DécouVerte de Lille centre le dimanche 24 avril 2016 🗺

Une petite vingtaine de participants, que la température hivernale et la pluie menaçante n’ont pas découragé, est au rendez-vous de cette découVerte de Lille Centre, proposée par le groupe EELV de Lille et guidée comme à l’accoutumée par Dominique Plancke. Exceptionnellement cette DécouVerte a lieu un dimanche, pour cause de manifestation antinucléaire le samedi.

En partant de l’ancien quartier St Sauveur, nous rejoindrons la Place de la République, en passant par le Parc Lebas et l’ancien quartier universitaire de Lille.

Précision utile apportée par le guide dès le départ : quand on parle aujourd’hui de St-Sauveur, on évoque la plupart du temps l’ancienne gare de marchandises, située Boulevard Lebas, avec la brasserie branchée St So et la halle B transformée à l’occasion de Lille 2004 en lieu d’expositions. Mais St-Sauveur, c’est d’abord à l’origine l’un plus anciens quartiers de Lille.

Du passé faisons table rase !

départ au métro mairie de lilleOn a du mal à imaginer en sortant aujourd’hui du métro « Mairie de Lille » que ce quartier résidentiel et tertiaire aux rues très larges était un quartier populaire ouvrier jusque dans les années 1960, autour de l’église St Sauveur, entre les anciens remparts et la paroisse St Maurice. Dès avant le 18 ème les petites maisons ouvrières sans confort dans des rues étroites et dans des cours, avec souvent de petits ateliers textiles dans les caves et les greniers constituent un quartier populaire très dense où règne la misère.

Le quartier est touché par les bombardements lors du siège de 1708, puis lors de celui de 1792. En 1848, Blanqui écrit : « nulle misère au monde n’est comparable à celle du quartier Saint-Sauveur ». Le quartier subit encore des destructions importantes pendant la première guerre mondiale. En 1921 un projet d’urbanisme est adopté pour « assainir » le quartier et améliorer les conditions de logement, mais seule une partie est mise en oeuvre avant la deuxième guerre mondiale (rue du Molinel, avenue Hoover, commissariat de police, premiers HBM, Foire internationale, la fac de Droit, les Chèques Postaux…).  Après la guerre on voit s’ériger la Cité Administrative à partie de 1951.

christiane devant le refuge de l'abbaye de LoosC’est en 1956 qu’est décidé par le Conseil Municipal le plan de rénovation de St Sauveur devenu symbole d’insalubrité. Cette rénovation avec de larges percées routières fait table rase du passé, en dehors de quelques rares bâtiments que nous découvrirons lors de cette visite (rue des Brigittines, le refuge de l’abbaye de Marchiennes, l’Hospice Gantois, etc). 2257 logements sont détruits. L’hôpital St Sauveur est démoli (en dehors de ce qui est devenu le pavillon St Sauveur). Pour se donner une idée de l’ambiance de St Sauveur au début du 20 ème (qui comptait plus de 100 cafés) , on peut consulter ce blog très illustré.

 

cour des brigittines

cour des brigittines

Nous  nous engageons dans la rue des Brigittines s’ouvre sur la rue Delory et s’achève sur un parking. Ce n’est pas une cour au sens du 19 ème siècle, mais ce qui reste d’un couvent construit en 1604 destiné pour accueillir une vingtaine de jeunes nonnes dévolues à Sainte Brigitte. Ce couvent fut le théâtre d’une affaire qui fit grand bruit à l’époque. Accusée de sorcellerie, l’une des soeurs échappa de peu au bûcher, mais termina sa vie en prison. Le couvent disparut avec la Révolution.

Rue de Paris

Le refuge de l’abbaye de Marchiennes est un témoin isolé du quartier St Sauveur. Fondée en 603 sur les bords de la Scarpe, l’abbaye de Marchiennes crée son refuge lillois en 1620. Il s’agit de loger l’abbé et sa suite lors des États de la Châtellenie. Il échappa de très peu à la démolition en 1957 avant d’être protégé comme monument historique l’année suivante. Le porche a été reculé en 1964 pour cause d’alignement.

hospice gantois

hospice gantois

L’Hospice Gantois, créé dès le 15 siècle était destiné à accueillir malades et mendiants. Les derniers pensionnaires de l’Hospice Gantois devenu propriété du CHR quittent les lieux en 1995. Le bâtiment est transformé en hôtel de luxe qui ouvre ses portes en 2003 et qui est agrandi par un bâtiment contemporain en 2014.

