crise financière – Groupe local du Cotentin https://cotentin.eelv.fr Europe Ecologie Les Verts - Nord Cotentin Wed, 14 Dec 2011 17:00:01 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.2.2 Crise : comment reprendre la main face aux marchés financiers ? https://cotentin.eelv.fr/crise-comment-reprendre-la-main-face-aux-marches-financiers/ https://cotentin.eelv.fr/crise-comment-reprendre-la-main-face-aux-marches-financiers/#respond Wed, 14 Dec 2011 17:00:01 +0000 http://cotentin.eelv.fr/?p=2155 ]]>  

Publié le  dans Actualités Jeudis de l’écologie

 

Comment reprendre la main face aux marchés financiers

Le jeudi 8 décembre dernier, le groupe de travail sur le crise d’Europe Ecologie – Les Verts a organisé une audition publique animée par Eva Sas, co-responsable avec Agnès Michel de la commission économie d’EELV. Deux économistes chercheurs ont été invités à nous faire part de leurs analyse de la crise et de ses multiples aspects – dette, euro, projet économique, répartition des richesses…

 

Anne-Laure Delatte, spécialiste des questions de crise de la dette, Xavier Timbaud, économiste à l’OFCE et Pascal Canfin, député européen qui s’est distingué par son travail sur les questions de finance, nous ont dressé un tableau sombre mais pas dénué d’espoir de la situation actuelle.

Pour Anne-Laure Delatte, une des promesses de l’euro était de permettre aux Etats de se financer à un taux identique et bas de façon à leur permettre de faire des investissements productifs, permettant ainsi aux pays comme la Grèce ou l’Italie de devenir plus compétitifs. On constate dix ans après la mise en place de l’euro que ces taux bas ont financé de la consommation et des secteurs prompts aux bulles (les prix de l’immobilier ont doublé de 2000 à 2010 en Irlande par exemple). La dette privée est passée de 200 à 300 % dans la zone euro, engendrant une augmentation du déficit de la balance commerciale.

Par un comportement qu’elle qualifie de « mouvements mimétiques et animaux de la par des opérateurs sur les marchés », la chercheuse constate que l’on assiste aujourd’hui à un mouvement inverse des capitaux au moment de la crise. L’euro a créé un faux sentiment confiance vis-à-vis de la zone euro.

Pour elle, cela s’explique par le fait que les seules politiques menées au niveau européen jusqu’ici ont été fiscales. Les critères de Maastricht (3 % de déficit du PIB, un taux d’endettement de 60 %) n’ont pas permis de surveiller ce qui était véritablement important pour le assurer un dynamisme économique durable : la compétitivité des pays et leur balance commerciale (Grèce : déficit commercial de 14 % du PIB, Portugal 12 %).

Selon Anne-Laure Delatte, « la crise n’est pas liée à la zone euro elle-même. Nous sommes devenus dépendants des marchés sans mettre en place de mécanismes protecteurs. Comme il n’y a pas de solidarité budgétaire, les pays fragiles ont été les plus exposés. On aurait du leur prêter de l’argent tant que cela était possible. On ne partage pas la même monnaie sans accepter plus de fédéralisme. »

Xavier Timbaud complète cette intervention en soulignant que la crise que nous traversons aujourd’hui est extrêmement grave. La mise en défaut de la Grèce n’a fait que répéter et amplifier ce qui s’était passé en 2008 avec la faillite de la banque américaine Lehman Brothers.
L’euro est fragilisé. Or, sortir de l’euro ne se fera pas sans dommages jamais expérimentés jusqu’ici dans l’histoire économique.

Il s’intérroge : «  Quels sont les enjeux en termes de politique ? En 2008, nous avons enrayé le processus récessif. On a transféré les dettes aux Etats. Que faire aujourd’hui ? Trois scenarii:

– on peut retrouver la trajectoire de croissance et le paquet se résorbe seul

– on peut étaler sur un long temps le paquet de dette accumulée, de façon juste et morale

– l’économie s’effondre

Comment arriver à organiser une stratégie économique pour s’orienter vers le premier ou le deuxième scénario ? Tous les pays développés se trouvent dans la même situation budgétaire. L’Europe l’est même moins que les USA ou la Grande-Bretagne. Or aujourd’hui l’euro est inachevé.

Aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, les taux d’intérêts sont bas. Dans une situation de crise, tout le monde  a peur que son argent disparaisse. Or tout le monde a besoin de transférer de l’argent dans le temps. Pour faire cela, il nous faut une monnaie qui traversera les décennies. Dans une situation de crise, tout le monde à peur, or le gouvernement ne peut pas faire faillite, ou fera faillite en dernier. Donc l’Etat est en mesure d’emprunter à un taux bas. Donc la contrainte budgétaire est basse et il peut réinvestir. Or l’Euro ne peut pas faire ça car la BCE ne garantit pas un bon du trésor. CE qui insécurise les prêteurs, et prête à des taux plus élevés. Or si l’Italie a des taux d’intêret à 7 %, le pays est plus évidemment plus susceptible de faire défaut, donc les taux augmentent, etc. »

Selon lui, si la BCE garantissait les taux, elle pourrait rassurer les marchés. Mais cela risque de créer de l’inflation. La banque centrale doit donc intervenir. Or elle ne peut pas le faire selon les traités actuels. C’est interdit, et on a des institutions mises en place pour faire respecter les traités. C’est pour cela qu’il faut changer les traités, et bien les changer.

Pour les Français, ce qui est nécessaire n’est pas illégal. Ce à quoi s’oppose l’Allemagne.

Pour l’eurodéputé Pascal Canfin le « traité Merkozy » va être contre-productif. Dans les services de la BCE ou de la commissions, aucun modèle économique n’est capable de montrer que les politiques d’austérités actuelles permettront d’atteindre les 3 % en 2013. L’objectif de la règle d’or est inatteignable et bien entendu pas souhaitable.

Cela pose un problème de crédibilité de la parole politique vis-à-vis des citoyens et vis-à-vis des marchés. Pour rendre crédible cette parole, il faut que la BCE se porte garante des dettes des Etats. Mais si on compte combien de dette européenne la BCE devrait racheter, cela se comptabiliserait en centaines de milliards de dollars. Dès lors, quelle solution ?

Il faut que la BCE puisse garantir les emprunts et que les banques puissent encaisser des pertes, dans la mesure du possible de leur trésorerie. Il faudrait que les banques  ne fasse plus de bénéfices, qu’elles encaissent les pertes, qu’elle cessent de verser des dividendes et que tous l’argent disponible permette de couvrir la dette.

Il faut en outre faire ce que les Etats américains ont fait il y a 220 ans. Ils ont créé une dette fédérale. Soit le stock des dettes nationales est transféré dans une dette européenne, soit les nouvelles dettes deviennent européennes. Pour cela, il faut un changement de traité.

Par ailleurs, il faut être prudent sur les termes que l’on emploie lorsqu’on parle de la crise. Il ne faut pas dépolitiser les solutions. Ce n’est pas l’Europe ou l’Allemagne qui sont chacun porteurs de solutions propres à leur pays. 25 Etats sur 27 sont dirigés par la droite. Ils mènent des politiques de droite. Il en va de même à la Commission : les recommandations à l’Italie étaient d’un néo-libéralisme caricatural. Paradoxalement, et en dépit d’une majorité à droite, le Parlement européen est l’institution européenne la moins à droite.  Le contexte politique témoigne de la faillite de la droite à résoudre le problème. Mais il faut se demander pourquoi depuis 2008 aucun gouvernement de gauche n’a été élu ?

 

 

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Rigueur : un « mea-culpa honteux et partiel » du début de quinquennat, dit Eva Joly https://cotentin.eelv.fr/rigueur-un-mea-culpa-honteux-et-partiel-du-debut-de-quinquennat-dit-eva-joly/ https://cotentin.eelv.fr/rigueur-un-mea-culpa-honteux-et-partiel-du-debut-de-quinquennat-dit-eva-joly/#respond Tue, 08 Nov 2011 08:58:40 +0000 http://cotentin.eelv.fr/?p=2151 ]]> Eva Joly, candidate EELV à la présidentielle, a estimé lundi que le nouveau plan de rigueur présenté par François Fillon était un « mea-culpa honteux et partiel des mesures adoptées en début de quinquennat » par Nicolas Sarkozy en faveur des plus riches.

 

Ce plan « apparaît comme un mea-culpa honteux et partiel des mesures adoptées en début de quinquennat. Ce sont ceux qui ont mis le pays au bord de la faillite qui soumettent aujourd’hui les Français au plan d’austérité », écrit l’eurodéputée EELV dans un communiqué.

