DécouVerte des Bois Blancs – samedi 15 octobre 2016 🗺
Un quartier marqué par l’eau, aujourd’hui en pleine transformation.
Un peu plus de 30 personnes se rassemblent à la sortie du métro Bois-Blancs pour cette découVerte du 15 octobre 2016, guidée par Dominique Plancke qui, en attendant les retardataires, rappelle l’histoire du quartier.
Jusqu’au 19ème siècle, ce qui est aujourd’hui le quartier des Bois-Blancs est peu urbanisé hormis quelques constructions le long de la route de Dunkerque. En 1858 ce hameau est, comme toute la commune d’Esquermes auquel il appartient alors, rattaché à Lille. La nouvelle enceinte de fortifications qui est construite sous le second empire laisse les Bois-Blancs à l’extérieur des remparts, remparts dont il ne subsiste que la Porte de Dunkerque que manifestement peu de lillois connaissent.
À la fin du XIXème siècle, avec le drainage du terrain et l’industrialisation, les constructions s’accélèrent sur un territoire jusque là marqué par des jardins et des cultures maraîchères drainées par de nombreux ruisseaux bordés de bois-blancs (bouleaux, aulnes, saules, peupliers).
Des usines se développent sur de vastes surfaces le long du quai de l’ouest et sur le secteur de Canteleu à la limite de Lomme. La population des Bois-Blancs augmente progressivement au rythme de l’installation des industries. La plupart des rues sont construites au tout début du 20ème siècle. Les commerces et équipements ne sont que faiblement représentés (une école, une caserne de pompiers et une église). En revanche les très nombreux cafés et estaminets (58 recensés en 1930) offrent de l’espace pour la vie sociale, politique et associative.
Avec la deuxième vague industrielle des années 1920-1930 le quartier poursuit son développement. La création du nouveau port de Lille à l’emplacement des remparts et l’achèvement du canal de la Deûle, en 1955, confortent l’enclavement du quartier qui devient alors une île renforçant l’aspect village auquel sont encore attachés de nombreux anciens habitants.
La résidence HLM des Aviateurs, constituée de six barres construites sur une axe est-ouest, face au nouveau Port permet ensuite l’accueil de nouveaux habitants pour la plupart relogés du quartier St Sauveur soumis à une rénovation radicale.
Dans le dernier quart du 20 ème siècle, le quartier subit la désindustrialisation qui entraîne l’apparition de grandes friches industrielles à Canteleu et sur le quai de l’Ouest. Le quartier des Bois-Blancs est le premier quartier lillois à être doté d’une mairie de quartier. En 1989, le quartier des Bois Blancs est relié au centre ville de Lille et à Lomme par le métro. Dès 1988, la ville de Lille lance une première étude sur le foncier disponible sur le site autour de l’usine Le Blan Lafont. L’intérêt est uniquement économique et ne concerne pas à ce moment là le renouvellement urbain, contrairement à ce qui se fera une dizaine d’années plus tard avec la Zac des Rives de la Haute Deûle.
Le Port de Lille
Notre groupe rejoint la Deûle par le petit chemin ombragé qui descend de l’avenue de Dunkerque pour desservir les jardins familiaux situés à l’arrière de l’avenue Marx Dormoy. Face à nous sur l’autre rive se dressent les bâtiments du Port de Lille, géré par la Chambre de Commerce Grand Lille. Après le Pont de Dunkerque, le Port a inauguré en mai 2015 son Centre Multimodal de Distribution Urbaine (CMDU), plateforme multimodale pouvant réceptionner tous types de marchandises par la voie fluviale, par la voie ferrée et par la route. C’est aussi un entrepôt logistique pour recevoir la marchandise, la stocker temporairement, ou juste la faire transiter avant d’entrer dans la ville par des véhicules plus adaptés aux petites rues qu’un 38 tonnes.
Le Port de Lille est territorialement situé sur le quartier des Bois-Blancs (et non sur celui de Vauban Esquermes), mais le canal à grand gabarit forme une coupure infranchissable.
