industrie – Groupe des élus EELV de Clermont-Ferrand https://elus-clermontferrand.eelv.fr Un site utilisant Réseau Europe Ecologie Les Verts Mon, 01 Jul 2019 15:38:19 +0200 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.10 Clermont : le miracle IKEA ? (1) https://elus-clermontferrand.eelv.fr/clermont-le-miracle-ikea-1/ Mon, 22 Sep 2014 08:57:02 +0000 http://elus-clermontferrand.eelv.fr/?p=8786 L'été clermontois a été marqué par l'arrivée d'IKEA dans le bassin clermontois. Alors que la poussière et les paillettes retombent, il est temps de tenter de discerner l'envers de cette arrivée si triomphale, du tapis rouge à tous les honneurs auxquels peut prétendre un investisseur privé, brandissant très haut l'importance des retombées économiques de son implantation. ...]]>

L’été clermontois a été marqué par l’arrivée d’IKEA dans le bassin clermontois. Alors que la poussière et les paillettes retombent, il est temps de tenter de discerner l’envers de cette arrivée si triomphale, du tapis rouge à tous les honneurs auxquels peut prétendre un investisseur privé, brandissant très haut l’importance des retombées économiques de son implantation.

Partie 2

– Partie 3

– Partie 4

Depuis le début du mois d’août, IKEA est partout chez lui à Clermont-Ferrand : en bordure d’autoroute, dans nos têtes et nos boîtes aux lettres, dans les pages de la presse locale et celles du bulletin municipal, sur les pavés de la place de la Victoire (sic).

En somme, rien n’est trop beau pour IKEA. Et comme tout le monde le sait, quand IKEA va, tout va. Pas d’inquiétude, il y a des retombées économiques à la clé. Mais sont-elles si certaines ? Et de quelle nature ? Et finalement, que nous dit l’implantation d’IKEA sur les mutations de l’économie locale et régionale ?

Des retombées en termes d’emplois ?

L’arrivée d’une enseigne telle qu’IKEA, nous dit-on, ce sont avant tout des emplois dans le bassin.

Certes, mais en grattant les surfaces de communication qui entourent le débarquement du géant suédois, le triomphe d’IKEA, outre la modernité qu’il semble nous offrir, pourrait bien être l’arbre qui cache la forêt (par ailleurs équitablement abattue sous des latitudes moins tempérées que les nôtres).

L’arrivée clermontoise du numéro 1 mondial de l’ameublement a jeté un peu de lumière sur un secteur qui, localement, essuie la crise de plein fouet. Le magasin Atlas de Lempdes est en liquidation ; une enseigne vieille de 40 ans. Le magasin Fly de Lempdes aborde la période qui s’ouvre avec appréhension ; l’adaptation risque d’être délicate. Atlas, Fly ainsi que Crozatier, appartiennent au groupe de Mobilier Européen (groupe Rapp) : or celui-ci est placé en procédure de sauvegarde depuis juin dernier, et ce, afin de réorganiser ses activités. Et de ‘couper’, donc, les branches les plus fragiles.

Cumulée aux bilans désastreux du secteur en 2012, 2013 et début 2014, l’arrivée d’IKEA ne contribue pas à relancer l’activité de ces magasins tant le développement du secteur paraît inélastique. Avec un résultat de 9,27 milliards d’euros en 2013, le secteur large de l’ameublement génère un CA inférieur à celui de… 1990 (9,67 milliards d’euros). La profession en est réduite à appeler l’État à des incitations fiscales pour une relance du meuble à l’italienne…

IKEA crée 210 emplois à Clermont-Ferrand. En compensant la perte des 20 emplois du site Atlas à Lempdes. Mais en accélérant la crise du reste du secteur. Le bilan en termes d’emplois reste à apprécier sur la durée. A l’avenir, mais également au regard des pertes enregistrées depuis près de 30 ans dans le secteur du meuble en Auvergne [cf infra].

Destruction créatrice, dit-on souvent. Mais destruction quand même. Et ce, sans parler des professionnels du meuble de la vaste zone de chalandise d’IKEA – le « très grand Clermont » – dont les territoires risquent de pâtir de la concurrence du distributeur d’origine suédoise sans trouver les compensations économiques que le bassin clermontois trouve à l’installation de cette enseigne.

Quand bien même l’enseigne jaune et bleue contribuerait à une dynamisation locale et assez peu durable de la demande locale d’ameublement, celle-ci paraît assez peu élastique pour permettre autre chose qu’un jeu à somme nulle dans les années à venir : en gros, l’absorption du secteur par le nouvel arrivant.

