Les découVertes – Europe Ecologie Les Verts – Lille https://lille_old.eelv.fr L'écologie Politique au service des citoyens Sun, 16 Jun 2019 17:58:55 +0200 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.10 DécouVerte de Vauban et des Bois-Blancs EELV Lille 🗓 🗺 https://lille_old.eelv.fr/2019/02/decouverte-de-vauban-et-des-bois-blancs-places-limitees-eelv-lille/ https://lille_old.eelv.fr/2019/02/decouverte-de-vauban-et-des-bois-blancs-places-limitees-eelv-lille/#comments Sat, 02 Feb 2019 16:14:25 +0000 http://lille.eelv.fr/?p=9286 Article mis à jour le 19 février 2019

Pour la première fois, il fallait s’inscrire préalablement pour participer à cette DécouVerte, limitée à 40 personnes. Cette décision difficile a été prise pour éviter les groupes avec 60, voire 70 personnes lors de certaines découVertes de 2018 : un groupe trop important, c’est épuisant pour le guide, et les temps de rassemblement aux étapes sont trop longs. Ce sont finalement 43 personnes qui se rassemblent ce samedi sur le parvis du Collège Lévi-Strauss autour de Dominique Plancke. La pluie menace mais ne tombera finalement pas, en revanche le vent souffle très fort.

Quelques éléments historiques sur les quartiers parcourus

Devant le Collège Levi-Strauss construit en 2010, notre guide donne quelques repères historiques sur les quartiers que nous allons arpenter aujourd’hui.

Sur le parvis du Collège, nous sommes aux limites de l’ancienne commune d’Esquermes, dont dépendait aussi les actuels Bois-Blancs. De l’autre côté de la rue Lestiboudois, c’était Wazemmes. En 1858, les deux communes furent intégrées à Lille par décret impérial. Nous verrons tout à l’heure le rôle qu’a joué dans cette fusion l’église Notre Dame de Consolation.

Le faubourg de la Barre, éloigné du centre de Wazemmes, demanda en 1848, alors qu’il comptait plus de 2500 habitants, son autonomie sous le nom de Vaubanville, suivant l’exemple de la commune de Moulins qui avait obtenue d’être séparée de Wazemmes en 1833. Mais cette demande fut refusée par le Ministre de l’intérieur.

La visite d’aujourd’hui est marquée par la Deûle et ses ports, dont les tracés successifs sont difficilement lisibles dans le paysage urbain aujourd’hui. Les premiers ports de Lille étaient situés Quai du Wault et avenue du Peuple Belge, avec une rupture de charge entre les deux. Le Port Vauban, créé au milieu du 20 ème siècle est remplacé en 1948 par l’actuel Port sur les boulevards de la Moselle et de la Lorraine. La voie ferrée de ceinture qui menait les marchandises de la gare St Sauveur au Port Vauban a été progressivement démantelée.

Un projet d’urbanisme qui tarde

Derrière le Collège nous prenons à droite la rue Lestiboudois, qui marquait avant 1858 la limite entre Wazemmes et Esquermes. Nous nous engageons à gauche (la barrière est ouverte) sur l’ancien parking d’EDF. A notre droite, donnant sur la rue Roland l’ancien dépôt de Transpole fermé depuis 2006. A gauche la tour de bureaux des services d’urgence EDF (aujourd’hui ENEDIS), elle aussi abandonnée et dont les fenêtres claquent sinistrement sous les coups de vent d’aujourd’hui. Le tout constitue une friche de plus de 3 hectares au total, où nous voyons passer furtivement des squatters.

Lors des vœux du quartier en janvier 2016, un projet de quatre cents logements (des appartements de type T3, T4 et T5, dont 30% de logement social) est annoncé ici avec un jardin de  8400 m2, mais aussi des commerces et des services http://www.caue-nord.com/fr/portail/41/observatoire/39091/ilot-lestiboudois-lille-59.html. Et la nouvelle mairie de quartier (1000 m2) doit aussi s’y installer, à l’angle des rues Roland et Delphin-Petit, dans la partie où étaient situés les bureaux administratifs et syndicaux de Transpole. Depuis rien n’a bougé. Peut être à cause des contraintes liées à la dépollution des sols contaminés par les activités industrielles. Il faudra assainir avant de construire. En attendant le site est ouvert à tous vents et se transforme en verrue.

Revenant sur nos pas, nous nous engageons dans la rue Charles de Muyssaert.

Le Pélican, du fox- trot à la bière

Les piliers marquant l’entrée de la rue à l’angle du boulevard ne sont pas les traces d’un chantier interrompu par la crise. Ils sont sensés rappeler l’immeuble qui se dressait ici jusqu’en 1983. En 1863 Louis Boucquey de Caesteker crée une brasserie qui ferme pendant la première guerre mondiale avant de rouvrir en 1921à l’initiative de Louis Boucquey, le petit-fils du fondateur, associé à Armand Deflandre et Raoul Bonduel sous le nom de brasserie du Pélican, appellation inspirée par « The Pélican », un fox-trot alors très en vogue (paroles de Pierre d’Amor, musique de Clapson). La brasserie se démarque de ses concurrents (dont l’Excelsior toute proche boulevard de la Moselle), par ses innovations : la capsule à 23 dents (au lieu des 22 habituelles), puis le conditionnement en litre. Dans les années 50, Pélican reprend progressivement la coopérative de Mons en Baroeul. En 1966 une nouvelle usine est construite sur le site de la brasserie de Mons où toutes les activités sont petit à petit transférées. Dans les années 70, Pélican, devenue Pelforth en 1972, rachète d’autres brasseries. En 1980, la brasserie est rachetée par le groupe BGI puis par la « Société générale de brasserie », qui deviendra la Française de Brasserie en 1986 avant d’être acquise par Heineken France en 1988. En 1993  la Française de brasserie est absorbée par le  groupe Heinecken et prend le nom de brasserie Heineken. L’usine lilloise sera démolie en 1983-1984, avant de laisser la place à la résidence LMH Catinat. L’immeuble qui abritait le siège social de la brasserie à l’angle de la rue Delphin-Petit a été préservé et arbore toujours fièrement l’enseigne du Pélican, même s’il a été transformé en logements.

L’église Notre Dame de Consolation

Pour répondre à la demande d’autonomie des habitants du Faubourg de la Barre, une nouvelle paroisse fut créée avec l’église Notre-Dame de Consolation construite en 1856 et la rue Colbert fut ouverte pour établir une meilleure communication  avec le centre de Wazemmes. C’est Charles Leroy qui est chargée de la construction de l’aglise comme de beaucoup d’autres à Lille à cette période (ND de Fives, St Maurice des Champs…). Charles Leroy est un architecte extrêmement prolifique, il a construit au moins trente-sept églises et cinq chapelles (dont celle de la famille Gonnet au cimetière de l’Est), tout en concevant et en dirigeant la construction de la cathédrale Notre Dame de la Treille ! Le clocher actuel a remplacé celui d’origine dans les années 1960. Un lieu de culte qui portait le même nom existait au 16ème siècle, mais il disparait lors de la construction de la Citadelle.

Les marches de la discorde

L’ouverture de cette église en 1856 est un des éléments déclencheurs de l’absorption de Fives, Wazemmes, Esquermes et Moulins à Lille en 1858. Suite à une erreur, l’emmarchement de la nouvelle église débordait en effet de quelques dizaines de centimètres sur la zone militaire non aedificandi ce qui provoqua un conflit avec l’autorité militaire. Le Maire de Wazemmes, Casimir Mourmant, s’était donc déplacé au Ministère de la guerre où son interlocuteur, le colonel Magnien, lui répondit  : « Si vos fortifications vous gênent jetez-les bas !« . Cette proposition qui répondait aussi aux demandes de la bourgeoisie industrielle de Lille qui avait besoin d’espace pour construire de nouvelles usines finit donc par aboutir aux décrets impériaux de juillet et octobre 1858.

Du Port Vauban à l’avenue de l’architecte Cordonnier

Face à nous, de l’autre côté de la rue Colbert, l’avenue de l’architecte Cordonnier a remplacé le quai Vauban après que celui ci a été comblé au début des années 1960. Le port Vauban a commencé à être aménagé en 1854 mais a été finalement réalisé par la ville de Lille à partir de 1862.  Les Docks et Magasins généraux du Port ont disparu dans un incendie en 1909 avant d’être reconstruits rapidement. Ils abritent actuellement des bureaux, et devaient être réhabilités en 2018,  mais les travaux n’ont pas commencé.

Avant même la création du Port, le faubourg de la Barre s’était développé au début du 19ème siècle par des activités principalement liées à la présence de l’eau (blanchisseries) et au trafic fluvial (marchands de bois, constructeurs de bateaux).

Une réflexion avait été menée il y a quelques années pour redonner un caractère plus urbain à l’ensemble du secteur situé entre l’avenue Jouhaux et l’avenue de l’architecte Cordonnier, sans  mise en œuvre jusqu’ici.

Rue de la Digue

Les terres d’un manoir datant du 18 ème siècle situé à l’angle des actuelles rues de la Digue et de Toul furent divisées en 1717 et le manoir transformé en guinguette sous le nom de Jardin du Prévôt. Située à l’emplacement du n° 9  la guinguette, très courue par les lillois, a fermé vers 1923  pour laisser la place à l’usine « Appareils et évaporateurs Kestner » qui elle-même déménage en 1996. Un ensemble résidentiel a été construit à sa place. Une école de natation en plein air du 19 ème siècle a existé ici depuis le milieu du 19ème siècle. Au départ, c’était un bassin naturel correspondant au canal de décharge de l’ancien moulin de la Barre. Des bassins en plein air furent aménagés après 1858, qui étaient alimentés par les eaux de la Deûle. Les Bains Lillois du Boulevard de de la Liberté n’ouvrent qu’en 1890. Une nouvelle piscine de plein air alimentée cette fois par le réseau d’eau de la ville est construite à côté de l’ancienne en 1911. A l’angle de l’avenue de l’Architecte Cordonnier et de la rue de la Digue, le très beau petit pavillon d’entrée de cette piscine (qui donne aujourd’hui accès à l’IESEG) est une œuvre de 1911 de l’architecte Emile Dubuisson, celui qui a ensuite bâti l’hôtel de ville de Lille. La piscine ferme ses portes avant 1970. Le projet très contesté de construction par la MEL d’une nouvelle piscine olympique sur le site du Belvédère à côté de l’ancienne gare St Sauveur prévoit un bassin extérieur.

Sur le magasin aux pavés, la plage

Nous traversons le square de la rue d’Armentières pour rejoindre l’avenue Léon Jouhaux, où la place de la voiture vient d’être limitée au profit des vélos.

De l’autre côté de la rue, la Porte de Dunkerque, inscrite Monument Historique, est le dernier témoin de l’enceinte du 19ème siècle, construite après l’agrandissement de 1858. Les deux corps de garde sont toujours là, mais il ne reste que deux des cinq piliers qui la composaient. Une cinquantaine de mètres des murs d’enceinte sont aussi encore en place, intégrés dans les bâtiments plus récents qui abritent des services municipaux, après avoir accueilli pendant longtemps le magasin aux pavés de la communauté urbaine.

Lise Daleux, adjointe au Maire de Lille, nous présente le projet  et d’aménagement des berges aux abords de la Porte de Dunkerque. Le choix a été fait de cet aménagement partiel plutôt que d’attendre un grand projet global impossible à réaliser à court terme. Le site sera accessible au public dès cet été, avec des chaises longues en bois et des tables de pique-nique.https://elus-lille.eelv.fr/chroniques-municipales/nouveaux-amenagements-cote-leon-jouhaux-et-porte-de-dunkerque-pyramides/

Sur notre gauche le bâtiment blanc, c’est le nouveau restaurant du groupe scolaire Léon Jouhaux http://www.lavoixdunord.fr/247157/article/2017-10-16/un-nouveau-restaurant-scolaire-et-solaire-pour-l-ecole-leon-jouhaux

Le « Sas des Pyramides »

A l’arrière du terrain sportif de proximité situé derrière la Porte de Dunkerque la Préfecture a ouvert en juin 2016, en accord avec la Ville de Lille, un « Sas » terrain officiel équipé de quelques caravanes (d’occasion), et de blocs sanitaires pour faciliter l’insertion de quelques familles Roms qui vivaient jusque là en bidonville. Ce « Sas des Pyramides » (du nom des deux buttes de terre situées derrière) est géré par la Direction tsiganes et voyageurs de l’association La Sauvegarde qui garantit la scolarisation des enfants et facilite l’insertion professionnelle des parents. Après avoir accueilli jusque 43 personnes, il est aujourd’hui presque vide, les familles qui l’occupaient ayant rejoint d’autres formes de logement. La Ville de Lille aurait proposé à la Préfecture qu’il accueille maintenant les familles qui avaient été expulsées du carrefour Pasteur en août 2018, et réfugiées depuis dans le rond-pont du Pont Royal et sur le site d’une ancienne station-service façade de l’esplanade.. Le problème c’est que ces deux terrains accueillent environ 40 familles alors qu’il ne peut y avoir que 7 ou 8 caravanes sur le sas de Pyramides.

Et une dizaine d’autres familles Roms se sont peu à peu installées, cette fois dans des cabanes, et dans des conditions extrêmement précaires, aux abords du Sas. Les expulsions brutales successives des bidonvilles  sans solutions de relogement menées par la Préfecture ces dernières années sont un échec. Pourtant il ne reste au total qu’un millier de personnes Roms (très majoritairement roumaines, citoyennes européennes) vivant en bidonville dans la métropole. Sur une métropole d’1 200 000 habitants, des solutions devraient pouvoir être trouvées sans difficultés. Mais la MEL refuse complètement de s’y impliquer depuis l’élection du Président Castelain en 2014 et seules quelques communes (Lille, Villeneuve, Roubaix, Ronchin, Lezennes, Lambersart..) ont accepté de proposer des éléments de réponse.

Un système d’éclairage intelligent pour protéger les chauves-souris

Nous franchissons la Deûle par le Pont Léon Jouhaux. Stéphane Baly, conseiller municipal délégué à l’énergie nous explique le système d’éclairage intelligent avec détecteur de  présence, qui permet le déclenchement gradué de l’éclairage public sur le Pont au passage des piétons, cyclistes et automobilistes, et permet de limiter la pollution lumineuse qui forme un barrage pour les chauves-souris http://www.lavoixdunord.fr/436767/article/2018-08-24/un-eclairage-innovant-avec-detecteur-de-presence-sur-le-pont-leon-jouhaux

Nous descendons vers la Deûle du côté Bois-Blancs. Charlotte Talpaert, co-porte Parole du groupe EELV de Lille, qui habite elle-même sur une péniche à la Gare d’eau, à l’autre extrémité des Bois-Blancs, nous explique que les péniches installées ici sont celles de sédentaires, qui n’ont à leur disposition que l’emplacement via une convention d’occupation temporaire, et un compteur électrique ; les péniches doivent passer tous les 10 ans en cale sèche pour une mise en sécurité.

Nous rejoignons le quai Géry Legrand par l’allée rue Carolus. Nous passons devant l’association La Deûle et le restaurant « les Toqués ». Nous laissons à gauche les très belles maisons de l’avenue Léo Lagrange aujourd’hui réduite à un moignon après avoir été coupée de chaque côté. Le Stade du Losc Henri Jooris, ouvert en 1902, et disparu en 1974 lors du creusement du canal à grand gabarit avait son entrée avenue Léo Lagrange.

Avenue Butin, la Piscine Marx Dormoy a été ouverte en 1972. Elle n’a jamais eu le label « olympique » du fait qu’il manquait quelques centimètres au bassin de 50 mètres. Elle s’est dégradée au fil des années : restaurant, plongeoir, solarium ont disparu les uns après les autres. La patinoire qui devait trouver place sur le terrain voisin n’a pas vu le jour. Le projet de remise en état pourtant voté en 2009 n’a jamais été mis en œuvre. La MEL a voté en 2018 la construction d’une nouvelle piscine olympique sur le Belvédère, à la gare St Sauveur. Le Maire de Lille a précisé récemment que le terrain ne serait pas reconstruit et qu’il deviendrait « le Parc des berges ». Le ( octobre dernier, le juge administratif a suspendu la déclaration d’intérêt général du  projet de St-Sauveur, avec sa piscine, n’était pas d’intérêt général . Pour le TA, l’enquête publique réalisée au cours des mois de mars et avril 2018 comporte des insuffisances quant aux incidences du projet sur la qualité de l’air et des inexactitudes en ce qui concerne l’état d’avancement du projet d’implantation d’une piscine olympique eu égard aux décisions prises en la matière par le conseil de la métropole européenne de Lille lors de sa séance du 19 octobre 2017 et que ces insuffisances et inexactitudes ont pu avoir pour effet de nuire à l’information complète de la population La majorité socialo-centriste de la mairie et de la MEL a donc décidé de relancer une enquête publique complémentaire de 2 semaines (!) à compter du 22 février pour tenter de passer en force.

Avant de rejoindre l’avenue Marx Dormoy, nous passons par le parking devant le Grand Bleu « spectacle vivant pour les nouvelles générations »  et devant la médiathèque des Bois-Blancs.

Nous traversons l’avenue Marx Dormoy pour rejoindre le chemin qui longe la Deûle. Lise Daleux nous présente le projet de creusement de mares en retrait der la berge, préservées du battage de l’eau lors du passage des bateaux, et, qui permettent l’installation d’espèces végétales animales et végétales spécifiques ;

De l’autre côté de la Deûle, le Port de Lille a été créé par un décret  du 20 avril 1935, mais. son activité n’a réellement débuté qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec la construction d’un premier bâtiment en 1947 et son exploitation en tant que lieu de stockage en 1948. Il occupe des terrains publics qui ont été concédés à la CCI Grand Lille)

L’expansion du trafic, modeste jusqu’en 1950, s’est vite accélérée par la suite. Dès l’origine c’est un site multimodal pour les péniches, les trains et les camions.  Il couvre 57 hectares sur les communes de Lille et Loos ;

http://www.urbanisme-puca.gouv.fr/IMG/pdf/fr-lille-t-fr-light.pdf

http://www.genealexis.fr/cartes-postales/wazemmes.php

Le CMDU et ses cargos-cycles, alternatives aux camionnettes dans le centre ville ?

