Quartiers populaires : remettre l’égalité en marche

7 années. Il aura fallut attendre 7 années depuis les violences urbaines dans nos banlieues, à l’automne 2005, pour que s’ouvre enfin la grande concertation sur l’avenir des quartiers populaires. Une initiative de Cécile Duflot, Ministre de l’égalité des territoires et du Logement. 7 années au cours desquelles la situation a continué à se dégrader, les drames à se multiplier, ici aussi : été 2010 à la Villeneuve, automne 2012 à Échirolles, etc.

Cette grande concertation qui s’ouvre à travers tout le pays est l’occasion de dépasser, enfin, une certaine idée de l’urbanisme et de la politique, à l’origine de bien des échecs : le pilotage « par le haut », pour le bien des habitants… mais sans jamais leur donner la parole. Dans son discours de lancement, le 11 octobre 2012, Cécile Duflot déclarait « Je plaide pour une autre voie. Je m’adresse en particulier aux habitants des quartiers. A travers cette consultation, je ne les invite pas seulement à s’asseoir autour de la table, à écouter, je les invite à renverser la table. Je leur dis : l’avenir n’est jamais écrit ».

La crise dure depuis 30 ans dans nos « Zones Urbaines Sensibles », ici aussi : Villeneuve, Mistral ou Tesseire. L’heure n’est plus au diagnostic, elle est à l’action : donner aux habitants les ressources pour accéder, dans la légalité, à l’autonomie. Nul ne prend par plaisir le risque de vivre hors la loi, pour lui ou pour sa famille.

Remettre l’égalité en marche, c’est répondre ici et maintenant aux inquiétudes de chacun : lutte contre les trafics, contre les incivilités du quotidien jusqu’aux réseaux mafieux. En démocratie, un ordre public non apaisé, c’est la porte ouverte aux drames et aux tentations populistes. Pour cela, nous avons besoin de nouveaux outils : retour de la police de proximité, pensée en lien avec l’action sociale et l’école, débat sur une « légalisation de combat » pour tuer les trafics de drogue,  etc. La situation nous impose d’innover.

Remettre l’égalité en marche, c’est aussi donner la parole aux habitants pour trouver, ensemble, les solutions qui tourneront les quartiers populaires vers l’avenir, vers l’autonomie, et donc, vers l’emploi. D’ors et déjà, EELV s’engage: l’avenir des quartiers populaires ne sera pas une répétition des politiques qui échouent depuis 30 ans. Le « plein emploi » y est possible.

Grenoble et l’agglomération doivent se tourner vers l’économie de demain, la seule capable de proposer un emploi durable et non-délocalisable au plus grand nombre : énergies renouvelables, éducation, services à la personne, agriculture locale et bio, rénovation thermique des bâtiments,  déplacements, etc. Tant que Grenoble continuera à  parier uniquement sur quelques grands industriels high-tech, mondialisés et avides d’aides publiques, la fracture sociale de notre ville ira en s’aggravant. Ici aussi, sortir de la crise c’est d’abord faire les bons choix.

A l’échelle nationale, dans les quartiers populaires et partout ailleurs, le plein emploi passe aussi par la réduction du temps de travail et l’élargissement des critères de l’utilité sociale. Il n’est pas durable que la production de valeur économique reste le moyen privilégié d’accéder à un revenu. L’autonomie est un droit pour toute personne qui, à sa manière, contribue à faire société. Voilà pourquoi EELV s’engage à verser un revenu parental paritaire pour tous, première étape vers un revenu social garanti (http://ecorev.org/spip.php?rubrique135 ).

Sortir de l’impasse sociale, c’est d’abord sortir de l’impasse idéologique. La concertation qui vient sera l’occasion d’ouvrir le grand débat sur la relation entre revenu et utilité sociale, au fondement de toutes les politiques publiques de solidarité, mais aussi de l’emploi. « L’avenir n’est jamais écrit » pour celui qui sait innover… à temps.