Culture : Mais qu’est-ce que tu Fabriques ?

Carte blanche à Corine Rufet

Qu’on les appelle « Fabriques d’Art et de Culture », lieux intermédiaires, lieux indépendants voire « Friches », »Collectifs », « Squats artistiques »  ou « Espaces du possible », il existe de nombreux lieux artistiques et culturels en Ile de France qui ne sont pas ou trop peu aidés par les pouvoirs publics.

Pourtant, ce sont souvent ces mêmes lieux qui réussissent à attirer un public n’ayant ni l’habitude ni les moyens de fréquenter des salles plus intimidantes, comme le théâtre, la salle de concert ou le musée près de chez eux. Ce sont des espaces, où travaillent des artistes, professionnels, toute l’année dans différentes disciplines. Fortement impliqués dans la vie de la cité,  ces artistes contribuent à définir, chacun à leur manière, un projet culturel où le partage, la convivialité, l’ouverture d’esprit sont les maîtres mots, sans engagement, sans codes ni mots de passe.

Ils accueillent les associations locales, organisent des repas de quartier et conservent une exigence forte de création artistique, en proposant des actions de sensibilisation à la culture, par la voie d’atelier d’écriture, de croisement de théâtre amateur et professionnel, d’élaboration d’œuvre collective…

C’est le Collectif 12, à Mantes-la-Jolie, l’Atelier du Plateau, dans le 19e ardt de Paris, ou la Villa Mais d’Ici, à Aubervilliers. C’était la Blanchisserie, à Ivry-sur-Seine, la Petite Rockette, dans le 11e ardt de Paris, malheureusement expulsés ou déménagés.  Et ce seront de nouveaux lieux, avec de nouvelles énergies, ici ou ailleurs, à Provins, à Bure-sur-Yvette, dans le 16e ardt de Paris ou à Villeneuve-Saint-Georges. Parfois, ces lieux se concentrent sur la transmission générationnelle, vers ces pépinières de futurs professionnels comme en témoigne le travail de certaines compagnies d’art de la rue qui remettent au goût du jour le compagnonnage. Elles proposent des résidences longues aux jeunes qui souhaitent progresser et se professionnaliser (Nil Obstrat, à Saint-Ouen, ou Animakt, en Essonne).

C’est à partir de ce constat que l’idée est née, lors de la campagne des Régionales en 2010, de créer un dispositif spécifique de soutien à ces lieux différents, qui nous paraissaient être d’utilité publique et sociale.

En 2011, j’ai donc mené une longue concertation sous l’égide du Parlement Régional de l’Ecologie d’EELV. De nombreuses rencontres, d’ateliers et de visites, ont tracé les grandes lignes d’une co-élaboration fructueuse avec plus de 70 lieux, structures, collectifs et organisations professionnelles. Aujourd’hui, nous savons que la notion de fabrique est par définition ouverte, qu’elle recouvre un champ très large de pratiques artistiques et culturelles. Si la création est leur vocation première, ces lieux peuvent aussi avoir, parfois, une fonction de diffusion.

Issus d’initiatives de la société civile, ils entretiennent un lien étroit avec le territoire et les populations locales.

A ce titre, l’ensemble de ces structures se reconnaissent dans l’économie sociale et solidaire, et recherchent une alternative dans leur rapport à l’action culturelle, cherchant toujours de nouveau moyens de toucher un public difficile car non-averti. Nous avons compris, au cours de cette concertation, que ces structures ont parfois besoin d’être soutenues financièrement pour améliorer l’accueil et pérenniser leur action. Mais elles ont aussi, quasiment toutes, surtout besoin d’être aidées dans leur travail quotidien, dans leur fonctionnement, autrement que par des aides ponctuelles provenant de la commune de résidence ou de l’Etat.

Il faut pouvoir faire vivre ces lieux au quotidien, et c’est ce que je propose pour ce nouveau dispositif.

J’ai donc été mandatée pour élaborer au nom de la Région Ile de France ce futur dispositif. Bonne nouvelle donc, car cette nouvelle aide régionale pourrait voir le jour dès le premier semestre 2012. En attendant, je vais me battre, avec l’ensemble du groupe EELV, pour faire voter un financement dès décembre prochain, pour le nouveau dispositif de soutien aux Fabriques d’Art et de Culture dans le cadre du vote du prochain budget de la Région.

 

Corinne Rufet
Présidente de la Commission Culture du Conseil Régional d’Ile de France
Déléguée Nationale EELV aux Politiques Culturelles et à l’Education Populaire

 

 

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