[A suivre…]

IKEA bilan

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Crise du lait : croissance contre territoires https://elus-clermontferrand.eelv.fr/crise-du-lait-croissance-contre-territoires/ Thu, 30 Jan 2014 11:06:04 +0000 http://elus-clermontferrand.eelv.fr/?p=8013 La coopérative Sodiaal vient de fermer le site Candia de Saint-Yorre (03). Elle supprime 106 emplois et contribue à la « revitalisation » du territoire à hauteur de 600 000 euros ; quand elle absorbe le groupe 3A et investit dix millions d'euros en Bretagne dans une unité de production de lait à destination de la Chine ! ...]]>

La coopérative Sodiaal vient de fermer le site Candia de Saint-Yorre (03). Elle supprime 106 emplois et contribue à la « revitalisation » du territoire à hauteur de 600 000 euros ; quand elle absorbe le groupe 3A et investit dix millions d’euros en Bretagne dans une unité de production de lait à destination de la Chine !

Finalement cette crise n’en est pas une. En tout cas, pas pour tout le monde. Elle est le symptôme d’une mutation profonde d’un secteur laitier sommé de déverser ses milliards de litres sur le grand marché mondial. En guise de mutation, on assiste en fait à une adaptation, flexibilisation, concentration, bref à une destruction des filières de l’élevage laitier ancré dans les territoires.

Sont en cause ici :

– un marché français atone pour le lait, depuis la fin des années 1990 ; situation qui pousse à s’orienter vers l’exportation.

– la demande croissante en produits laitiers des pays émergents dont la révolution industrielle et urbaine porte des coups terribles à leurs agricultures et élevages.

La Turquie, par exemple, comptait 16 millions de bovins en 1980 pour 44 millions d’habitants ; et seulement 2 millions en 2012… pour 75 millions de personnes.

– La fin des quotas laitiers de l’Union Européenne, prévue pour 2015. Se sont conjugués là une volonté des pays du nord de l’Europe, le souhait de mettre fin à des politiques coûteuses comme le désir des industriels de gérer plus librement les volumes et les prix selon leurs intérêts. [Outre le lait, le sucre lui aussi est concerné par la suppression des quotas. Dans ce cas de figure, la pression des grands producteurs de soda a été déterminante.]

Ces nouvelles perspectives sur les marchés européens et mondiaux contraignent les professionnels du secteur à de grandes manœuvres de restructuration. Quand les producteurs laitiers bataillent pour être payés décemment, « les géants français du lait sont encore en pleine croissance », titrait récemment le magazine Challenge. Les logiques économiques et financières ne correspondent pas à des logiques territoriales et durables. La disparition du site Candia de Saint-Yorre, et l’affaiblissement de la zone de collecte laitière qui y était liée, est très révélatrice à cet égard : elle signe l’avènement d’une économie du lait hors-sol, tel que symbolisé par l’investissement concomitant dans des tours de séchage Sodiaal en Bretagne. Cette même économie hors-sol qui plonge la Bretagne dans l’impasse de son modèle agro-industriel.

 

Darwinisme laitier

Le principe ? Adapter par le prix et le marché les unités de production laitières aux conditions du marché mondial. Bref, éliminer les fermes non rentables et privilégier les usines à lait de type Ferme des Mille Vaches dans l’Ouest de la France afin de faciliter l’accès aux marchés mondiaux.

Dans ces conditions, la liquidation du site de Saint-Yorre ne signifie, ni plus ni moins, que l’abandon d’une zone de collecte trop étendue et trop peu accessible. En effet, l’agriculture de montagne se prête mal à la production du tsunami laitier induit par la demande croissante des pays émergents. Le Massif central et les Alpes sont classés parmi les zones à petites exploitations et à faibles rendements. Des géographies peu propices aux économies d’échelle nécessaires pour tenir dans le grand marché global.

***

Face à cette destruction systématique d’un secteur riche de sa diversité et de ses origines, il est sans doute temps de s’interroger :

  • sur la finalité de la production laitière : le chiffre d’affaire de groupes tels que Danone ou Lactalis a triplé en dix ans (passant de 6 à 18 milliards d’euros). Face à de telles courbes de progression, on ne peut que rester dubitatif : la finalité est-elle de produire du lait ou du chiffre d’affaire ? Vise-t-on le lait ou la croissance de la quantité de lait produite ?

La réponse n’est pas neutre quant au sens de cette production.

Sur sa durabilité, ses limites et donc sur les besoins essentiels auxquels une telle production est censée répondre.

  • Sur le coût de ce nouveau modèle agricole : sans connaissance des besoins réels de la population, l’activité laitière entre dans une démesure industrielle dont le terme est la liquidation d’une agriculture de proximité, potentiellement qualitative, durable et inscrite dans le territoire.

