Lille – ZAC St Sauveur – Contribution du groupe Europe Ecologie Les Verts de Lille à l’enquête publique sur la déclaration de projet valant mise en compatibilité du plan local d’urbanisme (PLU)

Europe Ecologie Les Verts confirme son opposition au projet St Sauveur soumis à enquête, pas assez vert et déjà dépassé.

Lors de l’enquête publique précédente sur la modification de la Zac St-Sauveur en juin 2017, la contribution d’EELV était claire : opposition au projet proposé par la ville de Lille et la MEL (annexe 1)

Ces arguments ont été présentés lors d’une conférence de presse le 27 juin et lors de la réunion publique organisée par la Ville de Lille à la brasserie St So le 13 septembre 2017.

Aujourd’hui, nul ne peut nier les impacts du dérèglement climatique, des pollutions diverses sur notre santé, sur la biodiversité ; c’est pourquoi EELV Lille ne peut accepter que les constructions aient lieu de plus en plus systématiquement sur des espaces de biodiversité existants, faisant baisser le nombre de m² d’espaces verts, déjà fort bas, par lillois·e.

Eviter les îlots de chaleur urbains , sanctuariser et développer les espaces de loisirs et de détente, préserver la biodiversité ici et maintenant : ceci n’est aucunement incompatible avec une indispensable politique de logement sur notre ville.

EELV est favorable à une ville qui se reconstruit sur elle-même, pas à une ville étouffante et irrespirable. La biodiversité est indispensable à la ville et à ses habitant·e·s.
Il y a donc urgence écologique, sanitaire et sociale à modifier profondément la destination des 23 hectares de St Sauveur.

A la lecture des dossiers présentés pour l’enquête publique concernant l’évolution du PLU, voici les réserves, remarques et propositions d’Europe Ecologie Les Verts :

A propos de la finalisation de l’urbanisation du Sud Est de Lille

A la lecture du dossier d’enquête, on trouve un leitmotiv récurrent : « il n’est qu’urbanisation qui puisse valoriser un territoire ».
On peut ainsi y lire qu’il s’agit de finaliser l’urbanisation du Sud Est de Lille : « de développer et de renforcer le centre de la métropole et de constituer une nouvelle articulation urbaine », et que « le site constitue une enclave urbaine sous-valorisée » et qu’il présente un « caractère imparfait au niveau environnemental ».
Nous sommes d’accord, cette friche est imparfaite et doit être mise en valeur : nous ne sommes juste pas d’accord sur le contenu de la valorisation proposé à l’enquête.

Concernant le logement

Bien évidemment, EELV n’est pas opposé au logement ! Et bien sûr qu’il faudra construire des logements à St Sauveur, mais pour permettre une ville « désirable » il faut bien moins que 2 400 ou 2 500 logements. Par ailleurs le projet ne parle que de logements pour les familles. EELV répète qu’il faut également des logements spécifiques comme des logements étudiants (ce qui limiterait la « parcellisation » des maisons sur Lille) ou encore le logement de personnes en difficultés (centres d’hébergement, centre d’accueil et d’orientation).

Aller voir plus loin que le bout de son nez… : il faut avoir une vision métropolitaine

Il est incohérent de défendre la ville dense à St Sauveur quand en même temps au niveau métropolitain, les mêmes élus promeuvent la multiplication des projets qui favorisent l’étalement urbain et la disparition de terres agricoles (centres commerciaux, parkings, entrepôts… ) : le SCOT de la MEL prévoit chaque année l’artificialisation de 135 ha, soit 6 fois la surface de St Sauveur.
Qu’en est-il de la politique métropolitaine de rénovation et d’aide à la commercialisation des 30 à 40 000 logements vacants mais surtout des 80 000 m2 de bureaux neufs et 215 000 m2 de bureaux de seconde main vacants sur la métropole ?