De l’autre côté de la Deûle, sur un grand bâtiment blanc du Port s’affichent les lettres CMDU pour Centre Multimodal de Distribution Urbaine. Il s’agissait pour Ports de Lille d’apporter un début de réponse à la fameuse question du dernier kilomètre : comment éviter que de gros camions entrent en centre ville mais aussi comment éviter la multiplication des petits véhicules de livraisons polluants qui viennent chacun livrer quelques cartons dans les rues du centre.

Ouvert en 2015 sur 2.500 m², le CMDU est exploité par la société Oxipio et propose plusieurs services aux commerçants pour « augmenter leur surface de vente et permettre aux transporteurs de ne plus entrer en ville : stockage de marchandises, réserve déportée, préparation de commandes, gestion documentaire, livraisons, gestion des retours, traitement des emballages ». En 2018, ce sont 50 tonnes de marchandises qui ont été livrées chaque jour avec 6100 livraisons par mois, principalement en cargo-cycles à assistance électrique et avec deux véhicules utilitaires fonctionnant au GNC.

 

 

Nous quittons le chemin de halage, traversons la rue des Bois-Blancs, qui doit faire prochainement l’objet d’une expérience de piétonnisation temporaire pour rejoindre la Plaine des vachers. Sur notre droite dans un petit bosquet, deux tentes abritent depuis l’automne trois personnes SDF, dont un couple arrivé ici d’Etaples. La Plaine des vachers a été aménagée il y a deux ans, avec le tracé de deux chemins en dur, qui respectent les normes PMR et donc les courbes de niveau, mais du coup beaucoup de piétons continuent d’utiliser le sentier plus escarpé, mais plus direct à travers la pâture.

 

Par la rue Lallement, nous rejoignons la rue Henri Regnault. La découVerte devait nous mener jusqu’au quai de l’Ouest par la rue Championnet et la rue de Bergues, mais l’heure a passé trop vite, et nous rejoignons directement notre point d’arrivée au métro Bois-Blancs, après avoir jeté un œil à l’atelier Techshop qui se définit comme « atelier collaboratif de fabrication et plateforme d’innovation » et qui a été installé par Leroy Merlin dans une partie des locaux de l’ancien lycée Jean Monnet.

 

La prochaine découVerte aura lieu le samedi 20 avril.

DécouVerte ?

Tous les deux mois, le groupe EELV de Lille propose une DécouVerte, visite guidée avec un regard écolo d’un quartier de Lille.

Où ?

Le samedi 9 février, la balade nous mènera à Vauban-Esquermes et aux Bois-Blancs.

De part et d’autre de la Deûle, nous évoquerons au fil des rues et des berges l’histoire industrielle du quartier avec la brasserie Pélican et le Port Vauban, les projets d’urbanisme sur les friches EDF et Transpole, mais aussi le réaménagement de l’avenue Léon Jouhaux et l’ouverture prochaine du jardin en bord de l’eau devant la Porte de Dunkerque. Ce sera aussi l’occasion de présenter l’éclairage du Pont Léon Jouhaux, de parler de l’avenir du Port Fluvial de la piscine Marx Dormoy et de ses abords, de redécouvrir la plaine des vachers transformée, …

Rendez-vous à la sortie du métro Port de Lille à 14 h 30. Fin de la visite vers 16 h 30 au métro Bois-Blancs.

Je veux m’inscrire !

C’est très simple, il vous suffit de commenter l’article et vous serez inscrits. Attention, les places sont limitées à 40 participants pour s’assurer du bon fonctionnement de l’évènement.

(Vos commentaires ne s’afficheront pas tout de suite, une validation est nécessaire, merci !)

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Fives – Industries, solidarités, logements, écologie, Histoire : la dernière DécouVerte EELV de 2018 🗓 🗺 https://lille_old.eelv.fr/2019/01/decouverte-de-fives-samedi-22-decembre-avec-eelv-lille/ Sun, 06 Jan 2019 14:31:45 +0000 http://lille.eelv.fr/?p=9204 Tous les deux mois le groupe EELV de Lille propose une DécouVerte, visite guidée avec un regard écolo d'un quartier de la ville. ...]]>

Tous les deux mois le groupe EELV de Lille propose une DécouVerte, visite guidée avec un regard écolo d’un quartier de la ville.

Vous trouverez-ci dessous le compte rendu complet de la dernière DécouVerte 2018 à Fives :

Pour s’inscrire à la prochaine DécouVerte cliquez !

Plus de cinquante personnes ont fait le choix aujourd’hui de fuir la fièvre acheteuse qui frappe le centre ville juste avant Noël pour répondre à l’invitation du groupe EELV de Lille, pour aller à la DécouVerte de Fives, guidée par Dominique Plancke, et se rassemblent sur la Place Madeleine Caulier à la sortie du métro. Notre attroupement n’est manifestement pas tout à fait du goût de quelques « teneurs de murs » qui viennent s’enquérir du motif de notre présence.

 

Petit rappel sur l’histoire de Fives :

Il semble que la première mention de Fives date de 874 quand le comte d’Artois y préside une réunion. Fives est alors un « pagus » (pays), c’est-à-dire un petit village. En 1066 Fives fait partie de la châtellenie de Lille, et forme une paroisse avec Faches. Vers 1130, la présence de moines bénédictins est attestée à Fives dans un Prieuré, établissement de moindre importance qu’une abbaye, qui sera rasé en 1793 lors de la Révolution. Au début du 13ème siècle Fives est devenue une paroisse autonome. Au cours des siècles Fives souffrira de sa proximité avec Lille lors des sièges et des conflits, et sera rasée de nombreuses fois avant d’être à chaque fois reconstruit (1213, 1297, 1451, 1485, 1491, 1498, 1667). Au 16ème siècle, Philippe II, roi d’Espagne, autorise la construction d’un canal au départ de Lille vers Fives pour évacuer les eaux polluées vers la Marque.

Après avoir souffert des  conflits religieux au 16 ème siècle au milieu du 17ème siècle, Fives et sa   chapelle Notre Dame de Fives deviennent un lieu important de pèlerinage. L’eau « vive et limpide » de la Chaude Rivière est réputée guérir de la fièvre.

Le 28 juillet 1667 Louis XIV s’empare de Lille lors de la guerre de dévolution. La reddition de la ville se fait à Fives dans un bâtiment devenu « la ferme Louis XIV » rue de Lannoy, à l’angle de la rue des Montagnards, malheureusement démolie sans procès en 1920.

 

L’industrie a marqué le quartier pendant un siècle avant de disparaître

Entre 1815 et 1845, trois filatures de coton s’installent à Fives, ce qui marque le véritable démarrage de l’industrie à Fives, qui profite surtout au milieu du 19ème siècle de l’arrivée du train. En 1861 c’est la création de la compagnie de Fives-Lille, entreprise de métallurgie de transformation, qui va construire notamment des locomotives, des ponts ferroviaires et routiers, des gares de chemins de fer dont celle d’Orsay à Paris, etc…  En 1898, c’est Peugeoot qui arrive, au nord du quartier.

 

Fives est lourdement frappée par les bombardements alliés en 42, puis les 10 mai et 22 juin 44, bombardements qui en visant les infrastructures ferroviaires et industrielles feront plus de 1000 victimes civiles au printemps 44 à Lille et Lomme.

 

L’usine de Fives compte 4500 ouvriers en 1945. Mais dans les années 60, on assiste à la concentration de l’entreprise, avec des absorptions et des fusions, et à son recentrage sur les ponts roulants, sur les usines clés en main. Les marchés à l’exportation représentent de 40 à 70% selon les années. Les premiers plans de licenciement se mettent en place dès 1958.

Le quartier connaît dans les années 80 une désindustrialisation rapide, avec la fermeture des deux grandes usines Fives Cail et Peugeot, et des industries textiles, ce qui entraîne l’apparition de nombreuses friches et le départ d’une main d’oeuvre qualifiée. Les travaux du métro rue Pierre Legrand et l’ouverture du centre commercial V2 porteront aussi un coup dur au commerce local.

 

Mais qui est donc Madeleine Caulier ?

Madeleine Caulier est une héroïne du siège de Lille de 1708. Servante à l’auberge du Tournebride  à Avelin, elle se porte volontaire pour aller porter un message au Maréchal Boufflers, alors assiégé à Lille par les Anglais et les Autrichiens. Elle réussit finalement sa mission en traversant les lignes ennemies, ce qui n’empêchera pas Lille de tomber. Elle s’engagera ensuite dans l’armée, dans le corps des Dragons, et sera tuée au combat en 1712 lors de la bataille de Denain. Son nom est donné à la Place en 1881, puis à la station de métro, c’est d’ailleurs la seule station du métro lillois à porter un nom de femme.

 

Sur l’ancien cimetière de Fives, un marché de plein air qui aurait besoin d’un nouveau souffle

La Place Madeleine Caulier est située à l’emplacement de l’ancien cimetière de Fives (d’où le nom de rue du Repos que porte la rue au fond de la place), ce qui explique la découverte d’ossements lors du creusement d’un nouvel escalier d’accès au métro en février 2014. C’était déjà arrivé au début des années 80 lors de la construction de la station de métro. Après le rattachement par décret impérial de Fives à Lille en octobre 1858 le cimetière est fermé. Un marché de plein air se tient sur cette place depuis 1873. Depuis quelques mois ce marché a vu partir plusieurs commerçants et il a tendance à s’étioler, concurrencé le dimanche matin par ceux de Wazemmes, du Vieux-Lille et de Mons en Baroeul.

Un chantier de rénovation de la Place Caulier, régulièrement évoqué depuis plus de 10 ans, est  prévu pour 2019 avec la volonté d’y limiter le stationnement.

De la dalle au Square

Nous passons sous la voie ferrée pour aller sur la dalle de Fives (construite sur la Voie rapide urbaine) avec la salle de sports Louison Bobet et l’immeuble de bureaux qui lui fait face. Cet espace entre la Maison Blanche (résidence étudiante haut de gamme), l’école et la caserne de pompiers va faire l’objet en 2019 d’un réaménagement concerté avec les habitants et les parents des écoles Descartes-Montesquieu. Un budget de 140.000 € est prévu pour cette opération.

Par le Square Lardemer (qui porte le nom d’un généreux lillois qui a légué 240.000 francs à la Ville en 1884), dont les 27 essences d’arbres et le bassin sont très représentatifs des parcs de la deuxième moitié du 19ème siècle, nous rejoignons la rue de la Phalecque.

 

Une école trop belle pour les enfants de la classe ouvrière !

A l’angle de la rue de Rivoli et de la rue Cabanis, nous nous arrêtons pour admirer les façades du groupe scolaire Bara-Cabanis et de l’IEM Jules Ferry. Pendant un temps l’école a porté le nom de groupe scolaire Paulin Parent, un lillois qui avait fait un don à la Ville pour la construction de cette école. Dans ses célèbres (et très conservatrices) « Promenades lilloises » publiées en 1888, François Chon, ancien professeur d’histoire, membre de la Société des Sciences de Lille et chevalier de la légion d’honneur, déplorait que la ville ait construit un aussi beau bâtiment pour une école publique : « Ouverte aux nombreux enfants de la classe la moins favorisée de la commune, il n’est pas véritablement indispensable qu’une école paraisse si riche (…) A quoi bon ces pilastres, ces balustres, ces sculptures, ces moulures, ces ornements symboliques en couleur sur fond d’or ce fronton magnifique dominé par le toit d’un pavillon princier … »

L’école Bara Cabanis est labellisée éco-école depuis 2008 et est dotée d’un blog qui donne plein d’infos sur ce qui se passe dans l’école, mais aussi  dans le quartier http://www.baramalice.com/

 

La rue Cabanis doit être prochainement mise en sens unique avec un double sens cyclable.

 

L’usine Desombre, le « Lip lillois »

Face à l’école un ancien bâtiment industriel abrite aujourd’hui les locaux du Secours Populaire. Ce fut entre 1975 et 1977  le lieu d’une lutte ouvrière qui a marqué le quartier, celle de la chemiserie Desombre  http://cfdthistoire-5962.fr/?p=3547

Confection de chemises, pyjamas, robes de chambre et de rideaux, l’usine Desombre de Fives travaille aussi pour de grandes marques comme Ted Lapidus. 200 salariés y sont employés, essentiellement des femmes, qui feront aussi de leur lutte un combat féministe. En août 1975, c’est l’annonce-du dépôt de bilan. Le  personnel se mobilise immédiatement et des actions sont entreprises auprès de la Direction du Travail  pour empêcher la fermeture. Manifs, occupation de la première chaîne de télévision en septembre et en octobre les ouvrières occupent l’usine et empêchent le départ de marchandises destinées à la livraison. Chemises, chemisiers et pyjama sont revendus, dans le quartier, au profit des travailleuses.  Le conflit bascule avec l’intervention des forces de l’ordre le 20 octobre pour récupérer la marchandise (20 000 chemises) et faire évacuer l’usine. Nouvelle occupation dès le lendemain, distributions de tracts, manifs, assemblées générales, envoi de délégations un peu partout : les ouvrières poursuivent l’occupation de l’usine tout en maintenant l’outil de travail en état de marche. Le 3 novembre, le maire de Lille, organise une table-ronde pour tenter de résoudre le conflit…En vain : les responsables économiques n’y participent pas. Le personnel occupera les locaux de FR3 pour obtenir un reportage sur leur conflit et réveillonnera dans l’usine le 1er janvier 1976.

Après 17 mois d’occupation, une solution se profile, en mars 1977, grâce en partie à la municipalité. La société Godde-Bedin, une usine de confection de voilage, rachète le terrain Desombre et cède le sien à la ville de Lille. Cette société reprend 23 des 30 ouvrières qui occupaient les ateliers. Les 7 autres sont reclassées dans d’autres établissements. Celles qu’on appelle « les LIP du Nord » ont gagné. Mais Godde-Bedin fermera à son tour 4 ans plus tard…

Le Square des Mères :

Au début des années 1920 , la municipalité de Lille fait l’acquisition de cette propriété appartenant à la famille Barrois dans le quartier de Fives. Elle comprend un petit château et un parc, devenu le Square des Mères, sur lequel, le conseil municipal en avril 1925 décide de construire une « salle de fête et salle d’éducation physiques ». Le projet est confié à l’architecte municipal Marcel Cools. La première pierre est posée le 14 juillet 1926 et la salle des fêtes est inaugurée lev14 juillet 1928 par Roger Salengro, alors maire de Lille. Après avoir accueilli pendant sept décennies, des bals, des réunions politiques, des manifestations culturelles et sportives, la salle est désaffectée en 1997 pour des raisons de sécurité. Inscrite comme monument historique en 2000, elle est totalement réhabilitée en 2002-2003 par la Ville de Lille. Le « château » accueille de son côté une crèche multi accueil : la Capucine. En 2005, le Centre social Mosaïque installé depuis 1946 rue du Long-Pot, près de l’Usine de Fives s’installe dans un nouveau bâtiment construit dans le parc, côté rue Cabanis. L’espace Seniors de Fives y avait aussi trouvé place, avant de déménager en décembre 2018 rue de Flers.

 

Rue Edouard Vaillant et rue Daumier, les habitants des rangées des maisons (HBM de l’entre-deux guerres) ont beaucoup investi cette année dans les décorations de Noël, avec plus ou moins de discrétion et de réussite.

La rue St Just

a été réaménagée cette année en zone 30 avec de beaux trottoirs, un sens unique pour les voitures et un double sens cyclable : un bel aménagement. Une nouvelle entrée a été percée dans le mur pour faciliter l’accès des enfants de l’école Bara-Cabanis, et éviter ainsi une cohabitation dangereuse avec les véhicules qui viennent chercher les élèves handicapés de l’IEM Jules Ferry. De grands parkings vélos ont été installés à l’intérieur de part et d’autre du portail pour accueillir les nombreux vélos des enfants. L’école Bara Cabanis possède 2 lignes de vélobus et accueille chaque jour en moyenne une quarantaine de petits cyclistes, ce qui en fait l’école la plus active sur ce point dans la métropole.

 

Mais à qui sont ces arbres ?

Dans la deuxième partie de la rue St Just vers la rue Gutenberg, le long du trottoir, une vilaine clôture en plaques de béton part en morceaux sous la pression des arbres qui poussent juste derrière. Sylvie B., qui habite depuis 12 ans l’une des 12 maisons de la rue de Rivoli dont le jardin donne là vient nous expliquer que les arbres ont poussé, sans doute de façon spontanée, entre la limite qui  marque le fond de ces jardins et cette vilaine clôture posée sur le domaine public. Après une première intervention inopinée de bûcherons mandatés par la MEL stoppée par les riverains, cela fait des mois que ces habitants, qui souhaitent que les arbres soient préservés, mais entretenus, tentent d’obtenir une réponse de la ville et ou de la MEL pour trouver une solution à cet imbroglio.

 

Rue Gutenberg : une piste de vitesse, jusque quand ?…

La rue Gutenberg présente aujourd’hui une surlargeur démesurée, qui est la trace d’un projet des années 70-80, heureusement abandonné de « voie des centres » à deux fois deux voies entre la Gare de Lille et Mons en Baroeul. Mais la longue ligne droite et l’absence d’aménagement et même de marquage au sol en fait un axe où les voitures roulent beaucoup trop vite avec des pointes de vitesse relevées à 110 km/h la nuit. On parle d’un aménagement provisoire en 2019. Le fait que la rue change 4 fois de commune (Lille, Mons, Lille et encore Mons) sur quelques dizaines de mètres ne facilite pas les choses.

 

Les gros tuyaux gris qui sortent de la pelouse témoignent de la présence du réservoir souterrain de 20.000 mètres cubes qui a été construit par la MEL pour stocker les eaux de pluie et éviter les inondations à répétition à Fives et sur la Voie Rapide.

 

Il y a aussi là sur cet espace herbeux un projet de jardin porte par le Centre social Mosaïque de Fives, qui a obtenu pour cela un financement de la  Fondation de France.

 

Peugeot-Lille

Les bâtiments en brique de l’autre côté de la rue Gutenberg et rue de Rivoli sont ceux de l’ancienne usine Peugeot. Créée par Armand Peugeot en 1898, c’est la première usine installée hors du bastion originel de la famille à Montbéliard. Elle a d’abord construit des  voitures en bois. Son développement doit beaucoup à un dénommé Ernest Mattern, qui dès 1906, alors contremaître de l’atelier des châssis, évalue le coût de tout ce qu’il entreprend et anticipe, à l’aube du taylorisme, les possibles évolutions de la production, du petit atelier à la fabrication en série. Plus tard, il recommande d’acquérir de larges espaces et de les aménager de manière à pouvoir les réorganiser en fonction des besoins et de la demande.

