(La Tribune) Ecotaxe: halte à la démagogie des lobbies !

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Le vote de l’écotaxe poids-lourds a suscité une levée de bouclier de la part, notamment, des agriculteurs et des professionnels du secteur. Pourtant, cette mesure aurait des avantages…même pour eux. Par les écologistes François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône et Ronan Dantec, sénateur de la Loire-Atlantique.

Nous voulons dire avec force à ceux qui espèrent encore pouvoir suspendre la mise en place de l’écotaxe poids lourds que, sans rien changer à leurs difficultés, cela ne ferait que reporter à leur détriment la modernisation impérative de l’offre de transport et de logistique dans notre pays.

Revenons tout d’abord aux raisons de l’instauration de l’écotaxe qui résulte du Grenelle de l’environnement et qui fonctionne avec succès dans 5 pays européens. Il s’agit avant tout d’instaurer un cercle vertueux en faisant payer aux transporteurs routiers, français et étrangers, le coût réel de l’utilisation des routes (qui s’abîment 20 à 100 fois plus avec des poids lourds qu’avec des voitures).

 

 En Allemagne, l’éco-taxe a rapporté 4,3 milliards d’euros

D’une part, l’écotaxe va responsabiliser les transporteurs et les inciter à optimiser leur logistique, en diminuant les distances de circulation des marchandises et en favorisant des circuits plus courts. En s’appliquant aussi aux camions circulant à vide, elle incite en outre également les transporteurs à rationaliser les tournées.

D’autre part, l’écotaxe va permettre également de financer la modernisation de nos infrastructures de transport qui en ont cruellement besoin. Mise en place dès 2005 en Allemagne, l’écotaxe a permis de mobiliser 4,3 milliards d’euros en 2012 pour moderniser les infrastructures, et la part du fret ferroviaire a fortement augmenté.

 

Un impact sur le consommateur limité

Ceux qui s’insurgent aujourd’hui contre cette taxe manipulent sciemment la réalité. Il est parfaitement faux de dire que le consommateur final supportera in fine le poids de cette écotaxe. Le coût du transport représente 10% du prix des marchandises, la taxe est de 4,1% et elle ne porte que sur le transport routier empruntant les seules routes surchargées (l’écotaxe ne s’applique qu’à 1% du réseau routier français).

Son impact sera donc mécaniquement très limité : dans le pire des cas, la moitié d’1 centime pour une salade de 1 euro. Pas même le coût du sachet plastique ! Bien loin du coût du gaspillage de la chaîne de distribution…

 

Des flux financiers créateurs d’emplois

L’écotaxe ne détruira pas non plus l’économie locale. Bien au contraire, elle l’encourage ! Applicable à tous les transports, et payable au kilomètre, elle va pénaliser les transports longs et faire baisser ainsi l’avantage concurrentiel de marchandises provenant de pays aux normes sociales et environnementales faibles.

Espérons qu’il sera bientôt fini le temps où certains transporteurs routiers étrangers ne faisaient que traverser la France du sud au nord, en n’apportant comme valeur ajoutée à notre économie que pollution et destruction de nos routes, en étant, comble de l’absurde, indirectement financés par les usagers et les contribuables français. En réalité, les flux financiers créés par l’écotaxe sont créateurs d’emplois que ce soit par l’investissement en infrastructures (près de 1 milliard d’euros par an) et par la protection des emplois locaux contre certaines importations.

 

 Une dynamique régionale nouvelle

Concernant la Bretagne, la majorité a su faire preuve d’écoute et de pragmatisme pour prendre en compte la particularité de ce territoire. Pour preuve, le périmètre routier taxable a été réduit, la Bretagne a été rendue bénéficiaire d’un abattement de 50% sur le taux kilométrique de la taxe et une exonération pour les véhicules à citerne utilisés pour la collecte de lait a été accordée. L’écotaxe encourage, en Bretagne comme ailleurs, des logiques de transformation sur place des productions.

Faut-il rappeler que 700 000 porcs bretons sont envoyés à l’abattage en Allemagne chaque année ! L’application de l’écotaxe encouragerait leur abattage sur place. Ainsi seule la viande sera exportée, pas le cochon vivant ! Faire de l’écotaxe un symbole des difficultés actuelles du secteur est donc un contre-sens total.

 

Des lobbys soucieux de leur rentes

Le gouvernement doit par conséquent rester ferme sur l’application de l’écotaxe au 1er janvier 2014. Dénonçons plutôt l’instrumentalisation de l’écotaxe par certains lobbies, de toute évidence plus soucieux de leurs profits immédiats que du bien-être de ceux qui souffrent réellement d’un système productiviste à bout de souffle ; plus soucieux finalement de conserver leur rente au détriment des enjeux environnementaux et de développement local.

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