DécouVerte d’Euralille samedi 20 août 2016 🗺

Décou-verte Lille Dondaines

C’est un groupe important, de plus de 40 personnes, qui se rassemble à 14 h 30 au métro Porte de Valenciennes, sous un soleil qui nous accompagnera finalement jusqu’à la fin de la visite.

Comme chaque année depuis 1995, la DécouVerte proposée autour du 15 août par le groupe Europe Ecologie Les Verts de Lille sera consacrée à Euralille. ( compte rendu de celle de 2015 )

C’est l’occasion de faire le point sur l’évolution en un an de ce projet urbain lancé à la fin des années 1980 pour accompagner l’arrivée du TGV à Lille. Le projet initial de « Centre International des Gares » s’est étendu au fil des années vers le sud le long de l’ancien tracé des fortifications avec Euralille 2 puis jusqu’à la Porte de Valenciennes. Le projet « brutal » de Rem Koolhaas s’est, notamment sous la pression des écologistes, petit à petit raccordé à la ville existante, en prenant mieux en compte les quartiers limitrophes et les habitants et en intégrant les déplacements des piétons et des cyclistes.

Dominique Plancke, qui guide la visite comme à l’accoutumée, explique que cette année les changements les plus visibles sont situés à la Porte de Valenciennes et aux limites de Fives, rue de la Chaude Rivière.

La Zac de la Porte de Valenciennes que nous arpentons est à la fois l’extension, le long des anciennes fortifications du 19ième siècle, de la Zac Euralille et une opération spécifique de renouvellement urbain. Au total 346 logements sociaux construits après-guerre ont été démolis. 1000 nouveaux logements sont prévus d’ici 2019 à la Porte de Valenciennes dont un tiers de logements sociaux. programme municipales

Sous le métro de la Porte de Valenciennes, un terrain de skate est en cours d’aménagement . C’est l’occasion pour Lise Daleux, adjointe au maire EELV, de rappeler que l’aménagement de jardins ou de terrains de sports sur ces terrains jusque là à l’abandon sous le viaduc du métro avaient été proposés par la liste écologiste qu’elle conduisait aux élections municipales de 2014.

métropolis

En longeant les chantiers des futurs immeubles Lux et Métropolis, nous arrivons devant le bel immeuble de l’Onera inscrit comme Monument Historique.

direction l'onera

L’Institut de Mécanique des Fluides de Lille (IMFL) est créé en 1930. Il devait constituer un centre d’enseignement supérieur et de recherches scientifiques dans les domaines de l’aérodynamique. L’inauguration officielle des locaux qui sont ceux actuels de l’Onera Lille a lieu le 7 avril 1934. En 1950, l’IMFL ne compte que 10 personnes sous la tutelle du Ministère de l’éducation nationale qui s’exercera jusqu’en 1967. 

City ZenEn 1955 naît le projet de construction de l’actuelle soufflerie verticale SV4 destinée à l’étude de la vrille débutante. Les premiers essais industriels s’y dérouleront en 1966. Aujourd’hui l’Onera de Lille est devenu un centre de recherche de pointe, qui travaille notamment actuellement sur les drones.

Le boulevard de Verdun est devenu une petite rue qui dessert toujours l’Onera, mais aussi de nouveaux immeubles de logement dont la construction s’achève, avec notamment l’immeuble City Zen sur lequel s’élèvent, comme posées sur le toit, de petites constructions en bois, sortes d’hybrides entre lofts et maisons individuelles en duplex (avec terrasse), d’une centaine de mètres carrés chacune.

De l’autre côté du Boulevard Périphérique, on quitte Moulins, c’est le quartier de Fives. Aujourd’hui le no man’s land qu’était devenu l’ancien Faubourg de Valenciennes, entre Moulins, le Centre et Fives se transforme petit à petit en véritable quartier. Seuls témoins de cette époque : les 3 immeubles en brique aujourd’hui gérés par Partenord qui accueillaient dans le passé des résidences étudiantes. En revanche la Maison Georges Lyon et l’Institut de Médecine Légale ont été démolis. 

La Maison Stéphane Hessel

maison stéphane hessel

La Maison Stéphane Hessel dont l’architecture remarquable marque le nouveau quartier a été ouverte à la fin de l’été 2015. Elle  héberge 3 équipements : l’Auberge de Jeunesse, une maison de l’économie sociale et solidaire et une équipement d’accueil de la petite enfance.

La maison de l’économie solidaire et sociale accueille une vingtaine de structures, soit 70 employés et des visiteurs. L’auberge de jeunesse peut héberger jusqu’à 200 « ajistes », et le centre multi-accueil petite enfance peut accueillir 70 enfants. Dominique Plancke en profite pour proposer à Lise Daleux de demander que l’arrêt de bus « Georges Lyon » soit débaptisé et nommé « Stéphane Hessel ».

La rue Jean Prouvé (qui porte le nom du constructeur de l’ancienne Foire Commerciale de Lille) nous mène jusqu’au pont qui enjambe les voies ferrées de l’ancienne gare de marchandise de St Sauveur. En franchissant ce pont on prend conscience de l’importance de ce site aujourd’hui en friche entre la rue de Cambrai, la rue Camille Guérin et le boulevard Lebas.

