Le retour des bassines en Aunis

Par Pierre-Marie Lemaire

Le retour des bassines

Contestées pour leur impact et pour leur appétit en argent public, les réserves de substitution ressortent la tête de l’eau.

Située au lieu-dit la Pincenelle, la réserve de Ferrières est quasiment achevée. (photo Dominique Jullian)

Retour à la case départ pour les irrigants d’Aunis. L’Association syndicale (ASA) autorisée de Benon, que préside Jean-Philippe Rousseau et dont Luc Servant, président de la Chambre d’agriculture, est membre, a déposé une nouvelle demande d’autorisation pour la réalisation de deux réserves d’eau, à Ferrières-d’Aunis et Benon. Le dossier est actuellement soumis à enquête publique, jusqu’au 10 mai (1).

Les deux précédentes autorisations accordées par la préfecture de la Charente-Maritime avaient été annulées par les juridictions administratives, l’une en 2006 pour absence d’étude d’impact, l’autre en 2009 pour vice de forme : l’avis favorable du commissaire enquêteur n’était pas motivé.

306 000 mètres cubesSituée au lieu-dit la Pincenelle, la réserve de Ferrières est quasiment achevée. Les travaux commencés en 2005 ont été interrompus après le « niet » de la justice. Sa capacité de 216 000 m3 doit assurer les besoins en eau de trois exploitations agricoles qui totalisent 600 hectares de grandes cultures (du maïs surtout) dont 187 irrigués. Celle de Benon, aux Justices, est plus modeste : 90 000 mètres cubes, destinés à arroser les cultures fourragères d’un seul élevage de la commune.

Critique récurrente des écologistes, ces réserves ne seront pas alimentées par l’eau tombée du ciel, mais par des prélèvements dans les ruisseaux et les nappes superficielles. L’ASA de Benon souligne toutefois que cinq des sept forages utilisés actuellement par les irrigants seront fermés, ce qui réduira leur ponction dans le milieu naturel. Selon un rapport du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), « les prélèvements hivernaux auront un impact faible sur le niveau des nappes comme sur le débit des rivières, même dans une année de faible pluviosité hivernale. »

« Pas d’incidence négative »Le précédent dossier avait été attaqué sur ses insuffisances environnementales. Le nouveau a donc musclé son argumentaire « vert ». Y figure l’expertise d’un « ingénieur écologue » sur la faune et la flore, ainsi qu’une évaluation de l’impact des ouvrages sur la zone Natura 2000. Conclusions : dans cette plaine céréalière « sans grand intérêt patrimonial », il n’y aura pas « d’incidence négative sur l’état de conservation des espèces et des habitats naturels » qui ont justifié leur classement.

« Nous avons répondu à tout ce qui nous était demandé, souligne Luc Servant. Si le dossier est soumis à enquête publique, c’est que l’administration l’a estimé complet. » Optimiste, alors ? Le président de la Chambre d’agriculture s’en garde bien. Cependant : « Je comprendrais mal que ce qui est autorisé en Charente ne le soit pas en Charente-Maritime. »

« Incohérences »Nature Environnement 17 va-t-elle saisir à nouveau le tribunal ? Son vice-président, Patrick Picaud se tâte. Il est allé consulter le dossier samedi, a rencontré le commissaire enquêteur et lui transmettra ses observations incessamment sous peu.

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