commerce équitable – Europe Ecologie Les Verts – Lille https://lille_old.eelv.fr L'écologie Politique au service des citoyens Sun, 16 Jun 2019 17:58:55 +0200 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.10 « Equitable au quotidien » https://lille_old.eelv.fr/2010/05/equitable-au-quotidien/ Tue, 11 May 2010 19:37:00 +0000 http://lille.eelv.fr/?p=2847 ---- Communication de Christiane Bouchart lors du conseil municipal du 10 mai 2010, à l'occasion de la Quizaine du commerce équitable ...]]>

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Communication de Christiane Bouchart lors du conseil municipal du 10 mai 2010, à l’occasion de la Quizaine du commerce équitable

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Madame le maire, mes chers collègues, Mesdames, Messieurs

A l’occasion de la quinzaine du commerce équitable qui a démarré ce week-end, jusqu’au 23 mai, je vous dirai quelques mots à la fois de notre campagne « équitable au quotidien » et sur le Forum national du commerce équitable, dont la 5e édition s’achève ce soir et qui s’est tenu pour la première fois à Lille alors que les 4 éditions précédentes étaient parisiennes.

Ce forum a été labellisé au titre de l’année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, tout comme notre campagne d’ailleurs : 68 projets retenus sur 600. C’est le signe de la reconnaissance, par les autorités européennes, de la qualité de notre projet et atteste de notre capacité à répondre aux critères de gouvernance, de transparence, de partenariat territoriaux, d’insertion et de citoyenneté.

A cette heure on ne peut pas encore tiré de bilan de cette manifestation mais il y avait énormément de monde hier après-midi, des débats extrêment intéressants, notamment autour du film de Coline Serreau, et aujourd’hui, beaucoup d’écoles, de rendez-vous commerciaux.

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11 délégations municipales sont impliquées dans les actions menées à Lille depuis janvier dans la campagne « équitable au quotidien ». L’enjeu y est certes d’assurer une juste rémunération des producteurs du Sud, qui prenne en compte les coûts économiques, sociaux et environnementaux, mais également de promouvoir la consommation responsable, en particulier dans les rapports Nord/Nord.

Notre campagne représente donc un levier économique et politique pour :

  • Influencer les modes de production des entreprises,
  • Inventer d’autres circuits de distribution, et plus largement,
  • Viser à un autre rapport à la consommation pour l’ensemble des citoyens, un rapport à la fois plus sobre, plus créatif et plus solidaire.

Ce désir de consommer autrement pose pour nous la question corollaire de notre modèle économique, qui définit la nature et les modalités de nos échanges. En défendant les valeurs du commerce équitable, nous replaçons l’économie à sa juste place et nous nous situons en contrepoint du modèle dominant du « toujours plus, à moindre prix ». Source d’injustice sociale et de graves dégradations environnementales, ce modèle génère des phénomènes de concentration et de monopole, des délocalisations, des pressions incessantes sur les fournisseurs, les producteurs, et les salariés, qui laisse bien peu de place aux richesses humaines, qui sont – elles – inquantifiables.

Par sa présence à l’inauguration du forum, Monsieur le Ministre aux solidarités actives a d’ailleurs pu observé que l’on était loin des fantasmes, mais bien dans la réalité, pour reprendre une expression entendue dans notre assemblée métropolitaine.

Localement, cela se traduit – entre autres – par des actions impliquant des services municipaux, et qui méritent d’être signalées. Ainsi a-t-on mis en place:

  • des formations au commerce équitable à destination des ambassadeurs de Lille 3000, ou du conseil municipal de la jeunesse,
  • des petits déjeuners thématiques dans les crèches municipales avec les parents,
  • des manifestations et des activités équitables, tels que :

> l’espace solid’air, Place Rihour;

> le marché Lill’overt;

> la semaine de pleine nature, qui a touché plus de 4000 enfants;

> la journée de collecte des objets pour une seconde vie et des solutions locales pour un avenir solidaire, qui a récolté plus d’une tonne et demi;

