Raymond Avrillier, empêcheur de (dé)tourner en rond

Extrait d’un article publié dans le magazine Causette

Depuis cinquante ans, le militant écolo Raymond Avrillier, c’est le caillou qui gêne la marche des puissants, d’Alain Carignon à Nicolas Sarkozy. Ses ennemis : la corruption et les détournements de fonds. Sa méthode : l’enquête citoyenne, c’est‑à‑dire exiger les documents que tout Français est en droit de demander à l’administration… Tout simplement ! Opiniâtre, coriace, discret, ce chercheur en sciences sociales à la retraite et ancien élu de Grenoble s’est fait une place de choix dans le petit monde des “citoyens actifs”. “Causette” l’a rencontré dans son fief grenoblois.

T’es parano ! » Cette phrase, Raymond Avrillier l’a entendue un nombre incalculable de fois. Après un demi-siècle de bonnes intuitions, elle continue de le faire sourire. « Je ne garde que la partie positive de la paranoïa, celle qui permet de rester éclairé et d’aller regarder dans les recoins avec sa lampe torche imaginaire. » Et des recoins, l’homme en a scruté plus d’un. Ceux de l’Élysée et de « l’ivresse sondagière » de Nicolas Sarkozy (voir l’encadré). Ceux de la mairie de Grenoble, sa ville d’adoption, où il a ferraillé des années durant pour mettre au jour le « système corruptif » de l’ancien maire Alain Carignon. Ceux, moins médiatisés, de « toutes les vérités officielles » dont il s’est toujours méfié. Car Raymond Avrillier ne lâche jamais l’affaire, ou plutôt « les affaires ». Attablé dans un bistrot du centre-ville grenoblois, il expose « ses » dossiers de façon méthodique, presque machinale, comme ces ouvriers qui travaillent à la chaîne et ne se rendent même plus compte du geste qu’ils accomplissent. Ce n’est que lorsqu’on évoque son histoire personnelle que la mécanique se grippe. Soudain, la voix s’adoucit, prend son temps. Et, derrière une moustache jusqu’alors imperturbable, se dessine un sourire gamin.

La suite dans Causette #36