Coups de semonce contre coûts de semences ?

Depuis 1873, la façade de l’hôtel de ville de Poitiers est placée sous l’égide de deux allégories réalisées par le sculpteur Louis-Ernest Barrias, l’Agriculture et la Science. Si en ces temps, elles faisaient bon ménage et symbolisaient la promesse d’une terre de plus en plus nourricière, nous avons assisté depuis plusieurs décennies à de graves dérives. Le 28 novembre 2011, une loi présentée par l’UMP a privé les agriculteurs de leur droit le plus essentiel, celui de resemer gratuitement et librement une partie de leurs propres récoltes. Ils devront désormais s’acquitter d’une taxe comparable à la dîme qui, de triste mémoire, a été abolie sous la Révolution française. Agriculture et Science ont été séparées au profit de la finance et des grandes firmes semencières.

Le développement des OGM par ces mêmes firmes participe de la volonté de contrôler le vivant de manière à en tirer de substantiels profits éclipsant le plus souvent les questions environnementales et sanitaires. Le combat mené par les faucheurs volontaires, dont José Bové et François Dufour, est juste et légitime. Une nouvelle fois il a permis de porter le débat autour des OGM sur la place publique. Le 28 juin 2011, relaxés en première instance, ils viennent d’être condamnés le 16 février par la Cour d’appel de Poitiers pour avoir fauché deux parcelles de maïs transgénique à Valdivienne et Civaux, dont du Monsanto 810. Ils payent un lourd tribut pour ce coup de semonce contre les OGM à l’issu d’un procès à dimension politique.

Espérons qu’ils se pourvoiront en cassation pour que nous voyions pas fleurir, un jour, sur la façade de l’hôtel de ville de Poitiers, une allégorie de Monsanto séparant l’Agriculture et la Science !

Arnaud Clairand et Mad Joubert, candidats EELV sur les 1re et 2e circonscriptions de la Vienne.

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