Une telle liquidation au profit exclusif d’une agro-industrie mondialisée comporte de sérieux risques et coûts économiques, sociaux, sanitaires et environnementaux. Faudra-t-il que nos territoires supportent seuls le coût global des profits faramineux réalisés sur les marchés mondiaux ?

 

Repenser l’alimentation

Cette question dépasse le cadre du secteur laitier pour englober la totalité de la question agro-alimentaire. L’alimentation est un bien commun, un service vital assuré par des ressources et des cycles naturels : doit-elle être un objet d’appropriation par un système qui en tire autant de profits qu’il génère de dégâts, de pollutions et de crises sanitaires ?

Le partage des fruits et des moyens de la production a été la question politique et sociale de ces deux derniers siècles. Il était la clé de la justice sociale.

Le partage des fruits et des ‘moyens’ de la vie, de toutes les ressources qu’elle génère et qui la rendent possible, est la question politique et sociale de celui qui s’ouvre : l’accès à une alimentation saine, durable et maîtrisée en est l’un des aspects.

Il passe par le maintien et le développement d’une agriculture de proximité en phase avec les besoins alimentaires des territoires. Ce qui implique l’invention et la mise en œuvre de politiques d’alimentation locales [La création juridique du Contrat Alimentaire Territorial dans la récente loi de modernisation de l’agriculture en est une préfiguration].

Bref, tout le contraire des stratégies de développement à « l’international » des grands groupes agro-industriels.

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EELV demande l’abandon des négociations sur le traité TAFTA https://elus-clermontferrand.eelv.fr/eelv-demande-labandon-des-negociations-sur-le-traite-tafta/ Mon, 27 Jan 2014 08:57:18 +0000 http://elus-clermontferrand.eelv.fr/?p=7996 Devant la pression publique montant contre le traité transatlantique négocié dans le plus grand secret, le commissaire européen chargé du commerce, Karel de Gucht, a annoncé mardi 21 janvier l’ouverture d’une consultation publique sur le mécanisme privé de règlement des différends. ...]]>

Devant la pression publique montant contre le traité transatlantique négocié dans le plus grand secret, le commissaire européen chargé du commerce, Karel de Gucht, a annoncé mardi 21 janvier l’ouverture d’une consultation publique sur le mécanisme privé de règlement des différends.

Derrière ce terme technique se cache une menace fondamentale pour nos démocraties : demain des multinationales pourraient contester en justice des décisions prises par des Etats pour protéger leur populations ou l’environnement. Ainsi, Philipp Morris attaque l’Australie pour ses restrictions sur le commerce de tabac, l’Allemagne est poursuivie pour sa sortie du nucléaire et Novartis et d’autres laboratoires pharmaceutiques harcèlent juridiquement l’Inde pour qu’elle cesse de produire et exporter des médicaments génériques.

Cette procédure mettrait donc directement le pouvoir normatif entre les mains des acteurs privés, de part et d’autre de l’Atlantique… Demain, des multinationales pourraient forcer le gouvernement français à signer les permis d’exploitation de gaz de schiste ou à accepter les OGM ou l’importation de boeuf aux hormones ou encore du poulet à la dioxine.

EELV se félicite que l’opposition croissante à ce traité amène enfin la Commission à ouvrir un échange avec les citoyens européens… Nous n’imaginons pas que les négociations puissent se poursuivre pendant cette consultation : EELV réclame la transparence la plus complète sur l’état de ces négociations.

Cette consultation n’est qu’une première victoire. Europe Écologie Les Verts réaffirme son opposition la plus ferme au traité TAFTA dans son ensemble : comme nos homologues Partis Verts Européens, nous refuserons et combattrons toutes tentatives d’affaiblir les régulations nationales et européennes en matière d’environnement et de santé, de protection des travailleurs et des consommateurs et des données.

Julien Bayou, porte-parole
Sandrine Rousseau, porte-parole

Pour aller plus loin, qu’est-ce que TAFTA ?

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Economie : virage social-libéral ou environnemental ? (1) https://elus-clermontferrand.eelv.fr/economie-virage-social-liberal-ou-environnemental-1/ Mon, 13 Jan 2014 10:06:36 +0000 http://elus-clermontferrand.eelv.fr/?p=7896 Retrait hâtif de l’écotaxe, largage inopiné du CICE, prétendu tournant « social-libéral » du Président Hollande… toutes les mesures ou non-mesures, les décisions et horizons des décideurs politiques de ce pays se résument à bien peu de choses : réduire les charges pesant sur l’activité pour en libérer le potentiel de croissance. ...]]>

Retrait hâtif de l’écotaxe, largage inopiné du CICE, prétendu tournant « social-libéral » du Président Hollande… toutes les mesures ou non-mesures, les décisions et horizons des décideurs politiques de ce pays se résument à bien peu de choses : réduire les charges pesant sur l’activité pour en libérer le potentiel de croissance.