En 1928, l’usine, rebaptisée Compagnie lilloise de moteurs (CLM), entame pour la première fois en France la construction d’un moteur Diesel. Elle produit tout au long du XXème siècle de nombreux véhicules, mais aussi du matériel agricole, et industriel. En 1958, elle  se spécialise dans la production de moteurs Diesel pour véhicules rapides et produira en 1976 700 moteurs par jour et son millionième moteur. L’usine emploie alors près de 3000 ouvriers. Mais en 1998, l’usine ferme définitivement ses portes. Les derniers salariés vont travailler à la Française de mécanique à Douvrin. Après une période de friche, les 10 hectares de l’usine, situés à cheval sur Lille et Mons, sont aujourd’hui occupés notamment par les assurances La Mondiale et par le Secrétariat général pour l’administration de la police (SGAP).

 

Rue de Flers, une concentration de solidarité

Rue de Flers, l’espace Seniors municipal de Fives a été inauguré il y a quelques jours dans des locaux restés longtemps inoccupés au rez de chaussée d’une résidence. Pendant l’hiver il accueille les restaus du cœur jusqu’ici hébergés salle Alain Colas. En face, au 57, l’APU défend les locataires de Fives-St Maurice et Hellemmes, dans des locaux où étaient situées les Editions de la Contre-Allée. Et au 55 la garage ATS n’est pas un garage ordinaire, mais un garage solidaire et participatif https://www.toutvert.fr/atelier-solidaire-auto/ .

 

Les courées de Fives 

 

Christiane Bouchart, élue EELV de Lille et de la MEL (ci-dessous en photo), et fivoise de longue date nous rappelle l’importance des courées à Fives. En 1970 l’Orsucomn (Organisation pour la suppression des courées de la Métropole Nord) avait réalisé un inventaire des courées à Lille dans la perspective de  leur suppression pour cause d’insalubrité. Il en recense 618 avec au total 5264 logements qui abritent environ 11000 personnes. Fives compte alors 122 courées pour 1169 logements.

Si au début du 20è siècle Fives comptait 350 cafés, c’était aussi parce que c’était des lieux où on pouvait se réchauffer et qui permettaient aux ouvriers de sortir des logements la plupart du temps exigus et insalubres.

En 1987 un nouvel inventaire (auquel a participé Christian Bouchart) est réalisé à Fives : il relève que 103 courées existent toujours (961 logements dont seuls 41 sont jugés en bon état, 7 n’ont même pas l’eau courante) : la résorption de l’habitat insalubre ne se fait pas «naturellement ». A partir des années 80, les pouvoirs publics sont passés avec l’opération OPAH courées d’une politique d’éradication des courées à une politique de restauration d’un certain nombre d’entre elles avec mise aux normes de confort et d’hygiène.

 

 

Des logements à la place de la friche Organum

 

A gauche dans la rue de Rivoli, nous nous engageons dans la rue Louise Bourgeois, construite en 2010. La résidence porte le nom d’Organum, un  collectif théâtral qui s’était installé quelques années dans la friche industrielle d’une ancienne fabrique de paillassons. Très calme, plutôt agréable à vivre selon l’une de ses habitantes qui participe à notre visite, la rue comporte 23 appartements sociaux, 11 maisons individuelles en accession et 20 maisons de ville.  Mais elle n’a pas été épargnée par les malfaçons https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/2014/06/05/lille-fives-le-coup-de-gueule-des-habitants-de-la-residence-bas-cout-organum-492067.html .

 

La Voie Rapide Urbaine, une saignée urbaine de plus de 100 m de large à la gloire de l’automobile

 

Juste avant la rue Chappe, en empruntant le très étroit Sentier du Petit Bois, notre groupe s’engage en file indienne vers la rue du Pont du Lion d’Or et on change de monde. Le bruit de la circulation qui monte de la VRU en contrebas derrière le mur « anti-bruit » nous envahit et rend la discussion très difficile. Christiane Bouchart  nous reparle de l’histoire de la VRU, l’une des plus grosses saignées urbaines de l’histoire de Lille, qui fait aujourd’hui partie du paysage visuel et sonore de la ville.

 

Envisagé dès 1964 dans le schéma de la « métropole Nord », imaginé par le Ministère de l’Equipement, ce projet autoroutier, qui prévoit de doubler le Grand Boulevard pour relier Lille Roubaix et Tourcoing, doit éventrer Fives avec la démolition de 750 logements.

En sommeil quelques années et après la création d’un premier comité de défense à l’initiative du PCF en 1967, le projet ressort en 1971 avec les déclarations du ministre de l’Equipement de l’époque, Albin Chalandon, et la publication du Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU). En janvier 1972, le conseil municipal de Lille se prononce contre l’autoroute et tente de proposer des tracés alternatifs. Mais finalement, la CUDL se range aux côtés de l’Etat pour le tracé réalisé aujourd’hui.

 

Parallèlement aux achats successifs qui vident petit à petit le quartier malgré les squats, la DDE et l’Office d’HLM portent la création d’un programme de logements de 451 logements entre 1977 et 1984. Ce programme est élaboré sans négociation  avec les habitants, mais finalement mais grâce au rapport de forces établi par le comité de gestion des habitants de la Voie rapide la moitié des logements construits leur fut attribuée.

Ce comité de gestion est né du conflit opposant les derniers habitants qui vivent dans des maisons situées sur le tracé à la DDE qui les avait tolérés voire pour certains relogés à titre précaire en attendant le début des travaux qui ont démarré en 84 pour se terminer en 88.

Avec l’appui de la CAF les institutions se sont rencontrées et organisées pour prendre en compte les demandes des habitants, et des deux associations qui se sont mobilisées : celle des habitants de la voie rapide qui avait créé un petit journal « Laisse béton », et celle de propriétaires riverains « l’association des habitants de la place Alexandre Dumas ». Ces associations ont organisé pendant des années de l’alphabétisation, des vacances…qui ont généré du lien social. L’entreprise d’insertion Gaspard est née pour permettre à des chefs de familles d’accéder à l’emploi dans le domaine du bâtiment…

Et Christiane précise : « toutes les familles dont certaines sont toujours dans le quartier ont été relogées soit en HLM soit dans de l’habitat diffus et les îlots qui ont refermé les rues éventrées ont pris en compte en partie les souhaits de mode de vie des habitants. Comme quoi organisation collective et écoute des habitants, cela peut payer ! ».

Mais sur le plan de l’urbanisme et de la qualité de la vie, cette saignée reste une hérésir, et le bruit ce samedi après-midi est insupportable à la porte des maisons sur une partie de la « nouvelle » rue du Lion d’Or (l’ancienne ayant été rasée à l’emplacement de la VRU), malgré le mur anti-bruit.

 

Nous laissons le sentier des noisettes pour prendre à droite la rue Claude Lorrain.

 

Le quartier de Gabriel Pagnerre

Fils d’architecte, Gabriel Pagnerre (1874-1939) est l’auteur de plus de 400 villas et maisons d’habitation et de quelques bâtiments publics et de cinémas dans la métropole lilloise, en particulier à Lille, La Madeleine, Marcq en Baroeul, Wasquehal, Villeneuve d’Ascq et Mons en Baroeul où il a longtemps habité et installé son premier cabinet d’architecture. Ses réalisations sont marquées par une recherche constante de modernité qui le conduira à se rapprocher de Robert Mallet-Stevens, créateur de la Villa Cavrois à Croix, et de Le Corbusier (qu’il fait venir à Lille en 1933). Les dizaines de maisons qu’il a conçu dans le quartier que nous parcourons aujourd’hui (et dont beaucoup ont malheureusement disparu lors de la construction de la VRU) attestent de son  style très éclectique qui épouse les grands courants architecturaux du début du XXe siècle, de l’Art Déco géométrique bruxellois, en passant par le régionalisme, la période Art and Crafts pour aboutir au modernisme. Sa dernière réalisation, en 1934, rue César Franck est d’ailleurs souvent atribuée par les passants à Mallet-Stevens. L’association Eugénies à Mons tient un blog très documenté sur sa vie et ses réalisations http://pagnerre.blogspot.com/ et organise régulièrement des visites guidées.

Mais Gabriel Pagnerre n’a pas été le seul architecte de ce quartier, et une nouvelle fois Dominique Plancke invite les participants à cette DécouVerte au blog remarquable sur l’art  nouveau dans la métropole : http://art-nouveau-lille.blogspot.com/2011/04/lille-fives-rue-dartagnan-place.html  pour en savoir plus sur les autres architectes du secteur.

 

En contournant la charmante Place Alexandre Dumas, nous laissons à notre droite la rue Berthollet qui se prolonge par la rue Delemar à Mons-en Baroeul.

Les Franciscains ont quitté en 2018 leur couvent au début de la rue Berthollet, mais, malgré les pressions des promoteurs, ont tenu à assurer une transmission de leur bâtiment à une structure qui prolongera leur engagement dans le quartier. C’est une communauté de l’Arche de Jean Vanier qui l’occupe donc désormais.

La rue que nous remontons pour repartir vers St Maurice se partage en son milieu entre Lille et Mons. De la rue Chanzy à Lille, nous arrivons rue Courcot à Mons. Là aussi Gabriel Pagnerre a beaucoup bâti, des deux côtés et sur les deux communes, avec quelques très belles réalisations.

 

 

Le Pont du Lion d’Or, une coupure autoroutière

 

C’est sur le Pont du Lion d’Or qu’en 1843 avait été installé le premier débarcadère de la voie ferrée Paris-Lille avant la construction de la gare de Fives et de celle devenue Lille-Flandres. Depuis la construction de la Voie Rapide, c’est devenu un passage où les piétons qui doivent franchir les bretelles autoroutières pour aller de Lille à Mons en Baroeul ne sont plus les bienvenus. Il est question de travaux prochains qui redonneraient à cet endroit un caractère plus urbain et moins autoroutier. Attendons donc.

 

En regardant vers Lille, on découvre le minaret en construction de la Mosquée El Forkane qui a racheté au Diocèse la chapelle de l’ancien couvent de Dominicaines, et presque dans l’alignement, le clocher de St-Maurice des Champs qui vient d’être restauré par la Ville de Lille.

 

Face à l’entrée de la Mosquée, la rue St Druon abritait naguère l’entreprise Vrau (le fil au chinois), après qu’elle ait déménagé du Vieux-Lille pour prendre la place de l’entreprise de toile Dickson-Constant partie à la Pilaterie. Des logements HLM ont pris sa place.

 

La visite s’achève à 16 h 40 sur la place de la médiathèque de St-Maurice Pellevoisin.

 

Prochaine DécouVerte le samedi 9 février. Sur inscription désormais  !

 

Revisitez les anciennes DécouVertes grâce à nos compte-rendus détaillés : https://lille.eelv.fr/category/vie-du-groupe/decouvertes/

Vous souhaitez être tenu au courant de la mise en ligne du compte-rendu ainsi que des prochaines DécouVertes, restons en contact :

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A la DécouVerte de Saint-Maurice Pellevoisin (et aussi un peu de Fives) https://lille_old.eelv.fr/2018/10/decouverte-saint-maurice-pellevoisin-fives/ https://lille_old.eelv.fr/2018/10/decouverte-saint-maurice-pellevoisin-fives/#comments Wed, 31 Oct 2018 10:35:38 +0000 http://lille.eelv.fr/?p=9160 C'est un groupe très (trop ?) important de 63 personnes qui se rassemble sous le soleil devant la médiathèque de St-Maurice Pellevoisin, à la sortie de la station de métro, pour cette DécouVerte proposée par le groupe EELV de Lille et guidée par Dominique Plancke. ...]]>

C’est un groupe très (trop ?) important de 63 personnes qui se rassemble sous le soleil devant la médiathèque de St-Maurice Pellevoisin, à la sortie de la station de métro, pour cette DécouVerte proposée par le groupe EELV de Lille et guidée par Dominique Plancke.

La DécouVerte de février dernier nous avait menés vers Pellevoisin, le « haut » de St-Maurice. Cette fois la balade nous emmènera vers le bas du quartier, avec même une incursion sur la partie de Fives située du côté St Maurice de la voie ferrée.
La Place de la Médiathèque a accueilli par le passé une station-service. Le terrain était la propriété d’une congrégation religieuse qui a vendu petit à petit sa propriété (une partie à un pétrolier donc, puis une autre partie à LMH pour y construire la résidence du Lion d’Or). La maison de retraite l’Accueil construite par la congrégation en fond de parcelle a été reconstruite ces dernières années et est devenue un EHPAD aujourd’hui géré par le pôle hospitalier de la Catho.


Sur la grille au fond de la place le Collectif d’habitants du quartier « en attendant la médiathèque », devenu après l’ouverture de celle-ci en mars 2014 le Collectif « autour de la médiathèque » a installé une boîte à livres, qui permet l’échange.
Jusqu’en 1858, le quartier faisait partie de la commune de Fives, absorbée à cette date par Lille. St Maurice-Pellevoisin (du nom des deux paroisses qui se partagent le quartier actuel) est aujourd’hui un quartier résidentiel, avec cependant deux gros employeurs : la MEL, rue du Ballon, et l’hôpital privé de la Louvière. Mais depuis la deuxième moitié du 19ème siècle jusque dans les années 1960, c’était aussi un quartier industriel avec deux brasseries, une malterie, une grosse imprimerie, une fonderie et de nombreux petits ateliers.

Rue Gounod, rue Véronèse et avenue des Lilas, un catalogue d’architecture art déco, art nouveau et éclectique

Avant de nous engager dans la rue Gounod, rappelons que cette rue a été ouverte sous le nom d’allée Beau Séjour par Mme Lesaffre Bonduelle, avec un cahier des charges très précis qui a donné son unité à cette rue, malgré la diversité des architectures. Armand Lemay, que Mme Lesaffre avait chargé de coordonner l’ensemble, en a construit lui même plusieurs, mais il n’est pas le seul architecte a avoir participé à ce qui est sûrement l’une des plus belles rues de la métropole lilloise.
Pour une description détaillée des maisons des rues Gounod et Véronèse, Dominique Plancke nous invite à consulter le blog très complet rédigé en 2011 sur l’art nouveau et l’art déco au travers des rues de Lille et des communes alentour.
Par la rue Véronèse nous rejoignons la rue St Gabriel, qui comme la rue du Faubourg de Roubaix et la rue Eugène Jacquet est un des axes les plus anciens du quartier.
Le passage devant le lycée privé Ozanam permet de rappeler l’importance de l’emprise foncière des structures religieuses dans ce quartier avec les maisons de retraite des Buissonnets et de l’Accueil, l’ancien Séminaire (aujourd’hui Maison Paul VI), le centre de formation de l’enseignement catholique, la Mosquée El Forkane, la maison des Pères du St Esprit, l’église protestante de la rue Véronèse (ancienne Poste), etc…
Nous parcourons l’avenue des Lilas. En 1895, un certain Charles Rogez fit l’acquisition du terrain, qu’il décide de lotir afin de construire une rue bordée de maisons belles et pittoresques. il confie la direction du chantier à Emile Vandenbergh et Léonce Hainez. Emile Vandenbergh (1827-1909), dont une rue du quartier porte le nom est connu notamment pour la construction de la Cité Philanthropique (Cité Napoléon) en 1860.  Léonce Hainez (1866-1916) est son élève. En 1904, il est nommé architecte en chef du département du Nord. Il est surtout connu pour la construction (express) du Théâtre Sébastopol, mais aussi pour une belle maison de la rue d’Antin inscrite monument historique. L’aspect de la rue a peu changé depuis sa construction, sauf quelques maisons détruites par un bombardement en 1942.

Elle se termine en impasse sur une clôture en béton qui masque la voie ferrée. C’est juste derrière cette clôture que les secours ont récupéré les corps de Matisse, 17 ans, et de Sélom, 20 ans, morts fauchés par un train le 15 décembre 2017, après qu’ils se soient enfuis avec deux de leurs amis sur les voies ferrées depuis la Cité St-Maurice à l’arrivée de policiers.
Les conditions dramatiques de la mort de ces deux jeunes du quartier et les versions officielles successives sur la présence policière ce jour là sont encore très présentes dans le quartier et à Fives.

Moins tragique, sur le trottoir à l’angle de la rue Daguerre un riverain manifestement excédé a inscrit à la craie des inscriptions « Non aux mégots ». Rue Allard Dugauquier, une voie très calme, la petite courée sur la gauche donne au fond sur l’arrière des maisons de la cité St-Maurice.

Vers un renouveau de la Cité St Maurice ?

Rue de la Cité, nous admirons d’abord le porche d’entrée de cet ensemble étonnant qu’est la Cité St Maurice. Elle est l’oeuvre de propriétaires et de commerçants du secteur réunis autour d’André-Placide Fontaine-Guichard, propriétaire du terrain, qui décident au milieu du 19 ème siècle d’ériger cette cité Saint-Maurice, avec le souci d’apporter à la classe ouvrière des logements de meilleure qualité que ceux offerts dans les courées construites à l’époque. La première pierre est posée le 18 août 1854. François Colpaert, l’architecte (qui est aussi celui de la Voûte sur la Grand Place de Lille), soigne le cadre de vie : pelouse dans la cour centrale, arbres le long des maisons, lavoirs, bains et latrines. A la dissolution de la société en 1953, les maisons sont vendues et la gestion collective est abandonnée. La Cité a connu depuis plusieurs rénovations partielles et plusieurs tentatives qui se sont heurtées à la multiplicité de propriétaires.

Nous pénétrons dans la Cité où nous sommes accueillis par Rolf Widmer  qui y habite depuis 28 ans. Il nous explique que le projet de rénovation promis depuis longtemps est enfin lancé par la SPL La Fabrique des quartiers. La Cité est habitée par des propriétaires occupants comme lui, par des locataires de propriétaires privés, par des locataires de Soliha (ex Pact). Le bâtiment collectif du fond de la Cité, propriété maintenant de Partenord est en train d’être vidé de ses habitants avant d’être transformé. Bien rénové dans les années 80, il avait rapidement souffert des politiques de peuplement qui y avaient concentré des familles et des personnes en très grande difficulté sociale.
Rolf explique que c’est aussi le trafic de drogue qui a pourri la Cité depuis une dizaine d’années, avec des appartements occupés par des dealers qui y tenaient boutique et qui filtraient les entrées de l’immeuble du fond. Depuis une spectaculaire opération policière « anti-drogue » bouclant le quartier en mars dernier la situation s’est améliorée sur ce plan là : les trafics se sont déplacés ailleurs redonnant un certain calme à la cité.