Concernant la place de la nature en ville

EELV dénonce le non-respect de la séquence Eviter-Réduire-Compenser inscrit au titre de la loi Biodiversité

Le projet est basé sur une interprétation limitative, et donc erronée, de la loi biodiversité de 2016, qui inscrit la séquence Eviter-Réduire-Compenser dans la loi. Le respect de cette séquence implique la mise en œuvre de mesures visant en premier lieu à éviter les impacts (aucune mesure n’est indiquée en ce sens), à en réduire la portée (aucune mesure suffisante n’est indiquée). Le principe de compensation n’est que la dernière étape de cette séquence qui implique de ne pas porter atteinte à la biodiversité, qu’elle soit remarquable ou ordinaire.
Or, le projet exclut toute mesure d’évitement et base l’intégralité de son approche sur ce dernier maillon qu’est la compensation,, sans justifier de l’étude de solutions alternatives ayant permis de valider, ou d’invalider, de telles mesures. Celles-ci auraient pu porter sur la densité bâtie, l’implantation des bâtiments, sur la préservation des habitats écologiques et des fonctionnalités qui se sont développées sur le site. Ainsi, et par exemple, le choix du site du Belvédère pour l’implantation de la piscine est en totale contradiction avec l’esprit de la loi, dans la mesure où ce site est l’un des seuls au droit du projet n’ayant pas fait l’objet d’une urbanisation, d’une imperméabilisation antérieure et présente de faibles pollutions du sol contrairement à la zone située au pied de celui-ci (zone du CREM).
Concernant les espèces et habitats, l’étude d’impact est également remarquablement silencieuse quant au cycle de re-végétalisation observable sur le site : soit une couverture du site par des plantes pionnières ayant créé un substrat végétal permettant la colonisation par un couvert arbustif.
Il est à ce titre curieux, et dommageable, que le second avis de l’Autorité Environnementale n’ait pas fait davantage écho aux mesures à prendre au regard de la biodiversité, comme elle l’avait fait dans son premier avis : effectivement, une relecture des deux versions de l’étude d’impact ne permet pas de démontrer une évolution significative quant à la prise en compte des enjeux de biodiversité sur le site, en dehors d’études écologiques supplémentaires in situ.
Il est à ce titre significatif que le dossier de demande de dérogation pour la destruction et le déplacement d’espèces protégées, ne soit réalisé qu’au titre de quatre espèces et d’un cortège d’espèces d’oiseaux protégés, alors même que 10 espèces protégées ont été recensées dans les documents fournis, d’autant que les deux espèces concernées par cette demande ne sont pas celles bénéficiant du plus haut niveau de protection. Ainsi, deux espèces de chiroptères doivent bénéficier d’une protection stricte au titre de la Directive Habitat 1992/43/CE, tandis que d’autres espèces sont jugées déterminantes pour la biodiversité du Nord-Pas de Calais. Pour ces raisons, et au regard de la séquence ERC déterminée par la loi Biodiversité de 2016, le motif de dérogation (« Dans l’intérêt de la santé et de la sécurité publique ou pour d’autres raisons impératives d’intérêt public majeur, y compris de nature sociale ou économique, et pour des motifs qui comporteraient des conséquences bénéfiques primordiales pour l’environnement ; ») n’est pas valable.
Et cela, alors même qu’on connaît le déclin précipité des oiseaux dans notre région : une étude du Museum d’histoire naturelle et du CNRS parle de cataclysme écologique.
Concrètement, ce sont 29 espèces d’oiseaux qui ont été observées en 2012 (dont 24 nicheuses probablement sur place) et de nombreuses espèces de plantes.
C’est un patrimoine floristique et faunistique qui va disparaître totalement du patrimoine lillois ; merci à Roubaix qui recueillera une infime partie de la flore protégée.

Concernant les îlots de chaleur urbains (ICU)

