En route pour 2015

A l’occasion du conseil municipal de janvier, les trois groupes d’opposition y sont allés de leurs métaphores itinérantes. Certains reprochent à la nouvelle municipalité de marcher dans les pas de la précédente, d’autres d’aller droit dans le mur, quand le troisième n’y voient qu’une absence de cap. On s’y perd! 
Sans vouloir ressortir des placards un ancien premier ministre (« La route est droite mais la pente est forte »), filer la métaphore routière n’est pas dénuée d’enseignements. 
Passons vite sur le groupe d’extrème droite dont la vision politique se résume à une autoroute fermée à tout nouveau véhicule, interdite aux piétons et vélos et où chaque automobile serait blindée et armée pour se défendre contre les délinquants « armés de kalashnikov ».
Du coté des groupe de droite et de gauche socialiste-citoyenne, c’est là encore l’image de l’autoroute qui s’impose. Non pour la seule symbolique colorée (un bleu franchement libéral) mais également pour l’apparente facilité qu’elle offre, une fois que le conducteur est engagé, pied au plancher, sur la voie de gauche : impossible de changer de cap pendant 6 ans, prochain plan comm’ dans neuf mois, prochaine inauguration de prestige dans deux ans, prochaine candidature aux JO dans quatre ans… Et tant pis si les passagers-citoyens demandent en cours de voyage à débattre de la destination finale ou de la vitesse à adopter. Ou si cette même autoroute est destructice pour l’environnement, hostile à ceux qui ne peuvent ou ne veulent rentrer dans la course effrénée car n’ayant pas les moyens pour cela. Il faut avancer, encore et toujours, au son des invocations répétées à la croissance, tel l’hypnotique « Autobahn », hymne à la modernité composé il y a exactement 40 ans par Kraftwerk (révolutionnaire pour l’époque mais singulièrement daté aujourd’hui).
Revendiquons pour Grenoble un itinéraire bis, un cheminement où les décisions d’orientations ne seraient pas prises par les seuls élus, où on prendrait le temps de la parole et du débat pour trouver la meilleure direction. Un cheminement permettant à tous de l’emprunter selon ses moyens sans laisser de monde sur le bord de la route. Autorisons nous cela mais en gardant toujours à l’esprit le cap global : « une ville durable, une ville émancipatrice, une ville solidaire et citoyenne ». C’est par cette multitude de réorientations, d’ajustements, et d’attentions que la nouvelle équipe municipale est en train de mettre en place une ville pour tous. Cela sera moins spectaculaire qu’un long ruban de béton visible d’avion mais en ces temps de crises multiples (sociale, écologique, énergétique…)encore décuplées par les politiques gouvernementales austéritaires, cela nous apparait comme la seule issue. Bonne route!