 

« A nouveau, ce ne sont pas les plus riches qui vont les supporter. Ce sont les services publics, la santé, l’éducation, l’environnement, la sécurité et le logement social qui vont payer », poursuit l’ex-juge anticorruption, parlant de « demi-mesures qui prennent pour principales cibles les ménages ».

 

Pour Mme Joly, « il y a d’autres solutions que l’austérité généralisée »: « plutôt que de multiplier les solutions court-termistes qui vont fragiliser nos concitoyens, il faut enfin lutter contre les paradis fiscaux qui représentent plus de 30 milliards de recettes non perçues » et « rétablir une plus grande justice fiscale ».

 

Parmi les propositions de la candidate: « l’adoption d’urgence d’une loi visant à obliger toutes les institutions financières même étrangères qui détiennent des comptes de citoyens français ou d’entreprises françaises à le déclarer à l’administration fiscale française », « l’adoption d’un impôt plancher sur les bénéfices des sociétés à 17% » ou « le retour à une fiscalité sur le patrimoine équivalente à celle de l’an 2000 ».

 

Elle prône également « la sanctuarisation de toutes les dépenses sociales pour ne pas accroître la pauvreté et la souffrance sociale » ou encore « la mise en place d’une taxe sur les énergies non renouvelables pour financer les investissements écologiques nécessaires pour créer enfin les centaines de milliers d’emplois verts qui permettront de redonner de l’espoir ».

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Le bricolage comme politique budgétaire https://cotentin.eelv.fr/le-bricolage-comme-politique-budgetaire/ https://cotentin.eelv.fr/le-bricolage-comme-politique-budgetaire/#respond Tue, 08 Nov 2011 08:53:13 +0000 http://cotentin.eelv.fr/?p=2149 ]]> Un plan de rigueur tout juste voté, François Fillon vient d’en proposer un second. Cela montre l’amateurisme d’un gouvernement, qui ne cesse de défaire ce qu’il a fait six mois avant et qui s’intoxique de ces propres annonces.

 

En moins de dix ans, la droite a creusé le déficit comme jamais, doublant la dette par la multiplication des cadeaux fiscaux. Le paquet fiscal de 15 milliards de baisse d’impôts, voté en 2007, aux résultats nuls, restera comme l’une des décisions les plus absurdes de ces trente dernières années. En juin dernier, l’ISF était à nouveau diminué, pour un coût d’1,4 milliard d’euros. Pourquoi la droite n’est elle pas revenue sur cet énième cadeau fiscal ? Pourquoi fait-elle payer à tous les Français, les cadeaux offerts à quelques uns ? Pourquoi annoncer la réduction des niches fiscales, quand elles n’ont jamais été aussi nombreuses ?

 

Au delà des quelques mesures symboliques, l’effort va une nouvelle fois porter essentiellement sur les classes moyennes et populaires avec l’accélération de la réforme des retraites, la baisse des prestations sociales et la hausse de la TVA.

 

Les écologistes ont présenté un projet de budget alternatif, prenant en compte les crises sociales et environnementales que nous traversons et la faible croissance que nous connaissons depuis près de 40 ans. Il faut s’attaquer aujourd’hui aux racines de ces crises. Nous devons changer notre modèle de développement en engageant la transition écologique, créatrice d’emplois qui nous permettra d’éviter de subir la récession.

 

Cécile Duflot, Secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts

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Pourquoi les « indignés » ont raison https://cotentin.eelv.fr/pourquoi-les-indignes-ont-raison/ https://cotentin.eelv.fr/pourquoi-les-indignes-ont-raison/#respond Sun, 06 Nov 2011 19:02:00 +0000 http://cotentin.eelv.fr/?p=2147 ]]> •  Mis à jour le 24.10.11 | 19h30

par Pierre Larrouturou, membre du conseil politique d’Europe-Ecologie les Verts

 

En quelques semaines, le climat a changé. Début 2010, quand nous expliquions que la crise n’était pas finie et qu’une réplique plus grave encore était en préparation, nous étions à contre-courant du discours dominant : tout était sous contrôle ! Il y a cinq mois encore, nous étions « trop pessimistes » : le G8 de Deauville, fin mai, n’a pas consacré une minute à la crise financière !

