L’élan vers Copenhague

Du 2 au 4 juin 2009, Copenhague a accueilli le sommet des collectivités locales sur le changement climatique. Plus de 1000 participants représentant les collectivités locales y ont débattu du rôle des villes dans l’accord sur le changement climatique qui sera discuté à  Copenhague en décembre pour succéder au Protocole de Kyoto. Philippe Tostain y a représenté la ville de Lille et délivre ici quelques éléments pour la compréhension d’un tel sommet:

1. Les objectifs de Copenhague du 7 au 18 décembre 2009

Il s’agit d’y fixer les objectifs de réduction post-Kyoto (après 2012) d’émission de Gaz à effet de serre (GES), c’est-à -dire:

  • des objectifs de résultats de -20 à  -40% des émissions d’ici 2020 pour le Nord,
  • des objectifs d’atténuation (mitigation en anglais), c’est-à-dire de limitation de la croissance des émissions de GES pour les grands pays en développement (autrement dit des objectifs de moyens via des plans nationaux,
  • des objectifs de transferts de moyens du nord vers le sud.

2. La lutte contre le changement climatique et ses acteurs : la revendication des villes

La responsabilité du Nord étant reconnue, la question est de savoir à  quel niveau et à  quelle échéance se situent les engagements de chaque pays du Nord, en particulier ceux des USA, et comment sera réglementé le marché de crédits-carbone.

Parallèlement à la négociation des Etats (appelée COP = Conference Of Parties), les Villes du Nord revendiquent la pertinence concrète de leur intervention (80% des GES émis dans les villes), et donc leur association aux négociations, la reconnaissance de compétences et l’attribution de moyens par les Etats (Engage, Empower, Resource).

C’est le sens de ce sommet qui a abouti à une déclaration des grands réseaux mondiaux de villes : « appel des gouvernements locaux et régionaux aux parties à  Copenhague ».

On retrouve cette autonomie politique des villes dans le mouvement des villes américaines contre le dérèglement climatique, indépendamment de Bush, dans l’engagement du pacte des Maires entre l’Europe et les villes européennes et en France dans la reconnaissance des villes dans le cadre du Grenelle.

3. Points de vue d’acteurs du Sud

Il y eu lors de ce « sommet » une intervention de l’ambassadeur de Chine qui a clairement réclamé l’objectif maximum de – 40% pour les pays du Nord et un transfert de technologie vers le Sud.

Pour ma part, ce qui m’a le plus frappé dans cette conférence, ce sont les témoignages d’une députée camerounaise et du Ministre de l’urbanisme d’Afghanistan, illustrant l’accroissement des inégalités et les sorties de route. [« A mesure qu’un système s’approche de ses limites écologiques, les inégalités ne font que s’accroître », écrivait en 1987 le rapport Brundtland, «Notre avenir à  tous», premier grand texte politique sur le développement durable.]] Au Cameroun, le dérèglement climatique accroît la sécheresse et les inondations et la précarité de l’agriculture. C’est donc l’autonomie alimentaire qui est en cause, dans un pays dont les ressources principales sont agricoles. En Afghanistan, le Ministre a affirmé que « vingt-cinq ans de guerre, ce n’est rien comparé aux destructions dues à  la sécheresse des six dernières années ».

4. L’élan vers Copenhague

Entre septembre et décembre, nous allons voir monter en puissance un élan vers Copenhague avec les initiatives des réseaux relayés par les Villes du Nord, celles des ONG et de l’ensemble de la société civile.

5. En France, l’initiative des collectivités françaises et le rôle de Lille et de LMCU

Je représentais la Ville de Lille à  Copenhague afin de proposer une coordination aux autres grandes villes et agglos présentes pour décliner au niveau français leur engagement et leur exigences vis-à -vis de l’Etat, négociateur aux côtés de l’Europe.

Nous sommes convenus, avec les collectivités de gauche présentes, représentées par des Verts [1], de relayer l’appel du sommet par un engagement conjoint des réseaux de collectivités français : AMF, AMGVF, ACUF, ADF, ARF, AFCCRE (Association Française du Conseil des Communes et Régions d’Europe) et Cités Unies France. Ronan Dantec, animateur du groupe de travail « changement climatique et énergie » du Comité Exécutif d’Eurocities, en est chargé.

Pour ma part, avec Eric Quiquet pour LMCU, je dois proposer à l’AMGVF (Association des Maires des Grandes Villes de France) et l’ACUF (Association Communautés Urbaines de France) d’élaborer une adresse au gouvernement déclinant les demandes de l’appel, pour les agglomérations françaises, en s’appuyant sur les débats du Grenelle, à  l’agenda parlementaire de la rentrée.

Parallèlement, à  Lille et LMCU, nous devons animer «l’élan vers Copenhague» par l’accompagnement des initiatives des ONG et par une communication et des initiatives institutionnelles. En particulier, je propose à  Marie-Pierre de faire apparaître le volet Nord-Sud de coopération décentralisée.

Philippe Tostain

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Pour en savoir plus:

  • [Sommet des Collectivités Locales sur le Changement Climatique
  • Discours de Denis Baupin(Adjoint au Maire de Paris chargé du développement durable, de l’environnement et du plan climat – Vert) lors de la signature du pacte des maires.
Notes

[1] Denis Baupin, Ville de Paris, C40, Andrée Buchmann, CU Strasbourg, Bruno Charles, Grand Lyon, Laure Curvale, CU Bordeaux, Ronan Dantec, Nantes Métropole, Eurocities, Philippe Tostain, Ville de Lille, Michel Vampouille (CR IdF)

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