Gaz de schiste : le scandale continue

Forage de gaz de schiste

Communiqué de Stéphane Gatignon, maire de Sevran, conseiller régional d’Île-de-France.

Alors que le gouvernement nous assurait qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter, que les recherches en hydrocarbures à l’œuvre en Île-de-France n’auraient pas recours à la méthode de la fracturation hydraulique, dans le respect de la loi de juillet 2011, on apprend aujourd’hui que :

– non seulement la fracturation hydraulique reste l’unique technique disponible à l’heure actuelle pour exploiter les gisements d’huiles et gaz de schiste

– mais aussi que cette technique, très contestée pour les ravages qu’elle a pu faire aux États-Unis, sera finalement autorisée dans le cadre d’un programme scientifique.

Le mois dernier, nous découvrions avec stupéfaction que des permis de recherche en hydrocarbures dans le bassin parisien étaient en train d’être délivrés par le ministère de l’Économie,des Finances et de l’Industrie,sans qu’aucun élu local n’ait été informé au préalable.

J’interpellai alors Madame Nathalie Kosciusko-Morizet pour dénoncer un procédé totalement anti-démocratique et exiger plus de transparence sur ce dossier.Depuis, cette dernière vaque à de nouvelles occupations auprès du Président en campagne, laissant derrière elle les belles promesses du Grenelle de l’environnement…

Perdu dans la masse des dossiers à Matignon, le débat sur l’exploitation des huiles et gaz de schiste est au point mort. Pour autant, la pression du lobby pétrolier ne s’est pas arrêtée et un nouvel épisode vient de confirmer l’entrée progressive, mais de plus en plus probable, de la France vers l’exploitation des hydrocarbures dit- non conventionnels.

Rapport final de la mission d’inspection sur les hydrocarbures de roche-mère rendu public le 22 mars 2012

Ledit rapport prétend d’une part que la situation américaine « n’est pas directement comparable » à celle des Européens, chaque terrain présentant des spécificités propres auxquelles correspondent des précautions particulières, et d’autre part ne cesse de vanter le décrochage des prix du gaz en Amérique du Nord depuis 2005…

L’argument financier en période de crise est certes à prendre en compte. C’est d’ailleurs au motif de la hausse continue du prix du baril et de préoccupations géopolitiques que certains en France considèrent que nous ne pouvons renoncer aux ressources du bassin parisien.

Mais cela justifie-t-il l’absence totale de débat à l’œuvre dans cette affaire ?

Plutôt que d’informer les populations et d’intégrer les collectifs de défense de l’environnement aux négociations, le gouvernement parie sur un essoufflement progressif des mobilisations. Avec la complicité des groupes pétroliers, il a manœuvré en sous-main pour trouver les moyens de contourner la loi de juillet 2011 (comme en témoignage le colloque du club Energie et Développement du 19 janvier dernier qui avait pour thème : « l’interdiction française : comment en sortir ? »… ).

Le rapport prévoit la création d’une « commission nationale d’orientation, de suivi et d’évaluation des techniques d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures liquides et gazeux ». Elle propose également un calendrier d’actions à l’issue duquel le Parlement devrait voter une nouvelle loi et les collectivités locales devraient enfin être informées, voire « dédommagées » par le biais de retombées fiscales.

Il va sans dire que ces précisions sont cruciales. Seul le temps nous donnera l’assurance qu’il ne s’agit pas là d’ornements de concertation…

Alors qu’en Pologne ont lieu les premières manifestations, nous pensons qu’il est urgent de suspendre ce processus d’autorisation au profit d’un véritable dialogue incluant les élus locaux concernés. Je suis personnellement en contact avec plusieurs d’entre eux qui m’ont d’ors et déjà manifesté leur soutien.

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