Le triangle oublié de Fives ?

En traversant la rue Eugène Jacquet, nous quittons St-Maurice et entrons à Fives par la rue du Repos dont le nom rappelle que la Place Madeleine Caulier est située à l’emplacement de l’ancien cimetière de Fives. Madeleine Caulier est une héroïne populaire lilloise qui joua le rôle de messager pendant le siège de Lille de 1708 lors de la guerre de succession d’Espagne. C’est aussi la seule femme qui a donné son nom à une station du métro lillois.
Tout cette partie de Fives au sud de la rue Eugène Jacquet est coupée du reste du quartier par la voie ferrée et par la voie rapide urbaine. Ses habitants expriment parfois le sentiment d’être les oubliés du quartier et parlent ironiquement de « triangle des Bermudes ». Rue de la Boétie la rangée de maisons avec des façades de bois rappelle que nous étions ici dans la zone non aedificandi où les constructions en bois étaient tolérées pour pouvoir être arasées rapidement en cas de conflit.


A l’angle des rues des Dondaines, du Becquerel et des Girondins, la charmante petite placette est de création récente. Le Jardin des Maguettes dans l’angle est un jardin communautaire membre du réseau des Ajoncs, comme le Pré Muché à St-Maurice. Jardin des Maguettes, la rue du Becquerel porte le nom de la rivière qui descendait de Mons vers la Deûle à travers Fives. Elle portait aussi le nom de Chaude Rivière. Et les Dondaines sont une déformation de dosdasnes qui désignaient les rives de cette rivière.

Le château de Fives

Arrivés rue Dumont d’Urville, nous croisons l’itinéraire de la DécouVerte du mois d’août consacrée à Euralille. Nous sommes en effet ici aux limites de la ZAC d’Euralille. Depuis notre passage, de nouveaux fivois ont emménagé dans les 127 appartements de la résidence Ekla Life dans la tour de 17 étages. L’immeuble de bureaux Ekla Business de 6  à 8 étages qui borde le périphérique est encore en travaux.

L’ensemble a été construit  à l’emplacement du château de Fives, qui a fait l’objet de fouilles archéologiques par l’INRAP en 2015, fouilles qui ont révélé une occupation du site du 1er siècle avant notre jusqu’au 18ème siècle.

Les Dondaines, du bidonville au parc

En longeant la bretelle d’accès au périphérique, nous nous engageons dans le Parc des Dondaines qui a remplacé dans les années 1972-74 l’immense bidonville qui était installé là depuis la fin de la première guerre mondiale. Les premiers habitants seront relogés en décembre 1971 rue du Professeur Langevin au Petit Maroc. D’autres iront rejoindre la Cité des Aviateurs aux Bois-Blancs. Aménagé en parc de loisirs, avec rocher d’escalade, terrain d’aventures et même mini-golf, le parc des Dondaines accueillera aussi la Ferme pédagogique aujourd’hui baptisée Marcel Dhenin, du nom de son initiateur, responsable de l’association Animavia.  A côté du Parc se dressait ce qu’on appelait le Château Lemoine, mais qui n’était plus qu’un classique bâtiment de type scolaire qui accueillait les centres aérés de la ville. Au début des années 90, l’ensemble a failli disparaître lors de la création d’Euralille, mais fut heureusement sauvé par la crise immobilière des années 94-95 qui révisa à la baisse la frénésie de bétonner. L’école Cornette construite sur la rue Eugène Jacquet avait été conçue pour accueillir les enfants des cadres japonais et autres qui allaient venir du monde entier travailler à Euralille…
Lise Daleux, adjointe au Maire en charge de la nature en ville, détaille les travaux réalisés ces dernières années autour de la Ferme, qui ont permis de reconquérir des espaces de pâture pour les animaux de la Ferme, et d’aménager une promenade plantée sur la partie couverte du périphérique, vers le casino. La ferme, que notre groupe traverse, est ouverte aux scolaires, mais aussi aux habitants du quartier à qui elle propose régulièrement avec Animavia des animations.
Nous retournons à St-Maurice en traversant la rue Eugène Jacquet pour rejoindre la rue des Jardins Caulier. Une habitante du quartier nous explique qu’une boite à livres vient d’être posée dans le petit square de la rue du Château, initiative commune de l’école des Dondaines et du Collectif Autour de la Médiathèque.

Le comité Jacquet et la vie des lillois pendant la première guerre mondiale

En face de la très belle maison bleue en bois, une grande maison récemment restaurée porte une plaque rappelant qu’Eugène Jacquet y vécut au début du 20 ème siècle (avant d’aller habiter rue Denis Godefroy où il fut arrêté).  Eugène Jacquet était un notable, socialiste, franc-maçon, pacifiste, riche négociant en vin, responsable de la Ligue des Droits de l’Homme. Pendant la première guerre mondiale alors que Lille était occupée, il prend en mars 1915 la succession d’un officier français à la tête d’un réseau d’aide aux nombreux soldats qui ont combattu et qui se cachent encore dans la ville. Grâce à ce réseau, 200 hommes réussiront à s’enfuir, français mais aussi aviateurs anglais.  La mission de ce qui va prendre le nom de Comité Jacquet est de récolter de l’argent, de loger, de nourrir les fugitifs et leur permettre de s’évader vers la Hollande, pays neutre, via la Belgique.  Arrêtés en juillet 1915, Georges Maertens, commerçant, Ernest Deceuninck (souvent écrit par erreur Deconnynck) représentant de commerce, Sylvère Verhulst, ouvrier belge, membres du Comité sont fusillés avec Eugène Jacquet le 22 septembre 1915 dans les fossés de la Citadelle. Les autres membres du Comité sont condamnés à des peines de prison et à la déportation.
Jérémie Crépel, adjoint au Maire (EELV)  invite les participants à la DécouVerte à aller visiter avant le 11 novembre dans le grand hall de l’hôtel de ville la très documentée exposition « Des Lillois dans la Grande Guerre » conçue par le service des archives municipales , qui évoque le comité Jacquet, mais aussi Léon Trulin et Louise de Bettignies et la vie de lillois plus anonymes entre 1914 et 1918.
Un peu plus haut, sur le trottoir d’en face, sur la façade murée du n°14 on devine plus qu’on ne lit l’inscription « imprimerie polonaise », témoignage de l’importance de l’immigration polonaise dans le Nord Pas de Calais. C’est sans doute la dernière fois que l’on verra cet immeuble, puisque la MEL, qui l’avait acheté en 1990 (!) a décidé le 19 octobre de le vendre au bailleur social Partenord, avec la parcelle à l’arrière qui donne sur la rue du Château, pour qu’il y construise 6 logements sociaux.

Le chien Maurice et le faubourg des pépinières

Arrivés sur la Place Désiré Bouchée, plus connue sous le nom de Place Blanche, Dominique Plancke nous signale l’atelier d’arts graphiques et picturaux de Ludovique Tollitte, à l’angle de la rue du Château. Ludovique a participé avec le Centre Social Albert Jacquart à la réalisation le 13 octobre dernier d’un ouvrage distribué aux enfants de moins de 6 ans : « dans le quartier du Chien Maurice »


Face à nous le chantier de la Zac de la pépinière vient de démarrer. Environ 260 logements et des surfaces de commerces, d’activité et des services sont prévus sur ce terrain de 1,7 hectares dont la plus grande partie était un terrain municipal qui a longtemps abrité la pépinière Van Den Heede à qui avait succédé le fleuriste Vallez. Le projet prévoit des immeubles de 4 à 5 étages, mais aussi des « plots’ de 9 étages en fond de parcelle. Les images présentées sur les panneaux ne déclenchent pas l’enthousiasme des « découvreurs » du jour : l’architecture proposée ne brille pas pas son originalité ni sa qualité.

Par ailleurs, 5 propriétaires ont refusé de céder leurs maisons sur la rue du Faubourg de Roubaix. L’utilité publique du projet et la procédure d’expropriation ont été contestées aussi. C’est la Cour d’Appel qui devra se prononcer. L’indemnisation proposée est faible et ne correspond pas aux prix du marché et ne permettra pas aux personnes concernées (dont l’un exerce aussi là une activité de garagiste) de se reloger dans les mêmes conditions. L’une des familles avait déjà été expropriée lors de la rénovation de St-Sauveur dans les années 60. Le chantier va donc débuter par le fond de la parcelle.

Le plus vieux château de St Maurice des Champs va disparaître

Au 19 ème siècle, le quartier de St Maurice des Champs est très prisé par les industriels lillois qui y font bâtir des « châteaux » ou « campagnes », au vert au milieu des pâtures, qui leur permettent de prendre l’air et de recevoir le dimanche. Beaucoup ont disparu, il en reste des témoins remarquables comme l’actuelle Mairie de quartier ou la maison de retraite des Buissonnets rue de la Louvière . Au numéro 104 de la rue du Faubourg de Roubaix un panneau annonce que l’hôtel Florin, la plus ancienne « campagne » de St Maurice des champs, construite en 1841 par Achille Florin, un industriel du Vieux-Lille, va disparaître pour être remplacée par un immeuble de logements d’une banalité architecturale affligeante. Sa protection au titre de l’Inventaire du Patrimoine Architectural et Paysager de la MEL n’a pas suffi. Inoccupé depuis une dizaine d’années il s’est dégradé, la mérule a été évoquée et cela a permis de le déclasser. D’un projet d’une vingtaine de logements, on est arrivé à un immeuble de 38 logements, qui va aussi sacrifier les magnifiques arbres du parc.

Le square des horticulteurs, un modeste jardin très attendu

A l’angle de la rue de La Madeleine et de la rue du Faubourg de Roubaix, une petite parcelle est en friche depuis plusieurs années,  à l’emplacement d’une ancienne station-service, puis d’une station de lavage écolo de voitures. Le projet de jardin affiché sur le grillage a mis longtemps à aboutir. Une première esquisse dès les années 2010 a été retoquée en 2014 par l’ABF. Depuis plusieurs versions se sont succédées, avec même entre temps un raté juridique qui a permis à un promoteur de prendre possession du terrain, d’abattre les arbres présents sur le site et de commencer à y commercialiser un immeuble. Mais c’est le passé, et il semble que l’on voie enfin le bout du tunnel pour cette petite parcelle qui va devenir le square des horticulteurs, avec trois ambiances différentes, étagées sur la pente du terrain, et une clôture mur-grille qui donnera le sentiment que ce jardin est la prolongation naturelle du « château » voisin.
Ce square aux dimensions modestes va offrir un petit espace de respiration bienvenu dans un quartier où, comme dans toute la ville, la volonté de bâtir et de densifier chaque parcelle, risque de rendre la ville irrespirable et invivable, alors même qu’elle compte très peu de superficie d’espaces verts par habitant. Le motif louable avancé par certains d’utiliser la ville existante pour ne pas construire sur des terres agricoles pourrait être entendable si en même temps les mêmes ne continuaient pas en réalité à y construire centres commerciaux et plate-formes logistiques.

Un commerce local dynamique qui résiste aux grandes surfaces et à l’e-commerce

Après avoir salué Koevy Ho le gérant de la Maison de la Presse et Merzouk Abbas le gérant de la boucherie, qui témoignent d’un dynamisme commercial  qui résiste bien à la proximité du centre commercial Euralille et des supermarchés monsois proches, et dont les commerces sont des lieux de rencontres appréciés par les habitants du quartier, nous admirons la remise en état du clocher de l’église St Maurice des Champs, prise en charge par la Ville, propriétaire  du monument, pour près de 700.000 €.
La DécouVerte s’achève au point de départ devant la médiathèque
Dominique Plancke invite les participants à demander à la Mairie de Quartier la brochure « Laissez vous conter St Maurice Pellevoisin« , publiée en mars 2014 par le service Ville d’Art et d’Histoire, avec l’aide de la commission patrimoine du Conseil de quartier.

Prochaine découVerte le samedi 22 décembre à 14 h 30

Crédits photos : Marc Santré, Dominique Plancke et Philippe Lagatie

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A la DécouVerte d’Euralille, de la Porte de Valenciennes à Lille Flandres https://lille_old.eelv.fr/2018/09/decouverte-euralille-porte-de-valenciennes-lille-flandres/ https://lille_old.eelv.fr/2018/09/decouverte-euralille-porte-de-valenciennes-lille-flandres/#comments Wed, 12 Sep 2018 14:34:14 +0000 http://lille.eelv.fr/?p=9134 Comme chaque année la DécouVerte de la mi-août est consacrée à Euralille, et à l'évolution du quartier pendant les 12 mois écoulés. Dominique Plancke rappelle qu'il organise cette visite depuis 1995 et commence par un petit rappel de l'histoire de ce quartier. ...]]>

Comme chaque année la DécouVerte de la mi-août est consacrée à Euralille, et à l’évolution du quartier pendant les 12 mois écoulés. Dominique Plancke rappelle qu’il organise cette visite depuis 1995 et commence par un petit rappel de l’histoire de ce quartier.

Petit rappel historique avant de commencer la balade

C’est l’annonce à la fin des années 80 de l’arrivée du TGV à Lille qui entraîne la décision de créer un nouveau quartier, d’abord dénommé le Centre International des Gares. Une société d’économie mixte chargée de l’aménagement de cette ZAC de 90 hectares à cheval sur Lille et La Madeleine, Euralille, est créée, présidée par Pierre Mauroy. Devenue société publique locale, on lui confie ensuite en 2000 la ZAC Euralille 2 pour aménager la zone de 22 hectares qui comprend aujourd’hui le siège du Conseil régional, le Bois Habité et le triangle où s’élève maintenant le Rectorat. En 2006 ses missions s’étendent à la ZAC de la Porte de Valenciennes sur une superficie 16 hectares. Aujourd’hui la SPL est aussi missionnée sur l’aménagement de la friche de la gare St Sauveur. Les trois ZAC s’alignent sur plus de deux kilomètres en un long ruban à l’emplacement des anciennes fortifications de la ville, resté inconstructible jusque 1985.

La fermeture de la ligne 2 du métro pour travaux a obligé les participants à la balade de ce jour à faire preuve d’imagination et de patience pour rejoindre la station de métro Porte de Valenciennes. La visite commence au pied de la tour Clémenceau, témoin isolé des immeubles de logements HLM de la reconstruction après la deuxième guerre mondiale.  6 immeubles au nom évocateur de la première guerre mondiale comptant au total 346 logements sociaux ont été démolis aux abords de cette tour depuis 2005 : les immeubles Somme et Marne, le petit et le grand Verdun et enfin le petit et le grand Clémenceau.

La Porte de Valenciennes était l’une des portes qui donnait accès à la ville dans les remparts construits au 19ème siècle, après l’agrandissement de la ville en 1858. Il est difficile de reconstituer aujourd’hui le paysage urbain tel qu’il était il y a 10 ans : les voiries ont été détournées, avec le raccordement direct du boulevard Painlevé au boulevard de Belfort, le prolongement de la rue de Cambrai, et le nouveau tracé de l’avenue Cordonnier.

Un nouveau quartier entre Fives et Moulins

De nouveaux immeubles de logements, au nom d’une banalité affligeante (Lux, Métropolis, …), viennent maintenant s’accrocher au boulevard entre l’Onera et la tour Clémenceau. Quand elle sera achevée, en 2022, la ZAC de la Porte de Valenciennes devrait compter 1070 logements, dont 30% de logements sociaux, 9000 mètres carrés de bureaux, 7500 mètres carrés de commerces et d’activités, et des équipements publics. Le long du périphérique la ville a récemment annoncé la construction prochaine d’une salle de sports privée, qui formera écran avec le trafic routier de l’autoroute. Les commerces annoncés tardent à s’installer : pour l’instant seul un livreur de pizzas a ouvert ses portes. En pénétrant au coeur de l’îlot par la rue de Verdun, la trentaine de participants à la DécouVerte est saisie par la densité étouffante et la proximité des immeubles : on pourrait presque se serrer la main d’un balcon à l’autre. Le fameux ruban vert  vanté par la SPL Euralille et la municipalité, censé être une promenade reliant les îlots est sur le terrain réduit à la portion congrue.Comment vont vieillir ces nouvelles résidences ? Rendez-vous dans trente ans pour voir si elles ne vont pas subir le sort des résidences qu’elles ont remplacé.

La multiplication des affichettes « vérifiez que la porte est bien fermée » témoigne aussi du problème de la sécurité vécue par les habitants qui vivent dans un chantier permanent, pour certains depuis 6 ans.

De l’autre côté du boulevard de Belfort, derrière les palissades colorées, entre la Place Guy de Dampierre et le nouveau boulevard, le chantier de construction de l’immeuble qui doit accueillir le nouveau siège de Partenord à l’angle de la rue de Cambrai a débuté depuis quelques mois. Il est aussi prévu ici la construction d’un groupe scolaire de 16 à 18 classes. En revanche le foyer de jeunes travailleurs de 167 chambres qui faisait partie des projets retenus par l’ADIVbois pour la réalisation d’immeubles en bois dans 23 villes de France est abandonné. La Ville de Lille a vraiment du mal à accepter les projets de construction en bois. D’autres immeubles de logements et des commerces seront donc construits à la place.

A l’angle de la rue de Cambrai et du boulevard Painlevé, Christiane Bouchart nous présente la Maison Stéphane Hessel, ouverte depuis l’automne 2015, qui abrite l’Auberge de Jeunesse, la Maison de l’économie sociale et solidaire et un équipement d’accueil de la petite enfance.  L’eau pluviale y est récupérée pour alimenter les sanitaires et la chaleur des eaux usées permet de chauffer les douches. Avec sa voisine, la Maison de l’économie sociale et solidaire, l’auberge partage des bacs de culture et des vélos. Elle est aussi partenaire du Court-Circuit, qui propose des paniers de produits locaux à récupérer à l’auberge.  L’immeuble est spectaculaire et très identifiable, mais l’usage n’en est pas toujours simple, du fait des volumes et de quelques malfaçons.