> la journée sport, en direction des femmes, où 60 d’entre elles ont confectionné des huiles de massage;

  • mais encore des expositions insolites dans des lieux divers comme les piscines, les bains douches, les salles de sport….
  • ou bien des temps forts sportifs, comme celui du tournoi de futsala, avec maillots et ballons équitables, qui a touché plus de 500 enfants.
  • enfin des repas bio et équitables (comme le dîner du Conseil communal de concertation, ou les menus bio que l’on va retrouver cette Quinzaine dans les restaurants du réseau des Tables gourmandes…)

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Je voudrais aussi mettre l’accent sur l’intérêt manifeste des 50 personnes présentes aux déjeuners et débats animés par le forum permanent de l’insertion, l’association Magdala, et les Petits frères des pauvres. Nous allons d’ailleurs poursuivre l’action afin de favoriser l’accès pour tous à une alimentation saine, biologique, et équitable.

Cette campagne va également se poursuivre avec des concours de dessin, ou des confections de repas inter-générationnels au Musée des Beaux-Arts pour ne citer que ces 2 exemples.

Enfin je voudrais souligner l’implication de notre collectivité qui a mis en place depuis plusieurs années une stratégie d’achats responsables permettant de sensibiliser les différents services acheteurs de la ville. Nous participons d’ailleurs au réseau des villes « achats responsables » du Nord Pas de Calais, qui – aux côtés d’autres collectivités – essaient d’être un chainon du « buy-cott » qui, contrairement au boycott, vise à promouvoir les produits vertueux.

Je tiens donc à remercier l’ensemble des services qui sont impliqués, et tout particulièrement Malika Bohem-Monnier, directrice de l’économie sociale et de l’emploi, ainsi que Alexandra Michat, chargée de mission, qui toutes deux n’ont pas ménagé leurs efforts et leur temps, bien au delà de leur engagement professionnel.

Je vous remercie de votre attention.

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Les femmes, actrices singuliéres du commerce équitable https://lille_old.eelv.fr/2009/05/les-femmes-actrices-singulieres-du-commerce-equitable/ Thu, 21 May 2009 01:24:03 +0000 http://lille.eelv.fr/?p=4847 S'il ne fallait retenir qu'une rencontre de la Quinzaine du commerce équitable qui se clôt le 24 mai, ce pourrait bien être l'échange/débat entre les acteurs lillois du secteur et deux productrices, l'une venue du Nicaragua, l'autre du Pas de Calais. Participaient également à  ce débat Benjamin de Poncheville, responsable marché Max Haavelar France, notamment pour le café, et Mme Meauxsoone, directrice de la société familiale Méo. ...]]>

S’il ne fallait retenir qu’une rencontre de la Quinzaine du commerce équitable qui se clôt le 24 mai, ce pourrait bien être l’échange/débat entre les acteurs lillois du secteur et deux productrices, l’une venue du Nicaragua, l’autre du Pas de Calais. Participaient également à  ce débat Benjamin de Poncheville, responsable marché Max Haavelar France, notamment pour le café, et Mme Meauxsoone, directrice de la société familiale Méo.

Organisée à  la mairie de Lille, cette rencontre voulait conjuguer au féminin le commerce équitable en s’intéressant au rôle des femmes comme actrices du développement rural. L’idée maîtresse issue de cet échange a été résumé par Christiane Bouchart de façon limpide: pour ces femmes, le commerce – celui dont il est question: équitable – est un moyen et non une fin en soi. Malgré les parcours bien différents de chacune d’entre elles, leurs propos se rejoignaient nettement sur ce point.

Il était aussi intéressant d’associer une pratique du Nord, qui vise à développer les circuits courts à  une expérience emblématique des rapports Nord-Sud engendrés par le commerce équitable: celle de la production caféiére.

