OGM – Groupe des élus EELV de Clermont-Ferrand https://elus-clermontferrand.eelv.fr Un site utilisant Réseau Europe Ecologie Les Verts Mon, 01 Jul 2019 15:38:19 +0200 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.10 OGM : ‘Angoisse’ et mauvaise foi https://elus-clermontferrand.eelv.fr/ogm-angoisse-et-mauvaise-foi/ Tue, 22 Jul 2014 08:58:15 +0000 http://elus-clermontferrand.eelv.fr/?p=8354 Notre quotidien régional témoignait, il y a peu, de cet amour du débat qu'il nourrit à longueur de colonnes éditoriales, en publiant une note intitulée « L'angoisse du progrès ». L'auteur se proposait d'y pourfendre le combat de « l'écologie réactionnaire » contre les essais d'OGM en plein champ. Il y mêlait remarques assassines et assertions péremptoires, si ce n'est très peu fondées. ...]]>

Notre quotidien régional témoignait, il y a peu, de cet amour du débat qu’il nourrit à longueur de colonnes éditoriales, en publiant une note intitulée « L’angoisse du progrès ». L’auteur se proposait d’y pourfendre le combat de « l’écologie réactionnaire » contre les essais d’OGM en plein champ. Il y mêlait remarques assassines et assertions péremptoires, si ce n’est très peu fondées.

RUIZ

Cependant le vitriol est une essence qu’on ne saurait manipuler qu’avec doigté. Tout excès génère un effet miroir ; et l’excès de la dénonciation débouche fatalement sur l’excès dénoncé.

Face à « l’écologie réactionnaire, véritable handicap pour le progrès », l’auteur s’érige en grand inquisiteur de la « vraie recherche », pour ne pas dire de la vraie science. Sous entendant qu’il y en aurait une fausse, bardée des certitudes d’un autre temps, des croyances et superstitions léguées par « l’angoisse du progrès » et en proie à un « irrationnel manipulateur » ; manipulé d’ailleurs par de « pseudo-études de professeurs pseudo-rigoureux. » Pour ne pas dire de pseudo-professeurs.

Aussi lorsque la Vérité brille d’un tel éclat dans le ciel des idées, il n’est que volonté criminelle ou mauvaise foi pour ne pas se laisser convaincre et céder aux miraculeux attraits d’un progrès que, par pudeur sans doute, cet éditorialiste n’affuble pas d’un P majuscule.

La conclusion est un vibrant appel au toujours « véritable » débat (…). Mais que reste-t-il du débat, que reste-t-il de choix et de liberté quand la Vérité se fait si manifeste ? Que reste-t-il même du courage, cette vertu si nécessaire à la qualité du débat public, quand le Vrai rayonne d’une telle évidence ? L’auteur n’évoque-t-il d’ailleurs pas le « gène du courage politique » ? Mais qu’en est-il du courage s’il est génétiquement déterminé et ne doit défendre que des vérités préalablement établies ? Le courage ne se tient-il pas plutôt dans l’appréhension des limites que le doute et le risque confèrent au débat ?

Probable ; mais il faudrait alors reconnaître que toute vérité se construit sur le doute comme sur une complexité des choses que cette démarche inquisitoire réfute entièrement.

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Ce texte s’en prend encore à M. Séralini, professeur de biologie moléculaire, auteur d’une étude toxicologique sur un maïs transgénique qui fit grand bruit en 2012. On est en droit de s’interroger sur la nature de la lecture faite de ses travaux. A quelle vérité transcendante doit-on l’assertion selon laquelle « les pousses de soja meurtrières – utilisées dans l’expérience – étaient issues de l’agriculture biologique » ? Quand l’OGM employé ici était le NK 603 (principalement du maïs), un OGM conférant une tolérance au glyphosate, principe actif du Round Up, herbicide bien connu. Quel sens donner à l’emploi d’un argument si grossier ? Fait-on ici le pari d’une incompétence, celle de l’auteur ou de ses lecteurs ? S’agit-il encore de jeter l’opprobre sur des pratiques culturales biologiques tenues sans doute pour réactionnaires ? Si réactionnaires d’ailleurs, qu’elles cultivent des résistances végétales qu’une certaine science cherche à obtenir à grands renforts de transgenèse.