Sur cette vidéo de l’INA, on découvre des images des années 1960 de la démolition de St Sauveur. On aperçoit le clocher de St Sauveur et le Beffroi de l’hôtel de ville. A l’époque, on ne parlait pas encore de déconstruction et de recyclage des matériaux : on rasait et on brûlait même sur place les déchets…

porte de parisLa rue de Paris se termine sur la Porte de Paris, arc de triomphe à la gloire de Louis XIV, édifié par l’architecte Simon Vollant après le rattachement de Lille à la France en 1667. A la fin du 19 ème siècle le Conseil Municipal envisage de la raser avant de se raviser. Il faut imaginer qu’elle n’était pas à l’origine dégagée au milieu d’une place, mais bordée de part et d’autre de remparts. Restaurée en 2003, elle abrite  le service Ville d’Art et d’Histoire de la ville de Lille.

hôtel de villeL’hôtel de ville est conçu par l’architecte Emile Dubuisson après l’incendie accidentel de l’hôtel de ville Place Rihour en 1916. La Ville décide donc après guerre de construire un nouvel hôtel de ville au coeur du quartier ouvrier, plus près des anciennes communes de Moulins, Fives et Wazemmes. Les travaux commencent en 1924 et s’achèvent en 1932. Le beffroi s’élève à 104 m.

 

Au delà des remparts

Au 8 de la rue Molière, face à l’entrée du Collège Franklin, Christiane Bouchart, conseillère municipale EELV en charge de l’économie sociale et solidaire, nous présente la  Couroutine, « espace contributif convivial construit, géré et financé par ses usagers pour créer, travailler, bidouiller, apprendre, innover, partager, échanger »

Le boulevard Louis XIV  est l’un des boulevards construits sur l’emplacement des anciens remparts après l’agrandissement de Lille en 1858 : à la fin du 19 ème s’y élèvent le Collège Franklin en 1890, l’ENSAM, l’école Nationale Supérieure des Arts et Métiers de Lille, œuvre de l’architecte Jules Batigny,  entre 1885 et 1900, l’Institut Pasteur de Lille en 1899.

Un grand potager collectif en pleine ville :

lise daleux St SauveurLe groupe est accueilli à l’entrée de St Sauveur par Lise Daleux, adjointe EELV, déléguée à la nature en ville (photo), qui nous emmène sur le site des potagers de St Sauveur, derrière la halle B. Ce projet de ferme urbaine qui devait être temporaire pour l’opération renaissance de Lille 3000 a connu un grand succès et est finalement pérennisé dans l’attente du projet d’urbanisme qui verra le jour sur ce site. potagers St SauveurLes petits potagers ronds sont individuels ou collectifs. Ce jardin partagé s’est inscrit dans le cadre d’un projet collaboratif impliquant des écoles de design autour de Lille Design, d’architecture (ENSAPL), la Maison Régionale de l’Environnement et des Solidarités (MRES), les associations Nature, la Ville de Lille et des habitants des quartiers lillois.

Un forum citoyen organisé par EELV le 14 juin sur l’avenir de la friche  de la gare St Sauveur

Le groupe EELV de Lille organise le mardi 14 juin à 19 h à la MER, 30 rue des Meuniers à Lille un atelier citoyen pour débattre de l’avenir de la friche de la gare St Sauveur. L’objectif est de débattre des différents projets pour ce site : le projet Gehl, retenu par la Mairie, le projet Kubiak, le projet d’EELV, mais aussi de faire des propositions pour une utilisation temporaire du site dans l’attente de projets qui ne verront pas le jour avant 7 ou 10 ans. La Métropole Européenne de Lille vient enfin d’acquérir les terrains, mais un projet d’une telle ampleur a besoin de recueillir l’avis et des propositions de tous.

Le parc Lebas a remplacé en 2005 un immense parking sauvage de plus de 1000 places tronçonné par 11 voies de circulation. Sous l’impulsion des élus écologistes, un atelier urbain qui a fait travailler le paysagiste avec les riverains a permis d’aboutir à la réalisation du parc d’aujourd’hui dont le succès ne se dément pas.

L’ancien quartier universitaire de Lille entré peu à peu en léthargie va reprendre des couleurs

On a du mal à se représenter ce que pouvait être ce quartier jusque dans les années 1960. Le quartier universitaire très animé d’alors s’est transformé en quartier résidentiel très calme avec le départ vers Villeneuve d’Ascq et la Cité Hospitalière. La Maison des Etudiants de la rue de Valmy et l’Hippodrome de la rue Nicolas Leblanc pouvaient drainer des milliers de personnes.

A l’angle de la rue Gosselet et du Boulevard Lebas se dresse l’ancien collège Jean Macé (remplacé par le Collège de Wazemmes). Il avait été un temps question d’y installer là un musée métropolitain des civilisations qui aurait permis de mettre en valeur les collections de l’actuel Musée d’Histoire Naturelle, mais aussi une partie des collections aujourd’hui en réserve des anciens Musée Industriel et Commercial, de Géologie et d’Ethographie. Malheureusement ce projet n’a pas été porté par le Maire de Lille et est aujourd’hui abandonné (provisoirement ?).  Dans l’attente l’ancien Collège Jean Macé a continué à se dégrader et paraît être promis à une démolition plus ou moins prochaine. Lors de la dernière campagne municipale, la liste EELV avait pourtant proposé d’y installer provisoirement des ateliers d’artistes, pour sauvegarder le site.

devant la MRESLa rue Gosselet accueille au numéro 30 la Maison Régionale de l’Environnement et des Solidarités (MRES), dans l’ancien Institut de Géologie. La MRES (à l’origine Maison de la Nature et de l’Environnement) a ouvert ses portes en 1979, suite à un engagement de Pierre Mauroy envers les écologistes lillois après les élections municipales de 1977.
Le quadrilatère qui héberge la MRES rue Gosselet et le Musée d’Histoire Naturelle rue de Bruxelles a été bâti en 1895 pour la faculté de sciences naturelles.