Dans l’entre-deux guerres la municipalité lilloise avait imaginé un vaste programme d’équipements voués à l’éducation et à l’hygiène sur ce secteur depuis la cité administrative jusqu’au Jardin des plantes : résidences universitaires, Foire Internationale de Lille, institut de mécanique des fluides (devenu l’Onera), école de plein air, observatoire astronomique, jardin des plantes et même l’institut de médecine légale (!). La Maison Stéphane Hessel s’inscrit dans cette histoire. Un regret : l’absence d’anticipation de l’aménageur qui n’a pas prévu de stationnement pour les nombreux autocars qui amènent les groupes à l’Auberge et qui stationnent donc en empiétant sur les bandes cyclables.

L’ascension du Belvédère, butte engazonnée et arborée entre le boulevard et la friche de la gare St Sauveur est devenu un rituel dans cette DécouVerte de la mi-août. Dominique Plancke explique comment un tour de passe-passe a fait passer  cet espace de la ZAC de Porte de Valenciennes, où il était présenté comme le « poumon vert » de ce futur quartier, à la ZAC de St Sauveur, où il est devenu une réserve foncière sur lequel la MEL et la Ville veulent maintenant construire une piscine olympique qui doit remplacer celle de Marx Dormoy

Nous découvrons face à nous la friche de l’ancienne gare de marchandises de St Sauveur, désaffectée depuis le transfert de ses activités sur la plate-forme multimodale de Dourges il y a plus de 10 ans.

Au printemps le collectif qui s’oppose au projet d’urbanisation de la friche St Sauveur proposé par la Ville et la MEL a planté plusieurs centaines d’arbres et d’arbustes. Une association PARC  a été créée qui envisage un recours en justice contre ce projet.

L’aménagement de St Sauveur, un projet archaïque et dépassé ?

Le groupe EELV de Lille soutient la démarche de PARC et estime que le projet d’aménagement de cette friche présenté en 2013 est aujourd’hui archaïque et dépassé. S’ils sont favorables à une ville qui n’empiète pas sur les terres agricoles, les écologistes lillois défendent aussi une ville verte, avec plus d’espaces de respiration et de rencontres. Aujourd’hui la densité d’espaces verts par habitant est insuffisante à Lille. Le projet Gehl, qui prévoit 2500 logements sur la friche St Sauveur, va encore faire baisser le ratio de mètres carrés d’espace vert par habitant. Ce n’est pas acceptable et c’est incohérent quand on prétend défendre les engagements de la COP 21 et lutter contre le réchauffement climatique. Contribution du groupe

Le Bois Habité

Passé le pont qui enjambait les voies ferrées qui desservaient la gare St Sauveur, nous quittons la Zac de la Porte de Valenciennes pour rejoindre la Zac Euralille 2. Rue de Bavay, derrière l’immeuble du CNFPT, le chantier de l’immeuble du Rectorat  s’achève et accueillera à partir de janvier les agents qui travaillent aujourd’hui qui travaillent à l’inspection académique rue Claude Bernard et à partir d’avril ceux  de la rue St Jacques. 800 personnes au total. Comme souvent l’architecture de l’immeuble une fois terminé est beaucoup moins alléchante que ce qui avait été présenté sur les photos des maquettes.

Notre groupe pénètre dans le Bois Habité. Dans ce petit quartier coincé entre le périphérique et l’avenue Hoover, les arbres ont pris de l’ampleur. Devant certaines façades, les branches se font même envahissantes, ce qui pose la question du choix des essences plantées. Ce quartier est plutôt calme, les immeubles de bureaux constituent un écran efficace contre le bruit des voies routières qui l’entourent. La mixité des immeubles et des espaces verts privés, publics et semi-publics semble fonctionner. Les commerces longtemps attendus par les premiers habitants se sont installés en pied d’immeuble côté boulevard Hoover. Mais il n’y a plus d’association d’habitants et guère de vie collective dans ce quartier.

Exit l’agence du médicament, qui laisse le champ libre à la MEL en 2019 ?

Passé le siège du Conseil Régional des Hauts de France, qui accueille 1500 agents sur les 9000 qu’emploie l’institution (6000 travaillent au sein des lycées et 800 dans les ports de Boulogne et Calais, les autres sont à Amiens et sur différents sites de la région), nous nous arrêtons devant ce qui a longtemps été porté le nom de « champ libre », dans les documents de la SPL Euralille. On avait parlé pour cet espace d’un jardin, puis d’un grand hôtel, puis de l’extension de Lille Grand Palais, avant qu’il ne soit proposé d’y construire l’Agence Européenne du Médicament, si la candidature de Lille était retenue parmi 13 villes européennes pour accueillir cette agence qui doit quitter la Grande Bretagne suite au Brexit. La candidature de Lille n’ayant finalement reçu que les seules voix de la France,  mais le promoteur a réussi à convaincre la MEL de venir y installer ses bureaux, ce qui devrait être fait en 2019, si l’équation financière de l’opération est confirmée. Avec deux autres groupes politiques, le groupe des élus EELV de la MEL a demandé des comptes sur cette opération.

Les avatars des liaisons cyclables entre le centre et Fives

La piste cyclable entre l’avenue du Président Hoover et le Pont de Fives est rouverte, même si son tracé zig zague en fonction du chantier du Biotope. Mais sur le Pont de Fives, la piste cyclable est toujours fermée à la circulation en allant du centre vers Fives. La structure même du pont serait menacée, alors que le Département avait posé quelques rustines en août 2016. La date de la réouverture n’est même pas programmée par la MEL qui a récupéré la responsabilité de cet ouvrage en janvier 2017. Les cyclistes doivent donc emprunter la nouvelle piste cyclable de l’autre côté du pont. Cette (belle) piste relie désormais la rue Pierre Legrand à Fives à la rue Javary et à la rue de Tournai. Sur le pont elle a donc été mise à double sens dans l’attente des travaux de l’autre côté. Cette voie cyclable évite maintenant aux cyclistes de servir de ralentisseur vivant pour les voitures qui empruntent la rue Javary.

 

Roms : des expulsions à répétition qui ne font qu’enfoncer des familles dans la précarité

Le groupe s’engage sur la gauche dans le passage qui relie le pont de Fives à la rue de la Chaude-Rivière, occupé depuis de nombreuses années par des familles roms roumaines habitant en caravane. Dominique Plancke, qui milite aussi au Collectif Solidarité Roms de Lille Métropole explique que ce bidonville que nous traversons abrite actuellement une petite vingtaine de familles dont deux sont d’ailleurs en train de s’installer lors de notre passage. Elles habitaient jusqu’ici le bidonville du carrefour Pasteur, dont la Préfecture a annoncé le démantèlement pour le lundi 20 août. La trentaine d’autres familles présentes à Pasteur a aussi quitté le site depuis hier vendredi pour se réfugier sur d’autres sites à proximité. Seules 5 familles ont eu une promesse de relogement par la Préfecture. Ces déménagements forcés à répétition ne résolvent rien. Les familles concernées sont en France pour certaines depuis dix ans, les enfants sont scolarisés à Lille. Les expulsions ne font que les renvoyer dans des situations encore plus précaires et rendent plus difficiles la scolarisation. Pourtant le gouvernement a publié le 25 janvier une circulaire visant à la résorption en 5 ans des bidonvilles qui prévoit de mobiliser les services de l’état, les associations et les roms eux-mêmes pour faciliter leur insertion. Mais le Préfet du Nord ne l’applique pas.

Passant sous la voie ferrées, nous arrivons rue de la Chaude Rivière et nous découvrons face à nous l’ensemble EKLA dont la construction s’achève. Nous sommes aux limites de Fives, au delà du périphérique, mais toujours dans la première Zac d’Euralille. Cette nouvelle réalisation, à l’emplacement de l’ancien château de Fives compte 15.000m² de bureaux dans l’immeuble le plus bas en bordure du périphérique, et de 127 logements dans une tour de 17 étages avec des commerces prévus en pied d’immeuble. On verra à l’avenir comment la greffe prendra avec le quartier de Fives situé à ses pieds.

Nous contournons cet immeuble. A l’angle de la rue de l’Alma Christiane Bouchart  fait un bref rappel sur la lutte menée par les habitants de ce quartier ouvrier à la fin des années 70. Les courées et les petites maisons ont été rasées, mais les habitants ont obtenu des résidences HLM à taille humaine, au contraire de la « résidence » construite quelques années plus tôt de l’autre côté au 29 de la rue Eugène Jacquet. En longeant la bretelle d’accès au périphérique, nous rejoignons les Dondaines (qui fut un bidonville jusqu’au début des années 70) et montons sur la partie du Parc qui surplombe la Ferme Marcel Dhenin. Le Parc s’est étendu l’an passé en absorbant le terrain situé au dessus de l’entonnement du TGV. Les animaux de la Ferme y ont gagné de nouvelles pâtures et les promeneurs de nouveaux espaces plantés plutôt agréables malgré la présence du périphérique quelques mètres plus bas. Deux grandes ruches à l’architecture contemporaine ont été installées là cette année. Le rucher municipal qui était à la Ferme est parti depuis l’an passé au Jardin des Plantes à Moulins.

Euralille 3000

Un projet a été engagé par la SPL Euralille pour « revisiter » la première ZAC d’Euralille entre les gares. Pour le densifier du côté « Ilot St Maurice », rue du Luxembourg et pour tenter de le rendre plus vivant en dehors des horaires de travail et des arrivées de TGV. L’accès à la gare par le boulevard de Turin devrait être revu avec un parvis. Pour l’instant l’accueil des passagers des bus « macron » se fait toujours sur ce boulevard dans des conditions très « low-cost » et en provoquant des embouteillages inextricables.

Ce projet dénommé « Euralille 3000 » a démarré avec l’opération Swam (grotesque déformation anglo-saxonne à des fins commerciales de Souham, maréchal dont l’ancienne caserne située à côté porte le nom). Cet immeuble qui s’achève au bord du Parc Matisse accueillera des bureaux, mais aussi de nouveaux commerces (en principe pas les mêmes qu’en face), et des restaurants, dont un restaurant gastronomique et panoramique. Le nouvel immeuble sera doté d’une promenade reprenant le tracé des anciens remparts du bastion situé devant la Porte de Roubaix, témoin de l’enceinte espagnole du 17ème siècle. L’architecte a du s’adapter aux éléments archéologiques de l’ancien Faubourg des Reignaux découverts en 2016 sur le site.

Depuis quelques mois, la SPL Euralille pilote l’opération Euraflandres autour de la gare Lille Flandres. 13 millions d’euros vont être dépensés ici entre la rue du Molinel et le viaduc le Corbusier. La fontaine devant la gare a été supprimée. Il faudra attendre que les travaux soient achevés pour juger du résultat, qui selon les esquisses sera très minéral et où les vélos risquent d’avoir du mal à trouver leur place. La place des taxis reste aussi encore aujourd’hui un mystère : resteront-ils ou pas sur la Place des Buisses ?  On verra à la fin combien pèse leur puissant lobby. La SPL a lancé un « Concours de maîtrise d’œuvre sur esquisse pour la conception d’une architecture légère sur la place des Buisses », « dans le cadre de Lille Métropole World Design Capitale 2020 » ! En attendant, la gestion du chantier est vraiment calamiteuse, et  très pénalisante pour les (très nombreux) piétons qui fréquentent ce secteur.

La balade s’achève à 16 h 45 à l’angle de la rue des Canonniers.

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DécouVerte du Vieux-Lille le samedi 16 juin https://lille_old.eelv.fr/2018/06/decouverte-vieux-lille-centre/ https://lille_old.eelv.fr/2018/06/decouverte-vieux-lille-centre/#comments Mon, 25 Jun 2018 20:55:16 +0000 http://lille.eelv.fr/?p=9085 Samedi 16 juin 2018 à 14 h 30, plus de 70 personnes se rassemblent rue des Canonniers, face à la rue du Vieux-Faubourg pour cette DécouVerte du Vieux-Lille emmenée par Dominique Plancke qui est accompagné cette fois de Julien Tabareau, conseiller de quartier EELV du Vieux-Lille et de Stéphane Baly et Jérémie Crépel, conseillers municipaux EELV. ...]]>

Samedi 16 juin 2018 à 14 h 30, plus de 70 personnes se rassemblent rue des Canonniers, face à la rue du Vieux-Faubourg pour cette DécouVerte du Vieux-Lille emmenée par Dominique Plancke qui est accompagné cette fois de Julien Tabareau, conseiller de quartier EELV du Vieux-Lille et de Stéphane Baly et Jérémie Crépel, conseillers municipaux EELV.

 

Dominique Plancke précise que la visite d’aujourd’hui ne se veut pas une classique visite historique du Vieux-Lille, mais une visite avec un regard écolo, qui reviendra sur les évolutions du Vieux Lille depuis 40 ans et sur les projets qui vont encore modifier le quartier dans les années à venir, comme le déménagement du Rectorat, celui du Palais de Justice, ou le changement d’affectation de l’usine élévatoire. Si depuis 40 ans la prise de conscience de l’intérêt historique et patrimonial du Vieux Lille et la création du secteur sauvegardé ont permis de sauver une grande partie du patrimoine bâti, elles ont entraîné un changement complet de population.

Nous sommes donc rue des Canonniers, sur le seul tronçon réalisé de la percée de la Treille, cet anneau routier qui était projeté autour de l’hypercentre dans les années 1970, pour « adapter la ville à la voiture », et qui devait emprunter la rue des Canonniers, la place de la Gare, la rue du Molinel, le boulevard de la Liberté, la rue de Tenremonde, la rue Thiers, l’emplacement du canal de Weppes, contourner la Treille, traverser la Place Louise de Bettignies pour aboutir rue St Jacques avant de revenir rue des Canonniers. Le projet n’a été définitivement retiré des documents d’urbanisme que dans les toutes dernières années du siècle dernier.

Le quartier que nous allons arpenter aujourd’hui a la particularité d’avoir été quadrillé de petits canaux qui ont finalement tous été recouverts et d’avoir accueilli d’innombrables congrégations religieuses, qui pour beaucoup l’ont quitté à la Révolution.

Nous traversons le boulevard Carnot qui marque l’entrée du Grand Boulevard réalisé en 1909 entre Lille, Marcq en Baroeul, Roubaix et Tourcoing. Transformé au cours des décennies en tuyau à voitures, il devait ici être requalifié pour en faire une entrée de ville plus urbaine et apaisée, mais le projet est à nouveau reporté à des jours meilleurs.

Le nom de la rue des Jardins rappelle qu’il a existé ici un jardin botanique créé par Lestiboudois père et fils en 1798. L’hôtel d’Avelin, qui a longtemps abrité la résidence du recteur, affiche aujourd’hui une triste mine : le parc a été rasé par le promoteur qui l’a acheté à la ville il y a 4 ans et le bâtiment continue à se dégrader.

Un nouveau jardin pour le Vieux-Lille ?

Notre important cortège arrive rue St Jacques devant l’entrée du rectorat, qui doit déménager début 2009 rue de Bavay, près de la Porte de Valenciennes. Entre l’hôtel d’Avelin et la « tour » qui abrite les services de l’éducation nationale coulait le canal des Soeurs-Noires, d’une longueur de 285m. Son nom venait de la couleur des vêtements des sœurs Augustines (en robe noire serrée avec une ceinture en cuir), ,qui s’installèrent en 1327 entre l’actuel boulevard Carnot et la rue de Roubaix. Sous la Révolution, leur couvent fut vendu en 1797. Le jardin menant au canal, qui est aujourd’hui transformé en parking face au rectorat comportait un élégant débarcadère, et d’un abreuvoir qui disparurent dans les années 1960. C’est suite à une épidémie de choléra en 1849 que ce canal ainsi que celui des Vieux-Hommes furent couverts.

Juché sur les grilles du rectorat (ce qui n’a pas manqué d’inquiéter le personnel de sécurité !), Julien Tabareau, conseiller de quartier du Vieux-Lille nous explique le projet qu’il défend avec sa collègue Florence Lallemand, d’un parc qui réunirait l’actuel petit square du boulevard Carnot, à l’angle de la rue des Arts à la Place aux Bleuets, sur l’emplacement de la tour du Rectorat et de ses actuels parkings. Le parking de gauche (l’ancien square Lestiboudois) compte quelques beaux arbres et permet d’admirer de très belles façades arrières de maisons de la rue des Tours, qui sont protégées au titre des monuments historiques. Le n°10 est aussi la maison natale d’Edouard Lalo.

La rue des Tours correspond aux fortifications du château de Courtrai, fondé par Philippe Le Bel (1298-1339), quelques mois après le siège de Lille, qui voit la victoire des Français sur le comte de Flandre, Guy de Dampierre. Le château est démantelé à partir de 1577 et l’ensemble de ses fortifications sera abattu à partir de 1617, avec la construction de la nouvelle enceinte entre Porte de Gand et Porte de Roubaix. Récemment la construction du nouvel immeuble rue St Joseph à l’angle de l’avenue du Peuple Belge a permis de découvrir de nouveaux vestiges du château.

L’avenue du Peuple-Belge, c’est très moche…

A la place du parking, avenue du Peuple Belge, il y avait l’un des deux ports de Lille, l’autre étant au Quai du Wault. Les canaux de la ville ont été rebouchés pour cause d’insalubrité à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Le canal de la Basse-Deûle qui coulait à la place de l’avenue du Peuple Belge a été comblé entre 1929 et 1953. Il n’en reste comme témoins que des éléments des quais de grès devant l’IAE et le Pont-Neuf.

Le projet de remise en eau de l’avenue du Peuple Belge depuis La Madeleine jusqu’au Pont Maudit a été abandonné en 2011. Aujourd’hui le site de l’ancien canal est constitué de bric et de broc, la promenade à pied n’y est pas confortable. La voiture y reste privilégiée, la construction du parking souterrain n’a pas empêché le maintien de parkings en surface. Bref, c’est très moche… Stéphane Baly nous explique le travail réalisé par l’association Axe Culture avec un appel à projets , qui a fait l’objet d’une publication, dont il serait bien que la MEL et la Ville s’inspire.

Le Palais de Justice, propriété du Conseil départemental, va être reconstruit sur la plaine Winston Churchill, à la limite de la Madeleine. Nous en avons parlé et dit tout le mal que nous en pensions lors d’une précédente découVerte cet hiver. Pour l’instant l’avenir de l’immeuble actuel, construit par Willerval, n’est pas écrit.

