Le stade des Alpes : à la croisée des dérives du sport spectacle.

Fréquenter un stade, participer à un évènement sportif qui souvent mêle des publics d’horizons très différents est une pratique louable. Il est donc normal qu’une collectivité ait la volonté de se doter d’un stade adapté à ce type de demande. Mais hélas, les choses ne sont pas toujours simple : l’histoire de ce stade est caractéristique des dérives du sport spectacle, et plus précisément du foot business : Rien n’est trop beau ni trop cher pour voir évoluer un ballon rond. Pour beaucoup d’élus, il ne s’agit pas uniquement d’accueillir des évènements sportifs populaires : il est indispensable de viser la ligue 1 et de réver à des matches européens pour faire rayonner sa ville, quitte à ce que la couverture médiatique concerne plus les faits et gestes de supporters-hooligans que les exploits sportifs…
Le problème du foot business… c’est que c’est un business. Et que cela n’a donc a priori plus grand chose à voir avec les missions de service public d’une collectivité locale.
Pour notre mouvement écologiste, il est largement temps d’arrêter de soutenir les dérives d’un milieu de plus en plus gangrené par l’argent. Nous ne voulons plus que des élus politiques se substituent à des dirigeants de clubs et se mettent à fixer des objectifs sportifs comme le fait trop souvent Michel Destot.

Les absurdités du foot business, les errements d’Index, l’actionnaire japonais du GF38,  ont conduit le club à une retrogradation en CFA2, c’est à dire en 5eme division nationale. Le stade des Alpes est aujourd’hui quasiment vide : malgré des abonnements annuels bradés à 30 euros, il n’accueille pas plus de 1500 spectateurs par match pour 22 000 places… Ce nombre de spectateurs augmentera surement avec la probable remontée du club mais le stade continuera a peser très lourd dans les finances de la Metro. Aujourd’hui l’Observatoire des finances et des politiques publiques (OFIPOPU), site animé par un militant écologiste, estime le cout de fonctionnement (incluant l’amortissement) à 7,4 M€ par an. C’est énorme pour une agglomération de notre taille et au vu des finances de la Metro…
Pour animer le stade, il n’y a hélas pas de solutions miracles. La Metro compte sur la passation d’une délégation de service public (DSP) à une société spécialisée dans la gestion de ce type d’équipement pour sortir de la crise actuelle. Mais, un moyen de gestion, même mieux adapté, ne règlera pas la question de fond puisque, à l’évidence il n’y a que des solutions bancales pour occuper un stade construit pour un seul usage : l’accueil d’une équipe de foot professionnel. Nous avons d’ailleurs regretté, lorsque le projet de stade a été dévoilé en 2002, qu’il ne soit pas conçu en « multisport » avec une piste d’athlétisme par exemple.

Aujourd’hui le plus important est de permettre une occupation du stade. Il pourrait faire le bonheur de jeunes dans le cadre de rencontre entre clubs par exemple. Il peut évidemment accueillir des grands concerts mais il ne faut jamais oublier que cela à un coût pour la collectivité (réfection de la pelouse, sécurité…). Le plus important reste de limiter la dérive financière. Et de ce point de vu, il y a de quoi s’inquiéter. Le Maire de Grenoble semble s’engager, de nouveau, dans une véritable fuite en avant : il a annoncé en septembre 2011 dans la presse locale vouloir travailler « à un nouveau stade Lesdiguère », le stade de Rugby de Grenoble. Pour lui « si la Ville veut disposer de deux équipes – de foot et de rugby – à haut niveau, elle se doit de disposer de deux stades de qualité ». Cette déclaration a franchement de quoi surprendre : il serait totalement aberrant que la Ville s’implique dans l’agrandissement et la rénovation du stade Lesdiguières alors que le stade des Alpes – aujourd’hui quasiment vide – est déjà un gouffre financier. Le Maire nous a déjà habitué à sa folie des grandeurs qui oblige les grenoblois a payer des impôts fonciers les plus chers de France. Espérons donc que ces propos du Maire seront sans suite…