La Friche St Sauveur, à long terme et à court terme.

La Ville de Lille a retenu un cabinet d’architecture danois, celui de Jan Gehl, pour élaborer un plan masse du futur quartier qui doit y prendre place. Après plusieurs réunions de présentation et de concertation du projet, le projet construit ne fait pas l’unanimité, considéré par beaucoup comme trop dense et ne faisant pas assez le lien avec Fives. Un architecte lillois, Antoine Kubiak propose de transformer l’ensemble du site en parc urbain qui prolongerait le parc Lebas vers Fives. Sans retenir l’idée d’un parc sur l’ensemble du terrain, Lise Daleux, adjointe EELV chargée de l’environnement, estime que la superficie réservée à la nature est trop réduite dans le projet Gehl. Lise explique aussi la question de l’utilisation temporaire du site et présente le projet de « ferme urbaine » à Saint-Sauveur, mené avec la Mres Nord-Pas de Calais. Les projets urbains mettent (très) longtemps à émerger (le site de St Sauveur n’a plus d’usage ferroviaire depuis presque 15 ans). Des usages temporaires permettent donc de répondre aux besoins des habitants des quartiers environnants. Un collectif dénommé « Fêtes la Friche » a aussi investi le site pour la fête de la Musique et pour le 14 juillet.

cnfptLe CNFPT  qui était anciennement rue Meurein, est installé rue de Bavay depuis 2 ans. Il accueille jusqu’à 800 stagiaires dans un immeuble aujourd’hui encore isolé. Sur le terrain à côté doit se construire le Rectorat. Ce projet prend du retard puisque depuis un an la seule évolution sur le terrain, c’est l’affichage du permis de construire. L’immeuble prévu permettra de regrouper les quelque 800 personnes qui travaillent pour le Ministère de l’Éducation nationale et qui sont dispersées sur plusieurs sites de la métropole lilloise, dont principalement l’immeuble du rectorat de la rue St Jacques et l’immeuble de l’inspection académique rue Claude Bernard.

Deux femmes et un enfant poussant une poussettes lourdement chargée nous dépassent pour rejoindre le bidonville situé le long des voies ferrées, au fond de la rue de Bavay, qui abrite environ 80 personnes. Dans la plupart des interstices de la ville, le long des voies ferrées ou des délaissés routiers se sont installés des familles Roms ou des SDF, et même plus récemment parfois des réfugiés syriens. C’est le cas entre Porte de Valenciennes et St Sauveur.

le bois habité, toujours peu animéLe Bois Habité que nous traversons ensuite reste apparemment toujours peu animé (il est rare d’y croiser quelqu’un), mais calme (on n’entend pas le périphérique) et agréablement planté (noue, rues ombragées, mais aussi cheminements plantés et espaces verts ouverts ou fermés en coeur d’ilôt)

Sur le terrain en friche entre le Siège de Région et Lille Grand Palais, le long de la rue des Cités Unies, est prévue depuis 4 ans la construction d’un hôtel de grande capacité. Mais rien n’a bougé. Le projet d’extension des surfaces d’exposition de Lille Grand Palais sur la parcelle derrière le siège de région est lui complètement au point mort du fait de l’absence de financement.

piste cyclable pont de fivesNous poursuivons le long des voies de chemin de fer pour rejoindre le Pont de Fives, dont la piste cyclable du Pont de Fives est largement fissurée. Suite à l’intervention de Dominique Plancke, via twitter, le Conseil Départemental est venu en urgence signaler la dégradation et combler provisoirement les fissures provoquées par le passage d’un véhicule lourd sur une piste qui n’est pas prévue pour cela. (photo)

En traversant le bidonville où survivent quelques familles Roms, dont l’une a été expulsée en quelques mois de Tourcoing, puis de Faches avant d’échouer ici, le groupe rejoint la rue de la Chaude Rivière. Environ 1200 personnes de culture Rom, la plupart de nationalité roumaine, vivent aujourd’hui dans la métropole lilloise, dans des bidonvilles ou dans des squatts, dans des conditions indignes. La circulaire du 26 août 2012 est rarement appliquée et les expulsions continuent régulièrement sans proposer aucune solution, obligeant les familles à errer d’un terrain à l’autre. La scolarité des enfants et l’intégration sont trop souvent interrompues par ces expulsions. Petite avancée, il y a quelques semaines la Préfecture a mis en place dans le quartier de Vauban des caravanes sur un terrain « sas » équipé de sanitaires, avec un suivi social, pour 6 familles, dont 2 ont vécu ici avant. Les collectifs de soutien continuent à accompagner les familles Roms et à les aider à faire valoir leurs droits, en palliant souvent les carences de l’Etat et des collectivités locales.

Le château de Fives

devant EklaEn préalable au chantier du projet immobilier Ekla, porté par le promoteur Icade, à la frontière entre le quartier d’affaires Euralille et celui de Fives, une équipe de l’Inrap a réalisé, d’août à novembre 2015, une fouille archéologique prescrite par l’État (Drac Nord-Pas-de-Calais). 