Pour rappel, dans le cadre de l’enquête publique Loi sur l’eau (laquelle n’apparaît pas dans la phase de concertation décrite page 8), en décembre dernier, l’association Entrelianes notait l’incohérence de la MEL quant aux impacts des îlots de chaleur urbains : « en matière d’îlot de chaleur urbain, la dernière étude produite en juin 2017 par l’Agence d’Urbanisme de Lille Métropole et financée par la MEL (via la Vice-Présidence de Christiane Bouchart) n’y était pas intégrée. Ainsi les commentaires de l’étude d’impact reprenaient des analyses très anciennes complètement invalidées par la dernière étude. Comment est-ce possible ? Dans l’étude de l’ADULM, l’importance du Belvédère en matière de régulation thermique y est très nette et donc non reconnue dans l’étude d’impact. La MEL peut-elle laisser passer cette absence de prise en compte d’une étude qu’elle a elle-même financée ?
Là encore, pour EELV il faut voir plus loin que le bout de son nez : on segmente par ZAC ou projet pour parler d’impact ICU mais on ne parle pas de l’impact des constructions sur l’ensemble du territoire lillois, c’est à dire que l’on n’intervient que sur le périmètre de la ZAC et non d’un point de vue plus global. Quant à conclure dans l’étude d’impact que le projet répond de manière positive à l’ICU…
A la page 124 de l’étude d’impact, il est écrit que les « facteurs topoclimatiques de l’agglomération lilloise ne sont pas favorables à l’existence d’un îlot de chaleur urbain en raison de la proximité de la mer (une centaine de kilomètres) qui explique la force des vents qui ne sont arrêtés par aucun relief en raison d’une topographie relativement plane, les altitudes sont comprises entre 20 et 50 mètres. Les vents ont tendance à homogénéiser les variations thermiques locales. ».
Cette phrase est inexacte. De manière générale, on observe un écart important entre la température des centres urbains et la température des zones non urbanisées environnantes (et donc une amplitude d’îlot de chaleur urbain importante) en conditions anticycloniques, à savoir lorsque les vents et la nébulosité sont faibles. Ainsi, il est vrai que la présence de vent a tendance à diminuer l’amplitude de l’ICU. Cependant, ce sont les conditions météorologiques à un instant donné qui ont une influence sur l’amplitude de l’ICU, et non la proximité avec le littoral. En effet, la littérature scientifique des 30 dernières années présente de nombreux exemples de villes côtières pouvant présenter un ICU important.
Il y a 40 ans, Tim Oke démontrait déjà dans son livre « Boundary Layer Climates » que l’intensité des ICU est globalement proportionnelle à la taille des agglomérations. L’agglomération lilloise pourrait donc atteindre des niveaux d’ICU proches des villes de même taille situées sous le même climat (cf. les études menées en France, en Angleterre, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne).
Toujours page 124, les auteurs indiquent que « les écarts de température avec le centre-ville de Lille sont de l’ordre de 1 à 2°C. Ce n’est qu’en s’éloignant sensiblement de l’agglomération que les écarts de température deviennent importants. Les campagnes réalisées en zone rurale ont permis d’enregistrer des températures inférieures de 3 à 4,5°C par rapport au centre-ville de Lille. ».
L’îlot de chaleur urbain connaît un cycle journalier. En Europe de l’ouest, l’amplitude maximale de l’ICU est souvent observée entre 3h et 5h après le coucher du soleil. Ainsi, le fait de citer des écarts de température n’a que peu d’intérêt si on oublie de préciser à quelle heure et dans quelles conditions les mesures ont été réalisées.
Par ailleurs, la taille des parcs urbains a une influence positive sur l’îlot de fraîcheur qu’il génère. En outre, le bénéfice thermique est plus élevé pour un parc que pour des arbres d’alignement. Si le projet d’aménagement consiste à construire sur la quasi-totalité de la friche, le petit espace laissé à la végétation ne générera qu’un îlot de fraîcheur très localisé. A l’inverse, la création d’un vaste espace végétalisé permettrait de générer une baisse de température plus significative par rapport aux quartiers environnants. Ici encore, la littérature scientifique fournit des informations détaillées sur l’influence de la taille et de la nature des parcs urbains sur l’atténuation des ICU.
Les auteurs prennent en compte les recommandations classiques faites aux aménageurs sur les ICU. Cependant, il est incorrect de laisser penser que le remplacement d’une zone arborée par des logements va contribuer positivement à l’atténuation des ICU.

Concernant la mobilité et la qualité de l’air :

Les enjeux sont insuffisamment appréhendés dans le dossier car ils sont basés sur une évaluation ex-ante qui pêche par optimisme et qui ne prend pas en compte les données actualisées (Cf. rapport de la MIE – Mission d’Information et d’Evaluation sur le PDU, document annexé à la délibération de la MEL 17C 1050 du 15 décembre 2017, pages 9 et 10) :

« En termes de projection et selon la progression des actions observées depuis 2012, le programme d’actions du PDU 2010-2020 ne pourra être mis en œuvre à 100% d’ici à 2020. (…) Dans le meilleur des cas, le programme d’actions sera mis en œuvre à 81% d’ici 2020, toutefois il apparaît plus vraisemblable d’atteindre 61%. »
Par ailleurs, l’enquête déplacement de 2016 a révélé les tendances suivantes sur l’évolution des parts modales, montrant un différentiel important au regard des projections du PDU 2010-2020 (sur l’ensemble de la MEL, marche : de 31 à 35%, vélo : de 2 à 10%, transports en commun de 10 à 20%, voiture : de 56 à 35%), soit pour Lille les résultats suivants :

