Faut il crever pour avoir des papiers ?
Des hommes et des femmes sont aujourd’hui en danger de mort sur notre territoire parce qu’ils souhaitent vivre en France.
Nous connaissions la position de François Hollande sur les sans-papier, nous savions qu’il n’y aurait pas de régularisations massives, que la politique que son gouvernement mènerait en ce domaine serait sensiblement identique à celle de son prédécesseur.
En revanche, nous n’avons pas signé pour cette intransigeance face à la détresse humaine. Nous n’avons pas signé pour un tel durcissement de la politique d’immigration française. Nous n’avons pas signé pour cette gestion technocratique des situations de crise.
A tout moment, l’impensable peut survenir à Lille.
Oui, nous devons très largement nous mobiliser pour qu’une issue digne et humaine soit trouvée à cette grève de la faim. A Lille, et plus largement devant les préfectures de nos régions ce samedi 5 janvier, afin aussi de rompre le quasi silence médiatique qui entoure cette grève.
Nathalie Laville
secretaire-adjointe d’EELV-IDF
déléguée nationale EELV aux campagne-actions
Une infirmière du MRAP témoigne :
la situation est catastrophique: le summum étant atteint par l’expulsion de deux grévistes de la faim dimanche matin (les billets d’avion étaient achetés avant la décision du jugement !) L’un d’entre eux est toujours hospitalisé en Algérie à Tizi Ouzou.
A ce jour, il y a une vacuité sanitaire incroyable: le suivi élémentaire n’est pas assuré sauf à coup de passage aux urgences hospitalières quand leur état apparaitrait trop dégradé: ils ont alors une perfusion d’électrolytes et ? certains auraient été « renfloués » de cette manière et auraient eu la prise de sang après(avec donc de bonnes références après le remplissage par perfusion: ces résultats bio serviraient de référence aux autorités). Au final, une défiance s’est installée chez certains grévistes par rapport à cette prise en charge (!) médicale.
Aucun lien médical constant donc ni forcément aucun lien de confiance avec les « médicaux » (cela est fondamental dans un suivi) pas de surveillance quotidienne de constantes ni de Vit B1, B6, de sel, de potassium qui sont fondamentales pour éviter des problèmes cardiologiques et neurologiques…
Je ne peux tout diffuser pour le moment, mais les services hospitaliers auraient des consignes strictes de faire jouer le suivi médical contre une réalimentation !!!
Ce matin, alors qu’il y avait un rayon de soleil dehors, nous avions froid , emmitouflés dans nos manteaux!!! Les grévistes , installés sous une grande tente de fortune avaient eux aussi froid(et plus que nous!!) pas de sanitaire à proximité avec verbalisation par la police municipale des ceux qui seraient surpris en train d’uriner. Un hotelier tunisien accepterait que les 5 ou 6 femmes utilisent les toilettes de l’hôtel.
pas de possibilité de se laver le corps!!!!
A ce jour, quand nous sommes arrivés un homme flageoleant sur ses jambes à l’extérieur de la tente avait des nausées et spasmes sans vraiment rien vomir… Il disait avoir 45 ans et en paraissait 10 de plus.
La tente n’est pas tellement protégée et les grévistes les plus proches de l’entrée exposés aux courants d’air et au temps.
Une femme qui a ses enfants placés pendant qu’elle fait le grève de la faim craquait à l’extérieur..
les grévistes se plaignent du froid, sont très choqués par l’expulsion et nous demandent d’intervenir..
3 femmes ont accepté d’aller aux urgences…pour sans doute revenir quand elles seront « retapées » à coup de perfusions!!!.
Quoi vous dire de plus, sinon, alors que je connais la lutte des sans papiers et les grèves de la faim…je n’ai jamais connu une situation aussi dramatiquement fermée de la part du gouvernement. que veut démontrer Valls ?
J’avais lancé un appel aux médecins et infirmières pour s’inscrire, en tant que professionnels de santé , dans l’exigence que cette situation cesse par la régularisation de sans papiers qui n’ont plus rien à perdre et ne reviendront pas en arrière. Outre les initiatives spécifiques à chacun relancer la pétition.
Pour le moment je centralise la pétition qui est aussi à l’initiative du SMG (syndicat des médecins généralistes)
Agnès Cluzel
Infirmière MRAP