Des religieuses aux HLM en passant par l’usine

Par la rue des Bonnes Rappes, nous rejoignons la rue des Célestines, du nom d’un couvent de religieuses installées là en 1628, sur les terrains libérés après le démantèlement du château. La salle municipale des Célestines témoigne du passé industriel du quartier : c’est ce qui reste de l’ancienne usine Descamps. La cave voûtée a été utilisée comme magasin d’usine jusqu’à la fin des années 1970. La rue des Célestines accueille aujourd’hui l’école Lamartine et des logements HLM qui ont permis de garder dans ce quartier des habitants que la flambée de l’immobilier faisaient fuir.

«Un certain immobilier lillois, où le truand côtoie le fonctionnaire, le policier, voire le magistrat».

Par la Place et la rue du Gard, nous gagnons la Rue des Pénitentes (couvent des Pénitentes C créé en 1627 et démoli sous la révolution en 1797). Au 23-25, notre groupe s’arrête devant un bel immeuble en briques entouré de palissades. Construit en 1909, ce qui a sans doute été le premier habitat à bon marché collectif de la ville de Lille, a été transformé en appartements haut de gamme en 1995. Mais en 1999 un début d’effondrement amène la ville à prendre un arrêté de péril et à évacuer en urgence les habitants. Depuis l’immeuble défraie la chronique judiciaire y compris dans la presse nationale avec Libé qui en 2002 cite un procureur lillois qui parle d’«un certain immobilier lillois, où le truand côtoie le fonctionnaire, le policier, voire le magistrat». Depuis, malgré de nombreux rebondissements l’immeuble est toujours vide. Il devait être vendu aux enchères le 6 juin dernier, mais à la dernière minute la vente a été annulée. 20 ans après le feuilleton va continuer.

A gauche l’herbe pousse entre les pavés de la toute petite rue St François, du nom du couvent des religieuses de St François de Salles,  fondé en 1677 et fermé en 1792.

Par la rue du Pont-Neuf nous rejoignons ce pont et descendons sur l’avenue, face à la Halle aux sucres. Entre la rue des Bateliers et la rue de la Halle, se trouve encore sous nos pieds le Pont Maudit, que nous franchissons donc pour faire face à la majestueuse façade de l’ancien l’Hospice Général

Le scandale des « mouroirs à vieux »

Construit en 1738 par Vigné de Vrigny selon la volonté de Louis XIV, cet hospice est un bel exemple du style classique au XVIIIe siècle, largement introduit à Lille par Thomas Gombert (l’architecte de la Grand Garde qui abrite le Théâtre du Nord sur la Grand Place) et surtout Lequeux (l’architecte de l’hôtel d’Avelin). Cette très longue façade est à peine rompue par l’avancée qui en signale le centre et l’entrée. La cour intérieure, entourée d’arcades, reprend l’ordonnancement extérieur. La façade, et l’aile gauche ont été restaurées, et abritent l’IAE. Le bâtiment arrière et l’aile droite menacent toujours ruine.

En 1973, une campagne menée par Les Petits Frères des Pauvres et la publication par Le Point d’un article « le scandale des mouroirs à vieux » sur les conditions de vie des pensionnaires de l’Hospice Général provoqua un scandale national , qui amena la fermeture immédiate de l’Hospice.

L’emplacement du canal est aujourd’hui planté de beaux arbres, qui, s’ils ne permettent pas de bien voir toute la façade de l’ancien Hospice, constituent un espace de fraîcheur et de respiration indispensable dans une ville qui en est fort dépourvue.

Quel avenir pour l’usine élévatoire de la rue du Bastion du Meunier (ex rue Ampère)

La MEL qui en est propriétaire a engagé la mise en vente sur la base d’une mise en concurrence, en vue d’une reconversion du site. Les dossiers devaient être déposés avant le 18 juin 2018 à midi. La construction de ce qui est souvent décrit comme l’usine élévatoire de Saint-André, à Lille, avait marqué l’achèvement du canal de Roubaix. L’usine, construite en 1876 par les ingénieurs des Voies Navigables, sur les terrains des anciennes fortifications est particulièrement remarquable par la qualité du traitement architectural des volumes et façades, qui évoquent l’architecture romane, et sa structure intérieure en fonte. L’eau était ici pompée dans la Deûle pour être envoyée plus de 10 kms plus loin par des canalisations souterraines pour alimenter le Canal de Roubaix (la rue des Eaux, sous laquelle passe ces canalisations, à la limite de Lille et de Marcq en est un témoignage). L’ensemble des bâtiments de l’usine, y compris le mur de clôture et la rigole d’assèchement a été inscrit monument historique en 1999.

Les quais à sec de Disneyland

Nous traversons ce qui devrait être appelé « Les Quais du Vieux-Lille », le nom officiel du quartier qui a été construit sur un peu plus de 5 hectares après la démolition des abattoirs en 1994. Mais dans les faits, on l’appelle le quartier des abattoirs ou Disneyland, parce que l’architecture colorée évoque pour certains les façades artificielles d’un parc d’attractions. Les bassins restent vides, exemple typique d’une fausse bonne idée  : pour évoquer les quais des anciens canaux l’architecte avait imaginé de construire des bassins, avec même une petite passerelle. Mais l’entretien (très coûteux) de tout ça étant à la charge de la propriété, tout s’est vite arrêté.

De l’autre côté de la rue St Sébastien, on ne sait ce que va devenir le site de l’institution Ste-Marie qui fermera ses portes à la fin de l’années scolaire. En 1827 des religieuses achètent le bâtiment et le transforment en orphelinat et école . En 1928 l’école s’agrandit pour y ériger un internat et en 1950 les externes sont aussi accueillis. Les parents d’élèves se sont mobilisés sans résultat cette année pour empêcher la fermeture de cet établissement qui remplit une vocation sociale importante sans équivalent dans la métropole.

Archéologie, chauffage urbain et vélo

En passant devant la maison natale du Général de Gaulle, nous arrivons à l’intersection de la rue Princesse et de la rue de St André. Une énorme tranchée éventre la rue Princesse. Stéphane Baly nous explique qu’il s’agit de l’extension du réseau de chaleur, qui via le lycée Pasteur et le Grand Boulevard va se connecter au centre de valorisation énergétique d’Halluin  (l’usine d’incinération des ordures ménagères), dont la chaleur va servir à produire de l’eau chaude qui chauffera de nombreux bâtiments publics et privés, en complément de la centrale de chauffe du Mont de Terre. Anne Mikolajcszak, adjointe au Maire en charge du vélo en profite pour expliquer qu’une fois la tranchée rebouchée, la rue va être refaite et mise à double sens cyclable. Enfin Dominique Plancke explique que les travaux en cours sont surveillés par un archéologue de l’INRAP, qui a trouvé quelques éléments du 13 ème et du 15 ème siècles : fondations, pièces de monnaie et de céramique. Nous sommes ici sur un faubourg qui était situé au delà de l’enceinte de la Porte St Pierre, située à l’angle de la rue Négrier. Dominique Plancke a alerté la Voix du Nord qui va en rendre compte prochainement.

EELV réclame un plan arbres pour Lille

Après un petit détour par l’étroit passage des 3 anguilles, où notre groupe se distend avant de rejoindre la Place aux Archives puis la rue de Collégiale, notre arrivée sur la Place du Concert permet d’évoquer la question de l’arbre en ville. Cette place qui a été verdoyante, avec une double rangée d’arbres, le monument au Maire André et un kiosque à musique, a aujourd’hui triste mine avec ses quelques arbres épars. Le groupe EELV de Lille s’inquiète de la disparition massive des arbres dans une ville où le nombre de mètres carrés d’espaces verts par habitant est déjà très faible. Dans les projets publics ou privés, l’arbre semble être devenu une variable d’ajustement, alors que sa valeur sur le plan du paysage, de la santé et du climat est irremplaçable. Les écologistes réclament un Plan arbres pour Lille.

Un quartier à l’attrait touristique indéniable, mais dont les classes populaires ont été chassées.

Notre passage sur quelques dizaines de mètres par la rue de la Monnaie au milieu des nombreux badauds est fatale à une partie du groupe qui s’égare alors que nous rejoignons la Place aux Oignons et la rue des Vieux Murs, qui étaient en ruine en 1980 avant qu’une restauration/reconstruction leur donne leur apparence d’aujourd’hui. Mais la population ouvrière a disparu, même s’il y a quelques logements HLM. Rue des 3 mollettes, les ateliers d’artistes à l’entrée à droite du Jardin du refuge de l’Abbaye de Loos sont une réminiscence d’un célèbre squat ouvert sur ce site entre 77 et 81.

Face à la Cathédrale de la Treille, nous empruntons la rue du canal de Weppes (en frémissant à l’idée que c’était là que devait passer la percée routière de la Treille dont nous avons parlé rue des Canonniers), rejoignons la rue Thiers en jetant un œil à la façade du Temple Maçonnique, œuvre d’Albert Baert, qui a également construit la Piscine de Roubaix et à la façade de l’ancien siège des Mines de Lens au numéro 30. Les deux façades sont protégées au titre des monuments historiques.

En longeant le Nouveau Siècle, qui permet aux plus anciens d’évoquer avec émotion le Diplodocus et Jean-paul Belmondo, nous rejoignons la Place Rihour, terme de notre découVerte du jour, à 17 h avec 15 minutes de retard sur l’horaire prévu. Ce qui vu la taille du groupe est raisonnable !

La prochaine DécouVerte aura lieu le samedi 18 août à 14 h 30.

© photos : Philippe Lagatie, Marc Santré, Dominique Plancke

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[RV] DécouVerte du Vieux-Lille samedi 16 juin 🗓 🗺 https://lille_old.eelv.fr/2018/06/decouverte-vieux-lille-samedi-16-juin/ Sun, 10 Jun 2018 16:12:57 +0000 http://lille.eelv.fr/?p=9072 Tous les deux mois, le groupe EELV de Lille propose une découVerte, visite guidée avec un regard écolo d'un quartier de la ville. Le samedi 16 juin, la balade nous mènera dans le Vieux-Lille. ...]]>

Tous les deux mois, le groupe EELV de Lille propose une découVerte, visite guidée avec un regard écolo d’un quartier de la ville. Le samedi 16 juin, la balade nous mènera dans le Vieux-Lille.

Il ne s’agira pas tant d’une visite historique que d’une évocation de la transformation récente du quartier et des enjeux d’aménagement sur les sites ou des bâtiments qui vont évoluer dans les prochaines années, comme le rectorat et ses abords, le palais de justice, l’avenue du Peuple-Belge, l’ancienne usine élévatoire…

Au fil des rues nous reviendrons aussi sur les transformations du Vieux-Lille depuis 40 ans et sur le changement de population qu’elles ont entraîné. Et au passage, nous parlerons aussi de tout ce qui fait la ville : les déplacements, les espaces verts, les commerces, etc.

Rendez-vous à 14 h 30 à la sortie « rue des Canonniers » de la station de métro Lille Flandres. La visite, gratuite, s’achèvera vers 16 h 45 au métro Rihour.

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DécouVerte de Lille Centre 21 avril 2018 https://lille_old.eelv.fr/2018/04/decouverte-lille-centre/ Mon, 30 Apr 2018 10:23:19 +0000 http://lille.eelv.fr/?p=9052 Le rendez-vous est fixé à 14 h 30 au métro Lille Grand Palais. Il fait très chaud pour une fin avril, mais les 36 participant·e·s à la DécouVerte du jour vont surtout devoir affronter le pic de pollution aux particules fines que subit la région depuis deux jours. ...]]>

Le rendez-vous est fixé à 14 h 30 au métro Lille Grand Palais. Il fait très chaud pour une fin avril, mais les 36 participant·e·s à la DécouVerte du jour vont surtout devoir affronter le pic de pollution aux particules fines que subit la région depuis deux jours.

Dominique Plancke, qui, comme à l’accoutumée, guide cette balade, nous présente l’itinéraire du jour qui va nous mener jusqu’à la station de métro Mairie de Lille. Au fil des rues de l’ancien « quartier latin lillois », nous évoquerons l’avenir de la friche St Sauveur et la place de la nature dans une ville qui se densifie sans que la place de l’espace public soit toujours prise en compte.

Sur le boulevard Louis XIV ont été érigés à la fin du XIX ème siècle l’Institut Pasteur, les Arts et Métiers, et de l’autre côté la Gendarmerie et le Collège Franklin. Le boulevard était fermé à son extrémité vers l’actuel siège de région par la porte Louis XIV, édifiée dans les années 1870 et détruite dans les années 1930 lors du démantèlement des remparts. Elle ressemblait à la Porte de Dunkerque, seule témoin qui subsiste aujourd’hui de cette enceinte construite après l’agrandissement de Lille en 1858 avec l’absorption de Wazemmes, Fives, Esquermes et Moulins.

Initialement le Boulevard du Maréchal Vaillant devait rejoindre le boulevard de Belfort, mais la construction de la Gare St Sauveur l’a réduit à un moignon. Les arbres qui l’ornaient ont été malheureusement abattus en mars 2014 dans la semaine qui a suivi les élections municipales, pour gagner quelques malheureuses places de parking. Le monument étrange qui subsiste au milieu du boulevard  est le socle du monument aux morts de la Police qui est parti avec le commissariat de Police à Lille Sud. Le bâtiment du commissariat a été restauré pour abriter la mission locale et la Maison de l’emploi.

Nous nous engageons dans l’avenue Eugène Varlin  qui accueille depuis 1925 le groupe d’Habitat à Bon Marché « Gustave Delory » avec une architecture de grande qualité, aujourd’hui encadré par « les petits gris » petits bâtiments HLM construits dans les années 60.

De l’autre côté de l’avenue Hoover, sur le site entouré de palissades colorées entre le siège de région et Lille Grand Palais, doit s’élever dès l’année prochaine l’immeuble Biotope. Nous étions passés là lors de la Découverte du mois d’août 2017. Le projet devait alors accueillir l’agence européenne du médicament qui doit quitter la Grande-Bretagne pour cause de Brexit. La candidature de Lille n’ayant pas été retenue (seuls les délégués français ont voté pour), le promoteur a proposé son projet à la MEL, qui en quittant son site historique de la rue du Ballon, deviendra donc locataire ici de 30000 mètres carrés de bureau.

L’itinéraire cyclable vers Fives a été rétabli sur le côté du chantier le long de l’hôtel de région, mais il bute quelques centaines de mètres plus loin sur le Pont de Fives officiellement fermé à la circulation des vélos du fait de la dégradation de la voie qui enjambe les voies ferrées. Une pétition a été lancée à Fives pour que l’accès soit rétabli provisoirement.

Nous revenons vers le centre par la rue des déportés, avec une halte devant la Noble Tour, le plus ancien élément d’architecture militaire de la ville, qui faisait partie du plan de défense de Lille lors de la guerre de Cent Ans contre les envahisseurs français. C’est Philippe le Hardi, qui en décide la construction en 1402 et la confie à Jehan Sceutre. La tour souffre du siège de Lille et Vauban la restaure en 1672 afin qu’elle retrouve sa place dans son nouveau schéma défensif de la ville. L’incendie de l’église St Sauveur en 1896 abîme la tour, et déjà une partie du mur s’effondre. Après la deuxième guerre mondiale elle devient un lieu de mémoire de la Résistance inauguré par Charles de Gaulle et Augustin Laurent en 1959. Julien Dubois, adjoint au maire en charge du Patrimoine nous explique que le dimanche 25 mars 2018, un pan de mur s’est effondré de l’édifice dont la restauration était prévue en 2019. Des travaux de mise en sécurité vont être engagés prochainement avant une restauration plus importante.

Un havre de paix

Le square du Réduit est ce qui reste de l’ancien Square Ruault, dessiné dans les années 1870 par le paysagiste Barrillet-Deschamps (qui a aussi dessiné le Jardin Vauban). Il a été amputé par la construction de l’hôtel de ville, mais depuis la mise en place du nouveau plan de circulation en août 2016, c’est devenu un havre de paix, l’un des jardins les plus calmes et agréables de la ville, qui permet aussi d’admirer la magnifique façade arrière de l’hôtel de ville. Derrière les grilles se dressent les bâtiments du Fort St Sauveur, construit à partir de 1673 par Vauban et qui abrite depuis sa création les services du génie. La chapelle au centre (1707) est un bel exemple d’architecture classique française, en pierre de Lezennes, avec une façade décorée d’un bas relief où deux génies soutiennent les écus de France et de Navarre. Plutôt que pour repousser un ennemi extérieur, le Fort a d’abord été conçu pour impressionner la population du quartier populaire de Saint-Sauveur. Dans le square sur le mur d’enceinte du Fort a été incrusté un élément de l’ancienne Porte de Tournai démolie en 1925 . Cette porte de l’agrandissement de 1670 était située à l’extrémité de la rue de Tournai, à -peu près à l’emplacement de la Cité Administrative.

La couverture de la Porte de Paris vient d’être restaurée. Julien Dubois nous explique qu’à l’initiative de l’ancien élus en charge du patrimoine, une trentaine de grenades noires ont été remplacées sur la rambarde en pierre qui l’entoure et qui protège le petit jardin en contrebas, grâce à un accord entre la Ville et l’ENSAM. Pendant 10 ans, ce projet initié par un enseignant de l’école a permis à 500 étudiants de se relayer dans des travaux pratiques de fonderie.

La Gare St Sauveur

En 1862, la Compagnie des Chemins de fer du Nord travaille sur le projet d’une gare de marchandises derrière le fort St Sauveur. L’idée que cette nouvelle gare devienne la seule gare de Lille en accueillant également les voyageurs n’est pas retenue alors. En 1863, le Ministre de la guerre autorise la construction de la gare de marchandises bien qu’elle soit située dans une zone non aedificandi. Les travaux sont engagés en 1864 et s’achèvent en 1865. Dans les années 1980, la gare est devenue un important terminal de transport combiné équipé de plusieurs portiques de transbordement, mais  qui commence à être saturé à partir du début des années 1990, et le trafic des camions sur le boulevard Lebas et la rue de Cambrai provoque des nuisances importantes. Avec la mise en service de la nouvelle plate-forme multimodale Delta 3 à Dourges fin 2003, la gare Saint-Sauveur arrête ses activités.

Pour Lille 2004 la Ville de Lille aménage la halle A, la plus ancienne halle de la gare qui accueille le bistrot de St So et une salle de projection. La halle B (1925) avec une toiture composée de deux coques moulées en béton a été restaurée à la même époque accueille aussi maintenant régulièrement des expositions de Lille 3000 sur une surface de 5000 m2.