Mais aujourd’hui, nul ne conteste la gravité de la situation : le président de l’Autorité des marchés financiers (AMF) affirme que nous risquons « un effondrement de l’ensemble du système économique mondial ». Quant à Nicolas Sarkozy, il expliquait récemment devant quelques députés qu’un tsunami menace nos économies : « Non pas une récession, comme en 2008-2009 mais un vrai tsunami. »

Il faudrait être aveugle pour ne pas voir les dangers : la dette totale des Etats-Unis atteint 250 % du PIB. Au premier trimestre, alors que la dette publique augmentait de 380 milliards de dollars (274,8 milliards d’euros) en trois mois, le PIB n’a augmenté que de 50 milliards. De plus en plus de dette pour de moins en moins de croissance ! La première économie mondiale est comme une voiture qui a besoin d’un litre d’huile tous les 300 mètres. A tout moment, elle peut casser une bielle et le moteur va exploser.

En Chine, la bulle immobilière a atteint deux fois la taille du maximum atteint par la bulle aux Etats-Unis avant la crise des subprimes. En 2009, pour éviter la récession, le gouvernement a ordonné aux banques d’accepter toutes les demandes de crédit qui leur parvenaient. En un an, on a injecté dans l’économie 44 % du PIB (30 % par le crédit privé, 14 % par la dette publique). Partout, on a construit… Partout, il y a pléthore d’immeubles vides. En avril, les prix de l’immobilier ont baissé de 5 %. C’est la première baisse en vingt ans. On a vu en Espagne ce que donne l’éclatement d’une telle bulle : le chômage a triplé en trois ans. Que va-t-il se passer en Chine, où il y a déjà 20 % de chômage et où les émeutes sociales sont de plus en plus violentes ?

La prochaine crise risque d’être plus grave que celle de 2008 car les Etats n’ont plus la capacité de venir au secours du système financier s’il subit un choc violent. Quand la banque Lehman Brothers est tombée, la panique n’a duré que quelques jours car le président George Bush et le secrétaire au Trésor Henry Paulson ont dit qu’ils mettaient 700 milliards de dollars sur la table. Le calme est revenu très vite parce que nul n’avait de doute sur leur capacité à payer ces 700 milliards, mais le choc a quand même provoqué une récession mondiale et des dizaines de millions de nouveaux chômeurs à travers la planète… Trois ans plus tard, personne ne sait comment le président Obama pourrait trouver 700 milliards de dollars si c’était nécessaire. Il faut donc éviter à tout prix d’en arriver là.

Nos politiques sont paralysés aujourd’hui car ils veulent « rassurer les marchés financiers », qui ont des demandes contradictoires : face à une croissance qui diminue dans les pays du G7 (0,1 % de croissance seulement au second trimestre, avant les crises de l’été !), faut-il entreprendre de nouveaux plans de relance jusqu’à être écrasés par la dette, ou faut-il voter des plans d’austérité et retomber en récession ?

 

Dans un contexte de chômage de masse, quel salarié peut négocier une augmentation de salaire ? Qui peut donner sa démission en espérant trouver assez vite un autre emploi ? La peur du chômage est dans toutes les têtes, et ce qui va aux salaires est tombé à un plus bas historique.

La question de la dette des Etats est très importante (entre 80 % et 90 % du PIB en France et en Allemagne), mais au lieu de bloquer les retraites et de couper dans le financement de la santé ou de l’éducation, ne faut-il pas utiliser tous les leviers fiscaux possibles pour récupérer une bonne part de la « dette des marchés », ces 150 % du PIB que les 0,2 % les plus riches doivent aux peuples de nos pays, si on considère que le partage entre salariés et actionnaires était juste et efficace dans les années 1970 ?

Les « indignés » ont raison : « Ceci n’est pas une crise, c’est une arnaque ! » Il ne s’agit pas ici de minimiser la responsabilité (ou l’irresponsabilité) des gouvernements et des citoyens, mais seulement d’apporter le diagnostic le plus complet possible de la situation. Car si le diagnostic est faux, il n’y a aucune chance qu’on parvienne à vaincre le mal.

Le 19 octobre à Francfort, la chancelière Angela Merkel affirmait qu’il fallait « attaquer la crise à la racine » au lieu de s’attaquer seulement aux symptômes. Elle a parfaitement raison ! Et les racines de la crise, c’est trente ans de chômage et de précarité. C’est à cause du chômage de masse que la part des salaires a tant diminué. C’est à cause du chômage, des petits boulots et des petits salaires que nos économies ont besoin de toujours plus de dette. Le chômage n’est pas seulement une des conséquences de la crise. Il en est l’une des causes premières.

