Fiscalité diesel : pas d’écologie sans justice
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Samedi prochain, de nombreuses citoyennes et nombreux citoyens vont descendre dans la rue contre le prix du carburant mais aussi contre la vie chère. Ce mouvement spontané, même s’il est l’objet de tentatives de récupérations politiciennes, doit être entendu. Il est l’expression d’une colère nourrie par un légitime sentiment d’injustice. D’autant, que la première mesure fiscale de ce gouvernement a été de supprimer l’ISF qui rapportait 4,5 milliards euros.

Cela fait des décennies qu’EELV dénonce un aménagement inconséquent de notre territoire qui est porté par la majorité des politiques : étalement urbain, destruction des terres agricoles, multiplication des centres commerciaux, aménagement routiers et autoroutiers, espaces urbains dédiés aux voitures, allongement des parcours domicile – travail, disparition des services publics et des commerces de proximité, fermeture des lignes de chemin de fer et des gares, encouragement à acheter des véhicules diesel. Tout cela a eu pour effet un développement systématique de la voiture individuelle et des camions pour les entreprises. 

Aujourd’hui, au vu des enjeux, crises climatique, environnementale, économique et sociale, il devient vital de sortir du « tout carbone » et d’engager une transition énergétique afin de construire une société décarbonée. D’ailleurs, les marches pour le climat, les rassemblements pour les coquelicots (afin de préserver la biodiversité) ainsi que l’engouement pour manger bio, produire local, les solidarités qui se développent entre habitants, démontrent aussi que les citoyen-nes souhaitent aller vers une société plus écologique et plus juste. Mais pour cela, il faut anticiper et prendre des mesures cohérentes et efficaces pour changer de modèle, tout en  accompagnant les plus fragiles.

Le choix actuel du Gouvernement de n’orienter que 19% de la fiscalité carbone à la transition énergétique est à la fois injuste socialement et inefficace écologiquement. Sans un financement massif d’alternatives, les personnes dépendantes de leurs voitures pour leurs déplacements continueront de s’en servir. Cette fiscalité ne permet donc pas de baisser les émissions de CO2. À cela s’ajoute l’injustice sociale car ce sont les plus pauvres qui ressentent le plus violemment la hausse du prix du carburant. 

Si la fiscalité du carbone impliquant l’alignement des taxes sur le diesel sur celles de l’essence est nécessaire,  EELV déplore l’exonération fiscale dont bénéficie le kérosène pour les avions et le fioul lourd pour les bateaux de croisière et les porte-containers. 

De plus, la pollution de l’air et la dépendance aux énergies fossiles ont un coût économique et sanitaire exorbitant. Alors que la France versait en 2016, 1,41 milliard d’euros de subventions annuelles à la production d’énergies fossiles, leur impact sur la santé est estimé à 16,5 milliards d’euros par an.

Face à une coalition des rejets et des colères, nous préférons appeler à la construction d’une coalition de projets. Pour cela, nous n’appelons pas à cette journée de blocage mais nous proposons des solutions qui nous engagent vraiment vers la transition écologique :

– le prix des énergies fossiles, de plus en plus rares et chères, va continuer d’augmenter. Il est donc indispensable de mener des politiques publiques afin de réduire et de décarboner les déplacements.

– la mise en place de la fiscalisation du kérosène pour les avions, du fioul lourd pour les porte-containers et les bateaux de croisière.

– l ’utilisation de 100% des recettes de la fiscalité carbone pour la transition énergétique : transports collectifs, efficacité énergétique, valorisation du passage de la voiture au vélo pour celles et ceux qui en ont la possibilité.

– l ’accompagnement des plus fragiles pendant la période de transition par des chèques énergies sur critères géographiques et sociaux.

– la « réparation » des territoires avec un moratoire sur les nouveaux équipements routiers et stopper  l’étalement urbain. Conditionner l’urbanisation autour des axes de transport en commun structurants, déployer équitablement les services publics et les commerces de proximité, aménager l’espace urbain pour le rendre facilement accessible sans voiture.

– le désinvestissement carbone en stoppant les investissements dans l’extraction des ressources fossiles et en les réorientant vers les économies d’énergie et le renouvelable.

Caroline AMIEL et Alexis DECK – Porte-parole

Véronique BEREGOVOY et Guillaume HEDOUIN – Secrétaires régionaux