Stéphane Gatignon : légalisons et encadrons pour lutter contre les trafiquants !

Communiqué de Stéphane Gatignon, maire de Sevran (93)

Vincent Peillon, en se prononçant à titre personnel en faveur de l’ouverture d’un débat sur la dépénalisation du cannabis a donné la mesure des enjeux. De sa place, il a observé que la répression contre les trafics de stupéfiants est inefficace. Aujourd’hui, nous ne pouvons que constater les conséquences d’un trafic qui s’étend chaque jour un peu plus. Les villes et les territoires où ces activités illicites sévissent, sont le lieu de règlements de compte entre bandes armées et, trop souvent, de fusillades mortelles. Cette situation ne peut plus durer. A l’insécurité dans les quartiers, j’ajoute la banalisation de la violence et le sentiment d’impuissance. Nous ne pouvons accepter, comme je l’ai déjà dit il y a plus d’un an, de vivre dans cette « société de la peur ».

Le laxisme, aujourd’hui, ce serait de refuser d’ouvrir les yeux, de ne rien faire, de ne rien dire et de laisser la situation se détériorer.

Un petit rappel historique qui a son importance. Roosevelt a mis fin à la prohibition de l’alcool à partir du moment où il a constaté, entre autre, que la corruption liée au trafique envahissait toutes les sphères de la société. Nous n’en sommes pas loin dans notre pays. Un nouveau système mafieux se structure qui ne se caractérise plus seulement par la violence, souvent barbare, mais par la corruption et l’irruption des « cols blancs » dans ce système tentaculaire.

L’affaire récente de corruption présumée à la BAC de Marseille que le ministre de l’intérieur vient à juste titre de dissoudre, provoque un véritable traumatisme chez les forces de police et dans les milieux judiciaires qui restent, dans leur immense majorité entièrement dédiés à la lutte contre les trafics. C’est un choc aussi dans les quartiers, chez tous ceux qui se sentent démunis face aux « dealers »; et je pense, ici, aussi, aux élèves, aux parents d’élèves et aux enseignants.

Chaque jour, d’énormes sommes d’argents sont échangées et, nous le voyons, le blanchiment ne se fait plus seulement dans les petits commerces de façade, mais touchent désormais une « délinquance en col blanc » en s’infiltrant dans les filières de l’évasion fiscale. La prohibition génère des effets dévastateurs, notamment en termes de santé publique et l’éducation nationale doit en prendre conscience comme le ministre.

Qu’on le veuille ou non, la question qui nous est posée est : « comment peut-on gagner la guerre contre mafia ? » Et cette question est posée à notre société toute entière parce qu’elle nous dévoile un monde de ruptures qui nous impose des choix nouveaux, audacieux. C’est en s’attaquant aux problèmes que pose la drogue en termes de sécurité et de santé publique, mais aussi en termes de démocratie et d’économie, que notre société sortira de cette forme de violence dans laquelle elle s’enfonce.

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