Pour sortir de notre dépendance à la dette, il faut réguler les marchés et taxer les plus hauts revenus mais il faut surtout s’attaquer au chômage : c’est seulement en donnant au plus grand nombre un vrai emploi et une vraie capacité de négociation sur les salaires qu’on sortira durablement de la crise.

En 1944, avant de convoquer le sommet de Bretton-Woods qui allait reconstruire le système financier, Franklin Roosevelt organisait le sommet de Philadelphie, qui adoptait comme priorité absolue le respect d’un certain nombre de règles sociales : « Il n’y aura pas de paix durable sans justice sociale », affirmaient Franklin Roosevelt et les autres chefs d’Etat avant de définir des règles sur les salaires, le temps de travail et le partage entre salaires et dividendes… Des règles très concrètes, à respecter dans chaque pays comme dans le commerce mondial. Avant que les néolibéraux ne les démantèlent, ces règles ont permis trente ans de prospérité sans dette.

Bonne nouvelle ! Si ce sont des décisions politiques qui nous ont amenés à la crise, d’autres décisions politiques peuvent nous en sortir. La justice sociale n’est pas un luxe auquel il faudrait renoncer à cause de la crise. Au contraire ! Reconstruire la justice sociale est la priorité absolue, le seul moyen de sortir de notre dépendance à la dette. Allons-nous attendre qu’il soit trop tard pour agir ? Quand Franklin Roosevelt arrive au pouvoir, en 1933, il succède à Herbert Hoover, dont le surnom était « Do Nothing » (« ne fait rien »). Le but de Roosevelt n’est pas de « rassurer les marchés financiers » mais de les dompter ! Il lui suffit de trois mois pour mettre en oeuvre quinze réformes majeures.

Les actionnaires sont furieux et s’opposent de toutes leurs forces à la loi qui sépare les banques de dépôt et les banques d’affaires, comme ils s’opposent aux taxes sur les plus hauts revenus, mais le président Roosevelt tient bon. Les catastrophes annoncées par les financiers ne se sont pas produites. Et l’économie américaine a vécu avec ces règles pendant un demi-siècle. « We must act ! » répétait Roosevelt. Nous devons agir ! Hélas, depuis 2008, nos dirigeants font preuve d’une inertie aux conséquences dramatiques. Si l’Europe avait créé une taxe Tobin fin 2008, au plus fort de la première crise financière, elle aurait déjà rapporté entre 200 et 600 milliards d’euros, selon les différents scénarios en débat à Bruxelles.

Avec une telle cagnotte, le Parlement européen aurait réglé la crise grecque en quelques semaines sans demander le moindre effort aux citoyens et sans attendre le feu vert de seize Parlements nationaux. Et ce qui n’était qu’un problème modeste à l’origine (coût estimé à 50 milliards d’euros en 2009 et 110 milliards aujourd’hui) n’aurait jamais pris les proportions que la crise grecque a prises depuis quelques semaines. Le principe d’une taxe Tobin a été adopté par le Parlement européen, droite et gauche confondues, mais il est toujours « en discussion » dans les méandres du Conseil européen, et les lobbies financiers font tout pour ralentir son adoption définitive… Nos dirigeants discutent encore quand les spéculateurs agissent avec toujours plus de rapidité et d’efficacité. Qu’attendons-nous pour créer enfin cette taxe et rassurer le peuple allemand et les autres peuples d’Europe ?

C’est la dernière fois qu’on leur a demandé un effort ! Dorénavant, ce sont ceux qui ont accaparé des sommes considérables depuis trente ans qui seront mis à contribution pour abonder le Fonds européen de stabilité. Il faut dire la vérité : vu l’énormité des déséquilibres accumulés aux quatre coins de la planète, nous n’éviterons pas une nouvelle crise. La seule question qui se pose (mais elle est fondamentale !) est de savoir si cette crise se traduit seulement par quelques grosses turbulences, qui sont l’occasion de renforcer notre cohésion nationale, de construire enfin une Europe politique et d’humaniser la mondialisation, ou si elle est semblable au tsunami dont parle Nicolas Sarkozy. Un tsunami qui provoque l’effondrement de pans entiers de nos sociétés.

Vu l’interdépendance de nos économies et vu la mobilité des capitaux, il est évident que les décisions qui seront prises – ou ne seront pas prises – par le G20 de Cannes, début novembre, sont d’une importance cruciale. Il reste bien des leviers disponibles au niveau national et au niveau européen, mais une action concertée au niveau international aurait une tout autre efficacité.