  • Voiture conducteur : +2%
  • Voiture passage : +5%
  • Transports en commun : +8%
  • Vélo : +39%
  • Marche : +6%

Concernant l’appréciation des effets des transports routiers : le bruit, un enjeu de santé publique appelé à se renforcer

Les riverains de la rue de Cambrai ont constaté une forte augmentation du trafic routier sur cette voie, suite à la mise en œuvre du Plan de Déplacement lillois qui a eu pour effet de déplacer et de concentrer certains flux sur des voies n’ayant pas la capacité suffisante :

  • La rue de Cambrai est composée actuellement de deux voies bidirectionnelles, avec une chaussée trop étroite pour permettre le passage simultané dans le même sens d’un vélo et d’une voiture.
  • L’étude d’impact indique que la largeur de la voie, de 27 mètres, est suffisante pour accueillir un boulevard urbain de deux fois deux voies, pour accueillir dans chaque sens un couloir vélo, un couloir bus et un couloir voiture. Cette modification de la chaussée ne pourra se faire, sur la base du gabarit actuel, sans supprimer le stationnement de part et d’autre de la chaussée.
  • Une confirmation des nuisances générées par les riverains est apportée par les mesures du bruit présentées dans l’étude d’impact à l’entrée, au milieu et à la sortie de la rue de Cambrai : la moyenne sonore de l’état initial de l’environnement sur cette voie est comprise entre 70 à 75 décibels sur la tranche horaire 6h-22h, sur la base des mesures réalisées en 2012 et 2014, soit antérieurement au Plan de déplacement lillois. Ces seuils sont supérieurs aux seuils préconisés par la réglementation, sans que l’étude d’impact ne présente de mesures correctrices pour les riverains du projet (éloignement de la chaussée, isolation acoustique des logements)
  • Les risques d’augmentation des volumes sonores enregistrés sont d’ores et déjà fortement avérés, avec un risque d’augmentation lié à l’impact du projet, qui aurait potentiellement pour effet de maintenir, voire de renforcer, la fracture actuelle de part et d’autre du futur boulevard urbain rue de Cambrai.
  • Enfin, l’élargissement de la chaussée proposé ne traite pas des effets sur le stationnement sur le secteur de la rue de Cambrai pour les résidents actuels.

Ainsi, et conformément au premier avis de l’Autorité Environnementale, l’étude d’impact et les documents fournis dans le cadre de l’enquête publique semblent insincères et donc irrecevables en l’état : a minima, les données de l’enquête ménage déplacements, l’évaluation du PDU 2010-2020 et des données de comptage du trafic sur la rue de Cambrai doivent pouvoir enrichir une réflexion visant à véritablement garantir l’innocuité, et si possible les améliorations apportées par le projet vis-à-vis des résidents de la rue de Cambrai et des rues proches.
En l’état actuel des données et traitements envisagés au droit du projet, le traitement de voirie ne peut être jugé comme étant équilibré au vu des enjeux de développement de mobilité douce et des enjeux de stationnement sur le secteur, sans compter les enjeux de santé publique causés par une exposition prolongée à des dépassements sonores.

Nous avons aussi noté que le projet soumet deux plans de circulation :
Le plan de circulation 1 par son gabarit à double sens (emprise au sol) et son positionnement entre la rue de Cambrai et le boulevard Jean-Baptiste Lebas amènera à la constitution d’une voirie de trafic de transit en coeur de ZAC. EELV en demande son abandon.
Afin que le plan de circulation 2 soit en cohérence avec les attendus d’un quartier apaisé, EELV demande que l’ensemble de la voirie soit classée en zone de rencontre et constituée de boucles de desserte sans possibilité quelconque de relier via le cours l’est à l’ouest de Saint Sauveur (et réciproquement).

En matière de qualité de l’air : ce projet va apporter une superposition et le renforcement des inégalités environnementales et sociales pour les riverains.