Valérie Magniez a présenté sa démarche singuliére qui va bien au delà de l’élevage de chévre pour la production de fromage et de la fabrication du pain (dont l’activité est en conversion vers le bio). Basée à  Hesmond, Valérie Magniez a développé son activité avec une double volonté:

  • élaborer et écouler sa production dans le cadre de circuits courts, dans une zone rurale donc (à  la différence des Amap, dont les acheteurs sont urbains ou péri-urbains).
  • Associer pleinement les visiteurs et acheteurs à l’activité, en faisant fi des frontiéres habituelles : possibilité d’hébergement, participation à  la fabrication du pain, à la traite manuelle des chévres, soin des animaux, apprentissage pour l’élaboration de fromage…

Des clients sont devenus des amis, et la modeste exploitation vit aussi au gré des visites, de coup de main imprévus… Valérie Magniez a décidé de nommer ce lieu La Halte d’Autrefois, alors même que rien ne la destinait à  priori à  aboutir dans ce coin du Pas de Calais: originaire de la Réunion, citadine, ayant fait des études de commerce, elle arrive dans la région du Nord pour le travail et en profite pour cultiver son jardin et cette envie de gestes en lien avec la nature qui germait depuis un moment. Une fois que le pied était posé, plus moyen de résister à l’appel. Il va de soi que cette bifurcation est d’abord une aventure humaine: tisser et renforcer les liens entre les individus.

Alexa Marin, elle, a bien reçu sa terre en héritage et son histoire est riche d’enseignement pour nous.

Productrice de café, détenant une hectare tout au plus, elle fait partie du conseil d’administration de Prodecoop, une coopérative réunissant 39 coopératives de base, 2300 producteurs, dont 30% sont des femmes.

Elle même mére célibataire de 2 enfants, vivant avec sa mére, elle a été à  l’initiative d’une évolution majeure du fonctionnement de la coopérative et de l’intégration des femmes aux processus de décision. En 2003, elle est la seule administratrice, aux côté de 39 hommes. Une réforme législative du systéme coopératif est une opportunité à  saisir qui va aboutir – après tout un travail de diagnostic, et bien des déplacements, sessions d’information – à l’article 83 du réglement de Prodecoop qui stipule la « participation réelle, effective et équitable des femmes ». Pour y parvenir, Alexa Marin a dû passer par des journées bien longues, partant à  4 heures du matin, rentrant à  23h00, confiant son bébé de 2 mois à  sa soeur. Elle a obtenu gain de cause à  force de volonté, plaçant chaque administrateur face à  l’obligation de respecter les décisions des producteurs qu’il représente.

A partir du moment où ont été créés au sein de Prodecoop les commissions éducation, Certification, Formation (ces 3 derniéres rendues obligatoires par la nouvelle loi), et Femmes, le mode de fonctionnement s’en est ressenti:

Bien davantage de femmes ont la possibilité de participer aux formations, mieux adaptées à leur emploi du temps de chef de famille et de mére.

La répartition des revenus, et notamment de la part issu du label Commerce équitable, a été examinée de prés et a donné lieu à des attributions bien réfléchies: les 5 dollars correspondant à  la prime du commerce équitable sont répartis comme suit:

  • 1 $ en capitalisation
  • 2 $ pour du projet social (dont 1.5 pour les bourses, matériel scolaire… et 0.5 attribué à un fond en faveur des femmes)
  • 1 $ pour la coopérative de base (construction de route, écoles…)
  • 1 $ pour la structure Prodecoop

Aujourd’hui, 80 % du café issu de Prodecoop est vendu dans le cadre du commerce équitable. C’est une femme qui préside la structure.

Et Alexa Marin ne manque d’évoquer le questionnement de certains face à sa détermination: mais que veut-elle à la fin ? Agrandir sa parcelle ? Acheter la ferme voisine ? Eh bien non dit-elle: ce qu’elle a tiré de ces années de travail en faveur des femmes, c’est la confiance en soi, la fierté du travail bien fait, le perfectionnement de son métier, la possibilité de se former et de vaincre une forme de timidité propre aux paysans, l’indépendance, l’épanouissement personnel en somme.

Voilà une leçon d’humilité et d’humanité qui ragaillardirait n’importe quel blasé !

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