Biodiversité : Lille franchit une nouvelle étape

Après Paris, Montpellier et Orléans, Lille est la 4e ville de France à  s’engager dans un plan local pour la biodiversité. C’est le fruit d’une démarche engagée par les élus Verts depuis 2001, avec toujours un temps d’avance, et qui a vu la ville de Lille récompensée à  plusieurs reprises pour son volontarisme en la matière. Le plan Biodiversité présenté par Cyrille Pradal en conseil municipal du 27 juin 2011 a été voté à  l’unanimité.

Un défi mondial

La notion de biodiversité est récente (1985) ; cependant l’enjeu est de taille. La biodiversité désigne la variété du vivant : gènes, bactéries, espèces végétales et animales, écosystèmes… Cette variété et les interactions au sein du vivant sont déterminantes pour la bonne santé des écosystèmes, dont l’espèce humaine fait partie. Or ces écosystèmes sont aujourd’hui détruits, fragmentés, fragilisés, à  tel point qu’on assiste à  une sixième extinction des espèces.

L’activité humaine est à  la fois responsable et dépendante de cette situation. La pollution, le changement climatique, la surexploitation des ressources, l’agriculture intensive appauvrissant les sols, la modification des milieux naturels, etc. sont autant de facteurs de la dégradation. Dans le même temps, la biodiversité apportent des services essentiels : nourriture, médicaments, qualité de l’air, de l’eau, de la terre, matières premières, culture…

Les capacités d’adaptation et de résistance des espèces sont sérieusement amoindries. Il appartient à  l’humanité d’y remédier pour des raisons pragmatiques (biodiversité et humanité sont liées) aussi bien qu’éthiques (solidarité et responsabilité). Cet enjeu planétaire est reconnu par des accords mondiaux et internationaux, issus de la conférence mondiale de Nagoya (octobre 2010), qui réunit 193 pays autour de 20 objectifs pour 2020.

Une réponse locale

Si l’enjeu est global, les politiques municipales n’en sont pas moins parties prenantes. Parce qu’elles agissent directement sur la nature et sur l’aménagement urbain, et parce que l’administration municipale est la plus proches des habitants. Les villes ont donc un rôle de gestion et d’information en la matière. Et puisqu’en France, 80% de la population est urbaine, la mobilisation des citadins est essentielle.

Depuis 2001, sous l’impulsion des élus écologistes, la ville de Lille s’engage pour la biodiversité avec :

En 2011, Lille adhère à  la stratégie nationale pour la biodiversité, pour apporter une plus grande cohérence à  son action et pour aller plus loin. Ce Plan Biodiversité est le pendant du Plan Climat adopté en 2009. En vue d’une prise de conscience et d’une mobilisation collectives, le plan Biodiversité poursuit 4 objectifs :

> Connaître pour faire aimer

> Contribuer à  la réconciliation Homme / nature

> Augmenter la robustesse de la ville

> Inscrire la ville dans l’infrastructure naturelle métropolitaine et régionale.

Pour ce faire, le plan se décline en 5 axes-clés :

> Connaître > Transmettre et mobiliser > Aménager > étudier > évaluer

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1/ Connaître…

Savoir d’où l’on part est un préalable indispensable. Le dernier grand inventaire botanique sur Lille remonte à … 1901 ! Avec l’observatoire de la biodiversité lillois sont lancés des inventaires d’espèces avec un suivi annuel, de même qu’une évaluation des pratiques au sein des services.

2/ Transmettre et mobiliser…

Des dispositifs diversifiés doivent permettre à  chacun de s’impliquer comme il l’entend. Observatoires citoyens, « portraits nature », chantier nature, « verdissons nos murs » : ces opérations sont renforcées ou initiées en lien avec le réseau Naturenville de Lille Lomme Hellemmes qui propose 200 sorties-nature en 2011. Cette mobilisation s’appuie sur les rencontres croisées entre services, associations, bureaux d’études et habitants.

3/ Aménager…

Il s’agit de construire la ville de demain, en inscrivant la biodiversité comme une nouvelle préoccupation des services. Cette nouvelle donne implique une remise en question de l’ensemble des savoir-faire de la collectivité, depuis les gestes techniques quotidiens les plus anodins jusqu’à  la planification urbaine.

Cela dépasse donc la gestion des espaces verts [1] et vient concerner l’aménagement de la ville. Des prescriptions techniques seront définies pour la conception des nouveaux aménagements, en faveur de véritable corridors écologiques [2]. Les noues, mares, végétalisations de façades, installations de nichoirs, seront ainsi pensées en amont.

4/ Etudier…

Quelle est la toiture végétalisée la plus pertinente en terme de biodiversité et de faculté épuratrice? Difficile de répondre, tant la connaissance naturaliste s’est perdue. S’interroger sur la biodiversité en milieu urbain est nouveau et appelle un programme de recherche conséquent. Des travaux sont déjà  engagés avec la faculté de pharmacie, Lille 1, l’Institut catholique….

5/ évaluer…

Pour assurer sa mise en œuvre effective, le suivi et la communication du plan feront l’objet d’une attention soutenue. Cela passera par la définition de critère pertinents, par l’évaluation annuelle de chaque axe, avec un retour en conseil municipal. Enfin, la communication des résultats mettra l’accent sur le baromètre lillois de la biodiversité, qui rapportera l’état de santé de la biodiversité lilloise pour l’année passée, en passant au crible oiseaux, papillons, libellules, amphibiens, chauve-souris, criquets/sauterelles, abeilles et flore…

Ce baromètre est unique, c’est une création du service des parcs et jardins de la ville de Lille. Il présente le nombre d’espèces présentes, le nombre d’espèces potentielles, celles en dangers d’extinction en ville, l’état de conservation et les tendances évolutives (nombre d’espèces et d’individus).

Un plan pour prendre la mesure des enjeux

Avec son plan Biodiversité, Lille apporte une partie de la réponse à  un enjeu planétaire. La ville y trouve aussi des atouts locaux : sanitaires (captation des pollutions et des poussières, diminution des souches virales…), sociaux (meilleur cadre de vie, liens intergénérationnels…), économiques (secteur avide en main-d’œuvre, tourisme…).

Avec ce plan, les élus d’Europe Ecologie les Verts veulent aussi convaincre leurs collègues que la biodiversité ne se limite pas aux « oiseaux et petites fleurs », ni à  un reportage animalier sur une espèce lointaine en danger. La biodiversité n’est pas un supplément d’âme, mais la condition même du vivant.

Notes[1] zéro phytosanitaires en 2014, prise en compte des cycles de la nature, gestion future des cimetières, etc.[2] voir à  ce titre la prise en compte d’une coulée verte dans le GPU de Lille Sud

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