Violences faites aux femmes : la ruralité en Midi-Pyrénées n’est pas épargnée

En France, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Et plus de 44 % de ces faits se sont déroulés en milieu rural. Pourtant, l’ampleur de ces phénomènes de violence à la campagne est souvent ignorée. Sous la houlette de Betty Fournier, présidente de l’association Paroles de femmes installée à Gaillac, Maya de Chantérac, rédactrice et psycho-praticienne en Gestalt a réalisé une étude sur les violences faites aux femmes en milieu rural pour la région Midi-Pyrénées. Publié en novembre 2013, le rapport a été présenté dernièrement à la préfète du Tarn. «Des associations mais également les services de gendarmerie ont souhaité l’obtenir», se félicite Betty Fournier qui voit là l’occasion de lever la chape de plomb qui pèse sur ce type de violence. La rédactrice s’est appuyée sur le travail des associations et les témoignages de femmes.

Isolement et pression familiale

Premier constat, les crimes issus de ces violences faites aux femmes en zone rurale sont rares dans notre région comparée aux statistiques nationales citées ci-dessus. 4 crimes ont été enregistrés (tous en Haute-Garonne) pour 2010 et 3 en 2011 (toujours en Haute-Garonne). En revanche, les appels de femmes victimes de violences au 3919 (plateforme d’écoute nationale créée en 1992) sont passés pour le Tarn de 49 en 2011 à 72 en 2012, soit 47 % de hausse. L’association «Parole de femmes» a accompagné à elle seule 217 femmes en 2013 et eu 390 contacts téléphoniques.

Les forces de gendarmerie confirment cette situation. Il ne se passe guère une journée ou une nuit sans qu’ils aient à intervenir sur un différend familial.

Toutes les associations spécialisées font le même constat. Des témoignages de femmes qu’elles reçoivent, il ressort en premier lieu les problèmes «de l’isolement; de la présence trop proche de la famille, souvent dans le même village; de la proximité, des gendarmes (encore insuffisamment formés) minimisant les faits et parlant de conflits et non de violences».

Les professionnelles relèvent également des «médecins peu sensibilisés à ces questions, qui souvent soignent toute la famille, ce qui accroît la peur de parler des violences subies; pour les femmes d’agriculteur, le manque d’indépendance et de salaire; un manque de structures de soins et d’accueil ou d’écoute spécialisées».

Sur le milieu agricole, Betty Fournier reconnaît une amélioration des conditions des femmes mais «il reste notamment des femmes âgées sans statut».

Elle se félicite aussi de l’effort entrepris dans le Tarn en matière de transport collectif. S’il existe une prise de conscience de la double violence subie par les femmes en milieu rural, les associations de terrain ont encore beaucoup de pain sur la planche.

Le chiffre : 163

faits de violences faites aux femmes en zone gendarmerie dans le Tarn. Ces chiffres de 2012 sont en augmentation de 25 % par rapport à 2011. Ils ne prennent en compte que les plaintes. Ils sont en baisse sur le secteur albigeois et en hausse sur le gaillacois et le castrais.

Patrick Guerrier

Remonter