Pour compléter cette approche des nuisances sonores, il est nécessaire d’évoquer les données publiées par Santé Publique France qui présente des données évaluées à 1689 morts prématurées par an sur la métropole lilloise en raison des polluants de l’air. Ces données datent de juin 2016 et peuvent être utilement complétées par d’autres articles scientifiques évoquant des cas d’asthme supérieurs de 40% parmi la population enfantine dans les quartiers Sud et Est de Lille.
Il semble donc fortement dommageable que l’étude d’impact sur l’environnement ne traite pas des effets sur la santé du projet, qu’il s’agisse des futurs habitants ou des riverains (par exemple, rue de Cambrai).
Les données d’analyse de la qualité de l’air sont quant à elles très insuffisamment documentées, avec des données de valeur pour le NO2 (dioxyde d’azote) et le benzène, mais aucune valeur pour les particules en suspension PM10 et PM2,5, les plus impactantes pour la santé.
Les données pour le NO2 confirment les données liées au bruit routier, et particulièrement le long de la rue de Cambrai, avec des dépassements vis-à-vis des valeurs seuils de l’UE pendant la campagne de mesure hivernale d’environ 25 microgrammes/m3 pour les points de mesure situées à l’entrée de la rue de Cambrai, à sa sortie, Porte de Valenciennes, mais aussi au sein du parc Lebas, présenté comme le deuxième poumon vert du futur quartier.
Il est également à relever que les campagnes hiver et été ont été réalisées à deux années d’intervalle, ne permettant pas de comparer ces mesures aux données Air de l’agglomération pour établir le profil d’une année complète.

Les simulations présentées ne peuvent donc être rapportées aux données présentées pour le NO2 dont les résultats de la campagne de mesure diffèrent très sensiblement des données annualisées, sans que la méthode ne soit justifiée.

Les hypothèses d’évolution de trafic sont amenées à contribuer significativement à l’augmentation des valeurs présentées sur le site du projet et pour les secteurs riverains.
Le projet ne respecte ainsi pas le point de vigilance formulé par le Schéma Régional Climat Air Energie : « Cette densification doit s’accompagner de mesures dans les secteurs du bâtiment et du transport routier, permettant de contrebalancer l’augmentation de population. La bonne intégration de la composante « qualité de l’air » dans les projets devra y contribuer, notamment par la place donnée à la nature en ville ».

Considérant les travaux en cours de modélisation de la qualité de l’air sur la métropole (il est notamment à noter que le Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement de la MEL est assorti d’une carte stratégique air/bruit sur le territoire de Lille-Lomme-Hellemmes, à laquelle il n’est pas fait référence malgré le fait que ces données sont antérieures à la mise à jour de l’étude d’impact), il aurait été nécessaire de fournir des données complètes sur le profil qualité de l’air du site, afin d’être en mesure d’analyser la circulation des masses d’air sur le territoire du projet, les impacts pour les nouvelles populations et riverains du site, et ainsi être en mesure de détailler les mesures préventives et correctrices pour les riverains.

Ainsi, le projet ne tient pas suffisamment compte des effets connus pour la santé humaine des nuisances sonores et pollutions atmosphériques, et ce en dépit de l’obligation de moyens découlant de la directive cadre européenne sur la qualité de l’air et de son application dans les projets d’urbanisme. Cette prise en compte insuffisante constitue un risque juridique, financier en cas de mise à l’amende par l’Europe, et un risque sanitaire inacceptable pour les riverains actuels, ainsi que les 5000 futurs habitants du quartier.

La longue durée des travaux, et des nuisances qui s’ensuivront, constitue un facteur de superposition des risques insuffisamment évalué, et donc anticipé et compensé.

La mise en danger de la ressource en eau des habitants de la métropole

Le dossier d’étude d’impact indique que deux aquifères principaux sont situés au droit du projet :

  • la nappe de la craie, important réservoir pour l’alimentation en eau, nappe peu protégée et « directement vulnérable aux pollutions ». La carte d’interprétation représentant la profondeur du toit de la craie par rapport au terrain naturel, indique que le toit de la craie est plus profond à l’ouest qu’à l’est. Il est également à mentionner que cette nappe présente des caractéristiques très similaires à celles situées sur le secteur de Lille sud, nappe qui bénéficie quant à elle de mesures de protection,
  • la nappe du carbonifère, située à 60 mètres de profondeur, d’où provient une grande partie de l’eau potable consommée sur la métropole lillois, nappe bénéficiant d’une protection naturelle relativement bonne.