La richesse et la diversité des semences, des pratiques agricoles, des terroirs et de leurs combinaisons complexes relèveraient-elles de « l’obscurantisme écologiste » ? Qu’en est-il, enfin, de ces fameuses « possibles solutions face aux enjeux majeurs de notre époque » ? Marquée du sceau de la Vérité, si ce n’est du bon sens, la formule n’en est pas moins fumeuse.

Les OGM commercialisés aujourd’hui servent-ils à nourrir l’humanité ou à absorber le stock de produits phytosanitaires des grands groupes de la chimie qui s’en sont fait une spécialité ?

La crise alimentaire et agricole mondiale n’attend-elle qu’un sursaut de productivité pour se résorber ? Les OGM sont-ils d’ailleurs conçus pour accroître les rendements agricoles ? Le permettent-ils ?

Et finalement, en tant que biens communs, le vivant et l’alimentaire doivent-ils relever des marchés, de l’appropriation industrielle et privée ? De la seule logique du profit et du produire plus ?

Voilà autant de questions que cette note anodine aurait pu aborder afin de nourrir un débat dont l’auteur ne voulait manifestement pas. Il visait sans doute autre chose. Laissons cela à la sagacité de ses lecteurs.

L’un de ses illustres prédécesseurs écrivit un jour : « Sauf erreur, je ne me trompe jamais. »

Il est bien des manières de revenir aux sources sans verser dans la réaction.

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OGM : comment la diplomatie américaine veut les imposer ? https://elus-clermontferrand.eelv.fr/ogm-comment-la-diplomatie-americaine-veut-les-imposer/ Fri, 17 May 2013 07:54:11 +0000 http://elus-clermontferrand.eelv.fr/?p=6326 Plus de 900 câbles diplomatiques montrent comment les ambassades américaines ont tenté de briser la résistance aux produits génétiquement modifiés à l'extérieur des États-Unis.  On le sait, les organismes génétiquement modifiés (OGM) font l'objet de lobbying de la part des firmes de l'industrie des biotechnologies comme Monsanto, Syngenta, Bayer, Dow Agrochemical et consorts. Mais ce que l'on soupçonne moins, c'est qu'une partie de cette promotion active, voire agressive, est menée depuis des années par des diplomates américains dans de nombreux pays du monde. ...]]>

Plus de 900 câbles diplomatiques montrent comment les ambassades américaines ont tenté de briser la résistance aux produits génétiquement modifiés à l’extérieur des États-Unis.  On le sait, les organismes génétiquement modifiés (OGM) font l’objet de lobbying de la part des firmes de l’industrie des biotechnologies comme Monsanto, Syngenta, Bayer, Dow Agrochemical et consorts. Mais ce que l’on soupçonne moins, c’est qu’une partie de cette promotion active, voire agressive, est menée depuis des années par des diplomates américains dans de nombreux pays du monde.

L’ONG américaine Food and Water Watch a analysé et compilé, dans un rapport publié mardi 14 mai, 926 câbles diplomatiques échangés entre le département d’Etat américain et les ambassades de 113 pays étrangers entre 2005 et 2009. Il en ressort une campagne soigneusement conçue pour briser la résistance aux produits génétiquement modifiés à l’extérieur des Etats-Unis, et ainsi aider à promouvoir les profits des grandes entreprises agrochimiques américaines, qui dominent la production de maïs, de soja et de coton outre-Atlantique.

Le rapport offre un autre aperçu de la puissance de cette industrie, après que la Cour suprême a apporté son soutien, lundi, à Monsanto, contre un petit agriculteur de l’Indiana accusé d’avoir enfreint ses brevets dans l’utilisation de graines transgéniques.