Cette fouille a permis des découvertes très intéressantes sur l’histoire de ce site depuis le 1er siècle jusqu’à la fin du 18ème. De la céramique et des ossements d’origine animale, mais aussi de multiples fosses découvertes dans une terre marécageuse témoignent d’une occupation dès le Ier siècle avant notre ère. Trois grands fossés parallèles semblent marquer la présence d’un parcellaire antique probablement lié à un établissement rural à proximité. Au Moyen Âge (XIVe-XVe siècles), le site est encore occupé, comme en témoigne une série de très grandes fosses, probablement à usage artisanal. Il pourrait s’agir de la basse-cour du château de la Phalecque, attesté à cette époque dans les archives et qui aurait laissé place à l’édifice fouillé par les archéologues. Des différents châteaux qui se sont succédé sur ce site, seuls subsistent les vestiges archéologiques.  La première vocation du château semble être défensive : il est entouré d’un fossé dans lequel les archéologues ont mis au jour des boulets de canon en métal et en pierre portant des traces d’impacts. La découverte témoigne des périodes de conflits entre le Royaume de France et les Flandres. Fin XVIIe – début XVIIIe siècle, l’édifice du XVIe siècle est arasé et réaménagé en jardin tandis qu’un nouveau logis est construit au sud. Témoin de la fonction résidentielle du nouveau château, une « folie » occupait le fond de jardin. Lors du dernier siège de Lille par les Autrichiens, en 1792, le château de la Phalecque sert de poste avancé pour les assiégeants et abrite 300 uhlans. Pour une meilleure défense de la ville, il est ensuite décidé de créer un no man’s land autour de ses remparts et de détruire définitivement la propriété.

De la jeune fille au pair à l’auxiliaire de vie :

Trois grandes grues marquent, à l’emplacement de l’ancien château de Fives, le chantier du programme EKLA qui marquera l’achèvement de l’opération Euralille de ce côté en venant la relier à Fives .  Cet ensemble comprendra 16 160 m² de bureaux, 1 152 m² de surfaces commerciales, une crèche de 403 m², 107 logements sur une surface de 8 084 m² et 392 places de stationnement.

Etonnant : dans sa présentation publicitaire, Ekla propose également un nouveau style de vie au travers de quelques appartements répondant au concept « BIHOME : deux espaces de vie sont créés préservant l’intimité de chacun : 2 entrées indépendantes, 2 salles de bains-wc. Ainsi, les logements BIHOME accompagnent les besoins et l’évolution de leurs occupants. L’espace dédié à la jeune fille au pair devient chambre pour étudiant puis bureau de travailleur indépendant avant d’accueillir un parent isolé ou une auxiliaire de vie… ».

Le Parc des Dondaines est agrandi et mis en valeur :

Par la rue de la Chaude Rivière puis l’allée du Fort Ste Agnès, nous montons sur le Parc des Dondaines. Cette partie du Parc était quasiment en friche l’an passé. Aujourd’hui son avenir en tant que jardin est garantie, suite aux travaux réalisés cet hiver et ce printemps, qui agrandissent et valorisent ce Parc des Dondaines.

Décou-verte Lille Dondaines

aux abords de la friche st sauveurLise Daleux présente l’opération de plantation d’extension du parc des Dondaines de Lille, réalisée avec le collectif des Planteurs Volontaires où environ 2500 arbres et arbustes ont été plantés sur un mode participatif. L’objectif est de réaliser des plantations de haies et d’arbres isolés permettant aux brebis de la ferme urbaine Marcel Dhénin d’avoir de nouveaux espaces de pâturage.  L’association des habitants à la requalification du parc doit assurer une meilleure appropriation du site par les usagers. Lise explique aussi la politique municipale en faveur de l’apiculture urbaine, à l’occasion de l’installation prochaine de ruches « contemporaines » dans le Parc Matisse, en lien avec la Maison de l’architecture et de la ville.

Un nouveau plan de circulation pour une ville apaisée :

avenue Willy brandtEn reprenant l’avenue Willy Brandt, encombrée de voitures dont les conducteurs n’ont manifestement pas encore intégré le nouveau plan de circulation, nous rejoignons la Place des Buisses, terme de notre DécouVerte. C’est l’occasion pour notre guide d’expliquer le sens de ce nouveau plan, qui vise à dissuader le trafic de transit dans le Centre Ville et le Vieux-Lille, en utilisant le système des boucles, qui n’est pas révolutionnaire puisque déjà mis en oeuvre avec succès depuis 25 ans à Strasbourg. C’est une avancée très importante dans l’apaisement de la ville. Dommage que la Grand Place n’ait pas été totalement rendue aux piétons et aux vélos. Et il reste à faire le même travail sur l’ensemble des quartiers et dans les deux communes associées de Lomme et Hellemmes.

 

Photos Mathilde Steinauer et Dominique Plancke

Prochaine DécouVerte le samedi 15 octobre à 14 h 30

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