De la Plaine des Vachers au jardin des Passereaux
Vinciane Faber, conseillère municipale déléguée au quartier des Bois Blancs et Présidente du conseil de quartier, nous rejoint sur la Plaine des Vachers pour nous présenter le projet d’aménagement sur plusieurs années de cette plaine élaboré en concertation avec les habitants. L’aire du jeu pour enfants a été libérée cette semaine des grillages qui l’enserraient, de nouveaux jeux « nature » vont être installés, un labyrinthe végétal est en cours de plantation, des barbecues vont être installés…
Par la rue Gobin, l’une des premières rues à être bâties au 19 ème siècle (carte postale), nous rejoignons la rue Guillaume Tell, où s’élève l’école Desbordes-Valmore, seule école primaire du quartier, construite par l’architecte Wallars en 1908, et qui en fut le premier bâtiment public, agrandi en 1930. En face l’espace Pignon géré par le Comité d’animation des Bois Blancs accueille des expositions artistiques et culturelles.
Nous nous dirigeons par la rue Van Oost vers la rue des Bois-Blancs et l’église St Charles. Celle-ci, postérieure à 1905 n’est donc pas propriété de la ville, mais du diocèse. Son état entraîna sa fermeture au public en 2009. Sa démolition est alors envisagée, mais le quartier se mobilisa pour la conserver, au-delà des convictions religieuses, comme point de repère pour la quartier. L’argent versé par la Ville de Lille pour l’acquisition du terrain situé à gauche de l’église a permis la remise en état du bâtiment et sa réouverture en 2014.
A gauche de l’église, nous sommes accueillis par deux de ses animatrices dans l’ancien jardin du presbytère devenu le magnifique Jardin des Passereaux qui accueille les habitants et les enfants du quartier. Un composteur collectif vient d’être installé.
Les projets d’habitat participatif
Devant un panneau annonçant le démarrage d’un projet de logements, sur la parvis de l’autre côté de l’église, l »un des membres du collectif « les voisins du quai » nous explique la démarche d’habitat participatif à laquelle il participe. Il a répondu à l’appel à projets lancé par la ville de Lille il y a 5 ans sur plusieurs terrains des Bois-Blancs. « Les voisins du quai.. (pas à l’ouest » ont élaboré collectivement un projet pour une parcelle située 41 quai de l’Ouest : Lille Métropole Habitat y construit 11 logements (du T1 au T4) collectifs en habitat participatif pour « les voisins du quai » (locatif social et en accession sociale à la propriété). Chaque ménage aura son propre logement, mais des espaces seront partagés comme une chambre d’amis de 16m², une buanderie, un salon de 35m², et des espaces extérieurs (local de tri des déchets, un abri vélos, un jardin, et des places de parking). Ce projet s’inscrit dans une démarche environnementale exemplaire : ossature en bois d’essences régionales, éco-matériaux et panneaux solaires thermiques qui alimenteront un chauffe-eau solaire.
A l’évidence, cette initiative ne laisse pas indifférent et elle suscite beaucoup de questions de la part des participants à la DécouVerte sur le projet, le coût, la future gestion, les relations avec les autres membres du collectif, etc.
Pour le projet du 216 rue des Bois-Blancs, c’est Partenord Habitat qui construit 8 logements (du T2 au T4) en habitat participatif pour le collectif « Les voisins et caetera » (accession sociale et accession libre). Chaque ménage aura son propre logement, mais des espaces seront partagés comme une chambre d’amis, une buanderie, un salon, et des espaces extérieurs (un jardin de 300m², un abri vélos et des garages). Les logements seront également exemplaires d’un point de vue énergétique : l’exposition permettra de profiter de la lumière et de la chaleur naturelle, et les matériaux et le mode de chauffage utilisés seront écologiques (ossature en bois et chaufferie bois collective).
Un troisième projet doit voir le jour avec un troisième collectif rue du Pont à Fourchon du côté de l’actuelle Mairie de quartier, qui elle doit déménager quai de l’Ouest à l’angle de la rue du Pont à Fourchon.
Sur les friches Coignet et Aubrun un nouveau quartier s’achève
Par un passage bordé de poiriers en espalier, nous rejoignons l’allée Coignet, du nom de l’entreprise qui avait occupé ces terrains. Nous sommes maintenant sur la ZAC de la Haute-Deûle qui s’étend sur 100 hectares de part et d’autre du canal sur d’anciennes friches industrielles. De ce côté ci nous somme sur les friches Coignet et Aubrun. Le paysage est totalement différent de la rue des Bois-Blancs, avec des noues pour recueillir les eaux pluviales, des allées piétonnes et trois jardins en cours de réalisation entre de petites immeubles collectifs.