Sur la ZAC St Sauveur un projet contesté

La MEL et la Ville de Lille projettent  maintenant de construire 2500 logements, un gymnase, différents équipements et une piscine olympique sur les 23 hectares de la friche St Sauveur.  Ce projet de Zac a été soumis à une nouvelle enquête publique qui s’est achevée le 20 avril. 604 avis ont été déposés, très majoritairement hostiles au projet retenu, et réclamant plus d’arbres, moins de constructions, et une ville plus respirable. EELV a fait part en juin 2017 puis le 18 avril de son opposition à ce projet en demandant un meilleur respect de la biodiversité, une plus grande place consacrée à la nature, une meilleure prise en compte de la santé des lillois et une plus grande qualité des espaces publics.

Le Parc Lebas

Boulevard d’Italie, appelé ensuite boulevard des écoles en raison de la présence d’un côté du collège Jean Macé, ancienne école primaire supérieure de jeunes filles, ensuite lycée de filles puis collège mixte fermé depuis 2003 et de l’autre côté de l’école primaire supérieure de garçons Franklin devenue annexe du lycée de garçons Faidherbe (petit lycée et classes de la 6e à la 3e) et aujourd’hui collège Franklin.  L’espace central avec ses allées de marronniers s’est progressivement dégradé, la place de la voiture est devenue prédominante, de nouvelles voiries sont tracées, les terre-pleins se transformant en parkings sauvages. En 2002 la Ville décide de transformer l’espace central en Parc. De nombreuses réunions avec les riverains aboutissent au projet actuel, avec ses fameuses grilles rouges qui ont fait beaucoup parler. Et l’épisode resté fameux des grenades, qui avaient été apportées avec la terre végétale, et qui on retardé l’ouverture du Parc de plusieurs mois. Mais dès qu’il y a un rayon de soleil, le « parc rouge » est aujourd’hui bondé. Pourtant avant qu’il soit créé, on avait pu entendre que « ce jardin restera vide, il n’y a pas d’habitants à côté, c’est idiot de sacrifier un parking si utile… ». 14 ans après son ouverture le Parc Lebas nous montre bien aujourd’hui sous le soleil l’appétit d’espaces verts des lillois, qui n’est malheureusement pas près d’être satisfait.

Il avait été un temps question d’y installer là le Musée d’Histoire Naturelle à l’étroit dans ses locaux actuels. Mais le temps et la mérule ont fait leur oeuvre.  L’ancien Collège Jean Macé, à l’angle de la rue Gosselet, a été finalement vendu par le Conseil Municipal  de Lille le 25 janvier 2018  au promoteur Projectim, associé à Loger Habitat et Oria Promotion pour 13 millions d’euros (très au-dessus donc de l’estimation de la Direction immobilière de l’État qui était de 9,6  M€). D’ici quelques années on devrait donc avoir ici 175 logements, dont 61 logements sociaux  (parmi lesquels 20 s’adresseront aux personnes âgées), 18 logements locatifs intermédiaires et 96 logements en accession à la propriété, libre ou maîtrisée.

De l’autre côté de la rue Gosselet, les services de l’inspection académique rue Claude Bernard doivent rejoindre d’ici un an le nouvel immeuble du Rectorat en construction rue de Bavay. Que va devenir leur immeuble (propriété du Département) ? Pour l’instant rien n’a été dit officiellement, mais sur internet on peut découvrir un « projet non retenu »  de 65 logements pour 3950m² et 1380 m² de parking.

Quel avenir pour la MRES ?

crédit photos : Marc Santré

La Maison régionale de l’environnement et des solidarités (ex MNE) va fêter ses 40 ans cette année au mois de juin. La MNE est issue d’un accord entre les deux tours des municipales de 1977 entre la liste écolo  et celle de Pierre Mauroy. Il s’agissait pour les écologistes d’obtenir un lieu pour héberger les associations d’environnement, de consommateurs, de défense des droits de l’homme, un lieu pour exercer leur activité, se réunir, se rencontrer, proposer des débats et des expositions. « En aidant à l’organisation et au développement des associations de son réseau, la MRES contribue à renforcer leur capacité d’expression et d’intervention. Support fertile d’un foisonnement d’idées et d’initiatives, la MRES encourage leur mutualisation, leur enrichissement et leur rôle comme moteur de transformation sociale ». Mais aujourd’hui malgré son bilan remarquable, l’avenir de la MRES  qui accueille une centaine d’associations reste menacé : le nouveau Conseil régional a supprimé ses subventions, et la Ville veut récupérer ses locaux pour agrandir le Musée d’Histoire Naturelle.

Rue de Bruxelles, nous passons devant le Musée d’histoire naturelle et après la rue Malus, le groupe s’arrête devant une grande bâtisse carrée en briques peintes. En novembre 2015, l’Etat a cédé à Aréli ce bâtiment inoccupé. C’est l’ancien immeuble de la direction régionale de l’équipement, qui avait abrité à l’origine l’Institut Industriel du Nord (devenu Ecole Centrale partie à la Cité Scientifique). Depuis la mi-2017, c’est un centre d’hébergement et de réinsertion sociale géré par l’association Eole, avec 45 places de CHRS et 6 places de lits halte soin santé. Dans le cadre de la loi de « mobilisation du foncier public », l’Etat avait cédé cet immeuble à un prix inférieur à sa valeur, dans la mesure où le preneur s’engage à y construire des logements sociaux. Dans le cas présent, la vente a été consentie avec une décote du prix à 100%, ce qui constituait une première au plan national. C’est ce qui a permis de proposer à l’association Eole, gestionnaire du CHRS, un loyer acceptable.

L’ancien quartier latin lillois

A l’angle de la rue Jean Bart, place Georges Lyon, des dizaines d’étudiant·e·s prennent le soleil sur les marches de l’ancienne MEP (Maison de l’Education Permanente), qui a retrouvé sa vocation initiale de bibliothèque universitaire depuis l’arrivée de Sciences Po dans l’ancienne faculté de lettres rue Angellier, somptueusement restaurée. La biblio est ouverte 7 jours sur 7 jusque 22 h et est accessible à tous les étudiants des universités publiques. Nous jetons un coup d’oeil à l’intérieur : la grande salle de la MEP, (qui avait accueilli la 2ème assemblée générale de l’histoire du parti Les Verts en 1985), s’est transformée en espace de travail tout blanc.

Le retour d’étudiants sur cette place nous renvoie à une image oubliée : celle du quartier Saint-Michel comme pôle universitaire et laïc de Lille jusqu’à la fin des années 60. En 1858, l’annexion des villages de Wazemmes, Moulins, Esquermes et Fives entraîne l’urbanisation de dizaines d’hectares. C’est là que la Ville et l’Etat décide d’installer les universités qui étaient jusque là à Douai. En 1887, le secteur comprend la fac de médecine et de pharmacie (rue Jeanne d’Arc et Place Lebon), une faculté des sciences naturelles (autour de la rue Gosselet), une autre de droit (rue Paul Duez) et une dernière de lettres (rue Angellier). Dès les années 1910 le secteur est dénommé « le quartier latin ». Avec ensuite la construction du célèbre restaurant universitaire U1 rue de Valmy géré par l’AGEL Unef. La construction de ce quartier universitaire a notamment pour objectif de contrer la construction des établissements catholiques qui investissent Vauban et qu’on connaît aujourd’hui sous le nom de l’Université catholique. Un participant à la visite nous rappelle que c’est l’importance des investissements mobilisés pour la construction de « la Catho » qui a empêché à l’époque l’achèvement de la Cathédrale de la Treille.

Des milliers d’étudiants gravitent autour des places Philippe-Lebon et Jeanne-d’Arc et les riverains se plaignent déjà des nuisances liées au bruit et aux fêtes estudiantines. Dans les années 70, la délocalisation des universités vers Villeneuve-d’Ascq (Cité Scientifique pour Lille 1, Pont de Bois pour Lille 3 et la fac de Droit) et vers le CHR (pour la fac de médecine) voit le secteur St-Michel perdre sa population étudiante..

Rue Angellier la Synagogue fait face au Temple.

Construite par l’architecte lillois Théophile Hannotin, la synagogue, d’inspiration romano-byzantine, a été inaugurée en 1891, sur un terrain mis à disposition par la Ville. Elle a été inscrite comme monument historique en 1984. C’est la première synagogue construite dans le Nord, suite à importante immigration de juifs en provenance notamment d’Alsace après la guerre de 1870.

Place du Temple, le temple protestant, construit sur un terrain mis à disposition par la ville de Lille, a remplacé en 1871 le premier lieu de culte protestant lillois, situé depuis la Révolution dans l’ancienne église des Bons-Fils, rue de Tournai, démolie lors de la construction de la gare Lille Flandres.  Le Temple, d’une capacité prévue est de 800 places, tribunes comprises est bâti selon les plans de l’architecte strasbourgeois Alphonse Roederer. Il est aujourd’hui inscrit comme monument historique. Un site propose un itinéraire protestant dans la ville.

Le retour du façadisme

Sur la Place du Temple, nous découvrons sur la gauche à l’angle de la rue Jeanne d’Arc et de la rue Gauthier de Chatillon ce qu’il reste de l’ancienne faculté de Pharmacie, c’est à dire pas grand chose. Les bâtiments ont été rasés, seules subsistent les façades, renforcées d’une doublure en béton. On pensait cette mode du façadisme abandonnée, mais à l’évidence ce n’est pas le cas. Cédé pour 11,4 millions d’euros par la Ville de Lille au promoteur Finapar, le périmètre était quasiment à l’abandon depuis le départ du CRDP à Fives en 2007. Il n’était plus occupé que par le Lions Club qui y stockait des livres pour sa foire annuelle sur la Place Rihour, par l’institut Avicenne et par le centre culturel britannique qui y avait trouvé refuge depuis la fermeture du Consulat. On nous annonce bientôt ici 200 logements, un hôtel-restaurant avec « un nouveau concept », une galerie d’art et même le retour du Centre culturel britannique.  Mais les quelques très beaux arbres des cours intérieurs qui ont été abattus ne reviendront pas.

Par la rue Jeanne d’Arc, nous rejoignons le boulevard de la Liberté que nous traversons vers la rue de Valmy.

La nature reste une variable d’ajustement à Lille, pas une priorité.

Face à nous la place Jacquard et la place Gentil Muiron étaient il y a encore quelques semaines bordées d’arbres qui ont été sacrifiés pour des projets immobiliers. Nouvelle démonstration qu’à Lille la nature n’est considérée que comme une variable d’ajustement, pas comme un enjeu essentiel pour la vie et la santé des habitants. Du côté de la résidence Jacquard, Vilogia Premium a coupé tous les arbres pour construire City’Art, 19 appartements du studio au 3 chambres. de 31 à 89 m², qui seront vendus en résidence principale exclusivement. De l’autre côté, c’est l’alignement d’arbres sur la voie publique qui a été sacrifié pour faciliter la construction de plusieurs immeubles qui accueilleront au total 150 logements et des locaux d’activité à l’emplacement de l’ancienne maternité Salengro. Il n’est pas question ici de remettre en cause la construction des ces logements, mais il est incompréhensible que la préservation de ces arbres n’ait pas été imposée par la Ville de Lille dans les plans. La prise en compte de la valeur des arbres abattus, imposée par Lise Daleux ne compense malheureusement pas leur qualité. A Lille, on en est encore à compenser au lieu d’éviter et de réduire la perte de biodiversité. La construction de ces immeubles a permis de réaliser des fouilles archéologiques dont les découvertes vont enrichir l’histoire de cette partie de la ville depuis l’époque gauloise. A l’époque de la rénovation de St Sauveur dans les années 1960, aucune fouille n’avait  en effet été réalisée.

Par l’avenue Kennedy (ancienne avenue de la Rénovation) nous rejoignons la rue Pierre Mauroy (ancienne rue de Paris).  Nous jetons un oeil dans l’Hermitage Gantois, toujours propriété du CHR qui  l’a confiée par bail emphytéotique à la SLIH qui l’a restauré et transformé en hôtel. On peut le visiter librement et des visites guidées sont organisées régulièrement part l’association du Musée Hospitalier.

En 2013 le patrimoine privé du CHRU de Lille est composé de 114 immeubles représentant 198 baux d’habitation, 24 baux cx et 79 baux divers pour un revenu de 2 M€ ; 929 h représentant 232 baux ruraux en France, 28 en Belgique et 36 baux de chasse pour un revenu de 0,2 M€ ;

Nous traversons la Résidence du Beffroi construite sur l’ancien quartier St Sauveur entre 1962 et 1965 par les architectes J. Willerval, P. Lagarde et P. Rignol.  Elle compte 258 logements avec des commerces, et des bureaux en rez de chaussée et un parking souterrain sous la dalle centrale.

La DécouVerte s’achève un peu avant 17 h à la station de métro Mairie de Lille.

Prochaine découVerte le samedi 9 juin à 14 h 30

crédit photos : Marc Santré

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[RV] DécouVerte de Lille Centre samedi 21 avril 🗓 🗺 https://lille_old.eelv.fr/2018/04/decouverte-centre-eelv-lille-samedi-21-avril/ Sun, 15 Apr 2018 18:26:51 +0000 http://lille.eelv.fr/?p=9048 Tous les deux mois le groupe EELV de Lille et environs organise une découVerte, visite guidée avec un regard écolo d'un quartier de la ville, avec la participation d'élu.e.s écolos. Samedi 21 avril la balade sera consacrée à l'ancien quartier universitaire à Lille Centre. ...]]>

Tous les deux mois le groupe EELV de Lille et environs organise une découVerte, visite guidée avec un regard écolo d’un quartier de la ville, avec la participation d’élu.e.s écolos. Samedi 21 avril la balade sera consacrée à l’ancien quartier universitaire à Lille Centre.

Au fil du parcours on parlera des premiers HBM de Lille, du projet de l’immeuble Biotope qui va accueillir la MEL, de la Noble Tour qui devra être restaurée rapidement, et du Square du Réduit, du Parc Lebas et de plein d’autres choses.

Ce sera aussi l’occasion de revenir sur la question de la place de l’arbre dans la ville, d’évoquer l’avenir de la friche St Sauveur et de discuter sur que devrait être une ville écolo. Car la densification de la ville s’accélère ici avec la construction engagée de près de 600 logements sur l’ancien collège Jean Macé, sur l’ancienne faculté de Pharmacie et sur le site de la maternité Salengro, et 2500 annoncés sur la friche St Sauveur, sans que les espaces de nature qui font une ville respirable et agréable à vivre pour ses habitants soient prévus dans l’aménagement.

Le rendez-vous est à 14 h 30, à la sortie du métro Lille Grand Palais, boulevard du Maréchal Vaillant.
La visite, gratuite, s’achèvera à 16 h 30 au métro Mairie de Lille

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DécouVerte de Pellevoisin avec EELV Lille samedi 17 février 2018 https://lille_old.eelv.fr/2018/02/decouverte-lille-pellevoisin/ Mon, 26 Feb 2018 10:50:53 +0000 http://lille.eelv.fr/?p=9028 Il fait un temps magnifique en ce samedi 17 février. 56 personnes sont rassemblées à 14 h 30 sur la place de la médiathèque autour de Dominique Plancke pour partir à la DécouVerte de Pellevoisin proposée par EELV. Avant que cet imposant groupe ne quitte la place, notre guide nous dresse un rapide rappel historique : St-Maurice faisait partie jusqu’en 1858 de la commune de Fives, c’était le Faubourg de Roubaix, situé sur une très ancienne voie de Lille à Roubaix qui apparaît sur les plans du début du 18ème siècle. ...]]>

Il fait un temps magnifique en ce samedi 17 février. 56 personnes sont rassemblées à 14 h 30 sur la place de la médiathèque autour de Dominique Plancke pour partir à la DécouVerte de Pellevoisin proposée par EELV. Avant que cet imposant groupe ne quitte la place, notre guide nous dresse un rapide rappel historique : St-Maurice faisait partie jusqu’en 1858 de la commune de Fives, c’était le Faubourg de Roubaix, situé sur une très ancienne voie de Lille à Roubaix qui apparaît sur les plans du début du 18ème siècle.

Un faubourg campagnard et industriel devenu essentiellement résidentiel

Dans la première partie du 19ème siècle, Fives se développe avec la révolution industrielle et l’arrivée du chemin de fer en 1842. Des dissensions se font jour entre les notables de Fives qui se développe plus rapidement et ceux du secteur qui n’est pas encore St-Maurice, dissensions qui se cristallisent autour de la construction de l’église paroissiale Notre Dame de Fives, qui tourne le dos au Faubourg de Roubaix. Les habitants du Faubourg de Roubaix décident de construire leur propre église, St Maurice des Champs et demandent leur autonomie communale. L’absorption de Fives par Lille par décret impérial en 1858 met fin à la querelle. Fives et St-Maurice des Champs deviennent des quartiers de Lille.

Lors de l’installation des 10 mairies de quartier à la fin des années 1970 à Lille, St-Maurice devient St-Maurice Pellevoisin pour prendre en compte le secteur situé au nord du quartier, vers Marcq en Baroeul, autour de l’église ND de Pellevoisin, construite elle en 1909.

Le quartier St-Maurice Pellevoisin est aujourd’hui un quartier essentiellement résidentiel, même s’il compte deux très gros employeurs : la MEL, rue du Ballon, et l’hôpital privé de La Louvière. Mais au 19ème siècle et dans la première partie du 20ème siècle le quartier était aussi industriel. On y comptait en effet deux brasseries, une malterie, une briqueterie, une imprimerie et plusieurs manufactures textiles plus quelques petits ateliers métallurgiques.
Sur la rue du Faubourg de Roubaix, qui reste aujourd’hui la colonne vertébrale du quartier, à l’angle de la rue St Gabriel (là où il y a aujourd’hui le Crédit Mutuel), on trouvait un estaminet à l’enseigne du Chevalier Français. A côté vers l’actuelle rue Gounod s’installe en 1834 sur une parcelle de 8603 mètres carrés la filature Edmond Cox, qui compte 250 ouvriers en 1859, et qui disparaît après la mort de son créateur en 1879.