Le G20 va-t-il enfin déclarer la guerre à la spéculation et à l’injustice sociale ? Ce G20 va-t-il retrouver l’esprit de Philadelphie et être à l’origine d’un sursaut de coopération et de justice sociale, ou restera-t-il dans l’histoire comme un sommet de mensonges et de lâcheté, comme les accords de Munich à l’automne 1938 ? Le G20 va-t-il vouloir encore « rassurer les marchés financiers » ou va-t-il enfin décider de les remettre à leur place ?

En France, toute la gauche a les yeux rivés sur l’élection de 2012. Cette élection est fondamentale, mais si le système économique s’effondre d’ici là, si l’analyse néolibérale s’impose dans le débat public et si les populismes se nourrissent du désespoir, rendant inaudible tout discours rationnel, la gauche aura la tâche encore plus difficile pour sortir de la crise.

L’économie mondiale n’est pas calée sur mai 2012. Vu la vitesse à laquelle la situation peut se dégrader, la présidentielle française est encore loin. Le devoir de la gauche est donc de dire toute la vérité et de peser avec force dans chaque débat, sur chaque décision. Tel est le sens de l’appel que nous venons de lancer (www.poureviterleffondrement.fr). Dès le G20 de Cannes et dans les prochains mois, les citoyens peuvent montrer qu’ils ne relâcheront pas la pression sur leurs dirigeants. Il n’est plus l’heure de parler mais d’agir. Pour que le G20 se donne les moyens de reconstruire la justice sociale, pour éviter l’effondrement de nos sociétés, soyons le plus nombreux possible à le signer et à le diffuser autour de nous.

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Déclaration d’Eva Joly, « Sommet de Bruxelles : un cautère sur une jambe de bois » https://cotentin.eelv.fr/declaration-d%e2%80%99eva-joly-%c2%ab-sommet-de-bruxelles-un-cautere-sur-une-jambe-de-bois-%c2%bb/ https://cotentin.eelv.fr/declaration-d%e2%80%99eva-joly-%c2%ab-sommet-de-bruxelles-un-cautere-sur-une-jambe-de-bois-%c2%bb/#respond Sat, 05 Nov 2011 16:53:49 +0000 http://cotentin.eelv.fr/?p=2144 ]]> « Je suis très inquiète, le dernier sommet ne change rien à la situation. Encore un sommet « petit bras »  . Nicolas Sarkozy et Angéla Merkel naviguent à vue, loin des enjeux réels de la crise de la zone euro. Dans quelques semaines,malgré les effets d’annonce et la dramatisation du sommet de Bruxelles,  les spéculateurs continueront leur travail de sape. Le  Fonds Européen de Stabilité Financière ne sera pas suffisant pour protéger l’Italie ou l’Espagne.

Rien n’a été décidé pour interdire les paradis fiscaux, aller vers une harmonisation fiscale, créer un Trésor Européen, renforcer le fédéralisme européen ;

Rien n’a été décidé pour rompre avec un système qui continue à spéculer sur les dettes souveraines, interdire les CDS, les ventes à découvert et les ventes sur les marchés de gré à gré.»

Ce qui frappe dans les choix répétés des dirigeants européens c’est leur myopie, leur hypocrisie, leur veulerie. Les banques privées, si elles renoncent à une part de leurs créances sur l’Etat Grec, seront en contrepartie recapitalisées à grand flots d’argent public, sans qu’aucune réforme du système financier et bancaire n’ait été mise en place et après que les banques aient annoncé de confortables profits et de juteux bonus. La contrepartie du FESF à 1000 milliards d’euros est  la mise en place des politiques d’ajustement structurelles, c’est-à-dire l’austérité dans les pays qu’il aiderait et la vente à la découpe de l’Europe à la Chine alors même que nous devrions protéger l’Europe en instituant une préférence sociale et environnementale aux frontières de l’Union.

Alors que l’Europe  s’enfonce dans une crise durable, les dirigeants européens jouent l’avenir du peuple européen à qui perd gagne. On applique à l’Italie la même recette qu’à la Grèce, alors que nous savons que cela conduit à un échec. La stratégie suicidaire, de l’austérité est une  impasse qui amène inéluctablement à la récession. Les solutions évoquées par les dirigeants européens ne sont ni à la hauteur pour arrêter la spéculation sur la dette souveraine, ni à la hauteur pour relancer l’Europe. »

Jeudi 27 Octobre

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