-France
Myriam Santhune et Vincent Dhelin, Co-Secrétaires EELV Nord-Pas-de-Calais