La rue du Pont à Fourchon (photo) est un axe important du quartier transformé qui relie par le très beau Pont à Fourchon Euratechnologie au « vieux Bois-Blancs ». Malheureusement le petit canal qui la longe sert trop souvent de poubelle et mériterait un nettoyage plus régulier.
De l’autre côté du canal, l’aménagement du Quai Hegel prouve que la SORELI (la société publique chargée de l’aménagement des Rives de la Haute Deûle) a manifestement encore de gros progrès à faire en matière d’aménagement pour les vélos… Prévoir une piste cyclable sur de gros pavés mal jointoyés, c’est un peu n’importe quoi.
Faute de temps, nous n’irons pas aujourd’hui découvrir de près Euratechnologie, autour de l’ancienne filature Le Blan Lafont construite entre 1896 et 1900 et aujourd’hui restaurée et reconvertie pour l’accueil d’activités tertiaires, de recherche et de formation liées aux nouvelles technologies. Selon les chiffres officiels, 3800 personnes travaillent désormais dans le secteur.
Les « d’à terre » de la Gare d’eau
Par le Quai de l’Ouest, nous rejoignons donc la Gare d’eau qui accueille ce week-end une fête, avec des concerts des spectacles, des visites, des débats, manifestation organisée par l’association TCF. Sur la palissade de la future résidence des Canotiers, le promoteur Nacarat a fait réaliser une riche exposition bien documentée sur l’histoire du site et du quartier.
Camille et Charlotte qui habitent chacun une péniche installée à demeure à la Gare d’eau nous expliquent qu’aujourd’hui celle-ci ‘est plus utilisée par des mariniers en activité. La plupart des péniches sont des logements habités par des gens d’ « à terre », comme eux, qui ont fait le choix de cet habitat original. Petite particularité: le quai est sur le territoire de Lille, mais le bassin où stationnent les péniches est sur celui de Lomme.
Poursuivant notre chemin sur le Quai de l’Ouest, nous arrivons à la pointe de l’île. Deux activités industrielles y sont encore installées : les cafés Méo, et Transfoplastique qui produit des sacs en plastique, mais aussi en papier. La teinturerie Montpellier installée là depuis 1898 a fait l’objet d’une liquidation judiciaire en mai 2015. Le bailleur social Vilogia a depuis racheté son emprise. De l’autre côté de l’eau, sur Lomme c’est l’îlot Boschetti qui suscite les convoitises des aménageurs et promoteurs. Les élus écologistes de Lille et Lomme sont mobilisés pour que le plus grande partie devienne un parc. Tout le secteur est pour l’instant englobé dans le périmètre de protection « seveso » de l’usine des Produits Chimiques de Loos, (ex Kuhlman), ce qui empêche toute construction.
Bientôt une guinguette au bord de l’eau ?
Devant la belle demeure de la famille Montpellier, située à l’entrée de l’ancienne teinturerie 121 quai de l’Ouest, deux responsables de l’association « au plus vite » nous attendent pour nous présenter leur projet de café solidaire et participatif dont ils espèrent qu’il pourra s’installer dans cette grande maison et dans le verger. Dans l’immédiat, l’association a organisé le massage des pommes du verger situé derrière la maison et propose des dégustations.
Par le chemin qui longe la Deûle face au Port, nous contournons les usines jusqu’aux Aviateurs. A l’arrière de l’école Montessori, Vinciane Faber nous présente le projet d’agrandissement lié à l’arrivée de nombreux nouveaux habitants sur le quartier . Elle nous explique aussi la problématique du Chalet, local destiné aux jeunes du quartier, construit sur l’emprise de l’école à l’époque où celle-ci était en perte de vitesse. Le Chalet va finalement rester sur place, mais les contraintes de sécurité liées à l’école vont l’entourer de grilles. L’école de musique qui avait aussi trouvé place dans l’école va déménager dans l’ancien lycée Jean Monnet aujourd’hui fermé et qui accueille déjà le Greta.
Poursuivant le long de la Deûle, sous le soleil, et en croisant de nombreux promeneurs malgré le bruit de fond de l’autoroute de Dunkerque, nous rejoignons la Plaine des Vachers et regagnons un peu avant 17 h notre point de départ, après quelques précisions sur l’ancien Lycée Monnet, et sur l’importance de l’emprise de la Clinique du Bois et de ses annexes sur cette partie du quartier.
A noter : un blog sur les Bois-Blancs
Prochaine DécouVerte : samedi 17 décembre à 14 h 30.
Photos Marc Santré et Dominique Plancke
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