Sur ce parvis de la médiathèque situé juste devant la sortie du métro, nous sommes sur l’ancien domaine de la famille Lenglart (Charles Lenglart fut entre autres négociant, député, conservateur du Musée de Lille), vendu en 1933 à des religieuses franciscaines pour y abriter un foyer de jeunes et leur Communauté. Celles-ci en vendent une première partie, là où est aujourd’hui la station de métro, puis ne conservent que le fond de la parcelle pour y construire une maison de retraite, cédant le reste à l’Office d’HLM qui y construit en 1977 la résidence du Lion d’Or (numéros impairs). L’autre partie de cette résidence, les numéros pairs, a été construite quant à elle sur un ancien dépôt de tramways fermé en 1966.

Une boîte à livres, qui permet l’échange de livres a été installée il y a quelques mois sur les grilles de cette place par un groupe d’habitants du quartier, le « Collectif autour de la médiathèque », qui avait d’abord été créé sous le nom d’« en attendant la médiathèque » avant l’ouverture de celle-ci en mars 2014. Le Collectif continue à organiser régulièrement des animations autour du livre et de la lecture et envisage de construire d’autres boîtes à livres dans le quartier.

Nous passons entre les numéros pairs et les numéros impairs du groupe HLM par un petit passage malcommode, et souvent gorgé d’eau, mais qui pourtant est le seul accès au métro pour toute une partie du quartier. L’espace sur lequel aboutit ce passage manque d’entretien et donne aujourd’hui l’impression d’être à l’abandon. Le schéma de quartier avait prévu une requalification de cet ensemble, mais pour l’instant rien n’a été fait.

 

Notre groupe jette un regard sur la gauche vers l’Accueil, un EHPAD, établissement pour personnes âgées construit en 1977 par la congrégation religieuse alors propriétaire. L’Accueil est aujourd’hui géré par le Groupement des hôpitaux de l’institut catholique de Lille, et accueillait en 2016 40 résidents, parmi lesquels treize religieuses et seulement quatre hommes. La reconstruction débutée en 2016 et qui vient de s’achever a porté la capacité à 70 lits.

Un quartier qui reste marqué par l’emprise foncière des établissements religieux.


Le grand séminaire a été construit sur une ancienne briqueterie sur un terrain de près de 3,5 hectares. Ancienne briqueterie Liénard-Lefebvre, elle deviendra en 1905 la briqueterie Coisne et Dehem, encore citée en 1926 au 52 rue St Amé. L’exploitation de l’argile pour la fabrication de briques explique le fait que dans certaines rues du quartier et de Fives les jardins soient nettement plus bas que la voirie.

La première pierre du Séminaire a été posée en 1930 et l’inauguration a eu lieu le 28 septembre 1931. La façade porte l’inscription « Spes messis in semine » (l’espoir des moissons est dans la semence). Cet imposant bâtiment hébergeait jusqu’à aujourd’hui 13 séminaristes, mais aussi les archives diocésaines et des locaux pour des formations des laïcs. L’ancien directeur avait remis en état le potager, le verger et installé un rucher qui sont aujourd’hui gérés par une équipe de jeunes chrétiens. Le terrain de football accueille le club de foot du quartier dans le cadre d’une convention avec la Ville de Lille. La chapelle du séminaire, qui avait hébergé quelques temps les répétitions de l’Orchestre National de Lille dans les années 80 a été remise en état, débarrassée du faux plafond et du plancher surélevé installés à l’époque.

Le quartier est très marqué encore aujourd’hui par les emprises foncières des établissements catholiques. Outre le Grand Séminaire et l’Accueil, on y trouve le lycée Ozanam et le centre de formation des maîtres de l’enseignement catholique, la maison de retraite des Buissonnets, la congrégation des Pères du St Esprit, le Couvent des Dominicains, les deux groupes scolaires St Denis et Ste Anne-St Joachim, sans compter la Mosquée El Forkane (qui n’est autre qu’une ancienne chapelle des Dominicaines)

Une urbanisation continue des années 30 aux années 60

Cette partie du quartier est très marquée par les maisons et trois immeubles construits par les Habitations Economiques du Nord, organisme parent du CIL, devenu Vilogia. Rue Branly, rue Euler, rue Fermat, rue Laplace, rue Le Verrier, ce sont plus de 150 maisons en briques, avec de petits jardinets devant, et un jardin à l’arrière, de type F4 et F5 qui ont été construites entre 1955 et 1958. Ce quartier était à l’origine dotée d’une très forte homogénéité sociale, puisque l’accession à la propriété de ces maisons était destinée aux employés du service public ou para-public. Ces maisons accueillaient des familles parfois très nombreuses (jusqu’à 10 enfants). Elles sont aujourd’hui très recherchées. Beaucoup ont été agrandies sur l’arrière et certaines sont aujourd’hui réhaussées d’un étage par leurs nouveaux propriétaires.

La rue Hippolyte Lefebvre comporte quelques belles façades des années 30 et de l’après-guerre. Certaines maisons sur le côté gauche vers la rue Gassendi ont des jardins très profonds. Avant de nous engager rue Gassendi, nous jetons un œil sur la cime des magnifiques arbres du Parc de Buissonnets, ouvert par la Ville de Lille en juin 2009 après qu’elle ait acheté une partie du parc de la résidence des Buissonnets, qui donne sur la rue de la Louvière. Ce parc a notamment conservé son verger de pommiers.

Histoire de caoutchouc

Par la rue Germain Pilon nous rejoignons le square Laplace dont Lise Daleux, adjointe au Maire (EELV) en charge de la nature en ville, nous explique qu’il va faire l’objet en 2018 d’une restauration issue d’une concertation avec les riverains. Elle rassure aussi une participante qui s’inquiétait du démarrage maintes fois annoncé du début des travaux du square des horticulteurs à l’angle de la rue de la Madeleine et de la rue du Faubourg de Roubaix : ces travaux seront bien réalisés cette année.

Au fond de la place se dressent les cheminées de l’usine Borflex, située rue St Luc. Cette usine qui fabrique de petites séries de pièces techniques en caoutchouc pour le ferroviaire ou l’aéronautique s’appelait autrefois la CAFAC. La pollution chronique qu’elle émettait avait provoqué la création d’une association de défense de l’environnement, Hevea, qui avait finalement obtenu la mise aux normes de cette usine qui emploie encore plusieurs dizaines de personnes.

Rue Germain Pilon, le bailleur social Vilogia vient d’achever la construction de deux nouveaux immeubles de logements, après avoir réhabilité les deux immeubles plus anciens qui dataient du début des années 1960.

Mais pourquoi ce nom de Pellevoisin ?

Par la rue Faraday, nous rejoignons le Parvis de l’église Notre Dame de Pellevoisin, dont la façade est en cours de ravalement. Le projet immobilier affiché sur le site de l’ancienne salle paroissiale est en panne depuis deux ans du fait de recours engagés par des riverains.

La paroisse de Pellevoisin fut créée en 1906 en raison de la démographie croissante dans le secteur du Buisson, à cheval sur Lille et Marcq en Baroeul. Son nom provient du village de Pellevoisin, dans l’Indre, où en 1876 une jeune femme nommée Estelle Faguette fut guérie de la tuberculose après avoir vu la Vierge. Le culte de Notre-Dame de Pellevoisin fut autorisé par l’évêque de Bourges dès 1877. Une fresque rappelle la scène du miracle dans le chœur de l’église lilloise. La pose de la première pierre de l’édifice eut lieu en août 1909, quatre ans après la promulgation de la loi sur la séparation des Églises et de l’État, et le bâtiment fut achevé en 1911. Cette église est l’œuvre de l’architecte régionaliste Louis-Marie Cordonnier (1854-1940), auteur de nombreux hôtels de ville et lieux cultuels de la région. Notre-Dame-de-Pellevoisin rompt avec son style de prédilection, qui traduit autant qu’il façonne l’identité architecturale du Nord de la France. Impliqué dans le projet dès 1904, Louis-Marie Cordonnier réalise plusieurs avant-projets où il mêle des influences venues du Moyen Âge.

Rue Alphonse Leroy, nous passons devant le majestueux groupe scolaire Marcel Sembat-Anatole France, qui fut construit avec l’école maternelle Jules Simon par l’architecte Léonce Quesnoy de 1926 à 1931. Il fut victime d’un incendie dans la nuit du 4 au 5 février 1965.

Le Parc Saint Maur un ensemble à part dans le quartier

Rue du Buisson, Mme Dimey et M. Wauquier, habitants de la résidence du Parc St Maur nous présentent leur résidence et son histoire. Jusqu’au début des années 1960, la ferme Courouble occupait toute la superficie du Parc St-Maur actuel. Le corps de ferme principal était situé à peu près à l’emplacement de la résidence Citeaux. Une allée pavée y menait depuis la rue du Buisson face à l’école maternelle Jules Simon. Les pâtures s’étendaient jusqu’à l’avenue de la République près du carrefour St-Maur.

La résidence du Parc St Maur construite dans la deuxième partie des années 60 compte 726 logements avec 4 groupes : Breteuil, Citeaux, Les Andelys,et Dampierre. C’est la plus importante copropriété au nord de Paris. Le projet d’origine prévoyait 1000 logements avec un 5ème groupe qui n’a pas été construit de l’autre côté de l’avenue de Mormal, mais où est toujours installée la chaufferie collective. La résidence comporte un immense parking souterrain sous la pelouse centrale, avec 450 emplacements.

Les deux architectes (Jean Dubuisson et Guy Lapchin) se sont inspirés pour le plan masse de la résidence du labyrinthe de la Funquée, alors situé à l’angle de la rue du Buisson, et de la carrière de la Funquée. Célèbre estaminet qui a fait l’objet de nombreuses cartes postales, il proposait aux lillois le dimanche un grand labyrinthe végétal, des jeux et des grandes balançoires.

Jean Dubuisson, né à Lille en 1914 est le fils de l’architecte Emile Dubuisson qui construisit l’hôtel de ville de Lille, fut l’un des architectes majeurs de la Reconstruction et des Trente Glorieuses ; on lui doit en effet de nombreux grands ensembles de logements sociaux à travers le pays, mais aussi des immeubles de bureaux et des bâtiments publics ou religieux.

L’architecte Guy Lapchin (1903-1991) fut nommé en 1943 architecte en chef du Comité Inter-professionnel du Logement de Roubaix-Tourcoing. Ce comité avait été créé à l’initiative d’Albert Prouvost, industriel du textile, pour résorber l’habitat insalubre du secteur et construire de nouveaux logements pour les ouvriers. Guy Lapchin construit pour le CIL plus de 10 000 logements entre 1943 et 1957 avant d’ouvrir sa propre agence..

L’avenue Duray, une curiosité locale

Nous remontons la rue du Buisson pour nous engager avenue Duray qui continue à arborer une belle plaque rouge « voie privée » qui ne correspond pas à la réalité. Cette voirie fait bien partie du domaine public et vient d’être enfin d’être aménagée par la MEL. Depuis une vingtaine d’années quelques riverains s’y opposaient en prétextant être propriétaires d’une partie de la voirie qui n’était jusqu’ici qu’un chemin en schiste qui se dégradait chaque hiver. Ce sont eux qui avaient obtenu l’apposition de la plaque voie privée, qui s’est avérée ne pas correspondre à la réalité juridique.

Nous saluons au passage devant son club-house Jean Yves Caliez, Président du club de football l’E.S. Lille Louvière Pellevoisin, qui après celui de Fives est le plus important club de foot de Lille en terme de licenciés, et qui dispose de deux terrains : celui en herbe du Séminaire et celui en synthétique de l’avenue Duray.

L’avenue qui est en cul de sac donne accès à une double rangée de petites maisons dos à dos : la cité Ste Anne, et plusieurs magnifiques petites villas de style balnéaire. La dernière est dotée d’un pigeonnier encore en activité. L’un des habitants vient saluer notre groupe : il habite là depuis 10 ans, et se félicite que la rue ait enfin été aménagée. Jusqu’ici les maisons n’étaient pas raccordées au tout à l’égout et les eaux sales se perdaient on ne sait trop où vers le square Wannoschot.

Parc Monceau et avenue Salomon, un couvent et de belles demeures

Nous retournons sur nos pas, reprenons la rue du Buisson et tournons dans la rue de Mormal pour traverser le Parc St Maur jusqu’au square de l’Ermitage, dont les petites maisons sont plus anciennes (1958) que le Parc, qui nous permet de rejoindre l’avenue Emile Zola.

Juste à la limite de la Madeleine se trouve une station de voitures en autopartage Citiz (anciennement Lilas). Les premiers clients de cette station ont été les Dominicains du Couvent de l’avenue Salomon, qui avaient hérité de voitures d’occasion polluantes et coûteuses en entretien. L’autopartage a représenté pour eux une alternative intéressante sur le plan financier et sur le plan écologique.

Par l’avenue du Parc Monceau et l’avenue Salomon, qui sont bien elles, des voies privées, ce qui explique leur manque d’entretien, nous longeons de très belles propriétés. L’avenue du Parc Monceau rejoint la rue du Ballon à proximité du l’ancien jardin botanique de la ville de Lille, sur le territoire de la Madeleine. L’ancienne Orangerie est en cours de transformation en logements.

Avenue du Parc Monceau, le couvent St Thomas d’Aquin, plus connu sous le nom de Couvent des Dominicains a été inauguré en 1957 dans un très beau parc arboré de deux hectares et achevé en 1965. Il est inscrit au titre des monuments historiques et a été le premier bâtiment religieux à recevoir le label « Patrimoine du XXe siècle ». C’est une œuvre des architectes Pierre Pinsard et Neil Hutchinson. Il est fait de briques, de béton mais aussi de lumière et de verdure. La chapelle a été restaurée il y a quelques années. Chaque année l’association Clé de Soleil y propose un concert gratuit en lancement de sa saison estivale.

Sur les hauteurs de Lille

Arrivés au carrefour des rues du Ballon, de la Louvière du Bois et du Buisson, nous sommes sur la ligne de crête qui va d’Hellemmes à Marquette et qui a été utilisée par Louis XIV lors du siège de Lille en 1667. Nous somme ici sur l’un des points hauts de Lille que nous « surplombons » du haut de nos 40 m. Le dénivelé est aujourd’hui peu perceptible, sauf pour les cyclistes !

Le Dieu de Marcq est le nom d’un calvaire érigé au milieu d’un cimetière de soldats. Dans sa monographie de Saint Maurice des Champs, le Chanoine Delrue affirme « qu’il s’agissait de soldats français tués au siège de 1667. En 1899, Monsieur Henri Maes, creusant la terre dans son jardin rue des Vicaires, y trouva un squelette et des monnaies au chiffre d’Henri IV. D’autres squelettes en plus grand nombre étaient réunis le long des fossés qui bordaient la rue de La Louvière ». Le calvaire du Dieu de Marcq détruit à la Révolution sera remplacé en 1856 à l’initiative de Monsieur Louis Salomon, fabricant de tuiles, par le calvaire qui existe toujours à l’angle de la rue du Ballon.

L’hôpital de la Louvière a été construite en partie sur l’emplacement de la Brasserie Maes, fondée en 1881, et dont l’activité s’acheva en 1964 après avoir employé jusqu’à 40 personnes. Il subsiste de la Brasserie une cave en briques sous la pelouse sur le côté gauche du terrain de la Clinique. Comme beaucoup de brasseries de l’époque, la Brasserie Maes possédait une quarantaine de cafés dans la métropole dont elle était le fournisseur exclusif, et elle avait un réseau très développé de livraison à domicile.

C’est aussi rue de la Louvière qu’Alfred Mongy fait construire en 1886 un réservoir de 9500 mètres cubes pour approvisionner en eau le secteur. Jusque là, l’approvisionnement, notamment pour l’industrie se faisait à l’aide de forages dans la nappe. Le réservoir de la rue de la Louvière, toujours en activité, est de type « plat maçonné », avec des références aux fortifications de Vauban. Un autre château d’eau plus récent a été construit juste à côté, et baptisé « la soucoupe volante » par les générations d’enfants du groupe scolaire Jean Zay situé à son pied.

 

La rue du Chevalier Français a été ouverte en 1867 sur des terrains qui appartenaient aux Hospices, c’est à dire au CHR d’aujourd’hui. A l’époque elle conduit aux champs et ne comporte en 1874 qu’un médecin et une savonnerie industrielle. Au n° 8 de la rue s’installeront les ateliers de fonderie Guyot puis la fabrique de pompes Defrance, dont les bâtiments ont été démolies pour laisser la place en 2013 à la nouvelle résidence dont les façades font encore aujourd’hui débat.

La DécouVerte s’achève à son point de départ devant la médiathèque. L’importance du groupe, les rencontres imprévues et le soleil qui incitait à flâner plutôt qu’à se presser expliquent le retard de près de 45 minutes sur l’horaire prévu.

Crédits photos : Philippe Lagatie, Dominique Plancke et D.R.

Pour en savoir plus sur le quartier : deux documents indispensables :

Et sur les brasseries de Lille (et notamment de St-Maurice Pellevoisin)  on trouve des éléments intéressants sur ce site .

Prochaine DécouVerte samedi 14 avril à 14 h 30

 

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[RV] DécouVerte de Pellevoisin avec EELV Lille samedi 17 février 🗓 🗺 https://lille_old.eelv.fr/2018/02/decouverte-pellevoisin-eelv-lille-samedi-17-fevrier/ Tue, 13 Feb 2018 08:56:27 +0000 http://lille.eelv.fr/?p=9026 Tous les deux mois le groupe EELV de Lille et environs organise une découVerte, visite guidée avec un regard écolo d'un quartier de la ville, avec la participation d'élu.e.s écolos. Samedi 17 février, la balade sera consacrée à St-Maurice Pellevoisin et plus particulièrement au secteur de Pellevoisin. ...]]>

Tous les deux mois le groupe EELV de Lille et environs organise une découVerte, visite guidée avec un regard écolo d’un quartier de la ville, avec la participation d’élu.e.s écolos. Samedi 17 février, la balade sera consacrée à St-Maurice Pellevoisin et plus particulièrement au secteur de Pellevoisin.

Au fil des rues de ce quartier devenu aujourd’hui résidentiel, de la Briqueterie à l’avenue Duray, du square Laplace au Dieu de Marcq, nous évoquerons son histoire, son passé agricole et industriel, et son évolution récente. Ce sera aussi l’occasion de présenter des initiatives prises par des habitants du quartier, mais aussi de parler de jardins, de la place des piétons et des cyclistes et de découvrir les réalisations récentes et les projets de ce quartier.

Rendez-vous samedi 17 février à 14 h 30 au métro St Maurice Pellevoisin.

La fin de la découVerte aura lieu au même endroit vers 16 h 30.

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