L’usine pilote de biocarburant produisait trop cher, elle ferme ses portes !
| Par Philippe Baroux |
Il n’y a plus de pilote sans biocarburant
L’unité Bionergy pilot a fermé ses portes plus vite que prévu. Elle n’aura produit que 300 tonnes de biocarburant.
Le modèle économique du « pilot » où était produit le biocarburant a perdu tout son intérêt. (archives pascal couillaud)
Ça n’était pourtant pas le scénario initial qui était « gravé » dans la première pierre de l’unité, posée en mai 2008. Même si à l’époque des voix critiquaient les biocarburants comme responsables de défrichage au sud de la planète pour alimenter les besoins énergétiques du nord, les porteurs rochelais du projet gardaient espoir.
« Une inversion du marché »En fait, l’écueil n’a pas surgi là où ils auraient pu l’attendre, sur le terrain d’une image négative du produit. C’est un élément de conjoncture qui a déséquilibré l’économie générale de leur projet. Cet élément, c’est la hausse du prix de la graine (colza et soja) sur laquelle repose tout le processus industriel de production de l’ester éthylique et du biocarburant qui en est la version la plus pure. Une augmentation proportionnellement plus forte que la hausse du prix du pétrole rencontrée sur la même période. « Nous avons subi une inversion du marché, explique Vincent Poudevigne, PDG du groupe Sica Atlantique, l’actionnaire majoritaire de Bionergy pilot. Nous travaillions à contre marge, c’est-à -dire que le prix de fabrication dépassait le prix de vente du biocarburant que nous aurions pu pratiquer. »
Le dirigeant de Sica Atlantique, soutenu par son conseil d’administration, et les autres partenaires de l’aventure (1) ont donc renoncé, avant de creuser un puits sans fond dans leurs affaires.
(1) Les actionnaires de Bionergy Pilot : Holding atlantic invest (Sica à 51 % et les organismes stockeurs de la région 49 %) ; Sofiproteol (37 %), Picoty (12,5 %), Unigrain (0,5 %).