Sécheresse : réagir face à l’urgence

La sécheresse frappe la Région Midi-Pyrénées  et affecte en première ligne les petits éleveurs, qui subissent donc cet accident climatique. Pour les écologistes, il faut dans cette situation réagir face à l’urgence mais aussi anticiper la reproduction probable de tels événements, avec le changement climatique en cours.

Mettre en place un réseau fourrager, plafonner le prix du fourrage et de la paille, interdire la spéculation
Dans l’immédiat, il s’agit de soutenir les petits éleveurs à l’herbe, tant financièrement que sur le plan organisationnel, notamment par la mise en place  d’un réseau fourrager et en plafonnant le prix du fourrage et de la paille ; mais aussi si besoin en intervenant sur les excédents de production dus à la décapitalisation des cheptels avec un risque d’effondrement des cours. Il faut aussi prendre des mesures pour interdire la spéculation sur les produits agricoles, dont les céréales, en partie destinées au bétail. Le libéralisme montre une fois de plus ses limites en agriculture et les prêts de trésorerie envisagés par le Ministre n’aideront encore une fois pas les éleveurs les plus en difficulté.

Repenser le système agricole  actuel
 A moyen et long terme, il faut soutenir une agriculture résiliente, c’est-à-dire adaptée aux conditions locales. Repenser le système agricole actuel, c’est aussi produire des cultures et élever des races d’animaux adaptées au climat. Il faut aider les agriculteurs à mettre en place des techniques culturales et des assolements adaptés aux évolutions climatiques, et leur permettre de sélectionner les semences localement et de manière participative pour avoir des variétés mieux adaptées.  Il faut aussi, après l’urgence du moment, repenser l’avenir de nos élevages, et engager avec les éleveurs les évolutions nécessaires pour maintenir un élevage durable dans les zones herbagères. Cet avenir devra se construire autour de politiques territoriales fortes favorisants la transformation et la valorisation des produits, le développement de l’agriculture biologique et des signes officiels de qualité pour  apporter un plus dans le revenu des agriculteurs. Cette transformation ne pourra pas se faire sans une régulation  des cours des matières premières végétales et de la viande et du lait, sans un plafonnement des aides et une répartition plus juste entre le secteur céréalier et celui de l’élevage à l’herbe. Il faut aussi que protéines végétales soient produites au plus près des élevages au lieu de les importer et de produire massivement un maïs irrigué à destination du bétail, qui n’est pas toujours adapté à nos ressources en eau. Enfin, la nécessité de consacrer les ressources en eau et en terres à la production alimentaire doit amener à interdire les cultures destinées à produire des agro-carburants et à repenser nos modes d’alimentation.

Ces mesures de moyen et long terme permettraient de mettre en place l’agriculture que nous appelons de nos vœux, diversifiée, locale, agro-écologique à l’image de l’agriculture biologique. L’agriculture de demain doit être beaucoup plus autonome, organisée autour d’une valorisation et d’offre locale, moins consommatrice d’eau, d’énergie et de gaz à effets de serre. Nous considérons que le recours accru à l’irrigation et l’augmentation des potentialités de stockage hydraulique ne sont pas des solutions à envisager. C’est, pour les écologistes, outre des mesures d’urgence cohérentes, une réponse durable qu’il faut apporter au changement climatique et au désarroi du monde agricole
François Calvet, Vice-président de la commission agriculture, agro-alimentaire
Pour les élu-e-s Europe Ecologie – Les Verts au Conseil régional Midi-Pyrénées

Remonter