Peut-on dès lors parler de tournant historique ou de mesure « révolutionnaire » ?

En 1993, Valéry Giscard d’Estaing faisait la tournée des plateaux TV en vantant son programme de « fiscalisation des charges sociales », entendez allègement des charges patronales transférées sur la CSG ou la TVA. Vingt ans plus tard, son fils Louis se répand à longueur de débats budgétaires sur l’étranglement d’une économie française aux prises avec « l’atavisme dispendieux » de la gauche tricolore.

Plus qu’une histoire d’obsession, une histoire de famille. Dans les années 1980, Yvon Gattaz, alors président du CNPF, proposait un choc de réduction des charges contre la création de 450 000 emplois. En 1986, J. Chirac en appliqua bien l’ordonnance… sans le moindre effet probant… Trente ans plus tard, le fils de M. Gattaz, alors président du MEDEF (ex-CNPF), propose un choc de compétitivité de 100 milliards d’euros contre la création d’1 million d’emplois…

Myopie de l’économie classique

Les bons docteurs Diafoirus de l’économie nationale et mondiale ont beau nous rebattre les oreilles de leurs recettes de grand-mère, le décalage entre leur vision de l’économie et les mutations profondes qu’elle vit aujourd’hui ne cesse de se creuser.

Dans le discours ambiant (et dominant), parler économie c’est parler, comme on le faisait au XIXè siècle, de travail, de capital, de coûts, de compétitivité(-prix). Parler économie, c’est se limiter à ces notions comptables, aux différents éléments et rapports d’un tableau de compte ; bref à une économie hors-sol, en quête de ratios financiers et dans le déni complet de ce qui la rend tout simplement possible ;

dans l’oubli complet des conditions de reproduction du facteur travail : les salaires, bien évidemment, mais aussi les conditions sanitaires, l’éducation, le logement, l’alimentation, le bien-être… bref, de tout ce qui constitue l’environnement vital des travailleurs.

dans l’oubli complet des conditions de reproduction du facteur capital : les capitaux financiers, certes, les immobilisations. Mais aussi les ressources nécessaires à la production : énergies, matières, et les sources de ces ressources : biodiversité, eau, sol, air ainsi que les principes de régulation de ces mêmes sources (climat, écosystèmes)… bref de tout ce qui constitue l’environnement vital des entreprises.

L’activité économique, notamment industrielle, passe par l’extraction, la transformation, la distribution et la consommation de matière, autant d’opérations correspondant à des dépenses énergétiques. Un système économique viable et durable ne peut pas refuser de considérer la disponibilité des ressources qui lui sont vitales, et donc leurs conditions de reproduction. Ainsi en va-t-il des stocks de matière première, de la qualité des sols comme et surtout de l’état de la biodiversité et du végétal : hormis le nucléaire, le solaire et la géothermie, toutes les énergies ont à voir avec le vivant : des énergies fossiles à l’éolien (dimension climatique) en passant par la biomasse. Notre économie dépend donc des capacités du vivant à se reproduire et à reproduire ses ressources de période en période.

Au-delà de la durabilité de notre économie, il y a bien évidemment tous les services écosystémiques invisibles rendus par la nature à notre économie. L’exemple le plus célèbre étant celui de la pollinisation assurée par les abeilles, service assuré gratuitement dont le coût n’est mesurable que par la perte. [Voir notre série sur les insectes pollinisateurs]

Aussi cela paraît-il hallucinant de continuer à parler aujourd’hui d’économie en termes d’arbitrages entre le travail et le capital. Soit en penchant du côté du capital (libéralisme ou social-libéralisme) soit du côté du travail (socialisme ou social-démocratie). Puisque c’est faire fi de toute la dimension environnementale du développement, ignorer le poids croissant de son empreinte écologique, des dégâts, des crises et finalement des coûts qu’elle inflige à ce même développement. Coûts qui -loi du marché oblige – sont socialisés et payés par tous, et surtout les plus fragiles d’entre nous, quand les profits à court terme sont privatisés.

Quand on mesure

– que la crise de 2008 est la première crise depuis celle de 1848 a d’abord être une crise écologique, c’est-à-dire une crise des ressources (alimentaires et énergétiques)

– que l’atonie des croissances occidentales (voire la déflation chronique de l’économie japonaise) coïncide avec la stagnation de la quantité d’énergie disponible par habitant sur la Terre (début des années 1980)

– que la crise actuelle n’est donc pas qu’économique ou budgétaire mais bien, d’ores et déjà environnementale,

comment prétendre se fendre de solutions d’avenir sans y intégrer la troisième dimension émergente, celle du facteur naturel ou vivant ?

