COMMUNIQUE DE PRESSE

Lille, le 2 septembre 2019

A l’occasion du lancement du « Grenelle des violences conjugales » mardi 3 septembre, EÉLV Nord Pas-de-Calais dénonce le manque d’ambition du gouvernement en matière de lutte contre les féminicides.

Insidieusement et silencieusement, ce sont déjà 100 femmes qui ont été assassinées par leurs conjoints et ex-conjoints depuis le début de l’année. Ce chiffre effarant n’est malheureusement pas figé, puisque le nombre de victimes de violences conjugales est en augmentation nette cette année.

La décision de la ministre Marlène Schiappa d’organiser un « Grenelle des violences conjugales » est un signe encourageant d’une prise de conscience de ce fléau, qui dépasse toutes les frontières géographiques et sociales. Seulement, EÉLV Nord Pas-de-Calais craint une énième
opération de communication politique. Pour Katy Vuylsteker, porte-parole d’EÉLV Tourcoing, « les politiques publiques ne sont pas à la hauteur, et les violences conjugales sont encore trop souvent banalisées ». A ce titre, la lutte contre la culture du viol est un élément essentiel parmi les mesures à prendre que réclament les écologistes. Pour Anne Mikolajczak, adjointe à la Maire de Lille et déléguée aux droits des femmes, « Quand 80% des plaignantes estiment avoir été mal reçues par la police, quand 74% des plaintes sont classées sans suite, et quand le victim bashing ou la minimisation des faits deviennent un réflexe de défense pour ceux qui sont accusés, c’est bien qu’il y a un problème ! ».

Des mesures existent qui permettraient de briser le cercle infernal des violences conjugales. L’exemple de l’Espagne peut servir de base de réflexion, qui a mis en place des tribunaux spéciaux ou des aides financières. Surtout, l’Espagne a misé sur la formation obligatoire des professionnels prenant en charge les victimes. Pour Marine Tondelier, élue écologiste d’opposition à Hénin-Beaumont, « en même temps que l’obligation de prendre les plaintes en compte, il faut développer l’écoute et la bienveillance envers la parole des victimes. C’est l’affaire du Secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, mais aussi celle de tous les autres ministères, à commencer par celui de l’Intérieur ».

Pour éviter les incantations stériles et enfin faire bouger les choses, il faudra donc plus qu’un Grenelle. Le succès des mesures décidées dépendra des moyens financiers accordés par le gouvernement à la lutte contre les violences conjugales. Pour le Haut Conseil à l’Égalité, un
budget annuel de 1 milliard d’euros permettrait de résoudre la question. Or, en 2019, seuls 79 millions d’euros y ont été affectés par le gouvernement. C’est un budget en hausse de seulement 1,2%, alors que le Président Macron a fait de l’égalité femme-homme une « grande cause nationale ».

« Nous ne voulons pas faire de procès d’intention, et espérons qu’il sortira des mesures concrètes de ce Grenelle, estime Katy Vuylsteker, mais l’urgence est là quand les féminicides se succèdent dans une quasi indifférence. D’ici le 25 novembre, nous allons mettre la pression : discuter du problème est une avancée, y apporter des solutions financées serait une victoire. »

Dès ce soir, à 18h sur la Grand Place de Lille et à l’appel du collectif Nous Toutes 59,
EÉLV NPdC participera à un rassemblement afin s’exprimer sa colère face à ce fléau.

Yannick BROHARD et Hélène HARDY
Co-secrétaires régionaux EÉLV Nord Pas-de-Calais