Amiens, le 6 mai 2013
Une étude d’ATMO Picardie relève la présence de très nombreux résidus de pesticides dans l’air
Aujourd’hui étaient présentés les résultats d’une étude d’ATMO Picardie commandée par la Région dans le cadre de la politique de santé environnementale conduite depuis 2010 par le Conseil régional de Picardie et déléguée à François Veillerette, vice-président EÉLV en charge de l’environnement, l’alimentation et la santé.
Les sites retenus pour cette étude, en concertation avec l’INERIS, la DRAAF et la DREAL, sont situés à Estrées-Mons (80), Saulchery (02) et Creil (60 – mesure urbaine et mesure intérieure).
Les concentrations les plus importantes de résidus de pesticides ont été observées à Saulchery dans la région viticole du sud de l’Aisne et présentent le risque sanitaire le plus important.
Si EÉLV Picardie se félicite de l’existence de cette étude commandée par la première Région à s’être dotée d’une politique de santé-environnementale, l’étude révèle malheureusement une présence préoccupante dans l’air de résidus phytosanitaires. Or ces substances sont connues pour leur propriété de perturbateurs endocriniens.
EÉLV Picardie rappelle donc qu’il est urgent d’accélérer la mise en œuvre de filières agronomiques intégrées et le développement de l’agriculture biologique, respectueuse de la santé des travailleurs agricoles, des consommateurs et des riverains.
Pour EELV Picardie
Thierry Brochot,
Secrétaire régional
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Le dossier de l’ATMO Picardie : Etude Atmo Picardie 2013
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L’analyse de François Veillerette,
Conseiller régional de Picardie, porte-parole d’EÉLV du Beauvaisis.
Ce lundi 6 mai 2013 les résultats de la première étude jamais réalisée en Picardie sur la présence de résidus de pesticides dans l’air ont été présentés à la presse à Amiens.
Cette étude dans la politique Environnement-santé régionale mise en place par cet élu EELV dès 2010, la Région Picardie étant la première région française à se doter ainsi d’une politique spécifique en matière de santé environnementale [1]. Elle est à mettre en perspective avec d’autres actions mises en œuvre dans le domaine de la qualité de l’air dans le cadre de cette politique comme : la mise en place de conseillers médicaux en environnement intérieur, une campagne de mesures du perchloréthylène dans 14 pressings, la conduite d’un marché sur la qualité de l’air intérieur dans les bâtiments performants avec l’ADEME, la conduite d’une étude comparative sur la qualité de l’air subi selon les modes de transports, la mise en place d’un dispositif d’alerte par SMS pour les personnes malades en cas de mesures de pollution importante, des actions de mesure et d’amélioration de la qualité de l’air intérieur dans les lycées, etc…
Cette étude a été menée par Atmo Picardie, selon un protocole défini en lien avec l’INERIS, la DRAAF et la DREAL. La réalisation de l’étude a eu lieu sur 4 sites en Picardie :
1 site de mesure rural sur le site dl’INRA à Estrées-Mons, 80
1 site de mesure urbain de fond à Creil , 60
1 site de mesure en ERP (mesures intérieures) à proximité urbain de fond à Creil
1 site de mesure rural en zone viticole à Saulchery, 02
Les mesures ont eu lieu en simultané sur les 4 sites du 15 mars au 15 septembre 2012 pour les sites en air extérieur et du 15 avril au 15 juillet 2012 pour l’ERP à partir d’une liste de 72 molécules recherchées (selon fréquence d’utilisation).
Le bilan par site fait apparaitre que :
– pour le site de l’INRA, 43 molécules différentes ont été relevées. Les concentrations moyennes des molécules ne dépassent pas 0,41 ng/m3[2]. Le maximum le plus élevé est de 1,81 ng/m3 (cymoxanil).