[A suivre…]

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La Bretagne sonne le glas de l’économie hors-sol https://elus-clermontferrand.eelv.fr/la-bretagne-sonne-le-glas-de-leconomie-hors-sol/ Tue, 29 Oct 2013 16:36:41 +0000 http://elus-clermontferrand.eelv.fr/?p=7527 Doux, Gad, Marine Harvest... La Bretagne est balayée par un « tsunami social », une crise majeure de son industrie agroalimentaire. Des milliers d'emplois sont perdus ou menacés par les fermetures et les délocalisations. Un système économique s'effondre. Existe-t-il une alternative ? ...]]>

Doux, Gad, Marine Harvest… La Bretagne est balayée par un « tsunami social », une crise majeure de son industrie agroalimentaire. Des milliers d’emplois sont perdus ou menacés par les fermetures et les délocalisations. Un système économique s’effondre. Existe-t-il une alternative ?

Le maire de Carhaix, Christian Troadec, fustige les choix de l’entreprise Marine Harvest, leader mondial du saumon, qui se conduit comme un requin. Cette société « affiche des bénéfices et préfère investir en Pologne où les salaires sont moins chers ». [Source: Le Monde.fr]

Par ailleurs, sa commune a tout fait pour accueillir le chinois Synutra, qui a signé un accord d’approvisionnement en lait breton auprès de la coopérative Sodiaal et s’apprête à construire deux tours de séchage (pour la poudre de lait). Rappelons, ici en Auvergne, que Sodiaal est la coopérative laitière qui a choisi de fermer le site de Saint-Yorre (03) et de laisser près de 120 personnes sur le carreau. Sans oser dire que la zone de collecte régionale, montagneuse et étendue, n’est pas des plus compétitives pour de la poudre de lait… à vendre en Chine.

Face à la mondialisation et à son implacable logique de mise en concurrence des territoires, certains élus crient encore au manque de préparation et d’adaptation des économies locales; à commencer par les zones comme le Finistère.

Mais réalise-t-on bien de quoi l’on parle ?

A-t-on conscience de ce qu’impliquerait une telle « adaptation » ? De ce qu’elle signifierait en termes d’usines à lait, à saumons ou à poulets ? De conditions de travail et de rémunération pour les derniers employés ? De conditions environnementales et sanitaires pour les travailleurs, les résidents et les consommateurs ? D’alimentation animale, de protéines importées (d’OGM notamment), de produits phytosanitaires, de pathologies, d’antibiotiques et de souffrances pour les animaux… ?  

A -t-on conscience que ce que l’on réclame en guise d’adaptation n’est en fait autre chose que « l’amélioration » du système mis en oeuvre jusque-là ? Celui d’une économie typiquement hors-sol, à l’image de ses élevages sur caillebotis, si néfastes pour la teneur en nitrate des nappes et cours d’eau.

Faudra-t-il que les filières actuelles s’adaptent à leur propre logique et aillent faire produire du porc breton à des Baloutches sans papier dans des élevages climatisés du désert saoudien, et ce, afin d’inonder le marché chinois ? Au regard des exigences de ce genre d’industrie, une telle absurdité ne semble pas si lointaine.

***

Mais au- delà des seules impasses du modèle agroalimentaire en train de s’effondrer, force est de constater l’échec tragique d’une économie hors-sol. Hors territoire.

Plus que jamais, l’heure est à l’économie territoriale ; à l’économie des ressources, dans tous les sens du terme.

Lorsque la stratégie de développement d’un territoire ne consiste qu’à faire des pieds et des mains en direction du capital circulant globalement, la survie économique de celui-ci est menacée à plus ou moins long terme; surtout en période de crise énergétique rendant plus criantes encore les inégalités territoriales (n’est-il d’ailleurs pas éclairant de voir les revendications bretonnes se concentrer sur le coût de l’écotaxe poids lourds qui viendrait alourdir la « compétitivité » du territoire breton ?)

Pour les écologistes, une stratégie de développement viable sur le moyen et long terme doit tenir compte de trois principes incontournables :

  • Investissement / Imagination / Innovation (dans tous les secteurs : financier, social, culturel…)
  • Mobilisation des ressources locales (durablement employées; et donc renouvelables)
  • Structuration en réseaux / Solidarités / Circuits courts.

