Les dégâts infligés aux forêts par l’homme sont bien plus néfastes que ceux des cervidés
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Une de nos adhérente a réagit, dans un échange de mail, suite à la parution d’un article sur le Midi Libre à propos d’une partie de chasse et de l’abattage d’un superbe cerf. (https://www.midilibre.fr/2020/11/18/un-trophee-exceptionnel-pour-les-chasseurs-9206329.php). Voici sa réaction que nous souhaitons partager

Que les chasseurs soient les seuls à pouvoir se promener quasiment librement m’interpelle également et me paraît assez indécent. Cet article de Reporterre (https://reporterre.net/Confinement-pour-tous-mais-pas-pour-les-chasseurs) explique bien la force de lobbying qui est derrière cette décision. Ceci étant dit, il paraît que les dégâts à l’agriculture seraient réels et graves si aucun prélèvement n’avait lieu, donc les chasseurs n’auraient pas tout à fait tort. Le problème semblerait se trouver en amont, entre autres dans la pratique de l’agrainage. Si, c’est encore pratiqué assez largement ; dans le Luberon, j’ai souvent vu d’énormes quantités de melons pour les sangliers en pleine colline. Cette pratique vise à attirer les animaux à certains endroits afin de les éloigner des cultures, mais l’effet pervers est qu’elle favorise la croissance des populations. Elle est réglementée, mais certainement encore répandue (en France et ailleurs).

Quant aux cervidés, je pense que le problème est qu’ils broutent les jeunes pousses d’arbres, ce qui entrave le renouvellement des forêts. Je ne suis donc pas spécialiste, mais personnellement, j’ai bien peur que les dégâts infligés aux forêts par l’homme ne soient bien plus néfastes pour la forêt que ceux causés par les cerfs et autres chevreuils, et que tuer un animal aussi majestueux, silencieux et élégant relève de l’assassinat, mais ce n’est que ma conviction intime, certainement discutable. 

Par ailleurs, au sujet de la chasse, avec son lot d’accidents, on peut se demander si le permis de chasse n’est pas délivré un peu vite chez nous. Un copain à moi qui l’a passé m’a dit qu’il était choqué par la facilité des questions, et j’ai déjà entendu d’autres témoignages dans ce sens. C’est à se demander s’il n’y a pas une légèreté de ce côté-là. Dans des pays voisins, cela paraît plus difficile. Mais là encore, ce n’est qu’une impression subjective bien entendu ! Je me demande par ailleurs si ce permis, qui autorise tout de même à la détention d’une arme, ne devrait pas être soumis à un réexamen (de la vue, entre autres), à partir d’un certain âge ; il ne me semble pas que ce soit le cas.

Je suis aussi étonnée par les battues les mercredi et le week-end y-compris sur les chemins de randonnée. Sur l’Aigoual en octobre-novembre, j’avais parfois l’impression de me trouver dans une scène de guerre alors que j’empruntais mes GR favoris.

Tout ceci étant dit, la majorité des chasseurs est certainement responsable. Ce sont les rares bêtes noires qui posent problème, comme partout.

Anne SANDERS