
Les annonces du Ministre de l’Éducation au printemps 2012 avaient constitué une bouffée d’oxygène pour un système au bord de l’asphyxie. Parmi elles, la réforme des rythmes scolaires pour les sections élémentaires et maternelles, qui fait pourtant l’objet d’un large consensus, se heurte à des difficultés de méthode, de moyens et de délais pour le passage à la semaine de 4,5 jours.
Impréparation et absence de concertation : les enfants grenoblois ne sont pas des cobayes
A Grenoble, voulant être la première ville pour tout et partout, l’équipe municipale a décidé de mettre en œuvre la réforme dès septembre 2013. Mais une fois de plus, la majorité n’a pas cru bon de consulter les enseignants, les parents d’élèves et les associations travaillant avec les enfants, avant d’arrêter la date de déploiement de la réforme. Depuis fin janvier, la pseudo-concertation avec les parents consiste à exposer le projet à marche forcée, sans permettre des échanges constructifs et une co-élaboration des modalités de mise en œuvre.
L’impréparation patente, comme lors de la proposition similaire de 2009, laisse les questions-clés en suspens :
– Quels personnels ? Qui seront les personnels qui encadreront les activités périscolaires ? Le chiffre de 800 animateurs est évoqué pour ces 45 minutes d’activités périscolaires quotidiennes. Seront-ils formés ? Si oui, sur quel budget et par quels établissements ? Le budget 2013 voté en décembre n’a pas mis un euro pour la mise en place de la réforme.
– Quelles activités ? Quelles activités seront proposées pour les enfants « ne restent pas sous les préaux » (Vincent Peillon, France Inter, 24 janvier 2013). Seule une solide articulation entre scolaire et péri-scolaire permettra d’atteindre les objectifs fixés pour améliorer les formes d’apprentissage et diversifier les contenus.
– Quels lieux ? A Grenoble, après cinq années passées à densifier les salles de classe, au détriment des espaces communs des établissements scolaires, quels locaux accueilleront les activités périscolaires ? Ce manque criant de structures collectives étouffe les équipes pédagogiques, les enfants et supprime toute marge de manœuvre. Les enfants payent aussi les choix immobiliers de la mairie.
La réforme des rythmes scolaires est importante pour les Grenoblois-e-s, leur organisation familiale, l’éducation et l’avenir de leurs enfants. Elle devra permettre une égalité des droits renforcée grâce à un accès à tous les enfants des activités d’éveil à la pratique culturelle, sportive, à la nature, au monde en général.
Europe Ecologie Les Verts Grenoble appelle à une concertation réelle de tous les acteurs : équipes pédagogiques, parents, acteurs sociaux éducatifs, culturels et sportifs. Cette concertation doit avoir lieu à l’échelle de la ville et doit se décliner à l’échelle de chaque école. Seul le travail collectif permettra de réussir l’ambition mise en avant dans la réforme des rythmes scolaires qui, au-delà des activités périscolaires, doit aussi être l’occasion pour la mairie d’améliorer l’ensemble des conditions d’apprentissages des enfants grenoblois, en étroite relation avec les équipes pédagogiques. Il est encore temps !
Enzo LESOURT,
Porte-parole d’Europe Ecologie les Verts de Grenoble