Sous ce triple éclairage, on quitterait l’agroalimentaire pour passer à l’alimentation ; la production de profits privés pour l’investissement dans un bien commun territorial, la nourriture. On passerait de l’économie hors-sol à l’économie locale tournée vers la production et la préservation de biens communs essentiels à la vie locale : l’eau, le sol, l’énergie, le patrimoine immatériel…

Production agricole de proximité, autosuffisance alimentaire, préservation des ressources locales, vitales et capacités d’adaptation aux crises (alimentaire, économique, énergétique, climatique…) : tels sont les ressorts d’une économie en symbiose avec son territoire. Intensive en emplois, diversifiée et riche en innovations de toutes sortes, elle est la clef d’un renouveau des territoires à tous les points de vue, économique, industriel, social…

La situation bretonne n’est qu’une caricature tragique d’un modèle parvenu à son terme et

– négligeant les ressources locales au profit du grand « déménagement du monde » (importations d’intrants, exportations de produits)

– négligeant ses impacts sur la région (tant en termes humains, sociaux qu’économiques et environnementaux) au point d’en exploiter toutes les ressources et de les souiller en en faisant payer le prix à la collectivité.

– négligeant toutes les dimensions de l’investissement en ne visant que les seuls gains de productivité.

Face aux défis guettant nos territoires, pareille myopie est criminelle. Le projet métropolitain du Grand Clermont y échappe-t-il tout à fait ? Rien n’est certain. A charge pour nous, écologistes, de formuler les grands axes d’un projet alternatif.

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[TE] Vers l’économie circulaire https://elus-clermontferrand.eelv.fr/te-vers-leconomie-circulaire/ Tue, 14 May 2013 08:11:38 +0000 http://elus-clermontferrand.eelv.fr/?p=6222 En prenant connaissance du métabolisme d'un territoire, on acquiert la connaissance des flux de matière, d'énergie et de liquidité (monnaie) qui entrent et sortent sur ce territoire. Et donc une évaluation de l'indépendance / dépendance de ce territoire par rapport au reste du monde : le territoire, son économie et ses emplois dépendent-il de flux monétaires venus de l'extérieur (redistribution, dotations, pensions, solidarité nationale, investissements...)? ...]]>

En prenant connaissance du métabolisme d’un territoire, on acquiert la connaissance des flux de matière, d’énergie et de liquidité (monnaie) qui entrent et sortent sur ce territoire. Et donc une évaluation de l’indépendance / dépendance de ce territoire par rapport au reste du monde : le territoire, son économie et ses emplois dépendent-il de flux monétaires venus de l’extérieur (redistribution, dotations, pensions, solidarité nationale, investissements…)?

La vie économique d’un territoire dépend-elle de sources d’énergie venues de l’extérieur ? Et donc de flux monétaires quittant ce territoire ? Ces flux monétaires sortants ne seraient-ils pas mieux utilisés sur le territoire en question pour

– diminuer les consommations énergétiques (et donc la dépendance extérieure, la fragilité du territoire aux crises externes)

– redécouvrir les énergies locales

– intensifier l’activité économique locale en emplois ?

Limiter les besoins (sobriété), les pertes (efficacité), et favoriser les énergies renouvelables à l’échelle d’un territoire, c’est rabattre des flux monétaires sortants sur le développement du territoire ; c’est donc mettre en œuvre un principe d’économie circulaire : réinvestir une partie des flux sortants (monétaires, matériels et énergétiques) sur ce territoire.

Le développement d’un écosystème industriel et économique local permet donc de :
– Limiter les gaspillages
– Favoriser les circuits courts
– Limiter la portée des chocs économiques externes
– Intensifier le développement local en emplois locaux et durables

 

Synergies entre acteurs économiques

Tirer le meilleur parti des principaux flux de matières et d’énergie d’un territoire peut consister à favoriser les synergies entre acteurs économiques : par exemple, les déchets d’une entreprise (matière, chaleur…) peuvent servir de matière première à une autre.

  • L’intérêt est d’ordre économique pour les entreprises
  • et d’ordre environnemental pour le territoire (préservation des ressources).

Cette idée d’un écosystème industriel à l’échelle d’un territoire débouche sur l’écologie dite industrielle ou circulaire. A l’échelle d’un territoire, on parle d’écologie territoriale.
Concrètement, une telle organisation peut s’initier via un espace de dialogue et d’échanges entre les acteurs économiques et institutionnels locaux (tel le Club Energie-Climat de la communauté d’agglomération clermontoise), afin

  • de faciliter leur auto-organisation
  • d’évaluer les bénéfices économiques, sociaux et environnementaux engendrés par les synergies potentielles.

Ex : le département de l’Aube est à l’origine d’une structure associative, Le Club d’écologie industrielle de l’Aube, regroupant le conseil général, une université et des entreprises pour explorer des projets territoriaux d’écologie industrielle.
Le Canton de Genève s’est, quant à lui, lancé dans la démarche Ecomat avec l’ambition d’une réutilisation maximale des déchets du secteur de la construction. Ce territoire est en effet confronté à une raréfaction des ressources en gravier comme à un problème de gestion des déchets de démolition et d’excavation.