– pour le site de Saulchery, 39 molécules différentes ont été relevées . Les concentrations moyennes des molécules atteignent un maximum de 68,87 ng/m3 pour le pyrimethanil. Le maximum le plus élevé est de 885,67 ng/m3 pour le pyrimethanil. Le cymoxanil présente un maximum de 61,65 ng/m3 et le maximum du folpel est de 51,13 ng/m3. Pour le cumul des concentrations, le site de Saulchery se distingue très fortement par rapport aux trois autres.
– Pour le site de Creil, 34 molécules différentes ont été relevées. Les concentrations moyennes des différentes molécules ne dépassent pas 0,24 ng/m3. Quatre molécules ont des maximums supérieurs ou égaux à 1,17 ng/m3. Cependant, ces valeurs ne dépassent pas 2,10 ng/m3.
– Pour le site de l’ERP de Creil, 25 molécules différentes ont été relevées. Le 2,4-D présente une concentration moyenne sur la campagne de 2,50 ng/m3. Les concentrations moyennes des autres molécules détectées ne dépassent pas 0,05 ng/m3.Le maximum le plus élevé est de 22,42 ng/m3 pour le 2,4-D.
– Sur les 12 molécules interdites en France qui ont été recherchées, 4 ont été mesurées sur différentes sites : diméthénamide, diuron, terbuthylazine et trifluraline !
– Les indices PHYTO les plus élevés (l’indice PHYTO est un indicateur qui permet la comparaison, plus en lien avec la notion de risque sanitaire, des différents sites de mesure entre eux) sont observés à Saulchery au cours des semaines 29, 31 et 33.
Cette étude montre clairement une présence importante de cocktails de très nombreux pesticides dans les zones de culture intensive en région Picardie. Si aucune valeur sanitaire officielle n’existe pour la présence de résidus de pesticides dans l’air, la présence de ces cocktails phytosanitaires dans l’atmosphère est préoccupante. En effet, les plus récentes données scientifiques montrent que de nombreux pesticides sont des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire des substances qui peuvent à très faible dose perturber le bon fonctionnement du système hormonal. Face à ce risque environnemental, c’est le fœtus, organisme en développement, qui est le plus à risque, comme le montrent de récentes études scientifiques[3].
Les données obtenues dans cette étude sur la présence de résidus de pesticides dans l’air picard nous renforcent dans notre conviction politique de l’urgence à agir pour diminuer l’usage des pesticides en région, notamment afin de limiter l’exposition de la population aux perturbateurs endocriniens. La Région y travaille notamment à travers sa Charte 0 Phyto qui vise à aider les collectivités locales à se passer de pesticides. Elle y travaille également en encourageant l’Agriculture Biologique et les systèmes agronomiques dits ‘intégrés’ (qui consomment en gros moitié moins de pesticides) sur son territoire. Les résultats de cette étude sur la présence de pesticides dans l’air montrent néanmoins que beaucoup doit encore être fait pour réduire cette utilisation de pesticides, notamment en agriculture !
[1] Depuis la Picardie a été rejointe par les régions Rhône Alpes et Ile de France qui ont-elles aussi mis en place des politiques spécifiques ‘environnement-sante’
[2] Ng/m3 : nanogramme par mètre cube d’air. Un nanogramme (ng) : = 10−9 g
[3] Voir par exemple cette étude de l’Inserm sur l’impact de l’exposition intra utérine aux pesticides ménagers sur l’enfant à naître :
Household exposure to pesticides and risk of childhood acute leukaemia. F Menegaux, A Baruchel, Y Bertrand, B Lescoeur, G Leverger, B Nelken, D Sommelet, D He´mon, J Clavel. Occup Environ Med 2006
Ou celle-ci sur l’impact sur l’enfant à naître de l’exposition de femmes enceintes à l’atrazine par l’environnement : Urinary Biomarkers of Prenatal Atrazine Exposure and Adverse Birth Outcomes in the PELAGIE Birth Cohort. Env Health Perspectives, mars 2011. Cécile Chevrier et al (Inserm)