Eva Joly devant les adhérents de la Confédération Générale des PME : faire bouger les postures

Devant une centaine et plus d’adhérents et de dirigeants de la CGPME, Eva a développé le 30 mars son programme pour les entreprises.

Saluée à son arrivée par le Président de la CGPME, Jean-François Roubaud, qui a rendu hommage au courage et à la ténacité de la candidate, sans dissimuler le fait que certaines de ses propositions « faisaient lever les cheveux » des adhérents, Eva a étonné par la précision de ses propositions un auditoire tout à fait intéressé.

« Pendant les campagnes électorales, il est de bon ton de dire que les PME sont l’avenir de l’économie française. PME, PME, PME. Les candidats n’ont que ce mot là à la bouche. Et après les élections, on revient au statu quo. Pourquoi ? Car la France et les grands partis politiques sont restés profondément jacobins. Pour eux, le progrès c’est forcément les grands groupes, qu’il s’agisse de Total, d’Areva ou d’EDF, pour ne parler que d’énergie. Regardez le crédit impôt recherche : qui en bénéficie ? Les grands groupes essentiellement, avec un effet d’aubaine terrible.

Regarder du côté des grands groupes, c’est dans les gènes des partis politiques jacobins. C’est donc dans les gènes de tous les partis politiques, sauf celui que je représente, celui de l’écologie politique. Les TPE et les PME correspondent au modèle de société décentralisé que nous défendons. »

Ayant ainsi campé son allocution, Eva a alterné exemples concrets de terrain, et propositions. Ainsi veut-elle « recentrer le crédit impôt recherche sur les PME, grâce au rétablissement du plafonnement à 50 M€ des montants éligibles », et « mettre en place une déclinaison française, et à terme européenne, du « Small Business Act » américain, qui réserve certains marchés publics aux PME ». Ainsi a-t-elle souligné l’exemplaire reconversion de l’usine Bosch de Vénissieux, qui fabriquait des pompes à injection pour automobile, et devant l’érosion du marché s’est tournée sur la suggestion des salariés vers la fabrication de panneaux solaires.

Mais surtout, après avoir affirmé avec force que « les PME sont les forces vives de la conversion écologique de notre économie », en développant les nouvelles filières industrielles qu’elle souhaite favoriser et dont les PME seront une colonne vertébrale, Eva est revenue sur les incompréhensions ou les effets de posture qui entravent un débat sincère. En particulier a-t-elle fait justice de la critique sur « sur les coûts astronomiques supposés liés à l’écologie ». Ou bien a-t-elle expliqué, devant des entrepreneurs captivés, que sa proposition ne consiste pas à obliger un entrepreneur à vendre son entreprise, mais, citant les exemples de la papeterie M-Real et de l’usine de thé Fralib, à « obliger un actionnaire qui veut fermer un site à le mettre en vente », y compris aux salariés, plutôt qu’à rayer le site et ses emplois de la carte.

Enfin, Eva a insisté sur l’amélioration des relations sociales : « Je veux renforcer la participation des salariés à la décision, notamment sur l’organisation du travail. Cela se passe en Allemagne, et je n’ai pas cru comprendre que les PME allemandes soient à genoux ».

Dans le débat qui a suivi, on a pu voir les postures commencer à bouger. Des approches différentes, mais débattues, sur la manière de traiter les atteintes à l’environnement ou les risques sanitaires, mais aussi des convergences, que ce soit sur la priorité au financement des PME innovantes, notamment de celles qui contribuent à la conversion écologique de l’économie, ou bien sur les rémunérations insensées de certains grands patrons, ou enfin sur les trop fameuses « optimisations fiscales » …

Un débat de qualité, empreint d’écoute, qui prouve qu’on peut se dire la vérité tout en dépassant les clichés et en se comprenant mieux. Et, qui sait, l’augure de discussions constructives pour l’avenir.

Remonter