Pétroplus : une double-peine sociale et environnementale

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La décision de liquidation de la raffinerie Pétroplus de Petit-Couronne est une catastrophe économique et sociale, qui affecte gravement l’agglomération rouennaise. Elle est en même temps un désastre sur le plan de l’environnement, démontrant que la nécessaire transformation du secteur pétrolier face au défi énergétique est loin d’être anticipée.

500 emplois directs, environ 1 500 salariés chez les sous-traitants, 4 000 familles au total touchées… La justice, en prononçant mardi 16 octobre la liquidation de la raffinerie Pétroplus à Petit-Couronne (Seine-Maritime), a provoqué un véritable séisme en Haute Normandie. Plus personne ne semble croire que de nouveaux repreneurs utiliseront le délai donné jusqu’au 5 novembre pour se manifester. En effet, il faut entendre deux éléments-clés dans cette affaire : l’attitude du groupe pétrolier Shell, et la question du carburant automobile.

Shell : des profits sans contreparties

La catastrophe Pétroplus est d’abord le résultat du désengagement de Shell, société créatrice du site en 1929 qu’il a revendu à Petroplus en 2008. Un désengagement qui correspond à la « stratégie de la terre brulée » qu’appliquent de nombreuses multinationales, exploitant les sites industriels et leurs salariés avant de les abandonner lorsque la rentabilité diminue. Jamais les investissements nécessaires à l’évolution de cette raffinerie n’ont été enclenchés, la condamnant avec cynisme depuis quelques années.

Alors que Shell vient de recevoir, dans des conditions détestables, l’autorisation d’exploitation de nouveaux gisements au large de la Guyane française, on ne peut être qu’exaspéré par l’attitude des multinationales pétrolières : pour ces entreprises parmi les plus profitables au monde, les ressources naturelles et les salariés sont à exploiter sans modération.

 

Pétrole : à quand la préparation de l’après Diesel ?

Parmi les causes des difficultés de Petroplus, son inadéquation au carburant majoritairement utilisé en France : le Diesel. Les observateurs expliquent depuis longtemps la vulnérabilité des structures de petite taille qui n’ont pas reçu les investissements nécessaires pour s’adapter à la surconsommation de ce carburant en France. Du fait d’une taxation avantageuse, le Diesel est majoritaire dans notre pays, alors même que les études scientifiques démontrent sa dangerosité pour la santé.

Tout en accompagnant les salariés de Pétroplus et le tissu économique local, une question d’urgence sociale, il reste au gouvernement deux chantiers majeurs à ouvrir :

–         provoquer et assumer un réel rapport de force avec les multinationales pétrolières, en les mettant devant leurs responsabilités sociales et environnementales,

–         prendre les mesures de fond nécessaires à l’évolution du parc automobile vers des véhicules plus économes et plus propres, à travers un plan global de préparation de la transition énergétique qui accompagnera l’évolution à la fois de la filière automobile et de la filière pétrolière.

 

Jean-Philippe Magnen, Elise Lowy, porte-parole

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