Nous passons devant l’entrée du Musée d’Histoire Naturelle. La grande bâtisse un peu plus loin sur la gauche rue de Bruxelles a été avec les bâtiments qui l’entourent rue Malus, rue Jean Bart et rue Jeanne d’Arc le premier bâtiment d’enseignement construit dans ce qui allait devenir le quartier universitaire de Lille, pour l’Institut Industriel du Nord (IDN, transféré depuis à la Cité Scientifique et devenu Centrale Lille). Les autres bâtiments abritent aujourd’hui le CEREMA (institut de recherche lié au Ministère des transports sur les déplacements) et l’IGN. La grande maison a été cédée gratuitement il y a quelques mois par l’Etat à l’ARELI pour le transformer en un centre d’hébergement et de réinsertion sociale de 45 places, qui sera géré par l’association Eole.

Ce projet a fait grincer quelques dents dans le voisinage, mais le climat s’est apaisé.

angellier

angellier

Arrivés sur la Place Georges Lyon, nous apercevons à droite les anciennes facultés de lettres et de droit de la rue Angellier, en pleine transformation pour accueillir à la rentrée prochaine Sciences Po Lille.
En face, l’ancienne bibliothèque universitaire, qui était devenue la Maison de l’éducation permanente, est aussi en cours de transformation pour devenir …une bibliothèque universitaire commune à Sciences Po et à l’école supérieure de journalisme : 20Minutes : « Lille va se payer son quartier latin »

Dans la rue Gauthier de Chatillon se dressent en face l’un de l’autre le temple protestant inauguré en 1872 et la synagogue ouverte en 1892. La communauté juive était peu nombreuse à Lille avant l’annexion de l’Alsace-Lorraine par la Prusse après la guerre de 1970. Elle se renforça après la première guerre mondiale avec l’arrivée de juifs en provenance de Pologne et d’Europe de l’est puis après l’arrivée d’Hitler au pouvoie en Allemagne. Le temple et la synagogue sont aujourd’hui protégés au titre des monuments historiques.

ancienne fac de médecineMis en vente par la Mairie début 2015, le bâtiment de l’ancienne faculté de médecine et de pharmacie rue Jeanne d’Arc et place du temple (8000 mètres carrés), qui était désaffecté depuis le départ du CNDP en 2007 pour Fives, vient d’être acheté par Finapar pour 11,4 millions d’euros. Ce promoteur va y installer 200 logements, un hôtel restaurant et une galerie d’art. Le centre culturel britannique qui y est déjà installé pourra y rester aussi. L’opération comprendra 30% de logements sociaux et devra conserver les façades.

La Place Philippe Lebon, comme la Place Jeanne d’Arc, a été complètement défigurée au cours du 20 ème siècle pour laisser la place à la voiture. En 2014 la liste EELV aux municipales a proposé de rendre aux piétons et aux promeneurs ces places aujourd’hui tronçonnées par de multiples voiries et espaces de parkings, et dont les pelouses sont inaccessibles. Le combat continue !

Rue Nicolas Leblanc : pendant 50 ans, cet rue aujourd’hui très tranquille a accueilli la salle l’Hippodrome, un cirque qui pouvait rassembler plus de 5000 personnes et dans lequel se sont déroulés spectacles, meetings politiques, combats de boxe, etc… On entrait à l’Hippodrome à la hauteur du n° 49 de la rue, et l’accès des artistes se faisait par la rue de Valmy. La salle a disparu dans les années 1930 au moment de la construction de la Foire Internationale de Lille avenue Hoover.

mutualabAvant de rejoindre la Place de la République, Christiane Bouchart nous présente le Mutualab, autre espace collaboratif de coworking, où il est aussi possible de déjeuner.

A l’angle de la Place et la rue Nicolas Leblanc la fontaine Vallon, du nom du Préfet en place lors de l’agrandissement de Lille a été démolie en 1963 pour laisser la place à un immeuble sans intérêt.

Nous arrivons au terme de notre balade du jour. La Place de la République qui accueille aujourd’hui Nuits debout ! a été réaménagée il y a quelques années, notamment grâce aux élus écologistes Marc Santré et Eric Quiquet. La rue qui la traversait en son milieu entre la rue Inkerman et la rue du Molinel a été supprimée pour rendre tout l’espace aux piétons et y permettre de nombreuses manifestations de toutes sortes. Sur cette place construite après l’agrandissement de Lille et le rattachement de Wazemmes ont été bâties la Préfecture puis le Palais des Beaux Arts.

Rendez-vous pour la prochaine DécouVerte samedi 11 juin à 14 h 30

Bibliographie :
Saint-Sauveur en Lille, regards croisés, 2001, (La Fondation de Lille)
Le quartier St Michel à Lille et son histoire de Marcel Héraud, 2001, (éditions Publi-Nord)
Bulletin de Renaissance du Lille Ancien

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