Au printemps dernier, a été lancé l’Institut de l’économie circulaire, présidé par le député Europe Écologie les Verts, François-Michel Lambert : son objectif est de préparer la France à une mutation de son appareil productif vers des processus circulaires. Le constat étant que le modèle linéaire extraire – fabriquer – consommer – jeter fait face à une impasse majeure avec la raréfaction des ressources et la quantité de déchets produits.

Comment, dès lors, orienter les investissements vers une économie plus circulaire, moins dévoreuse d’énergie et de matière, en rupture avec les stratégies d’obsolescence accélérée, de gaspillage généralisé, une économie moins tournée vers la propriété que vers l’accès et l’usage durables (économie de la fonctionnalité) ?

Comment s’orienter vers une économie qui, à une échelle pertinente, forcément territoriale, vise à faire mieux correspondre offre et demande (dans le respect des trois principes de sobriété, efficacité et renouvelables) ?

Comment faire de nos économies locales, des systèmes intensément écologiques, intense en emplois locaux, intense en utilisation de ressources locales renouvelables (et donc préservées), intensément efficaces à tous les niveaux ?

Comment faire passer nos économies du seul objectif de performance compétitive à celui de résilience durable ?

 

Faire correspondre la demande et l’offre locale d’énergie

Au-delà de la seule industrie, la maîtrise locale des réseaux d’énergie permet une adéquation locale des productions et consommations d’énergie (Voir ICI).

Cela vaut aussi pour la chaleur et le froid pour lesquels la réalisation d’un plan chaleur local peut s’avérer déterminant.
Les besoins en chaleur et en froid sont plus importants que les besoins en électricité. Des sources de chaleur sont disponibles de façon diffuse sur tous les territoires :  cogénération, usine d’incinération, excédent de chaleur fatale industrielle, eaux usées, groupes frigorifiques, data center… Et puis des sources de chaleur basse température : rivière, lac, mer… Il s’agit alors de recenser les besoins et les potentiels disponibles afin de rapprocher l’offre et la demande : ainsi des ressources en chaleur peuvent être ignorées alors qu’à quelques pas de là, de l’énergie est gaspillée pour en produire. Un plan chaleur territorial doit permettre de confronter ressources et besoins et de peser sur les décisions d’urbanisme.

Enfin, la réutilisation des déchets organiques d’un territoire donné peut conduire à la mise en oeuvre d’un plan territorial de méthanisation. Le méthane ainsi produit permettant d’alimenter des centrales en cogénération (chaleur et électricité).

***

Penser un territoire selon les principes d’un organisme permet d’en rendre la vie et le développement durable, renouvelable, d’en accroître la résilience aux chocs économiques, sociaux et écologiques externes et de contribuer à sa croissance, notamment en termes d’emplois, locaux et non délocalisables. On parle souvent de relocalisation de l’économie : l’économie circulaire et le circuit court nous apprennent que cette relocalisation commence par la transformation de nos dépenses inutiles en investissements d’avenir sur nos territoires. Comme, par exemple, la transformation de dépenses énergétiques démesurées en investissement dans la rénovation thermique des logements.

Mais comment transformer le plomb en or en matière énergétique ? Car telle est finalement la question qui conditionne la faisabilité de toute la transition.

[A suivre…]

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Et si l’avenir de l’industrie passait par l’écologie ? https://elus-clermontferrand.eelv.fr/et-si-lavenir-de-lindustrie-passait-par-lecologie/ Wed, 17 Apr 2013 08:00:38 +0000 http://elus-clermontferrand.eelv.fr/?p=6028 Et si la réindustrialisation passait par l’écologie ? Venez prendre part au colloque organisé le jeudi 25 avril 2013 à l’Assemblée nationale. Débats et tables rondes, vous trouverez le programme de cette journée sur le site des ecolodepute-e-s. En attendant, le vice-président du Conseil régional en charge de l’écodéveloppement et délégué industrie de la commission Economie d’EELV, Christophe Porquier, répond à cinq questions sur l’avenir de l’industrie en France. ...]]>

Et si la réindustrialisation passait par l’écologie ? Venez prendre part au colloque organisé le jeudi 25 avril 2013 à l’Assemblée nationale. Débats et tables rondes, vous trouverez le programme de cette journée sur le site des ecolodepute-e-s. En attendant, le vice-président du Conseil régional en charge de l’écodéveloppement et délégué industrie de la commission Economie d’EELV, Christophe Porquier, répond à cinq questions sur l’avenir de l’industrie en France.

