Trois jours pour la culture tzigane

 

Compte-rendu de la journée au festival Welcome in Tziganie

 

    Le dimanche 21 avril, j’ai passé la journée avec les militants EELV du Gers au festival Welcome in Tziganie. Le travail des bénévoles, dont Alexis Boudaud et Mélanie Gottardi pour l’organisation de cet événement a été plus qu’impressionnant ! Au programme, musique évidemment, mais aussi table ronde entre différents acteurs dont le but était de changer de regard sur les populations Roms et Gens du voyage. Quelles propositions, quelles solutions concrètes pour faire avancer le statut des Gens du voyage ?

 

    La diversité des intervenants et la complémentarité de leurs actions a rendu le débat riche et constructif. Pour ma part, je suis revenue sur les différentes étapes de ma mobilisation localement et au niveau européen. Il était utile d’insister sur la nécessité de prendre en compte la diversité des besoins en termes d’habitat, en reconnaissant pleinement les terrains familiaux. Je suis aussi revenue sur les réalités que j’ai pu rencontrer lors de mes déplacements de terrain.

 

    L’association Solidarité avec les Gens du voyage (SAGV) de Tarbes a souhaité revenir sur la supposée sédentarisation des Gens du voyage. Il faut tout d’abord distinguer la sédentarisation choisie de la sédentarisation subie. Il manque encore 40 000 places d’accueil en France, ce qui amène les Gens du voyage à se sédentariser sur les aires existantes. Il y a aussi des familles qui se sédentarisent pendant des années puis qui repartent en voyage. De même, ces personnes ne sont pas sans ancrage : les familles qui viennent de Tarbes sont de Tarbes. Les terrains familiaux représentent une sorte de port d’attache.

 

    Le SIEANAT (Syndicat mixte pour l’accueil des gens du voyage dans le département de la Haute-Garonne) est un syndicat d’élus ayant une compétence liée aux Gens du voyage. Son représentant a rappelé leur difficulté d’accession à la citoyenneté puisqu’il y a malheureusement encore des Mairies qui refusent les cartes d’identité aux Gens du voyage. L’inscription sur la carte d’identité de la commune de rattachement entraîne souvent des problèmes administratifs : par exemple, quand les amendes finissent par arriver au domicile, elles sont malheureusement souvent majorées. De même, cela peut poser problème pour l’inscription sur les listes électorales : trop souvent une Mairie envoie un courrier au jeune pour lui dire qu’il est en âge de voter, mais le courrier finit par lui revenir pour mauvaise adresse. Etant donné que la commune de domiciliation est souvent différente de la commune de rattachement, il est fréquent que les Gens du voyage ne puissent pas voter sur la commune où ils résident.

 

    Pour ce qui est de la mise en place d’infrastructures d’accueil, certains départements sont plus avancés : le schéma départemental des Hautes-Pyrénées est par exemple quasiment fini. Mais à cause de la loi Sarkozy de 2003 permettant l’expulsion quand les structures existent, cela peut tout de même entraîner des dérives. Les Gens du voyage sont souvent expulsés vers le département voisin de la Haute-Garonne, notamment à Saint Gaudens, commune qui n’ayant pas rempli ses obligations ne peut pas expulser. Normalement, est prévu dans la loi Besson de 2000 un pouvoir substitutif : lorsque la commune ne remplit pas ses obligations, le Préfet devrait pouvoir le lui imposer. Ce pouvoir n’est jamais utilisé. A noter qu’il y a de plus en plus de sociétés privées qui gèrent les aires d’accueil avec objectifs bien éloignés de l’intérêt général.

 

    Par ailleurs, les Gens du voyage sont souvent montrés du doigt pour le “luxe” de leurs véhicules : il est de toute façon loin d’être systématique et il n’est pas inutile de rappeler que c’est bien souvent une de leurs seules richesses. Rappelons que les assurances ne s’adaptent que rarement à leur situation. La plupart du temps, leurs véhicules ne sont assurés que sur la route, ils ne sont pas couverts lorsqu’ils y habitent alors qu’ils payent des sommes considérables.

 

    Pour ce qui est des Roms, l’association Médecins du Monde de Toulouse a expliqué les difficultés qu’ils peuvent rencontrer dans leurs accès aux soins. Pour avoir le droit à la Sécurité sociale en France, ils doivent prouver qu’ils n’ont pas de couverture santé dans d’autres pays. Cette procédure peut mettre deux à trois mois. En dehors de l’accès aux soins basiques, on constate une fréquente intoxication des enfants au plomb à cause des pratiques de ferraillage. Pour ma part, j’ai rappelé le témoignage marquant que m’ont fait de jeunes femmes Roms, d’avoir dû accoucher sans électricité ni eau courant. Le racisme s’est accru à cause des vagues migratoires récentes. A Toulouse, on compte environ 800 Roms. Combien de réfugiés politiques espagnols a-t-on réussi à intégrer à l’époque ? On peut recenser quelques avancées cependant. Depuis août 2012, il existe une circulaire qui interdit les évacuations qui ne seraient pas accompagnées d’un diagnostic social. Récemment, le Préfet du Rhône a été condamné pour un manquement à ce sujet.

 

    Les Gens du voyage ont aussi subi cette xénophobie accentuée par la crise, qui a aussi compliqué leur situation. A Montpellier et Perpignan, il y a des gitans depuis des siècles. Malheureusement, leur taux d’illettrisme explose. Avec la hausse du chômage, le mirage de l’école ascenseur social ne fonctionne plus. On peut aussi constater un repli identitaire. Notre système scolaire visant l’assimilation, les familles craignent parfois qu’envoyer leurs enfants à l’école ne les empêche pas de se retrouver au chômage et conduise en plus à leur acculturation.

 Bonjour à tous,

Vous trouverez en pièce jointe un courrier que Fatma Adda et Catherine Grèze ont adressé au Préfet du Gers en soutien aux neuf familles roms installées à Auch.

Bonne lecture !

Fanny Thibert
Attachée parlementaire locale de Catherine Grèze
06 58 41 47 75

Attachment: Lettre_Prefet_Roms.pdf
Description: Adobe PDF document

Remonter