Cependant, considérant :

  • qu’il est connu, qu’au niveau de certaines zones fissurées, les deux nappes peuvent être en connexion,
  • qu’il est indiqué dans l’étude d’impact que « l’est du site semble plus propice à l’implantation de bâtiments légers (sur fondations superficielles) que l’ouest du site où des bâtiments lourds (sur fondations profondes) seraient plus adaptés »,
  • que les données du BRGM indiquent que les eaux souterraines au niveau du site de Saint Sauveur présentent une très forte vulnérabilité (ce qui traduit une grande sensibilité des eaux souterraines aux pollutions générées par les activités humaines),

l’implantation de la piscine et d’une fosse à plongée sur le secteur du Belvédère ne peut se faire sur la partie Est du site (qui de plus n’a jamais été urbanisée), en raison à la fois de la sensibilité de la nappe, des risques élevés de transfert de pollutions entre une nappe vulnérable et une nappe protégée naturellement, de la faible épaisseur et de la fragilité de la nappe de la craie sur le secteur du Belvédère et plus globalement, des données transmises par le BRGM.
Une telle implantation est ainsi susceptible d’être contraire à l’atteinte des objectifs de la directive cadre sur l’eau et l’obligation de bon état des masses d’eau à l’horizon 2027.

Concernant les modifications du projet depuis 2015

Le projet de ZAC a déjà évolué depuis 2015, date de son lancement : quelques avancées ont été apportées au projet en réponse notamment à la mobilisation citoyenne et associative.

Malheureusement, les amendements pour augmenter le coefficient de biodiversité par surface (CBS) et la modification du nombre de places de stationnement par logement créé, proposés par le groupe des élus EELV au Conseil Municipal de Lille, dans le cadre du débat sur le PLU 2 (plan local d’urbanisme 2), ont été rejetés (annexes 2 et 3).

Quant au passage sémantique de Jardin de la Vallée à Parc de la Vallée, inutile de préciser qu’il ne saurait masquer la réalité : le nombre de mètres carrés d’espace vert par habitant reste désespérément insuffisant.

Le projet intègre aujourd’hui la construction d’une piscine olympique sur le site dit du Belvédère. Au vu des impacts sur la ressource en eau, il serait irresponsable de placer une telle piscine olympique sur l’emplacement qui lui est aujourd’hui destiné ; d’autre part, au vu des impacts des dérèglements climatiques, de la maltraitance des espaces de nature existants de notre ville, Europe Ecologie Les Verts demande une réorientation complète du projet pour la préservation des espaces de biodiversité abritant une richesse faunistique et floristique que l’on ne retrouvera plus sur notre territoire.

Rappelons que le Belvédère était initialement incorporé dans la ZAC de la porte de Valenciennes où il constituait le principal espace vert dont les habitants de cette ZAC sont donc privés.

A nouveau EELV regrette le manque de vision globale sur la construction de logements et de réflexion sur les espaces publics.

La Zac St Sauveur est considérée comme un élément détaché de son environnement. Or, de part et d’autre de la ZAC il y a aussi de nouveaux habitants. Sur la ZAC de la porte de Valenciennes, le solde entre les destructions et les constructions est de 780 nouveaux logements représentant une augmentation de la population d’environ 1600 personnes. De l’autre côté du site, à moins de 500 mètres de St Sauveur, les opérations immobilières en cours ou à venir (CRDP, Jean Macé, inspection académique, Malpart, Jacquard…) se multiplient et totalisent plus de 600 logements qui hébergeront environ 1200 habitants supplémentaires en première couronne de Saint Sauveur. Cette projection d’une augmentation totale de plus de 8000 habitants supplémentaires (équivalent à 40 % de la population actuelle du quartier de Moulins) provoquera des nuisances (trafic automobile) et une pression sur l’espace public incompatibles avec les défis d’une ville en transition. A titre d’exemple page 21, il est mentionné que le programme Saint-Sauveur devrait engendrer notamment la circulation d’environ 6 800 voitures (7140 voitures en incluant la piscine). En intégrant les projets immobiliers de la première couronne, c’est une augmentation de plus de 11 000 voitures par jour qui devrait être projeté.

Plutôt qu’un équipement sportif d’intérêt métropolitain, nous proposons donc la création d’un espace de nature d’intérêt métropolitain.

La biodiversité est indispensable à notre ville. Pour Europe Ecologie Les Verts, l’attractivité d’une ville, ce n’est pas que l’offre de toujours plus de logements, c’est aussi et d’abord sa qualité de vie, qui préserve la santé de ses habitants actuels et à venir, ses espaces de respiration, sa richesse en parcs et jardins, sa capacité à permettre les expérimentations et les innovations proposées par les habitants eux-mêmes.

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