ostréiculture – Bretagne / Breizh http://bretagne-old.eelv.fr Le site d'Europe Ecologie Les Verts Bretagne Tue, 25 Apr 2017 22:23:17 +0200 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.6 L’écologie, des solutions pour l’ostréiculture bretonne http://bretagne-old.eelv.fr/7405/ Mon, 02 Jul 2012 16:49:08 +0000 http://bretagne.eelv.fr/?p=7405 em>Session du Conseil régional de Bretagne des 27, 28 et 29 juin 2012 Ostréiculture La filière ostréicole connaît de larges difficultés et affronte notamment un phénomène grave de mortalités des jeunes huîtres. La Région Bretagne s'engage dans le projet SCORE qui vise à renforcer la recherche pour l'amélioration génétique de l'huître creuse et diminuer sa mortalité. Pour Janick Moriceau, au delà de SCORE, c'est bien d'une politique globale en faveur de la protection du littoral dont nous avons besoin pour préserver les activités économiques qui en dépendent. ...]]>

em>Session du Conseil régional de Bretagne des 27, 28 et 29 juin 2012
Ostréiculture

La filière ostréicole connaît de larges difficultés et affronte notamment un phénomène grave de mortalités des jeunes huîtres. La Région Bretagne s’engage dans le projet SCORE qui vise à renforcer la recherche pour l’amélioration génétique de l’huître creuse et diminuer sa mortalité. Pour Janick Moriceau, au delà de SCORE, c’est bien d’une politique globale en faveur de la protection du littoral dont nous avons besoin pour préserver les activités économiques qui en dépendent.

Il y a tout lieu de s’inquiéter de la situation de l’ostréiculture en Bretagne alors que va s’amorcer une année déterminante pour la survie de plus du tiers des entreprises bretonnes de ce secteur. Après une première réduction du personnel temporaire, ce sont quelques 500 emplois qui pourraient être concernés. Pas de surprise, les jeunes, ceux qui viennent de s’installer, ceux qui viennent d’investir en mono-activité sont prioritairement touchés. Il sont donc majoritairement en Bretagne sud où du fait d’un marnage moindre, de la pression des autres activités, la diversification est la plus difficile. Face à une moyenne d’âge des chefs d’entreprise déjà élevée, c’est donc l’avenir d’une profession qui est en jeu.

Ce que nous vivons aujourd’hui, n’est pas une surprise l’épisode des mortalités massives du naissain date de plus de quatre années. Il s’est accéléré il y a trois ans et nous arrivons au cycle déterminant.
Pour mieux évaluer l’impact de la crise, il a donc été possible de faire un état des lieux au niveau social, économique et financier. De même en 2010, au niveau national des assises de la conchyliculture, ont été organisées afin de trouver avec les professionnels et les scientifiques des portes de sorties qui mettent, sans nul doute, trop de temps à être mises en oeuvre.

Ce sont donc des mesures transitoires que le Conseil Régional de Bretagne a déployé : aides au réensemencement, accompagnement social, audit… et aujourd’hui des aides plus structurelles d’accompagnement de la diversification et de sélection génétique.

Les assises de la conchyliculture ont débouché sur cinquante propositions pour sortir de la crise. Il est surprenant qu’aujourd’hui une seule proposition soit devenue la solution phare à travers le projet SCORE et draine la majorité des financements publics, soit plus de 6,5 Millions d’euros.

Le rôle majeur des facteurs écologiques dans le développement des pathogènes, en particulier la pollution de l’eau, mais aussi les techniques de production et l’intensification du développement des naissains issus d’écloserie, principalement triploïdes, utilisant des souches à croissance rapide plus fragiles ont été mis en exergue dans la surmortalité des huîtres. Or, la proposition retenue nous renvoie vers la sélection génétique et un développement futur s’appuyant principalement sur une reproduction en écloserie ! Paradoxal non ?

Paradoxal aussi, le fait que les quarante-neuf autres propositions peinent à trouver une concrétisation malgré l’intérêt réel qu’elles recèlent pour la pérennité de l’ostréiculture et la cohérence qu’elles portent prises dans leur globalité.

