« Je suis la seule candidate à avoir choisi la France » (Europe 1)

Joly « prête à débattre » avec Le Pen par Europe1fr

Eva Joly, candidate écologiste à la présidentielle, est notre invitée ce matin sur Europe 1. Je ne sais pas si vous nous écoutiez hier à la même heure, mais voici ce que disait Marine Le Pen à votre sujet :

« Permettez-moi de vous dire qu’à chaque fois qu’Eva Joly ouvre la bouche, ça devient un gag. Toutes ses propositions sont délirantes, et elles sont, très souvent, francophobes en plus. »

Francophobe, voilà un mot qui est lourd. Est-ce que vous aimez la France, Eva Joly ?

J’ai choisi la France, j’y vis depuis bientôt cinquante ans, et je suis la seule candidate à avoir choisi la France. Je voudrais dire que face à la crise, l’agressivité et la haine de Madame Le Pen ne servent à rien, elle ferait mieux de travailler ses programmes. Je suis prête à débattre avec elle, quand elle voudra, et nous verrons bien qui aime vraiment la France.

Vous voudriez débattre de quels sujets, par exemple ?

De la crise, mais aussi de l’angoisse et la colère justifiée des salariés, des retraités, des jeunes qui ne rentrent pas sur le marché du travail. Madame Le Pen ne propose que la haine comme solution, et ça ne va pas loin.

Vous nous dites que les propos sont outranciers, mais c’est tout de même un sujet, surtout dans une élection présidentielle, l’amour de ce pays. Le patriotisme ça a un sens en France, ça a toujours existé. Est-ce que c’est un sujet pour vous ?

Je pense que l’imaginaire historique est un sujet. Je pense qu’aujourd’hui les Français ne se reconnaissent pas tous dans un défilé militaire pour incarner la nation. Je pense qu’il y a d’autres symboles, ce défilé est très suranné. La France, c’est bien d’autres choses, et nous avons beaucoup d’autres preuves de notre amour pour ce pays qu’un défilé militaire.

Vous pourriez donc en débattre, c’est ce que vous proposez à Marine Le Pen ?

Nous pouvons débattre de tous les sujets de société.

Pourquoi y a-t-il une telle hostilité à votre égard ? Il n’y a pas que Marine Le Pen. Comment est-ce que vous l’analysez, comment vous l’expliquez ?

Ce n’est pas à moi de l’expliquer. Je porte un programme très novateur, avec de véritables solutions face à la crise.

Mais ce n’est pas votre programme qui pose problème, c’est votre personnalité, vous le savez très bien.

On n’entend pas ce que je dis, parce qu’il y a effectivement beaucoup de parasitage. Mais il me semble aussi que ce parasitage est derrière moi, et ce n’est pas à la fille héritière d’un tortionnaire en Algérie de décider qui est français ou non.

Est-ce que cela vous fait douter ?  

Non, pas du tout.

Est-ce que vous irez jusqu’au bout ?

Oui.

Malgré ce que dit par exemple votre ami Daniel Cohn-Bendit, qui depuis le début dit qu’il faudra à un moment se retirer pour aider François Hollande dans la course au premier tour ?

Avec la crise aujourd’hui en Europe, Dany et moi avons lancé une invitation à tous les leaders de l’opposition pour faire des propositions et des contre-propositions. Aujourd’hui, c’est important d’avoir une candidate écologiste.

Parlons de cette idée : on se met tous autour d’une table, Sarkozy, Hollande, Bayrou, Mélenchon…

Non, je propose une réunion des leaders de l’opposition.

Donc vous voulez discuter avec Marine Le Pen dans un studio, mais pas pour parler de sujets sérieux ?

Non, pas pour parler de l’Europe, car elle est excluante, et passe son temps à opposer les Français les uns aux autres.

Dans cette réunion avec tous les leaders de l’opposition, qu’est-ce qu’on se dirait ?

On chercherait la solution pour l’euro, autrement que dans l’austérité ajoutée à l’austérité. On la cherche dans les euro-bonds, dans un accord sur une concertation fiscale, et une lutte contre la fraude au niveau européen.

Je reviens à Marine Le Pen, vous avez parlé d’une « milliardaire tortionnaire » ?

Non, j’ai dit qu’elle avait hérité de son père, qui était tortionnaire. C’est un héritage dont on ne peut pas être fière.

Encore un mot de l’actualité, et cette idée de Nathalie Kosciusko-Morizet et du gouvernement d’envoyer aujourd’hui les forces de l’ordre dans les aéroports. Cela concerne beaucoup de Français qui ont l’intention de partir en vacances dans les prochains jours. Il y a des milliers de voyageurs qui vont peut-être être concernés. C’est une bonne idée ?

Je ne sais pas si le rôle de la police est de briser les grèves. Mais c’est vrai qu’il y a une situation insupportable dans le fait que les Français ne puissent pas rejoindre leur famille pour Noël. Mais le gâchis incroyable, c’est cette tradition de confrontation et non pas de dialogue. S’il y avait plus de dialogue social, on saurait faire autrement en cas de grève.

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