Notre-Dame des Landes : Lettre ouverte à Monsieur François Hollande, Président de la République Française et Monsieur Jean-Marc Ayrault, Premier Ministre.

Le 20 décembre 2012

Monsieur le Président de la République,

Monsieur le Premier Ministre,

En octobre 2012, une nouvelle étape, dans l’assassinat bétonné et carboné des espaces agricoles et naturels de Notre Dame des Landes, a été franchie par l’éviction, violente et inadmissible, de manifestants pacifiques de la ZAD (Zone à Défendre), manifestants courageux et opposés à la réalisation du projet d’aéroport soutenu par le Premier Ministre.

C’est pourquoi,  nous membres du parti EELV des Hauts-de-Seine, opposés aux projets dispendieux et non respectueux de l’environnement ici  aussi, sur notre territoire proche,  comme l’extension de la Défense et ses tours gigantesques ; la construction de tours sur Issy-les-Moulineaux et sur l’Ile Seguin à Boulogne-Billancourt ; la Tour Triangle prévue dans le XVe arrondissement, qui ne font qu’accentuer le déséquilibre territorial au sein de la région Ile de France, mais également avec les autres régions de France, nous affirmons, avec véhémence, en solidarité avec les manifestants et opposants de l’aéroport de NDDL, que ce projet  inapproprié et inutile ne doit pas aboutir ; tant pour des raisons écologiques, que sociales et économiques.

Nous nous permettons de vous rappeler que lors de l’enquête publique, 80 % des contributions faites aux sept enquêteurs étaient opposées au projet. Cependant, les Commissaires enquêteurs ont décidé de donner un avis positif à l’Utilité Publique du projet.

Nous réfutons, avec beaucoup d’autres, l’argument de la saturation de Nantes Atlantique : ce qui sature un aéroport ce n’est pas le nombre de passagers mais bien le nombre de mouvements (décollages et d’atterrissages) qui doit être pris en compte. Nantes Atlantique stagne, sur ce point, depuis dix ans. D’ailleurs, nous constatons que le futur aéroport, n’est plus conçu pour neuf millions de passagers, mais pour seulement quatre millions, c’est à dire le même nombre que dans l’aéroport actuel. Construire un aéroport sur un terrain très fertile est une grave atteinte à nos capacités de production alimentaire et au capital naturel que nous devons léguer aux générations futures. Il faut également prendre en compte les inévitables zones industrielles et commerciales qui seront induites et, qui se solderont par des milliers d’hectares de zones agricoles et naturelles détruites à jamais.

Vouloir construire un nouvel aéroport, alors qu’il en existe un, actuellement sous-exploité, constitue, à notre sens, une aberration productiviste ; ce d’autant plus que la rentabilité de ce projet ne prend en compte ni le coût ni l’impact de la construction d’un barreau routier gigantesque C’est pourquoi, nous pensons que ce projet, qui est passé de 16 % de fonds publics à 44 % (et probablement plus à la fin), est un gaspillage éhonté des deniers publics face aux urgences sociales et écologiques de notre pays.

A l’heure de la crise énergétique et climatique, à laquelle ne devons déjà faire face et à l’urgente nécessité de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, ce projet est totalement contraire aux politiques de lutte contre les changements climatiques.

Les grands bénéficiaires de cette opération seront probablement un grand groupe capitaliste et quelques financiers, sans oublier les promoteurs, trop contents de récupérer les rares terrains constructibles libérés aux alentours de l’actuel aéroport (puisque celui-ci devrait, cerise sur le gâteau, continuer de fonctionner, sur un périmètre réduit, pour l’usine Airbus…), ce qui nous semble scandaleux de la part d’un gouvernement de gauche., Messieurs, nous ne souhaitons pas que ce projet devienne un Larzac de la Gauche, qu’il devienne comme une tache indélébile sur l’action de votre gouvernement ni le symbole de votre vision bétonnée et carbonée de notre avenir. C’est pourquoi, nous vous demandons, avec force, de revenir sur votre projet et de l’abandonner définitivement, au profit d’une véritable conversion écologique de notre pays, seule garante d’un avenir durable et pacifique pour notre peuple.

En espérant être entendus, nous vous prions de croire, Messieurs, en nos respectueuses salutations.

 

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