Au delà de SCORE, qu’envisage la Région Bretagne pour les remettre à l’ordre du jour ? Le projet de centre technique est à l’étude, les aides à la diversification se mettent en place, mais au delà ?

Quelles mesures pour restaurer la qualité des eaux côtières en particulier, ce qui a été considéré comme déterminant : la réduction du flux de pesticides arrivant à la mer ?

Il faut bien sur dans le contexte difficile actuel mettre tout en œuvre pour permettre à l’ostréiculture de sortir de la crise et nous soutiendrons votre proposition et ce, même si nous avons à son sujet de nombreuses réserves. Elle doit rester une proposition parmi les autres. Il serait en effet dangereux pour l’avenir de l’ostréiculture de tout miser sur l’avènement d’une huitre miracle.

Nous avons, en particulier, trois réserves :

Tout d’abord, sur les huit axes du projet, deux ont été confiés au SYSSAF. Ils sont le coeur du projet et portent le processus de sélection. Le SYSSAF est une structure privée travaillant sur la sélection génétique des animaux d’élevage principalement porcs, volailles, bovins. Le SYSSAF comporte un département plus limité concernant l’aquaculture. Pour la conchyliculture, les adhérents au SYSSAF sont les écloseries. Le conflit d’intérêt est clair.
Certes l’accès aux souches restera ouvert, mais en l’absence d’écloseries publiques ou «coopératives» gérées par les professionnels, les écloseries privées, adhérentes du SYSSAF, sont le passage obligé du développement de la sélection découlant de SCORE.

Il nous semble donc qu’un cadre très rigoureux de collaboration doit être mis en place avec un suivi des conditions de production des écloseries. Les souches seront certes testées dans le milieu naturel mais les conditions de production du naissain, les pontes induites de-saisonnalisées, joueront sur la rusticité du naissain. Le bénéfice engendré par le projet doit être équitablement réparti et il nous semble dans ce contexte important d’étudié la mise en place d’un encadrement du prix de naissain.

Nous regrettons vivement que la recherche publique, en l’occurence de l’IFREMER, n’ait pas été en mesure d’assurer le portage, des deux axes de sélection et ce malgré le développement de la station de Bouin.

Deuxièmement, le comité scientifique est constitué de quatre membres dont aucun breton. Nous suggérons qu’un personne issue de l’université de bretagne occidentale puisse être associée. En effet, l’université travaille sur le suivi des écosystèmes marins et a conduit une séries d’enquête et d’observation sur les mortalités des bancs d’huitres sauvages. Nous suggérons aussi que se comité dépasse la sphère scientifique et intègre des professionnels. Leurs connaissances empiriques leur octroient une réelle compétence d’expertise tout à fait complémentaire de celle des scientifiques. Nous suggérons donc qu’il devienne un comité d’expertise.

Enfin, un axe manque au projet. Il concerne ses impacts, son suivi et son évaluation. Une évaluation qui devrait, pour tirer tous les enseignements de cette sélection, se poursuivre plusieurs années après le développement du réensemencemt. Est-il envisageable de prévoir un avenant à l’appel d’offre ? Un telle mesure permettrait d’anticiper ce qui sera à terme exigé par les instances européennes.

En conclusion, Monsieur le Président, ce projet met en exergue les faiblesses des moyens dévolus à la recherche publique halieutique et l’absolue nécessité d’un suivi rigoureux au cours des différentes étapes de mise de oeuvre.

Il montre combien l’univers technologique et son approche quelque peu simpliste : un problème, une solution technique, sait s’imposer et ce même si le problème a été généré par ce qui était considéré quelque années plus tôt comme une solution à un autre problème.

Il montre aussi que l’approche écologique, systémique, indispensable et seule à même d’apporter des solutions durables, dérange. Elle interpelle notre modèle de développement, notre relation à la nature, induit des changements de comportement en ostréiculture, en agriculture comme en politique. Il est hélas, plus facile de regarder ailleurs !

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