RELATIONS PUBLIQUES

Les câbles, publiés par WikiLeaks en 2010, mettent tout d’abord en lumière la stratégie de relations publiques, via des dizaines de conférences, événements et voyages tous frais payés aux Etats-Unis, visant à convaincre scientifiques, médias, industriels, agriculteurs et élus des avantages et de l’absence de danger des produits génétiquement modifiés – dont la question du risque et des rendements est posée.

Parmi les nombreux exemples dévoilés par le rapport, un câble de 2005 indique qu’un circuit dans quatre villes italiennes pro-OGM, organisé par le consulat à Milan, avait débouché sur une interview de quatre pages dans le magazine L’Espresso, ainsi que des reprises dans des quotidiens et à la télévision. En 2008, pour empêcher la Pologne d’interdire les OGM dans l’alimentation du bétail, le département d’Etat avait également invité une délégation du ministère de l’agriculture polonais à rencontrer des experts, notamment du département de l’agriculture américain. Entre 2005 et 2009, 28 voyages ont été organisés de la sorte aux Etats-Unis, avec des délégations de 17 pays.

PRESSIONS ET TERRAIN JURIDIQUE

Les diplomates américains devaient aussi faciliter les relations entre les firmes des biotechnologies et les gouvernements étrangers, notamment des pays en développement comme le Kenya ou le Ghana, pour promouvoir non seulement les politiques favorables aux biotechnologies et à la brevetisation du végétal, mais aussi les produits et exportations de ces entreprises. En 2005, l’ambassade d’Afrique du Sud informait ainsi Monsanto et Pioneer de deux postes vacants au sein de l’agence gouvernementale de régulation des biotechnologies, leur suggérant de proposer des « candidats qualifiés ».

Enfin, l’effort du département d’Etat s’est aussi déployé sur le terrain juridique : les diplomates américains installés à l’étranger se sont ainsi opposés à des lois sur l’étiquetage des produits OGM ou des règles bloquant leur importation. Et les Etats-Unis ont saisi plusieurs fois l’Organisation mondiale du commerce, notamment contre le moratoire de sept pays européens sur la culture du maïs MON810.

Selon le rapport de Food and Water Watch, 70 % des câbles échangés avaient trait aux lois et régulations des pays étrangers quant à l’agrochimie et 38 % portaient sur des pays membres de l’Union européenne, parmi les plus hostiles. Dans un câble de 2009, l’ambassade américaine en Espagne demande ainsi « une intervention du gouvernement américain de haut niveau », à la « demande urgente » de Monsanto, pour lutter contre les opposants espagnols aux cultures OGM. L’ambassade des Etats-Unis en France a, elle, proposé de tenir une conférence sur le thème « comment les biotechnologies peuvent répondre aux pénuries dans les pays en développement » pour contrer l’image négative dont pâtissent les OGM dans l’Hexagone.

ARGENT DES CONTRIBUABLES AMÉRICAINS

A la suite de la publication de ces câbles, l’un des porte-parole de Monsanto, Tom Helscher, a répondu qu’il était « crucial de maintenir un dialogue ouvert avec les autorités et industriels d’autres pays ». « Nous sommes engagés à aider les agriculteurs dans le monde, alors qu’ils travaillent à répondre à la demande alimentaire d’une population croissante », assure-t-il.

« Cela va vraiment au-delà de la promotion de l’industrie des biotechnologies américaine, rétorque Wenonah Hauter, directrice exécutive de Food and Water Watch, citée par Reuters. Il s’agit de saper les mouvements démocratiques locaux qui peuvent être opposés aux cultures OGM, et de faire pression sur les gouvernements étrangers afin de réduire également la surveillance sur ces cultures. »

« Il est consternant de constater que le département d’Etat est complice dans le soutien à cette industrie, malgré l’opposition du public et des gouvernements de plusieurs pays, regrette de son côté, dans les colonnes de l’agence de presse, Ronnie Cummins, directrice de l’ONG Organic Consumers Association. L’argent des contribuables américains ne devrait pas être dépensé pour remplir les objectifs des géants des biotechnologies. »

Audrey Garric

[Source : Le Monde.fr | 16.05.2013]

 

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