– Quelles sont les raisons de la désindustrialisation en France ?

Les causes sont nombreuses. On pourrait citer l’éclatement du tissu industriel français, composé de nombreuses PMI et PME, un fable taux d’investissement, un taux de financement de la recherche qui plafonne à 2,2% du PIB malgré toutes les aides consenties, un euro fort qui pénalise les exportations pour les pays du sud de l’Europe.
Il n’y a eu aucune stratégie industrielle dans le pays pendant 30 ans car les services étaient supposés prendre le relais en termes d’emplois, et parce que les fleurons industriels français semblaient échapper à la crise et alimenter naturellement le « réseau industriel » qui l’accompagnait. En quelques décennies, cette situation a été bouleversée parce que les groupes ont essuyé des échecs ou parce qu’ils se sont internationalisés. Le déficit de la balance commerciale de l’automobile, autrefois excédentaire, témoigne de cette évolution. L’appareil productif français a été laissé à son sort pendant des années, sans cap et sans stratégie. L’industrie ne représente plus que 10% de la valeur ajoutée produite en France. En dix ans, elle a perdu le tiers de ses salariés en France Au-delà des plans sociaux qui font la Une, c’est un traumatisme sourd qui blesse notre pays en profondeur.

– Les plans sociaux chez Arcelor-Mittal, Goodyear, Sanofi, PSA… ont fait la une de l’actualité. Est-ce que les écologistes ont des réponses pour les salariés qui risquent de perdre leur emploi dans l’industrie ?

Tout d’abord, nous sommes solidaires avec les mouvements de défense de l’emploi dans ces entreprises. Il faut ensuite étudier la possibilité d’une reprise d’activité totale ou partielle sur le site. C’est le cas chez Goodyear où l’activité agraire est viable. Mais le problème de fond est l’impréparation face à ces restructurations qui sont engagées sans concertation et sans information. A Aulnay, les investissements ont cessé sur le site. Des équipes ont été déplacées. La fermeture a été préparée en amont avant d’être annoncée publiquement. Idem à Amiens où le site de Goodyear n’a pas reçu d’investissements depuis bien longtemps. L’activité a lentement décliné et finalement la fermeture est présentée comme inéluctable. C’est une tendance qu’il faudrait inverser, et c’est pourquoi nous portons l’idée d’un fonds de reconversion industrielle.

– Quel est ce projet de fonds de reconversion ?

Aujourd’hui une entreprise décide seule de sa stratégie et de sa restructuration. Si elle décide de fermer un site, une indemnisation est fixée et les pouvoirs publics sont mis devant le fait accompli. Ils doivent gérer en situation de crise l’avenir des hommes et des femmes qui se trouvent sur le carreau, et parfois les conséquences sanitaires ou environnementales liées à l’activité. Il faut renverser cette logique. Notre modèle économique – surconsommateur de ressources – est aujourd’hui en crise. Des restructurations sont inévitables mais il faut les accompagner avec des dispositifs de reconversion. C’est un processus qui doit s’engager en amont avec les pouvoirs publics pour étudier les solutions et les lisser dans le temps. Il faut pour cela que les industriels et les pouvoirs publics abondent un fonds qui pourrait financer des besoins concrets de formation, de R&D, d’innovation commerciale, de requalification de site… La transition écologique, c’est la création d’activités et d’emplois. C’est l’investissement pour créer des emplois.

– Quelle politique en direction des PMI ?

C’est un point essentiel. Le tissu industriel français est très éclaté et diffus. 84% des entreprises françaises ont moins de 10 salariés. Nous manquons de PME/PMI de bonne taille et des ETI (Entreprises de taille intermédiaires) qui aient suffisamment de moyens financiers et humains pour innover, s’adapter, trouver de nouveaux marchés. Nous pensons qu’il revient aux Régions de disposer clairement d’une compétence économique décentralisée pour aider ces entreprises sur les territoires. La Banque publique d’investissement est également un outil intéressant pour avancer en ce sens.

– A quoi ressemble l’industrie de demain pour les écologistes ?

Elle est adaptée à un monde où les ressources sont rares et chères. Elle est économe en énergie et recycle ses flux. Elle dispose de représentants salariés dans ses instances. Elle est innovante au plan technologique mais aussi social, financier, commercial.. pour anticiper les évolutions de la société. Elle fonctionne en réseau sur son territoire. L’économie circulaire, l’économie de fonctionnalité, l’éco-conception sont des voies de rénovation cruciales pour l’industrie.

> N’oubliez pas de vous inscrire au colloque sur la politique industrielle organisé à l’Assemblée nationale : s’inscrire

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