Edito « Gardarem lo Larzac »
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Tout compte fait…

Il n’est pas nécessaire d’être un fin lecteur de la Kabbale pour reconnaître que les chiffres ont un poids essentiel dans l’esprit des humains afin d’appréhender le monde. Nous savons peut être mieux compter que conter et le monde actuel qu’on nous impose repose sur l’hégémonie de la gestion. Il faut tout « gérer »,  même ses enfants !

Compter ses heures, compter son argent, compter ses amis, compter ses morts. 100 000. En une année, le virus du Covid aura tué 100 000 personnes en France. Effrayant. 100 000 familles en deuil, 100 000 vies fauchées brutalement, 100 000 petits matins qui ne se lèveront plus. Et tous les soirs, la même litanie des chiffres qui s’impose à nos cerveaux : 26 000 contaminés, 5490 en réanimation, 288 décès. Tous les soirs depuis un an. Et depuis nous pratiquons, contraints, les fameux gestes barrières et nous cachons nos sourires timides derrière des masques. Obéissants. Menés par la peur.

Dans la même année, dans ce même pays, l’OMS déclare que 100 000 personnes sont mortes prématurément à cause de la pollution de l’air. Effrayant. 100 000 familles en deuil, 100 000 vies fauchées brutalement, 100 000 petits matins qui ne se lèveront plus.

A présent, imaginons si tous les soirs nous avions les chiffres de la mortalité provoquée par notre mode de vie. Les données sont pourtant connues : en France, plus de trois enfants sur quatre respirent un air toxique, les maladies liées à l’environnement explosent, les perturbateurs endocriniens, les pesticides, les nanoparticules affaiblissent durablement le corps humain et, puisque l’épidémie de Covid semble plus nous parler : une étude de l’université de Harvard signale que la mortalité des patients touchés par la Covid est supérieur à 40% dans les zones polluées. Et que penser de la catastrophe climatique qui s’annonce ? Aurons-nous tous les soirs la longue liste des morts sacrifiés sur l’autel de notre économie débridée ? Sans compter, puisqu’il faut bien compter, les autres vivants qui nous entourent et subissent plus encore: l’effondrement de la biodiversité, le printemps silencieux, les trois quart d’insectes disparus en France au cours de ces vingt dernières années.

Ces catastrophes n’ont rien de naturelles, elles sont le résultat de nos choix politiques, nos choix de production, de consommation, de mode de vie. Lorsque le pillage des forêts, la disparition des pollinisateurs, la morte lente de la vie océane et de toute forme de vie autour de nous, deviendront aussi intolérables que les morts de la Covid, alors nous réagirons peut être.

Sommes nous vraiment obligé de rendre la planète inhabitable ? Est-ce un projet de vie que de créer un univers muet et absurde ? Ou nous réagissons, ou la nature se chargera de nous faire redescendre sur Terre. Et là, nous ne pouvons compter que sur nous.

Solveig Letort

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